samedi 25 février 2012

Alexandre JARDIN par Olivier de Marc

Des gens très bien de Alexandre JARDIN, Livre de poche 7,10 euros


Autant l’avouer tout de suite, le choix de lire ce livre ne repose pas sur un intérêt particulier pour Alexandre Jardin. Ni son sourire de gendre idéal très présent sur les plateaux TV, ni ses précédents romans à l’eau de rose et aux succès foudroyants n’entraînaient chez nous une sympathie particulière.
Seulement avec son dernier ouvrage, changement de décors et « fini de rire ». Il s’agit de mettre à jour un terrible « secret » de famille jusqu’à présent sinon dissimulé du moins édulcoré. De quoi s’agit-il exactement ? Plantons le décor. En 1978, Pascal Jardin père d’Alexandre et célèbre scénariste publie Le nain jaune roman couronné par le Grand prix de l’Académie Française dans lequel il dresse un véritable hommage à son père Jean Jardin. Portrait atténué s’il en est puisque cet « homme très bien » fut un célèbre "collabo" en étant le chef de cabinet de Pierre Laval.
A la fin de son livre Alexandre Jardin imagine une discussion avec son père et lui dit : « Plus tard, tu ne pourras pas vivre avec le secret des Jardin. Il te tuera. Tu feras un livre pour le camoufler. Au même âge que toi, j’en ferai un pour l’exploser ».
Tout est dit, avec ce livre l’auteur règle ses comptes. Il suit le parcours de son grand-père Jean, ne le lâche pas, et en fait un portrait accablant. Pas facile de découvrir un monstre derrière une belle image. Au fil de pages graves, remplies de rage on apprend qu’il a ainsi orchestré la rafle du Vél d’Hiv.
Roman courageux, parfois touchant, Des gens très bien ne fait toutefois pas dans la demi-mesure et prend parfois des allures de crise d’adolescence. Des arguments assénés à la hache, pas toujours justes historiquement en font plus un livre cathartique qu’une analyse subtile. C’est l’ouvrage d’un homme blessé un peu trop rempli de haine pour être juste.
A la lecture de ce livre on ne peut s’empêcher de penser au sublime Ramon (publié également au Livre de poche) de Dominique Fernandez, qui lui aussi, a dû composer avec la mémoire d’un père ayant collaboré. Comment Ramon Fernandez, dandy, critique littéraire brillant, proche du parti communiste, ami de Proust, Mauriac, Gide et bien d’autres a pu finir par adhérer au PPF de Jacques Doriot principal parti collaborationniste ? C’est la question à laquelle tente de répondre son fils Dominique en prenant en compte toute la complexité de l’époque et d’un être. Pour finir, on serait tenté de dire que sur le même thème, Alexandre Jardin a sans doute écrit son meilleur roman, alors que Dominique Fernandez a écrit un chef d’oeuvre !

Olivier de Marc

Peter STAMM

Au-delà du lac de Peter STAMM aux éditions Christian Bourgois, 13 euros.


Nouvelliste de premier ordre, Peter Stamm n'a pas encore la reconnaissance du public français pour la raison que la nouvelle n'est pas vraiment lue en France.
C'est bien dommage mais nous pouvons, nous libraires et autres lecteurs professionnels, recommander encore et toujours cet art difficile de l'écrit court qui, le plus souvent, se révèle être un sommet de maîtrise narrative.

Ce magnifique recueil publié aux éditions Bourgois, Peter Stamm l'a écrit à la manière d'un peintre, d'un portraitiste qui ne néglige pas pour autant le paysage. Prenons Les estivants, un écrivain choisit de se retirer dans un hôtel à l'écart du monde. Il réserve par téléphone et tombe sur une femme censée l'accueillir à son arrivée. Quelques jours plus tard, un taxi le dépose à deux heures de marche de l'hôtel en question. Il arrive sur son lieu de résidence et constate que l'hôtel ne semble être ouvert que pour lui. La femme du téléphone le reçoit en toute simplicité. Il veut dîner. Elle lui ouvre alors une boîte de conserve et il débouche lui-même sa bouteille de vin. Elle lui indique vaguement sa chambre puis disparaît. Il la retrouvera le lendemain allongée dans une chaise longue au soleil. Dès lors, une mystérieuse relation s'instaure. L'écrivain s'interroge sans s'offusquer sur cette étrange façon de tenir un hôtel. Non loin, un torrent gronde. C'est là que la femme s'approvisionne en eau.

