samedi 27 septembre 2014

Le saviez-vous? Réponse à la question de la semaine dernière

Quel est le nom du salon de littérature 
qui va avoir lieu les 3, 4 et 5 octobre à Gradignan?


Ce salon dédié aux livres au format poche se nomme astucieusement... "Lire en Poche"!
Pour fêter dignement sa 10ème édition 
nous sommes heureux d'accueillir sur le stand que nous tiendrons sur place 
durant ces 3 jours:
- en littérature française:
Sorj CHALANDON, Fabrice COLIN, Frédérique DEGHELT, 
Jean-Claude LALUMIERE, et Christian SIGNOL
- en littérature étrangère:
Richard BIRKEFELD et Göran HACHMEISTER, R.J. ELLORY, et Robert GODDARD

Découvrez le programme ainsi que la liste de tous les autres auteurs participants

La peau de l'ours de Joy SORMAN

La peau de l'ours de Joy SORMAN aux éditions Gallimard, 16.50 euros.

Il y a un effet d'envoûtement à la lecture du roman de Joy Sorman, La peau de l'ours. Un effet qui œuvre peu à peu sous des airs de conte immémorial.

La bête issue d'un accouplement légendaire est l'un beaux épisodes du livre où l'on voit une jeune et jolie villageoise s'enfoncer dans la forêt où elle va être enlevée puis séquestrée par un ours qui voulut en faire sa femme.
Voilà qui précède et annonce la vie de l'enfant ours en un temps où les hommes vivaient en un commun accord avec les bêtes, chacun respectant le territoire de l'autre mais cette règle, un jour, fut transgressée par amour..

Suivent les pérégrinations de cet ours grognant et rugissant chez les humains tout en développant un cerveau doté d'une réflexion cachée sous ses apparats d'animal. L'ours, nous rappelle t-il puisqu'il est le narrateur de son histoire, était, avant l'émergence du lion, le roi des animaux. On le vénérait, on le craignait, on le trouvait majestueux et donc très beau. Mais ici, dans une époque qui n'est jamais située et qui permet de marcher sur les siècles, l'ours est banni par les villageois tout comme sa mère que l'on expédie dans un couvent. L'ours, lui, est vendu à un forain de passage, à un "montreur d'ours". Dès lors nous assistons à la vie tourmentée d'un être pourtant docile et doué qui n'aspire qu'à la paix et à la tranquillité. Bête de scène, on le voit jongler, patiner puis saluer. Il conquit aisément son public. Bientôt il rejoint un cirque où il rencontre des êtres dont il se sent infiniment proche, des géants, des nains, des femmes énormes ou minuscules ou d'un âge sidérant.

Cette histoire de l'animal conquis par l'homme, Joy Sorman la décline sous ses turbulences psychologiques, ses attentes et ses désirs. 
Au lieu d'un essai, le roman procure une empathie envers la condition animale. La fin du livre est à ce sujet un exemple fort de cette approche vue de l'intérieur. L'ours vit parmi ses congénères dans un zoo, ce qui ne peut être très réjouissant. Joy Sorman  mène là le combat de la réhabilitation des animaux sauvages. Nul doute que La peau de l'ours est un manifeste, résultat probant d'un pari osé et réussi.  

samedi 20 septembre 2014

Le saviez-vous? Réponse à la question de la semaine dernière

A quel incontournable rituel se livre chaque année la librairie les derniers jours de septembre (voire les premiers jours d'octobre)?

Mais à l'inventaire bien sûr 
qui aura lieu cette année 
lundi 29, mardi 30 septembre et mercredi 1er octobre!
Alors si contrairement à notre ami Gaston nous ne risquons pas de nous endormir durant ces 3 jours,
 nous n'en vivrons pas moins un merveilleux moment de bonheur
 (et là je parle sans aucune hésitation au nom de toute l'équipe!): 
tous nos petits livres sans exception passeront entre nos mains 
et les égarés retrouveront le chemin de leur étagère initialement prévue... 
le vrai BONHEUR on vous dit!
Pour un tel travail, la librairie fermera donc ses portes:
- la journée du lundi 29/09
- la journée du mardi 30/09
- le matin du mercredi 1/10
Réouverture prévue mercredi 1/10 à 14h30
Pensez à prendre vos précautions si vous souhaitez nous commander des livres ou venir les chercher car durant cette période il nous sera impossible d'ouvrir la librairie.

Madame de Jean-Marie Chevrier

 Madame de Jean-Marie CHEVRIER aux éditions Albin Michel, 16 euros.

Madame de La Villonière née La Terrade focalise l'attention à l'entame du livre de Jean-Marie Chevrier. Femme de caractère, gardienne de valeurs attachées à la vieille noblesse française, recluse dans son château fort bâti au temps des croisades, elle braque l'attention tant on ignore à quelle sorte de femme nous avons affaire.

