Ma reine de Jean-Baptiste Andrea aux éditions Folio, 7.40 euros.
Une station service Shell située au milieu des collines et plateaux provençaux sert de décor au début de ce petit roman que l'on n'est pas prêt d'oublier. Et au cas où nous commencerions à l'oublier, sa sortie en poche est là pour nous rappeler ces images fortes vécues grâce aux éditions L'iconoclaste.
Un garçon de douze ans, rebaptisé "Shell", aide son père à la station, fait le plein d'essence aux clients de passage, et commence son adolescence dans le cambouis, dans un environnement rythmé par les véhicules et leurs passagers en transit.
Shell a une sœur, plus grande, déjà partie de la maison mais qui n'a de cesse de rappeler à ses parents de "libérer" son petit frère, de ne pas le laisser s'enfermer dans un quotidien délétère, et qui plus est, sans être scolarisé. L'école, Shell l'a connue, cruelle et moqueuse. Shell est différent des autres car déficient intellectuellement.
Et pourtant, il nous dit être heureux. Se sentir utile à la station, avoir ses jouets préférés près de lui. Il ne demande pas grand chose de plus. Ce petit cocon qu'il s'est créé devient de plus en plus fragile lorsque le roman commence.
Un soir, de peur qu'on décide quelque chose à sa place, Shell s'en va.
Sa nouvelle vie en tant que fugitif le mènera jusqu'à sa reine, une jeune fille de son âge nommée Viviane.
Sa nouvelle raison d'être.
Tous les deux sont issus de milieux sociaux opposés mais tous deux s'accrochent à leur âme d'enfant.
Viviane vivrait dans un château, Shell a besoin de la croire pour continuer à vivre. De manière générale il a besoin d'envisager un bel avenir pour tous les deux afin de ne pas fondre en larmes à l'idée d'être loin de chez lui.
Ces instants qu'ils vivent en dehors du monde donnent, le temps de la lecture, une bouffée d'air pur. A la fois attendri par Shell et inquiet de la suite des événements, on suivra avec passion ce moment de vie si important pour un jeune adolescent, celui ou on apprend à être libre, quelque soit notre milieu ou nos contraintes.
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