Peter Stamm a un talent certain pour construire ses personnages plus particulièrement féminins. Ainsi, Dans la forêt retranscrit la confession d'une lycéenne ayant vécu trois ans dans ladite forêt, trouvant là un refuge qui l'éloignait de ses parents chez qui elle se sentait maltraitée. La forêt lui est une alliée où elle apprend à se cacher sans jamais laisser de traces. Un chasseur pourtant l'épie à distance. L'adolescente continue de se rendre à l'école et s'escrime à vivre clandestinement. Ce jeu de cache-cache est une façon de découvrir le monde vu de la forêt. Eviter les bûcherons, prévoir les joggeurs, les promeneurs et composer avec le froid, la nuit et la solitude. Cette surprenante nouvelle s'étire dans l'intimité d'une jeune fille qui reviendra parmi les hommes, se mariera, aura des enfants mais continuera de se cacher en travaillant dans une librairie...

Peter Stamm a cet art naturel d'épaissir le mystère. Il travaille autour des existences en y laissant apparaître des failles. Un concierge, un agriculteur, une pianiste, un pasteur sont brossés dans le sens de leur vie intérieure, là où se fabriquent des protections qui peuvent soudainement céder à la première pression. La précision du trait, la patience de cette élaboration offrent la possibilité d'une identification immédiate qui puise dans une source fragile la prééminence du sentiment. D'où l'universalisme du propos et le paradoxe singulier des vies qui nous sont décrites.

Mais c'est avec Sweet dreams que Peter Stamm évoque le mieux l'extrême fugacité des événements. La psychologie d'une jeune femme nommée Lara est mise à mal par l'instabilité de ses sentiments dans sa vie de couple avec Simon. L'inquiétude de Lara, l'intuition de la fin possible de sa liaison affleurent puis s'amplifient sans raison sinon dans l'imagination galopante que suscite le mystère d'une vie à deux.
Peter Stamm redouble d'ingéniosité lorsqu'à la fin de cette fugue narrative un écrivain surgit à la télévision et déclare combien l'observation d'êtres inconnus sert de détonateur à ses propres fictions. Lara reconnaît cet homme qui l'avait fixée longuement dans le bus au retour de son travail. Et l'exemple alors fourni par l'écrivain lui fait croire un temps qu'il a mis à jour ses tourments. Un détail pourtant l'exempte tout à fait.

Un avant goût de printemps!

Avant de saisir bêche et râteau, prenez le temps d'étudier votre sujet et soyez ainsi prêts à devenir un parfait jardinier!

Que vous soyez plutôt fleurs ou plutôt potager, vous trouverez forcément votre bonheur sur nos étagères ou dans notre vitrine ornée pour l'occasion de branches de cerisier et mangeoire à oiseaux!


Mettre la bonne plante au bon endroit, jardiner avec la lune, avoir un jardin écologique, faire des bassins et jardins d'eau, bouturer... et surtout aimer ses plantes: tous les ingrédients sont là pour que vous réussissiez. Mais pour ceux qui n'ont décidément pas la main verte, Encore raté! 90 trucs de pro pour éviter les loupés devrait vous remettre sur le droit chemin! 

samedi 18 février 2012

Nicolas GRIMALDI par Olivier De Marc

L'effervescence du vide de Nicolas GRIMALDI aux éditions Grasset, 16 euros.


Nicolas Grimaldi, grand professeur d’université ayant terminé sa carrière à la Sorbonne, a produit dans l’ombre, à l’abri des médias si habiles à nous fabriquer de fausses gloires, une remarquable oeuvre philosophique.

Au soir de sa vie, il se livre dans son dernier ouvrage à une sorte d’autobiographie intellectuelle très touchante en revenant sur un évènement vécu par lui au premier plan : Mai 68. L’occasion pour Nicolas Grimaldi d’analyser ce qu’il estime être un séisme culturel et un véritable changement de civilisation. Alternant épisodes vécus et réflexion brillante l’auteur nous confesse , depuis lors, avoir vécu dans un monde qui n’était plus le sien, faisant de lui un être contemporain de rien ni de personne. Ses idées , ses repères sur la culture et la philosophie se trouvant déboulonnés .