Nous la découvrons donnant une leçon de grammaire à "Willy", le garçonnet du couple de fermiers qui entretient son domaine. Nous ne savons encore si Madame est une peau de vache ou une bonne fée qui s'attache à éduquer ce fils de rien à qui elle veut apprendre les bonnes manières.

Madame monopolise le récit avant que ne s'éveille la conscience de "Willy" qui en vérité s'appelle Guillaume. Guillaume en effet qui ne cesse d'aller et venir de la ferme au château, accentue peu à peu son pouvoir sur Madame au grand dam de ses parents toujours et encore asservis à leur "patronne".
Guillaume, au contraire, constate le grand délabrement du château, l'extrême solitude de Madame qui va perdre en chemin sa vieille servante Augustine. Une visite du frère de Madame éclaire l'histoire de cette famille vaincue par le temps car la lignée va s'arrêter là, il n'y aura pas de descendance. Le frère est un médecin richissime et célibataire et Madame est veuve et sans enfant.

Jean-Marie Chevrier a réussi son portrait complexe d'une femme démunie qui s'accroche tant bien que mal à son rang. C'est un enfant qui parvient à lui redonner foi en la vie, un enfant de douze ans que l'auteur a également saisi à merveille dans ce jeu d'influence qui finira par révéler les secrets enfouis au plus profond du cœur de Madame.

"Willy est inquiet. Il se dandine d'un pied sur l'autre, ne sachant pas ce qui l'attend et s'il doit obéir ou s'opposer.
- Tu m'énerves, lui reproche Madame, avec tes airs de pénitent.
Il se reprend, lève la tête, lui sourit. Il sait qu'elle ne résiste pas à son sourire, à sa bouche de petit faune et qu'il lui suffit de plisser ses yeux dorés pour qu'aussitôt son agressivité fonde comme neige au soleil. Un instant elle résiste à l'envie de le serrer dans ses bras."

salon Polar en cabanes Gujan Mestras 26 - 27 - 28 septembre 2014

Manifestation littéraire organisée par l’Association Polar en Cabanes - Les Amis de Chester Himes sur le Bassin d’Arcachon, la Médiathèque Michel Bézian et le Service Culturel de la ville.

Le thème sera "Guerre et polar", en cette année de commémoration du début de la guerre de 14-18. Et la liste des invités s’en ressent. Il y aura d’abord Didier Daeninckx. Il s’imposait puisque son œuvre considérable s’est en partie construite sur la Guerre de 14-18 (Le Der des ders), de 39-45 (La Mort n’oublie personne), ou d’Algérie (Meurtre pour mémoire).

Il sera accompagné par Thierry Bourcy dont les polars se déroulent pendant la guerre de 14-18, mais aussi par deux auteurs allemands, Richard Birkefeld et Göran Hachmeister, qui ont écrit plusieurs romans policiers sur l’Allemagne au XXe siècle, l’un situé à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, et l’autre sur l’entre-deux-guerres, avec d’anciens combattants de la Première Guerre.

Ils ne seront pas seuls parce que sont aussi annoncés plusieurs noms importants du roman noir français, Thomas Arden, Stéphanie Benson, Sylvie Escande, Jeanne Faivre d’Arcier, Sébastien Gendron, Hervé Le Corre, Marin LedunDominique Manotti, Roger Martin, Claude Mesplède, Alain Poirrier, Guy Rechenmann, Danielle Thiery.

Côté BD, Mako, qui a travaillé plusieurs fois avec Didier Daeninckx, sera là ainsi que le désormais gujanais Jean-Claude Bartoll, Paul Ceppi, Nathalie Bernard et Pops, Max Ducos, Philippe Caupenne.

Plusieurs débats porteront sur les rapports entre guerre et polar, mais aussi sur Louis Guilloux qui a écrit sur la Grande Guerre (Le Sang noir) et sur l’après-guerre 39-45 (Ok Joe !), sur la littérature populaire pendant la Guerre de 14-18 (Arsène Lupin, etc.) et bien entendu sur Chester Himes.
 



Nouveauté cette année avec un rallye à énigmes : "La belle évasion ou les 7 clefs pour se faire la malle" initié par Dominique DAYAU, romancier, et son complice Roger. Télécharger le règlement du rallye

Et retrouvez bien évidemment sur le salon un stand de livres tenu notamment par nos amis de La Machine à Lire où officie désormais Olivier Pène, libraire que vous avez déjà eu l'occasion d'écouter lors des rencontres Polar de la Médiathèque de Gujan-Mestras!

samedi 13 septembre 2014

Le saviez-vous? Réponse à la question de la semaine dernière

Dans la première sélection du Goncourt dévoilée cette semaine: quel est l'éditeur qui a mathématiquement le plus de chances de remporter le trophée?





