vendredi 24 juin 2016

Personne ne disparaît de Catherine LACEY

Personne ne disparait de Catherine LACEY aux éditions Actes Sud, 22 euros.

"Vous êtes diplômée de Barnard. Vous étiez employée comme scénariste chez CBS depuis cinq ans. Vous avez épousé Charles Riley, il y a six ans. Vous n'avez jamais eu de problèmes de santé majeurs. Vous n'avez pas de dettes. Vous avez toujours déclaré vos impôts dans les temps. Vous ne suiviez aucun traitement avant de quitter les Etats-Unis.  Vous viviez dans l'Upper West Side à Manhattan, dans un appartement appartenant à l'université de Columbia où votre mari a obtenu une chaire il y a un an comme professeur associé au département de Mathématiques. Tout cela est juste ?
Oui, ça m'en a l'air.
Maintenant, vous voyez, Elyria, ce que je viens de décrire, ça ressemble à une vie assez réussie, ce que vous aviez là, alors vous comprenez que d'autres personnes puissent avoir du mal à comprendre que vous décidiez de partir comme vous l'avez fait sans même dire à votre mari où vous alliez. C'est plutôt étrange n'est-ce pas ?
Je l'ai regardé comme s'il était un objet dans un musée qui ne m'intéressait pas particulièrement."

On reconnaîtra là, dans cette pensée succincte qui suit le résumé très factuel de sa vie faite par un psychologue, que notre héroïne peut développer un regard particulier sur les gens. 
Elyria, en l’occurrence et à ce moment du récit, est revenue de Nouvelle-Zélande où elle a tenté en vain d'échapper à sa vie ou plutôt à certaines mauvaises vibrations qui polluent ses pensées. Elle peut nommer cela des harmonies mineures ou parler d’un Yack, animal métaphorique qui serait logé dans son cerveau et en perturberait le fonctionnement. 

Ce voyage en Nouvelle-Zélande que nous vivons à ses côtés est à la fois très concret, Elyria multiplie les rencontres dues à une pratique assidue de l'auto-stop, et totalement abstrait dès lors que s'insère un flux de conscience où de nombreux points cruciaux de la vie d'Elyria sont débattues. En premier lieu la mort de Ruby, la soeur aîné, modèle de l'enfance d'Elyria, puis le mariage qui suivit cette disparition, inapropriée et cause de ce départ soudain à l'autre bout du monde. 

L'effet majeur de ce récit intériorisé d'un voyage mal préparé est que nous sommes en empathie absolue avec Elyria sans pouvoir pour autant l'aider. Son mutisme extérieur dont nous recevons en retour un exubérant désarroi qui demeure néanmoins d'une drôlerie irrésistible, est une expérience de voyage comme on l'a peu raconté et que pourtant chacun d'entre nous a pu ressentir.  

Astrid Bromure, T1 Comment dézinguer la petite souris



Astrid Bromure, T1 Comment dézinguer la petite souris, Editions Rue de Sèvres, 10,50 euros.
Astrid Bromure, T2 comment atomiser les fantômes, Editions Rue de Sèvres, 10,50 euros.

Alerte! Un intrépide nouveau personnage est arrivé dans le monde de la BD que les 10-12 ans peuvent sans complexe s'approprier. D'accord, Astrid Bromure, puisque c'est son nom, est juste un peu super-riche, du moins ses parents qui vivent dans une incroyable demeure nichée tout en haut d'un gratte-ciel de 150 étages environ. 

Au premier numéro de ses aventures, Astrid est justement délaissée par ses parents pour au moins trois semaines, ce seront donc Benchley et madame Dottie qui s'occuperont de la demoiselle, les humbles serviteurs de la famille Bromure. Gatsby et Fitz (cherchez le rapport) seront aussi de la partie, un chat et un chien n'étant jamais de trop pour traquer une petite souris qui, comme chacun le sait (et surtout Astrid) N'EXISTE PAS!
Et pourtant, lorsqu'une enième dent de la demoiselle vacille sur son socle dans le but inévitable de tomber dans les jours à venir, la chasse à la souris qui N'EXISTE PAS est ouverte...

Butée comme pas une, intrépide, joueuse et dotée d'un indéniable je-ne-sais-quoi que la très grande bourgeoisie possède dès la naissance, Astrid nous amuse tant et plus par ses incroyables déconvenues dans son monde un tantinet délirant mais parfaitement divertissant.
On vous laisse découvrir le deuxième tome qui vient de paraître!


samedi 18 juin 2016

Etunwan, celui qui regarde de Thierry MURAT

Etunwan, celui qui regarde de Thierry MURAT aux éditions Futuropolis, 23 euros.