Ce nouveau monde avide de chavirer la tradition, de renier tout héritage et dont les prémisses sont à chercher du côté de Marcel Duchamp puis du dadaïsme aura mis le culte du présent et de la nouveauté en première ligne. Alors qu’auparavant un artiste tel un artisan manifestait son originalité en s’écartant de la tradition qui l’avait formé, désormais l’originalité la plus débridée et la nouveauté seront les nouveaux repères. Tant et si bien que tout le monde pourra sérieusement se croire artiste.

L’analyse très fine étayée d’éléments autobiographiques fait de L’effervescence du vide un livre très singulier d’une belle et grave lucidité. Le drame de 68 aura été d’oublier la célèbre formule de Bernard de Chartres, philosophe du XII° siècle : « Nous sommes des nains juchés sur des épaules de géants », tant il est vrai qu’on ne peut s’opposer et dépasser la tradition qu’en l’ayant assimilée.

L’essai de Nicolas Grimaldi , sorte de joli requiem, a l’originalité de produire une pensée stimulante à partir d’éléments vécus douloureusement. D’un drame intime il parvient à tirer une leçon de sagesse. Evoquant sa vie d’aujourd’hui, installé à Saint Jean de Luz, il écrit : « Là, enfermé dans une cellule, suffisamment entouré de livres pour n’y manquer pas plus d’amis que de conversation, je pourrais enfin me livrer à ce que ma vie professionnelle m’avait fait ajourner depuis quarante ans. A cela je donnais un nom : c’était la philosophie. »

A noter la réédition en format poche du précédant livre de Nicolas Grimaldi Les métamorphoses de l’amour, superbes variations sur l’art d’aimer.

Olivier de Marc

Journal d'un corps de Daniel PENNAC

Journal d'un corps de Daniel PENNAC aux éditions Gallimard, 22 euros.


Monsieur Pennac, selon les conseils de lecture que vous avez reproduits au dos de votre livre intitulé Comme un roman (disponible en Folio), j'ai appliqué lors de ma lecture de votre dernier roman le droit imprescriptible du lecteur numéro 2 (le droit de sauter des pages) ainsi que le numéro 3 (le droit de ne pas finir un livre).
Pourtant j'étais enthousiaste à l'idée de renouer avec vous bien qu'aillant déjà utilisé le droit numéro 3 à votre encontre lors de ma lecture du Dictateur et du hamac (disponible en Folio) pour une raison bien différente de celle d'aujourd'hui bien que je ne me souvienne plus exactement laquelle.
A votre crédit cependant, et cela a motivé toutes mes infructueuses tentatives de terminer vos livres, je m'étais copieusement régalé avec La petit marchande de prose (disponible en Folio) sans pour autant me lancer dans la suite ni dans les épisodes précédents de votre saga dite Malaussène (disponible en Folio). La raison, cette fois, n'apparaît pas dans vos droits imprescriptibles du lecteur, il faudrait peut-être l'ajouter, je suggère de l'appeler le droit de ne pas lire une saga ou toute autre série justifiée par une suite, dans son intégralité.
Mais bref, pour en revenir à votre dernier livre, que je n'ai pas détesté, je constate que vous avez eu une excellente voire extraordinaire idée. Un jeune homme de douze ans décidant de tenir le journal de son corps est un pari impossible que vous avez souhaité tenir. Et l'on ne s'ennuie pas tant que cette chronique demeure une chronique de jeunesse avec toutes "les premières fois" qui l'accompagnent.
L'enfance est un territoire fait pour vous. Vous y êtes drôle et perspicace voire un brin nostalgique. Il couve entre vos lignes le professeur malin que vous avez été ou que vous êtes encore, je ne sais pas.
Alors pourquoi avoir lâché ce stupéfiant jeune homme et son programme magnifique ? Je sens que vous avez deviné. Votre gamin n'évolue pas. Il grandit certes mais il ne surprend plus et semble même avoir du mal à se surprendre lui-même. C'est bien dommage puisque tel était le contrat qu'il semblait avoir passé avec lui-même, c'est-à-dire, consigner toutes les surprises que lui procurerait son corps. Mais ses expériences corporelles finissent par fatiguer ainsi que votre prose qui, hélas, me semble, elle, avoir bien plus vieillie que la psychologie de votre personnage. C'est un peu dur ce que je vous dis là mais c'est sincère. Nul compte à régler. J'ai bien vu (droit numéro 2) les duretés de la vie que votre diariste allait rencontrer mais elles me sont restées malgré tout étrangères. Bien sûr, vous avez écrit un faux journal et c'est peut-être pour cela que je m'en suis détaché.
A ce propos, une  édition de poche du journal d'André Gide vient de paraître. C'est un journal passionnant qui comble de bonheur est disponible en folio. 

