vendredi 27 avril 2012

Jeanne FAIVRE D'ARCIER

Le dernier vampire de Jeanne Faivre d'Arcier aux éditions Bragelonne, 20,30 euros.


Dernier auteur de notre sélection de la Plage aux écrivains, Jeanne Faivre d'Arcier est une habituée du bassin d'Arcachon où elle réside une partie de l'année. Cet écrivain au registre étendu, a récemment publié Le dernier vampire, un roman fantastique où se mêle un polar mâtiné d'un fort parfum historique.
Jeanne Faivre d'Arcier garde un ton enjoué tout au long de cette histoire ce qui prouve le grand plaisir qu'elle a pris à son écriture. D'ailleurs il ne faut pas s'offusquer outre mesure de l'amas de meurtres qui s'épandent au début du livre, ils cautionnent d'une certaine façon les humeurs d'un impitoyable tueur qui a des besoins vitaux de sang frais. Celui-ci est un survivant de la révolution française, devenu vampire dans des conditions douloureuses. Sa fiancée, est-il persuadé, n'a pu mourir dans l'effroyable condition qu'il relate, une noyade dans une barrique de vin où il a lui-même réchappé. Cela se passait en 1793 dans le bordelais. Les Girondins perdaient la partie et la Terreur advenait.
Plus de deux siècles ont passé et voilà que ce vampire amoureux reconnaît sa bien aimée dans une femme policière, amatrice de théâtre et aux moeurs surprenantes. S'engage entre eux un malentendu qui tournera à une lutte à mort.
Toute la PJ parisienne va se lancer aux trousses de ce meurtrier spectaculaire. Les rebondissements vont se succèder au rythme des exigences de ce volatil et infernal tueur. Au cours de cette confrontation, apparaît une belle et insoumise métisse. Prise en otage dans le repère haut perché du vampire, l'amour va s'en mêler et même s'emmêler...
Le détour par la révolution française est un complément indispensable à cette intrigue haletante que Jeanne Faivre d'Arcier dénoue avec romantisme.

samedi 21 avril 2012

Eric de SAINT ANGEL

La villa Algérienne d'Eric de SAINT ANGEL aux éditions Vents Salés, 17 euros.




Dans la continuité de notre présentation (sommaire) de la Plage aux Ecrivains 2012, nous abordons le chapitre des romans écrits sur le Bassin, pour le Bassin, dans le Bassin...

La villa Algérienne, ironiquement en cette année 2012, n'est pas une commémoration de l'indépendance ou de la perte du "département Algérie" mais un décor bien souvent reconstruit dans l'imaginaire des amoureux du Bassin , dans lequel l'auteur puise son inspiration pour cette réédition du texte paru une première fois en 1985 aux éditions Grasset.
Dans une brève note, l'auteur tient à justifier cette nouvelle parution par le travail opéré par le temps sur la presqu'île du Cap-Ferret. On signalera que Le roi du Cap-Ferret, déjà chez le même éditeur, avait entrepris mais d'une autre manière, une évocation similaire.
La villa Algérienne cependant est bien plus intimiste, les sentiments du personnage principal, un certain Yves, prennent refuge dans la période hivernale du Bassin d'Arcachon. Nous découvrons les raisons du mutisme, quelque peu abrupt, qui s'est abattu sur cet homme par le biais d'un ami, Pierre, qui a tôt fait de le rejoindre. Lui sait à peu près tout de l'histoire, des sentiments et des silences d'Yves.
Le temps effectivement s'est dilué dans un souvenir paradoxal et une géographie multiple. Il faut que la reconstitution aboutisse pour qu'apparaisse complètement le tableau d'une époque qui semblerait un paradis perdu plus proche du chanteur Christophe que du poète Milton.
Assurément, le spectre d'un femme, nommée Hanna, est le moteur de cette histoire. Mais d'autres femmes peuplent les pensées d'Yves.
D'ailleurs, un érotisme prégnant émane du Cap-Ferret, de ses plages, de ses villas et des jeunes femmes étendues à la proue des bateaux...
Eric de Saint Angel  montre par endroits une connaissance précise voire passionnelle de tout ce qui se trame sur ce bout de terre et, muni d'un riche vocabulaire, en décrit les habitudes.

L'auteur sera sur la plage d'Arcachon le week end prochain...