Réponse mathématique: les éditions Gallimard qui ont 4 auteurs en lice dans cette première sélection définie le 4 septembre dernier et où Emmanuel Carrère manque particulièrement.... 
Il faut croire qu' à cette date le monde littéraire avait décidé de nous faire beaucoup de surprises puisque c'est aussi à cette date qu'est sorti le livre d'une certaine Valérie...!

Voici la sélection pour ceux qui n'auraient pas suivi l'affaire:
Adrien Bosc Constellation Stock
Kamel Daoud Meursault, contre-enquête Actes Sud
Grégoire Delacourt On ne voyait que le bonheur JC Lattès.
Pauline Dreyfus, Ce sont des choses qui arrivent Grasset
Clara Dupont Monod Le roi disait que j’étais diable Grasset
Benoît Duteurtre L’ordinateur du paradis Gallimard
David Foenkinos Charlotte Gallimard
Fouad Laroui Les tribulations du dernier Sijilmassi Julliard
Gilles Martin-Chauffier La femme qui dit non Grasset
Mathias Menegoz Karpathia POL
Eric Reinhardt, L’amour et les forêts Gallimard
Emmanuel Ruben La ligne des glaces Rivages
Lydie Salvayre Pas pleurer Seuil
Joy Sorman La peau de l’ours Gallimard
Eric Vuillard Tristesse de la terre Actes Sud

Le léopard d'argent d'Anne Samuel

Le Léopard d'argent: Tome 1, Les lueurs de traverse, Anne Samuel, éd. Les Petites moustaches, 13€. (A partir de 9 ans).



La jeune Mona sent bien qu'un lourd secret pèse sur ses origines! Le jour de son treizième anniversaire, elle va se retrouver projetée presque mille ans en arrière, à la cour d'Aliénor d'Aquitaine.
Au terme d'un jeu de piste effréné, accompagnée de son nouvel ami, Colin, apprenti orfèvre au service de la reine, elle découvrira que son voyage dans le temps n'a rien d'une coïncidence et percera le mystère qui entoure sa naissance.
De Bordeaux à la citadelle de Blaye, en passant par La Sauve-Majeure, on se laisse entrainer dans cette course à travers les siècles au coeur de notre belle région.
Un bon roman d'aventures, drôle et intelligent...vite, la suite!!!

L'écrivain national de Serge JONCOUR

L'écrivain national de Serge JONCOUR aux éditions Flammarion, 21 euros. 
Serge Joncour a séjourné à Donzières, une petite ville du Morvan, dans le cadre d'une résidence d'auteur. Reçu par un couple de libraires, logé à l'hôtel du Monarque sur la place principale où se tient chaque mercredi le marché. C'est là que l'on s'informe et disserte sur l'affaire de la disparition du patriarche Commodore. 

Serge Joncour découvre les détails de cette affaire dans le journal local. Surtout, il s'éprend du visage de la jeune femme photographié pour l'article, une certaine Dora, compagne d'Aurelik que la police suspecte et qui est emprisonné suite à l'enquête de la disparition du vieux Commodore au lieu-dit de l'Epeau. En effet, on a eu tôt fait d'accuser les voisins de Commodore, Dora et son compagnon, ce dernier confondu par une tâche de poudre sur les doigts.

Défini par le maire de la ville en tant qu'écrivain national, Serge Joncour est tenu par des obligations mondaines où il ne cesse d'intriguer et de décevoir. Cette affaire Commodore l'obsède et plus précisément la belle Dora. A bord du véhicule que lui prête les libraires, il vient chaque jour à l'Epeau et s'en retourne chaque jour traumatisé par les rencontres occasionnées. 
Les rendez-vous chez monsieur le maire, à la bibliothèque, à la librairie ou encore à son hôtel sont tronqués par ses incessantes expéditions à l'Epeau. Toute la ville sait que "l'écrivain national" occupe son temps auprès de Dora. 
De cette atmosphère fortement provinciale, Serge Joncour questionne le rôle de l'écrivain, son statut auprès des gens de peu. Le rayonnement de celui qui a pouvoir d'écrire, dont on publie les livres, est une source d'admiration chez autrui, de vénération parfois et de convoitise encore mais également de sarcasmes et de rejets. Les doutes de Serge Joncour refont surface et s'ouvrent en lui de régulières crises d'identité. 
La population de Donzières, refermée sur elle-même comme s'il y avait mille secrets à préserver, est composée, tout compte fait, de personnes vers qui il faut aller afin d'ouvrir leur carapace. 
C'est ainsi que "l'écrivain national" élucidera l'affaire Commodore, qu'il comprendra les tourments de Dora tout comme les habitants de Donzières retrouvés à la toute fin du livre, sur la place du marché où trône en grand seigneur "l'écrivain national" à la terrasse d'un café.