Jorge AMADO

Gabriela, girofle et cannelle de Jorge AMADO aux éditions Stock, 22,50 euros.


Comment ne pas ressentir une émotion particulière dans une vie de lecteur lorsqu'un ouvrage que vous avez lu il y a fort longtemps reparait devant vous dans une édition nouvelle. Cela pourrait être une "madeleine" qui vous renverrait à un lointain souvenir, à une tout autre époque, à des circonstances différentes...
Le bonheur de retrouver ce livre, neuf, dans une librairie est une flatterie qui vous fait dire que vous avez lu un livre que l'on considère désormais comme classique.
Jorge Amado, si vous allez au Brésil, est la figure incontournable des lettres brésiliennes. Il a forgé à mains nues l'âme du peuple de Salvador de Bahia, il constitue à lui seul un patrimoine littéraire inégalé. Je ne pourrai jamais complètement décrire l'impact de ses romans, ni sa popularité, ni le formidable ambassadeur qu'il fût. Jorge Amado est un maître.
Gabriela, girofle et cannelle est une sorte d'Amour au temps du choléra ou de Vieux qui lisait des romans d'amour avant l'heure. Pensez donc que Marcello Mastroianni et Sonia Braga ont interprété le bon Nacib et la belle Gabriela pour le cinéma. Cette tendre et drôle histoire d'amour est une marque de fabrique sud-américaine où les sentiments débordent et suintent par tous les pores des corps chaleureux et sensuels d'un homme et d'une femme.
Jamais personne n'a autant fait aimer le Brésil que Jorge Amado. Aujourd'hui, ce pays et ses habitants ne correspondent certainement plus au Brésil des années 50 mais pour qui voudrait encore une part de rêve et d'exotisme, lisez Jorge Amado, le dépaysement est garanti. 

jeudi 16 février 2012

PRIX SORCIERES 2012 !

Pour 2012, les sorcières vous ont concocté une potion explosive!
En exclusivité, elles ont accepté de vous livrer les ingrédients secrets pour passer une année explosive!

Voici leur sélection:

Albums tout-petits:
-Le loup ne nous mangera pas d'Emilie Gravett (Kaléidoscope)
-Un peu perdu de Chris Haughton (Thierry Magnier)
-Aujourd'hui je suis de Mies Van Hout (Minedition)
-A la rencontre de Claudine Morel (Didier Jeunesse)
-Non de Claudia Rueda (Rue du monde)

Albums:
-De quelle couleur est le vent? d'Anne Herbauts (Casterman)
-Faites la queue! de Tomoko Ohmura (L'Ecole des Loisirs)
-A-A-A-A Atchoum! de Philippe C. Stead (Kaléidoscope)
-Le Masque d'Ilya Green (Didier jeunesse)*
-Une Chanson d'ours de benjamin Chaud (Hélium)

Premières lectures:

-Lettres à plumes et à poils de Philippe Lechermeier (Thierry Magnier)
-L'enfant de Colas Gutman (L'Ecole des Loisirs)
-Waldo et la mystérieuse cousine de Catharina Valckx (L'Ecole des Loisirs)*
-Il faut le dire aux abeilles de Sylvie Neeman et Nicolette Humbert (La joie de lire)
-Le dur métier de loup (collectif) (L'Ecole des Loisirs)*

Romans juniors:

-Le Bébé tombé du train de Jo Hoeslandt (Oskar jeunesse)
-Mercedes cabossée d'Hubert ben kemoun (Thierry Magnier)
-Les invités de Charlotte Moundlic (Thierry Magnier)
-L'Envol du dragon de Jeanne-A. Debats (Syros)
-Mandela et Nelson d'Hermann Schulz (L'Ecole des Loisirs)*

Romans ados:

-La Fourmilière de jenny Valentin (L'Ecole des Loisirs)
-Le Monde dans la main de Mikaël Ollivier (Thierry Magnier)
-L'Innocent de Palerme de Silvana Gandolfi (Les Grandes personnes)
-Waterloo Necropolis de Mary Hooper Les Grandes personnes)
-Un jour de Morris Gleitzman Les Grandes personnes)

Documentaires:

-Chimères génétiques de Julie Lannes (L'Atelier du poisson soluble)
-La Fabrique à théâtre de Ghislaine Beaudout et Claire Franek (Thierry Magnier)
-Le Gingko, le plus vieil arbre du monde d'Alain Serres (Rue du monde)
-Tout sur l'automne de Charline Picard et Clémentine Sourdais (Seuil jeunesse)
-Street Art: un musée à ciel ouvert d'Ambre Viaud (Palette)

Préchauffez votre chaudron, versez-y vos ingrédients, mélangez bien le tout puis laissez mijoter, à feux doux, pendant quelques semaines, idéalement jusqu'au 5 mars. A cette date, chaque potion sera examinée par notre comité de sorcières qui désignera la recette la plus diaboliquement savoureuse!


Faisons connaissance avec nos amies les sorcières:
Le "Prix Sorcières" est decerné chaque année, depuis une vingtaine d'années, par l'association des librairies spécialisées jeunesse (plus connue sous le sigle mystérieux: ALSJ) et par l'association des bibliothécaires de France (le non moins énigmatique ABF).
Ces deux associations proposent chaque année une sélection de livres qui les a marqué afin de conseiller aux jeunes lecteurs des livres qui font réfléchir, qui émeuvent, bref qui "tire-bouchonnent "et "tourneboulent", pour utiliser leur jargon "sorcioprofessionnel"!
Elles nous offrent une belle occasion de partager un moment pétillant de magie littéraire!
A consommer sans modération!!!

*Titres actuellement disponibles à La Librairie Générale

samedi 11 février 2012

Samedi 18 Février Michel BOYE sera avec nous à partir de 15h30!

Samedi 18 Février, Michel BOYE sera à la librairie à partir de 15h30 pour vous présenter son dernier travail sur l'histoire d'Arcachon: Chronologie Arcachonnaise (1519 - 1957) publié avec le concours de la Société historique et archéologique d'Arcachon et du Pays de Buch dont il est le président.
Si dans l'avant-propos Michel Boyé précise que cette chronologie se veut "un document de travail aussi fiable que possible" tout en précisant que la perfection n'est pas de ce monde, on ne peut cependant que constater que nous avons entre les mains un trésor d'informations relevées avec une parfaite minutie aux Archives municipales d'Arcachon et de La Teste-de-Buch. Ses recherches l'ont ainsi mené à parcourir différents documents comme notamment les délibérations du conseil municipal, les arrêtés municipaux, les listes électorales, les recensements de la population ainsi que la presse ou la riche documentation rassemblée par André Rebsomen.
C'est donc dans un style sobre propre à tout historien dont l'objectif est bien sûr d'éviter toute interprétation que nous découvrons, ou redécouvrons, que l'approbation des plans de la gare actuelle d'Arcachon date du 10 janvier 1859, que la première visite de Napoléon III à Arcachon eut lieu le 10 octobre de la même année et que c'est à cette occasion que Lamarque de Plaisance dévoila la devise d'Arcachon: Heri solitudo, Hodie vicus, Cras civitas, que le 16 août 1871 il fallut mettre en fourrière une chèvre errante, que le recensement de 1876 compte 4 890 arcachonnais ou encore par exemple que c'est le 13 avril 1897 que la première automobile fit son apparition dans les rues de la ville! Toute une histoire!
Et nous ne résisterons évidemment pas à un dernier exemple relevé dans cette précieuse chronologie, gage du patrimoine de la ville:
"Décembre 1924: Après avoir déménagé du boulevard de la Plage dans les murs de l'ancien Café des Prévoyants de l'Avenir, La Librairie Générale ouvre ses portes"!

Ceci n'étant qu'un tout petit aperçu, n'hésitez donc pas à venir nous rejoindre le samedi 18 Février pour en découvrir bien plus!


Hôtel Adlon de Philipp KERR

 Hôtel Adlon de Philip KERR aux éditions du Masque, 22,50 euros.