Et pour en savoir plus sur le salon, suivez le guide: http://www.arcachon.com/plageauxecrivains/
Et pour ceux qui ne sont pas très à l'aise avec internet, le programme "version papier" est disponible à la librairie où vous pourrez découvrir, si ce n'est déjà fait, notre vitrine d'angle devenue très balnéaire pour l'occasion!

Derniers retranchements d'Hervé Le Corre par Olivier de Marc

Derniers Retranchements de Hervé Le Corre, Rivages /Noir 8,65€

Tous ceux qui se rendent aux rencontres polars connaissent bien l’écrivain bordelais Hervé Le Corre qui nous fait découvrir sa sélection avec son acolyte Olivier Pene. Son dernier titre paru dans l’excellente collection Rivages noir est un coup de maître. La nouvelle, genre tombé en désuétude en France mais très prisée des anglo-saxons, est ici ressuscitée de manière brillante.

Au travers de ce recueil de nouvelles à la remarquable unité, l’auteur nous présente des personnages dans leurs derniers retranchements. Des gens comme vous et moi, des gens que l’on croise tous les jours sans forcément les regarder ni les voir et qui vont sombrer dans la violence. Poussés à bout parce que vivre est un métier difficile et que la morsure du réel est parfois trop forte. La frontière entre la civilisation et la barbarie est très mince et poreuse : « Quelque chose en lui s’est déchiré et un gouffre s’ouvre au fond de quoi bougent des créatures jusque-là endormies, monstres jusque-là pétrifiés par des années de raison, d’empathie, de questions, d’écoute. Figés dans le roc du savoir et de l’intelligence, pris dans ce granit qui pavait toujours ses bonnes intentions. L’homme écoute ce remuement dans les ténèbres tout en serrant sa bien-aimée dans ses bras ». En décrivant magnifiquement des tranches de vies, Hervé Le Corre saisit le moment ou le granit se craquèle puis laisse passer nos démons enfouis au fond de nous. Au sein de cette belle noirceur, seul l’amour parvient parfois à dessiner de fragiles trouées de lumière. L’homme est un être fragile, rempli de fantômes, un « roseau pensant » disait Pascal. Merci, Monsieur Le Corre de nous le rappeler avec autant de talent.

Cet univers très sombre mais plein d’humanité est aussi éclairci par le style très pur de l’écrivain. On ne peut s’empêcher de penser à Raymond Carver, immense nouvelliste décrivant les laissés pour compte du rêve américain. Musset avait raison : « Les chants désespérés sont les chants les plus beaux. »

Olivier de Marc

samedi 14 avril 2012

Stéfan MANI

Noir océan de Stéfan MANI aux éditions Folio Policier, 8,10 euros.


Boum ! Boum ! Boum ! tel est le refrain entonné par le bateau sur lequel vous êtes priés d'embarquer après avoir fait une connaissance, pour certains haletante, des futurs passagers.

Boum ! Boum ! Boum ! pas de chance, c'est une tempête colossale qui donne ce tempo. A bord, se trouvent neuf marins, du soutier au commandant, du capitaine en second au matelot, du cuisinier au chef des machines et, embarqué par erreur, le Démon.

Le bateau s'est extirpé du port de Reykjavic à destination du Surinam. Il serait vain de récapituler le poids qui pèse sur chacun de ces marins dépressifs, angoissés, coléreux et mutins... Et le Démon, ce tueur invétéré est prêt à se débarrasser de chacun d'eux pour peu qu'on l'y pousse.

Une extraordinaire sensation de puissance se dégage de ce roman. Les éléments déchaînés y sont bien sûr pour quelque chose mais encore, la dérive programmée du navire et la tension maximum qui doit tôt ou tard déboucher sur une confontation en règle des différents protagonistes est une expérience de lecture entêtante à l'image de ces Boum ! qui rappellent le chahutage du bateau au milieu de l'océan Atlantique.

On raconte que Stéfan Mani est un bon géant tatoué de partout qui hante parfois des salons du livre consacrés au polar. On aimerait mieux le connaître pour comprendre l'aspect métaphysique de ses histoires, de leur réalité et de sa connaissance intime de la mer et de la navigation.

Merci à Hervé Le Corre et à Bernard Daguerre d'avoir chaudement recommandé ce polar lors de leur intervention à la Médiathèque de Gujan-Mestras. La prochaine rencontre aura lieu le 9 juin, nous y reviendrons.


