vendredi 8 mars 2019

La petite Russie de Francis DESHARNAIS

La petite Russie de Francis DESHARNAIS aux éditions Pow Pow, 19 euros.



Cette Bande Dessinée aurait pu s'appeler Guyenne comme le nom du village de pionniers dont il est question durant tout l'album. 
L'origine du nom ne nous est pas donnée. Située aux confins d'une région du canada français, l'Abitibi, Guyenne vaut sans doute par l'origine française d'un de ses fondateurs en 1934. Il ne s'agit pas de Marcel Desharnais, grand-père de l'auteur venu s'installer après sa création en 1947. 
Quiconque pouvait venir à ce moment-là, il fallait en effet conquérir ces zones boisées - le gouvernement canadien encourageait l'installation des pionniers qui formaient alors une communauté coloniale coopérative. 
La petite Russie fut surnommée ainsi en raison du soupçon communiste qui régnait à Guyenne. Les décisions du village étaient prises dans un local où les hommes discutaient ensemble des affaires qui les concernaient. 

Dans une langue patoisante, l'album de Francis Desharnais évoque l'intégration puis la totale implication de son aïeul dans ce système coopératif. D'une autre façon, ce sont les conditions de vies des bûcherons que l'on voit dessinées avec une intensité propre à l'environnement forestier qui les entoure.

Marcel Desharnais se battra pour devenir cultivateur. Mais peut-être est-ce sa femme qui combattra le plus, notamment contre la société masculine qui interdit aux femmes d'assister aux réunions et de prendre part aux décisions. Cette femme c'est Antoinette Desharnais qui n'en peut plus d'avoir tous les ans un marmot de plus.
Les discussions du couple tout comme celles tenues par les villageois deviennent par on ne sait quel enchantement tout-à-fait passionnantes. Les "sanababiche", "beau joualvert" ou autres "astheure"  y sont sans doute pour beaucoup à moins que le dessin de Francis Desharnais ne soit le vecteur de cette addiction à la vie de Guyenne. Un dessin légèrement rétro mais singulièrement poétique lorsqu'il entre dans cette forêt quotidienne que l'auteur ne se lasse pas de croquer.

le chansonnier Félix Leclerc s’arrête à Guyenne pour tourner le film Les Brûlés (ONF, 1959)

 

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