 On retrouve avec le même intérêt Bernhard dit Bernie Gunther, cet ancien flic de la république de Weimar qui exerce désormais le difficile métier de détective sous un régime dictatorial, celui des Nazis. L’originalité de la série est qu’on peut lire un épisode sans en connaître les précédents. Ici, Gunther exerce ses talents à l’hôtel Adlon de Berlin, on est en 1934 et la clientèle américaine de ce palace s’intéresse à la préparation des jeux olympiques qui doivent avoir lieu 2 ans plus tard. Un douteux homme d’affaire, Max Reles qui se révèlera être un mafieux, et une jolie journaliste juive, Noreen Charalambides, venue enquêter sur l’application des mesures antisémites en milieu sportif, accaparent vite notre homme.

Ce roman est passionnant à plus d’un titre, par la minutieuse reconstitution de la ville et de son effrayant climat. Comme dans le Berlin Alexanderplatz de Döblin où les pauvres étaient relégués et maltraités, la cité persécute les juifs avant de les engloutir (métaphoriquement dans les fondations du stade olympique) ou de les rejeter (dans un saisissant campement de fortune en forêt). On voit aussi comment Bernie, détective, dur à cuire, sur le modèle américain, s’adapte au totalitarisme que la Gestapo et la SS imposent dans la vie de tous les jours. Certes, comme dans la jungle de béton des villes américaines au temps de la prohibition, il règne une grande violence physique, coups de poing faciles et tabassages réguliers sont également ici le lot quotidien. Les armes de Gunther (qui se proclame républicain et se pense social-démocrate), ce sont un humour ravageur qui s’exerce aux dépens de la brutalité nazie, un cynisme affiché et aussi des qualités professionnelles indéniables qui font de lui un meilleur flic que le plus compétent des policiers nazis. C’est ainsi qu’on peut survivre en milieu hostile.
La première partie du récit se clôt par une espèce d’avantage des ennemis du détective, dans le combat vital qui est le sien. Puis, comme dans plusieurs de ses enquêtes, l’odyssée de Gunther se poursuit, après l’apocalypse guerrière (mise entre parenthèse) à laquelle il a participé, par un épilogue à Cuba, 20 ans plus tard, sous la coproduction gouvernementale qui réunit mafieux américains et le dictateur Batista. L’histoire, là, ne se répète pas, elle bégaie, continuant à engluer la vie et le destin de notre héros.

Bernard Daguerre

Tout ça pour quoi de Lionel SHRIVER

Tout ça pour quoi de Lionel SHRIVER aux éditions Belfond, 23 euros.


En commençant le dernier roman de l'américaine Lionel Shriver par la fin, on résoud rapidement l'insoutenable question de ce livre : oui ou non, Glynis va-t-elle s'en sortir ?  Pour être honnête, cette fin-là n'est pas le meilleur du roman.
Néanmoins, je vous conseille les toutes dernières pages, celles qui dressent la liste des remerciements. Il conviendrait de les lire en premier avant de commencer cette édifiante histoire. De précieux témoignages, nous dit Lionel Shriver, lui ont permis d'approcher au plus près quelques vérités sur les épreuves endurées par ses plus mémorables personnages. Outre Glynis, femme surpuissante attaquée par la maladie, Flicka, la jeune adolescente, fille de Carol et Jackson, est dotée d'une force de caractère surprenante en dépit du handicap qui la condamne depuis la naissance.

Voilà, le sujet est lancé mais il faut en donner les prémices et commencer par présenter Shep, le mari de Glynis dont on sait que le compte en banque avoisine le million de dollars. Shep tient ce million de la vente juteuse de son entreprise de réparations à domicile dont il est, depuis, un simple employé. Mais Shep projette de partir à l'aube de ses cinquante ans sur l'ile paradisiaque de Pemba. Là, pense t-il, commencera   "l'outre vie". Au moment où il déclare ouvertement son départ aux membres de sa famille (Glynis et leur fils Zack), n'omettant pas de les inviter à le suivre, Glynis lui répond que cette annonce tombe vraiment au mauvais moment.
Jackson est un collègue mais aussi le meilleur ami de Shep. Sa particularité est de s'épancher à longueur de temps sur les arnaques de l'état américain et sur la duperie générale érigée en règle aux dépens des citoyens. Mais Jackson, aussi brillant soit-il dans ses diatribes, joue sur les champs de courses (de lièvres), s'est engagé dans une opération chirurgicale délicate et supporte tant bien que mal avec Carol les jours difficiles de leur fille Flicka qui est atteinte de déficience.