Le serpent aux milles coupures de Doa par Olivier de Marc

Le serpent aux mille coupures de Doa, Folio policier 5,95€

Doa, jeune écrivain français de roman noir est aussi scénariste. On lui doit notamment la série Braquo diffusée sur Canal Plus. Avec Le serpent aux milles coupures, il nous livre un polar efficace et incisif, qui se lit d’une traite.

Nous sommes dans le vignoble de Moissac dans le Tarn et Garonne. Coin tranquille qui va basculer dans la terreur. Arrivés de l’extérieur pour un rendez vous, des trafiquants de drogue colombiens et italiens vont reléguer les conflits de voisinage des paysans locaux au second rang. Un mystérieux motard se trouvant au mauvais endroit au mauvais moment va mettre le feu aux poudres. Tout ce petit monde va s’entretuer. Je vous laisse découvrir ce que l’on nomme La mort par les milles coupures. Ames sensibles s’abstenir.

Derrière un roman noir mené tambour battant, Doa nous donne à voir la réalité d’aujourd’hui. Avec ce livre, on s’aperçoit comment le local rencontre le global. De nos jours, tout est interdépendant, et la guérilla colombienne n’est plus si éloignée de Moissac .Il faut dire que, mondialisation oblige, l’Europe est devenue un continent incontournable pour les cartels colombiens.

Un mot du style très vif, nerveux. Les mots claquent comme des rafales de balles : « Voiture. Partir. Plus chaud. Confortable. Intérieur plein de sang. Clés sur le tableau de bord. Sortir les morts. Qui ? Fatigué. Trop. Du sang partout. Où ? Taches sombres sur le cuir des sièges. Froid. Partir ».
Bref, Doa comme bien d’autres nous prouve que le roman noir n’est plus une exclusivité américaine.

Olivier de Marc

Charles DANEY

Du fond des coquillages... de Charles DANEY* aux éditions Vents Salés, 18,50 euros.


Présenter Charles Daney lorsque l'on s'adresse à des arcachonnais est une tâche difficile voire insurmontable. Le présenter à des "estrangeys", terme affectionné avec l'ambiguïté de circonstance par les autochtones eux-mêmes selon Charles Daney, n'est pas chose aisée non plus tant le personnage a de multiples facettes.

Or voici que surgit de sa main un roman qui après maintes publications régionales sur Arcachon nous installe dans une maison de retraite bien évidemment arcachonnaise. Qui allons-nous rencontrer ? D'abord son nouveau pensionnaire dénommé Paul, propulsé dans un univers très particulier que ce dernier compare à un aquarium où l'on vit reclus certes mais avec une multitude de petites affaires propres aux gens d'un certain âge. 

Paul est "visité" régulièrement par le narrateur du roman qui retranscrit les humeurs de ce retraité, ancien  géographe qui dans l'urgence de son arrivée dans cette maison de retraite ne s'est muni que d'un seul livre, les Essais de Montaigne.

Très vite, Paul relatera à son visiteur les histoires d'Adèle qui réunit chaque jour autour d'elle une assemblée d'auditrices friandes de ses aventures de parisienne iconoclaste. Fiction ou réalité ? Paul saura avec la complicité de Marguerite, autre pensionnaire de la maison Sainte Appolline dont nous connaîtrons également l'émouvant parcours, le fin mot de l'histoire...

L'intrigue n'étant pas à proprement dit le ressort principal du roman, Charles Daney propose une lecture inattendue des événements de 68 dont on ne sait trop s'il s'en indigne ou se félicite. Plus tranchées sont les années de guerre et d'occupation sur le sol arcachonnais et de l'isolement de ses habitants.
Arcachon justement transparait peu à peu avec une certaine acidité quant à son histoire, ses transformations et sa population. Quelques citations de Montaigne sont là pour donner crédit à la philosophie de Paul, cet intellectuel égaré dans un milieu qu'il décortique avec les images d'une faune maritime.

Charles Daney s'est-il glissé quelque part ? En revanche, on le découvrira ou on le reconnaîtra à sa faculté de dresser de beaux portraits féminins. Adèle et Marguerite formant une seule et même femme "idéale". 