A en croire la bibliographie de l'auteur, on devine aisément la passion de celui-ci pour les États-Unis, pour l'Amérique, la vraie, puisque après son diptyque musical (Woodie Guthrie, Bob Dylan) le voici plongé dans un faux western, Etunwan, odyssée dans le grand ouest américain. C'est dans ce "Territoire" à l'ouest de St Louis que s'enfonce une expédition scientifique en 1867 avec parmi eux un jeune photographe, aussi jeune que l'est son art. Son journal de bord  suit la progression du convoi de charriots dans la plaine  et relate la première rencontre avec des Peaux-rouges. Le jeune et romantique observateur, lecteur de Baudelaire comme d'Edgar Alan Poe ou encore William Blake, s'éprend littéralement de la culture indienne. Les six mois passés dans les Rocheuses jusqu'aux   contreforts des forêts montagneuses lui servent d'initiation absolue, de quête spirituelle qui l'incite, sitôt rentré à Pittsburgh, à vouloir repartir.

Les planches de Thierry Murat sont proprement magnifiques, elles sont mystérieuses et magnétiques, leur approche de la nature sont une ode à la poésie teintée par une profonde mélancolie qui résonne dans les propos des personnages, qu'ils soient indiens ou colons. 
Il faut préciser aussi que Etunwan est une leçon d'histoire, la disparition de la culture indienne en est le thème, le massacre systématique des bisons, ressource majeure pour se nourrir anticipe celui à venir des indiens eux-mêmes lorsque l'heure de la ruée vers l'or sera venue.

Nous avions déjà relevé le procès à charge qu'Eric Vuillard avait instruit avec Tristesse de la terre (Actes Sud), cet album nous donne un autre versant de la tragédie indienne en lui inculquant une beauté à maints endroits époustouflante. Mais laissons pour conclure la parole de sagesse d'un chef indien qui s'adressa à ce personnage de papier, Joseph Wallace, photographe de son état :

"Lorsque les hommes blancs sont arrivés depuis l'autre côté de la mer sur leurs bateaux gigantesques, ils nous ont dit que leur monde était devenu trop vieux, trop petit, accablés par les guerres et la misère et parfois même persécutés pour leurs croyances religieuses. Alors nos ancêtres les ont accueillis comme des frères...
Ils leur ont offert un refuge entre le ciel immense et les vastes étendues sauvages de notre Terre-mère. Mais peu à peu, l'homme blanc a changé. De sa place d'invité, il a fait celle du propriétaire. Et nous n'avons rien vu venir."

Contes & Comptines de Mer et de Soleil, par France Quatromme

Contes & Comptines de Mer et de Soleil, par France Quatromme et Virgine Grosos, chez Beluga, 13€

Un petit tour en bord de mer, ça vous plairait ? Alors venez vite retrouver poissons, étoiles de mer et tortues dans de brefs contes et comptines !
L'occasion alors de rencontrer l'étoile qui voulait voir le poisson, ou encore le petit clown des sables qui préfère aller voir la lune derrière la dune au lieu de s'abriter dans son château de sable. C'est aussi l'histoire de Tortululue qui ayant perdu sa carapace, va demander de l'aide au mouton qui lui donne un peu de laine et à la poule qui lui cède quelques plumes. 
Pour animer la lecture, profitez également de comptines à mimer, puis faites une pause avec de jolis poèmes tous doux.

Bref, plongez au cœur de l'océan et laissez-vous bercer par les contes de la mer !

samedi 11 juin 2016

Rencontre avec Jean-Paul DIDIERLAURENT Mardi 14 Juin, 17 heures

Le reste de leur vie de Jean-Paul DIDIERLAURENT aux éditions du Diable Vauvert, 17 euros.


Quand André Gide écrivait, c’est avec les beaux sentiments que l’on fait de la mauvaise littérature…, on peut constater depuis que les écrits de nos contemporains n’en ont pas été radicalement bouleversés. Gide d’ailleurs étayait sa formule et s’attristait que certains de ses disciples aient suivi sa formule à la lettre.


Comment d’ailleurs, ne pas s’émouvoir de certaines histoires contenant des personnages qui portent haut des valeurs humanistes. Il ne s’agit pas là de vanter toutes les trames amoureuses qui nous sont régulièrement contées mais de saluer ceux qui trouvent un angle nouveau à notre modernité et en tissent des romans savoureux à l’instar de celui de Jean-Paul Didierlaurent.


 Le reste de leur vie commence en l’occurrence par une scène où d’emblée se distingue le bon et le mauvais mais l’auteur, loin d’oublier cette scène inaugurale, nous en réserve une suite au tout dernier chapitre et jette ainsi un trouble sur son appréciation du franchement mauvais. 