Subtil et prudent, Serge Joncour, en réponse à ses lecteurs rencontrés à Donzières, élude quant à la réalité de ses histoires. Ses secrets de fabrications restent intacts et d'ailleurs Donzières n'existe pas.

Les rendez-vous de la Médiathèque M. Bezian de Gujan-Mestras


JEAN-PIERRE OHL PRÉSENTE SHINING

Date : 19/09/2014
Heure : 18h

Lieu : Médiathèque Michel Bézian
Public : Tous publics
gratuit


Libraire à La Librairie Georges de Talence, écrivain, Jean-Pierre Ohl a publié Redrum (éditions de L’Arbre vengeur) un roman sur lequel plane l’ombre de Stanley Kubrick et de ses films. Il sera à la Médiathèque de Gujan-Mestras, le vendredi 19 septembre prochain à 18h pour une rencontre avec le public autour de son œuvre, 
 et, à partir de 21h au Cinéma Gérard-Philipe où il présentera avec François-Xavier Rahier le film Shining (de Stanley Kubrick avec jack Nichoslon) ; la projection sera suivie d’un débat.

samedi 6 septembre 2014

Le saviez-vous? Réponse à la question de la semaine dernière

Question d'observation: 
quels sont les noms des deux éditeurs qui figurent au verso de nos sacs plastiques à l'effigie de la librairie?

Christian Bourgois Editeur                       
Les éditions de Minuit


Historiquement ces deux maisons d'édition se sont toujours beaucoup impliquées dans les métiers du livre en défendant et valorisant particulièrement les librairies indépendantes. 
Leur engagement est tel que ce sont les seules à proposer aux libraires une offre de partenariat sur quelque chose d'aussi simple mais ô combien indispensable aujourd'hui (surtout les jours de pluie!).
Précisons que si nous sommes bien d'accord sur le fait que les sacs réutilisables en tissu soient préférables, ces sacs plastiques sont eux oxo-biodégradables. Leur durée de vie est limitée dans le temps car, après fragmentation, ils deviennent biodégradables. 
Et ça nous le certifions pour en avoir déjà fait l'expérience!

Viva de Patrick Deville

Viva de Patrick Deville, éditions Seuil, 17.50 euros

Le projet est simple, excitant et exigeant. Il demande une culture large de l'Histoire. Il apporte de l'exotisme avec un supplément fictionnel doté d'un travail précis explorant une part inconnue de la vie de personnages réels. Voilà résumée la recette des livres de Patrick Deville depuis Pura vida publié en 2004.

La grande reconnaissance de ses expériences littéraires a été obtenue en 2012 avec Peste & choléra (prix Fémina). Le "truc" de Patrick Deville dans cette réussite romanesque est de s'installer sur place pour un temps indéfini et de s'imprégner des lieux où se sont déroulées ces vies plus ou moins célèbres. Le Nicaragua pour Falkner, la République du Congo pour Brazza, l'Indochine pour Yersin et enfin le Mexique pour Léon Trotski et Malcolm Lowry dans ce livre publié en cette rentrée 2014.

Il faut beaucoup de doigté pour ne pas se perdre dans les destins croisés de ces personnalités qui ne se sont jamais rencontrées et qui ont pourtant vécu dans une très grande proximité géographique. Leur problématique était différente mais ils vécurent tous deux au Mexique en étrangers, dans une situation précaire et dans un pays fourmillant. Le Mexique de cette époque (les années trente) est encore un chaudron à peine refroidi par la révolution menée par Emiliano Zapata et Pancho Villa.
Si Trotski bénéficie d'un entourage huppé et continue d'écrire des textes politiques, Malcolm Lowry s'enlise progressivement dans un anonymat alcoolisé à outrance dont il restera un chef-d'oeuvre : Sous le volcan.
Trotski est sous haute protection, Staline veut sa peau, Lowry n'est qu'un écrivain sans oeuvre hormis Ultramarine qui ne lui a valu quasiment aucune reconnaissance. Au final, le Mexique est le grand personnage du livre de Patrick Deville conquis par les mots, les couleurs et l'histoire de ce pays. Le récit imbriqué des vies de Trotski et Lowry sont noyées dans le décor mexicain qui semble avoir eu raison d'eux. Si toute une floppée de personnages gravitent autour de Trotski voire de Lowry, ils appartiennent toujours au décor. Les Frida Khalo, Diego Rivera, Tina Modotti ne forment qu'une toile de fond colorée et vibrionnante des années mexicaines post-révolutionnaires.

Patrick Deville est parvenu à produire une alchimie romanesque très personnelle que peu d'écrivains peuvent accomplir (Jean Echenoz l'a fait, Olivier Rolin aussi).
Cela s'apparente a une prouesse littéraire que l'auteur maîtrise désormais pleinement.