* Charles Daney est le secrétaire perpétuel de l'Académie du Bassin d'Arcachon dont les membres seront majoritairement présents lors du Salon du livre du Moulleau intitulé "L'écrit, le livre et ses métiers" du 15 et 16 avril 2012.

jeudi 12 avril 2012

Salon du Moulleau: L'écrit, le livre et ses métiers 15 et 16 avril 2012


Salon du Moulleau: L'écrit, le livre et ses métiers dimanche 15 et lundi 16 Avril, de 10h00 à 18h30.


Pour profiter du début des vacances de Pâques, rejoignez-nous sur la jetée du Moulleau pour la 3 ième édition du salon centré sur le livre et ses métiers qui aura lieu cette année dimanche 15 et lundi 16 avril!



Vous aurez ainsi l'occasion de rencontrer:

- un relieur qui restaure également le papier (Allagreca),
- une décoratrice qui travaille le papier (Anne Lasserre-Gasquez),
- un travail d'atelier de la calligraphie à la peinture (Alain Bonzom et Michel Charmasson)
- des éditeurs de littérature adulte et de littérature jeunesse: Dadoclem, L'Edune, Kirographaires, Les Dossiers d'Aquitaine, Château de sable, Vents Salés
- des associations: le Cercle Universitaire d'Arcachon, la Société Historique et Archéologique d'Arcachon et du Pays de Buch
- des libraires: Autour de la BD et La Librairie Générale pour les livres d'aujourd'hui; la librairie L'amour du livre et La grange aux livres pour les livres anciens
- des auteurs dont les écrits sont principalement centrés sur le Bassin d'Arcachon et la région (sous réserve de modification): Paulette Abbadie-Douce, Jacques Battin, Jean-Pierre Bernes, Denis Blanchard-Dignac, Bernard Borrelly, Michel Boyé, Jean-Pierre Castelain, Annick Chevallier, Marie-Christine Courtioux, Charles Daney, Jean-Marie Darmian, Annick Deforges, Michel Doussy, Luc Dupuyoo, Henriette Duvignage, Jeanne Faivre d'Arcier, Denise Escarpit, Norbert Garcia, Jean-Claude Garnung, Sabine Géraud, François Jouison, Franck Lafossas, Patrice Lancel, Françoise Lay, Olivier Moyano, Frédéric Nouhaud, Alain Poirrier, Régine Rosenthal, René Serrano, Alain Trichet, Patrice Vergès, Gérard Villet, Dieudonné Zélé.

Entrée libre et vivement conseillée!

samedi 7 avril 2012

Venez goûter de nouvelles aventures! (jeunesse)

Avis aux lecteurs et lectrices en herbe!

Pour les vacances de Pâques, laissez-vous séduire par notre sélection de lectures toutes fraîches!

Pour les plus jeunes, nous avons invité la célèbre Emilie dans notre vitrine, ainsi que les inénarrables Petites Poules, qui vous proposent un atelier de coloriages* pour occuper les journées pluvieuses!

Et pourquoi ne pas profiter des vacances pour vous essayer à la couture et à la mode en compagnie de Lili Chantilly?

Enfin, si vous n'êtes pas attirés par les travaux manuels, vous pouvez tout simplement vous plonger dans un "polar" haletant, ou vous laisser entraîner vers des mondes imaginaires, en parcourant les chemins de notre littérature fantastique.

Que vous soyez gourmets ou gourmands, vous pourrez dévorer tout notre stock sans jamais risquer la crise de foie! Alors n'hésitez plus, laissez-vous tenter!

*Pour 2 volumes de la collection Petites Poules achetés, 1 cahier de coloriage vous est offert (dans la limite des stocks disponibles).

Rencontre polar Mardi 10 Avril à 18h30 à la Médiathèque de Gujan Mestras

Rencontre Polar Mardi 10 Avril à 18h30 à la Médiathèque de Gujan-Mestras

Cette fois-ci c'est Bernard Daguerre (l'un des organisateurs du salon Polar en Cabanes qui aura lieu à Gujan-Mestras les 28, 29 et 30 septembre prochains) qui dialoguera avec Hervé Le Corre pour nous présenter le roman noir britannique en se concentrant plus particulièrement sur les auteurs et titres suivants:




- Philip Kerr avec L'Hôtel Adlon et Une douce flamme.
- Thomas H. Cook pour Au lieu-dit Noir-Etang.
- John Harvey: Proie facile et Off minor.
- Bill James: Le cortège du souvenir et Retour après la nuit.