Cette fois, le ton est donné. Les événements vont défiler, certains d'entre eux anthologiques. Glynis, Shep, Jackson et Carol sont le quatuor de base de cette descente vertigineuse de la middle class new yorkaise. Les coups pleuvent mais les tempéraments sont forts. Les meilleurs romanciers américains sont aujourd'hui les experts d'une société qui les dévorent de l'intérieur. Lionel Schriver en fait évidemment partie. Avec Tout ça pour quoi, elle abat une carte maîtresse qui s'en prend avec véhémence au système de santé de son pays.

samedi 4 février 2012

Un président à élire, cinq livres à lire.

De l'avis général, l'élection présidentielle de 2012 s'annonce comme la plus importante depuis trente ans, cruciale et dramatique, exigeante, de la dernière chance, capitale... Une somme d'adjectifs qui laisse entrevoir un climat dévastateur. Pendant ce temps-là, les libraires reçoivent une quantité de livres que chacun peut lire selon ses convictions, mais certains s'interessent prioritairement au débat et parfois les certitudes s'évanouissent. De nombreux critères pèsent lors de l'élection du Président de la République. Preuve à l'appui, voici cinq livres qui alimentent le débat.


Qui choisir d'André BERCOFF aux éditions First, 12,50 euros.






Journaliste bien connu des services politiques, André Bercoff recommande de choisir son président comme un produit de grande consommation. La boîte de conserve warholienne en atteste. Prenez-donc votre caddie et entrez dans la grande surface présidentielle. "Têtes de gondoles", "Parts de marché garantie", "Produits ciblés" et "Produits de substitutions" sont les quatre répartitions où vous trouverez tous les candidats. A l'intérieur, plusieurs tests sont déclinés afin d'aider le consommateur. Ce concept est, certes, irrévérencieux mais sérieux.


La présidentielle en 25 débats  aux éditions de L'express, 15 euros.
Plus sobre, ces 25 débats sont organisés par thèmes et convoquent d'éminents spécialistes d'orientations diverses. Ainsi sont confrontés à des questions bien précises, Nicolas Baverez et Alain Minc, Thomas Piketty et Olivier Carré, Patrick Artus et Jasques Despla, Olivier Ferrand et Mathieu  Lainé...       La France peut-elle renouer avec la prospérité ? Qui devra payer plus d'impôts demain? Est-ce possible de redonner du pouvoir d'achat aux français ? Les français sont-ils trop assistés ? Ces questions et bien d'autres, après avoir été débattues, sont recomposées sous la forme de propositions récapitulées par chacun des intervenants. Si aucun homme politique (hormis Nicolas Sarkozy) n'est cité, c'est dans leurs discours que l'on retrouvera forcément des réponses à ces questions.


Droite contre Gauche aux éditions Fayard, 19 euros.   
Plus explicite encore Droite contre gauche est un livre économique, patronné par le Cercle des économistes qui héberge majoritairement des professeurs d'université. Il ressemble au précédent sur bien des points (ce qui est normal puisque chacun inventorie les problèmes à résoudre). Difficile aussi de connaître la ligne politique de ces ouvrages. Remarquons tout de même la présence d'Olivier Pastré, de Patrick Artus et de Claude Le Pen qui apparaissent sur les deux livres. Est-ce suffisant pour créer une piste ?    
  


                     Etes-vous de droite ou de gauche de Laurent CALD aux éditions Max Milo, 18 euros.
Cette fois-ci, il s'agit de connaître clairement sa position politique et cela n'est pas toujours simple. Le Politest, lancé par l'auteur sur Internet, a été visité par deux millions de personnes soucieuses de mieux se définir sur le curseur droite/gauche. Le livre reprend en partie les questions posées sur le site. Vous saurez donc mieux où ira votre prochain bulletin de vote à la fin du test, qui peut paraître de prime abord assez complexe à l'image de la politique actuelle, mais qui comporte des questions aussi simples que le fait de se rendre à son bureau de vote.