Et petit bonus: pas britannique pour un penny, mais impressionnant et à faire découvrir d'urgence (Hervé Le Corre dixit!): Stefan Mani et son Noir océan qui vient de paraître en Folio policier.

N'hésitez pas à nous rejoindre, l'entrée est libre, et elle est même vivement conseillée par les personnes qui sont déjà venues aux précédentes rencontres!

La reine des lectrice d'Alan Bennett par Olivier de Marc

La reine des lectrices de Alan Bennett, folio 4,20 €


Dramaturge, scénariste, acteur et réalisateur, Alan Bennett est très célèbre en Grande-Bretagne. Egalement romancier il nous livre avec La reine des lectrices un petit bijou d’humour et d’intelligence.
Grâce à la découverte d’un bibliobus, la reine d’Angleterre devient une lectrice compulsive au point de reléguer le protocole au second rang. Son entourage dérouté par cette nouvelle passion ne sait plus comment réagir pour la faire revenir dans le droit chemin. Attention, les gens qui lisent sont dangereux, ils réfléchissent… Atteinte par « ce vice impuni qu’est la lecture » la reine en vient même à négliger ses obligations.
Le court roman d’Allan Bennett réussit l’exploit d’allier l’humour, anglais off course, avec une réflexion très juste et subtile sur le pouvoir subversif et libérateur de la lecture. Prenant ses distances avec ses obligations la reine découvre la vie. Sur le modèle des contes philosophiques du XVIII° siècle, on savoure cet élégant plaidoyer pour la lecture. Ajoutons que la fin est proprement géniale .
Bonheur d’une vie avec les livres : « la reine découvrait que chaque livre l’entraînait vers d’autres livres ,que les portes ne cessaient de s’ouvrir, quels que soient les chemins empruntés, et que les journées n’étaient pas assez longues pour lire autant qu’elle l’aurait voulu ». En cela, notre reine est d’accord avec le célèbre auteur irlandais C .S Lewis qui déclarait : « La littérature élargit notre être en nous introduisant à des expériences qui ne nous sont pas propres. »
Lire un livre qui donne envie de lire, que demander de mieux ?

Olivier de Marc

Stéphanie DES HORTS

Le diable de Radcliffe Hall de Stéphanie DES HORTS* aux éditions Albin Michel, 19,80 euros.


Regardez-bien ce visage, il s'agit de Gwili André, actrice danoise photographiée par Cecil Beaton. Elle incarne merveilleusement une certaine idée des années trente et de toute l'influence stylistique qui en découlera. De plus, en se lançant dans le roman de Stéphanie Des Horts, on n'a de cesse de revenir sur ce visage, à sa rondeur, à la tristesse désabusée qui s'y dégage et l'on empoigne le livre de plus belle, hallucinés que nous sommes par l'univers impitoyable dans lequel nous nous sommes fourrés.

Détaillons. 1941, New-York, une fillette écoute son père lui expliquer que la ville lui appartient et qu'elle en sera l'héritière. L'argent, bien sûr, une richesse au-delà de tout, gouverne cette acquisition. La fillette adore.

1953, Londres, une jeune américaine s'attarde auprès d'un couple aristocrate et décadent. Elle en tombe éperduement amoureuse. Ce sont des Radcliffe, une vieille famille qui pourrait tenir d'Ann Radcliffe, une pionnière du roman gothique (Le château d'Udolpho 1794).

Le lien se fait, la fillette a grandi, elle est en Angleterre pour se marier et elle est effectivement une héritière. Dès lors, l'histoire oscille entre un franc burlesque où se découvre l'invraisembable train de vie de la famille Radcliffe et l'abject comportement de cette jeune et grosse américaine envers sa "nounou".
Mais encore, lorsque le mariage s'effectuera entre "Angleterre tradionnelle" et "Amérique richissime". L'humiliation systématique d'une part et l'esprit de revanche froidement élaboré d'autre part aboutiront à une grande lessive familiale.

Stephanie Des Horts a un art consommé pour les descriptions fastueuses, les décors luxueux et une forme de surenchère quant à l'excentricité déjà bien établie de nos cousins bien aimés anglo-saxons.
A consommer avec un nuage de lait.


*Stéphanie Des Horts est invitée au salon de la Plage aux Ecrivains des 28 et 29 avril prochains.