Parlez-vous le politique ? de Pascale Wattier & Olivier Picard aux éditions Chifflet & cie, 14,95 euros.
Petites phrases, petites phrases... Elles laissent beaucoup de traces. Les politiques sont d'abord des orateurs. Aujourd'hui il faut penser de plus en plus sérieusement au vocabulaire employé par ces personnes. 1 000 citations toutes tendances confondues sont finement décryptées, un mode d'emploi souvent drôle pour émerger dans le maelström de l'actualité. Le sommaire de ce livre vaut à lui seul un programme : La platitude, un savoir-faire; Comment ne pas se mouiller, le vrai-faux compliment; Pourquoi faire simple quand on peut tout complexifier etc. 






  





                                                                         

Jean-Claude BARTOLL

Mossad, opération spéciales :T1, La taupe de l'Elysée

T.2, L'otage de Damas 

de Jean-Claude BARTOLL et Pierpaolo ROVERO
aux éditions Jungle, 11.95 euros (chaque tome).


Si vous rencontrez un jour Jean-Claude Bartoll en promenade au bord du Bassin d'Arcachon (voici le lien de son blog personnel afin de mieux l'identifier http://bartoll.blogspot.com/), primo ne vous fiez-pas à son sourire, deusio ne tirez pas immédiatement, il est peut-être du bon côté...

Jean-Claude Bartoll est un scénariste pour l'essentiel de Bandes Dessinées. Les univers qu'il pénètre sont truffés de personnages que nous avons peu de chance de rencontrer. Ils sont au sommet de l'Etat ou bien en service télécommandé pour une organisation terroriste ou secrète. Toujours est-il que si "chez ces gens-là" (J. Brel) on ne s'embarrasse pas de supprimer un ennemi, il n'empêche que, vivants malgré tout dans un monde paralèlle, ces hommes et ces femmes si particuliers peuvent être pris dans des affaires de coeur ou de famille, ce qui ne va évidemment pas simplifier leur existence.

Mossad (puisque l'actualité de Jean-Claude Bartoll concerne la sortie de son deuxième tome), combine plusieurs évènements concomittants de Paris au désert syrien. Des agents israeliens jouent, en ces lieux, au chat et à la souris avec les autorités locales. Jean-Claude Bartoll en profite pour décrypter certains enjeux politico-militaires où la tension est extrême. Elle rythme le fil narratif de l'histoire qu'il serait vain de résumer car cela équivaudrait à vous parler, sans exagération, des aventures d'Indiana Jones! Les dessins de l'illustrateur Rovero assignent en plus à chaque personnage une détermination en parfaite adéquation avec le monde des services secrets.

Jean-Claude Bartoll donc, qui peut surgir à tout moment dans les rues d'Arcachon, est un auteur très actif. On tremble d'effroi à l'idée qu'il poursuit actuellement une série intitulée 9/11 (tome 4 annoncé en avril 2012). Merci Jean-Claude de nous rassurer sur le monde comme il va !

La ligne de courtoisie de Nicolas FARGUES

La ligne de courtoisie de Nicolas FARGUES aux éditions P.O.L. 15.00 euros.


Nicolas Fargues est apparu dans le paysage du roman français avec la faculté  déconcertante d'évoquer des voyages possédés par l'ennui et la lassitude. Le tour du propriétaire avait donné le ton en s'en prenant aux jeunes occidentaux qui problématisaient   leur existence dorée sur des plages indonésiennes de sable fin. Rade Terminus et  One Man Show continuèrent de rapporter des nouvelles de la planète via Madagascar, le Canada et les Etats-Unis. Nicolas Fargues écrit avec style les errances contemporaines de l'écrivain voyageur, et pour cela, il doit beaucoup à Nicolas Bouvier.
Dans La ligne de courtoisie, la décision est prise de partir à Pondichéry. Cela ne constitue en rien une aventure mais plutôt une stratégie de repli car ce roman peut se résumer par la scrupuleuse description d'un homme déchu. Chacune des situations relatées, que ce soit avec sa petite amie, son fils ou son éditeur - car nous avons affaire à un ancien auteur de best-sellers -, est une mésaventure supplémentaire pour un homme pourtant pétri de bonnes intentions. Nicolas Fargues sauvera-t-il son homme sur les bords de l'océan indien ?
Si l'écriture demande un certain effort par la précision extrême du vocabulaire utilisé que l'on peut juger précieux, les portraits sonnent justes et le désarroi ambiant prête à sourire. Nicolas Fargues va juste assez loin pour ne pas expédier son personnage définitivement du côté de Tom Sharpe. Le charme français sans aucun doute.

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