Entretemps, Ambroise, Manelle, Beth et Samuel sont les quatre "Feel good heroes" qui activent l’histoire de ce « Feel good book ». 
A découvrir absolument!

Venez nombreux rencontrer Jean-Paul DIDIERLAURENT 

Mardi 14 juin, 17 heures au Café Le Petit Louvre

et dans le cadre de cette rencontre la librairie sera heureuse de vous offrir un thé ou un café!

 

Rencontre avec Françoise BOURDON Jeudi 16 juin à 17 heures.

La maison du Cap de Françoise BOURDON aux éditions Presses de la Cité, 20 euros.


A la fin de La maison du Cap, une fresque d’un siècle se referme (1850-1950). Cette période fertile en évènements correspond également au développement d’un territoire, le bassin d’Arcachon, toile de fond choisi par Françoise Bourdon pour y conter l’histoire de la famille Marquant. 
Le procédé pictural semble convenir à l’auteur, les courts chapitres qui agencent son histoire peuvent être assimilés à des tableaux où les personnages viendraient y jouer les scènes les plus importantes de leur vie. 


A l’évidence, Margot Marquant est la pièce essentielle du puzzle romanesque que Françoise Bourdon a composé à partir de dates précises qu'elle annonce à l’ouverture de chacun de ses chapitres. 
Cette progression historique facilite ainsi les apparitions de nouveaux personnages, les nouveaux-nés comme les maris ou les amants, qui provoquent maints mariages et aussi parfois ruptures… 
La vie arcachonnaise, de concert, elle aussi, défile. On repère ici et là des noms familiers qui ornent désormais les plaques des rues de la ville. Des célébrités également, plus artistiques que politiques, sont incluses dans le cercle des Marquant. Enfin, et le plus souvent à l’arrière-plan, tonnent les évènements de la grande Histoire. 


 Dans cette saga séculaire, Françoise Bourdon n’a pas voulu donner une importance démesurée à la vie sur le bassin sinon par quelques touches certes bien documentées (voir les remerciements adressés à la bibliothèque d’Arcachon ainsi qu’aux services des archives de la ville à la fin du livre). 
Cependant la romancière s’appuie sur un certain mode de vie propre au bassin d'Arcachon dont elle a su tirer avec talent la quintessence. Ainsi, d'une manière très symbolique mais aussi historique, elle oppose la vie de ceux de la mer à ceux de la forêt avant de les fondre les uns et les autres dans l’essor du bassin où viennent aussi se mêler, en ses heures les plus fortes, le monde médical à un autre plus mondain alors qu’au loin,  d’autres aspects plus ruraux continuent de mener la vie dure aux habitants.


Mais Françoise Bourdon, et c’est un peu la véritable histoire de La maison du Cap, donne voix à la condition féminine. Chaque génération révèle une figure qui en redéfinit le rôle social. De 1850 à la fin de la deuxième guerre mondiale surgit de l'une, la volonté de s’extraire de ce qu’elle considère comme la plus basse des conditions sociales, d’une autre un sentiment puis un élan créateur et artistique, d’une autre encore un attrait pour ce que sont alors les grandes heures de l’aéronautique et de la dernière le sens du devoir patriotique et de l'engagement politique. 
Chacune de ces figures romanesques pousse dans un même but, gagner un accès à toutes les positions sociales possibles. De la sorte, Léonie, Margot, Charlotte, Dorothée et Violette , nées sous la plume de Françoise Bourdon, ont la ferme intention de nous le dire.

Venez nombreux également écouter Françoise BOURDON Jeudi 16 juin à 17 heures, toujours au Café Le Petit Louvre 

et toujours avec un café ou un thé offert par la librairie!

Le surnom de Petit Indien

Petit Indien, par Quentin GRÉBAN, chez Mijade, 12€

 Ça y est, c'est le grand jour ! Petit Indien a sept ans, il va recevoir son surnom d'Indien. Pour cela, il doit réaliser une chose extraordinaire avant le coucher du soleil. Chevauchant son petit poney, il part à la recherche d'une idée. Et si il capturait un bison ? Ou s'il pouvait ramener une plume d'aigle ? Un ours vient régulièrement se frotter contre cet arbre, là-bas, peut-être pourrait-il lui voler une dent... "Ours-Courageux", serait un très beau surnom ! 
Mais à chacune de ses épreuves, rien ne se passe comme prévu... tout le monde va se moquer de lui et l'appeler "Prout-de-Bisons", "Fesses-Douloureuses" ou encore "Limace-Flagada", c'est certain. Le voilà de retour au campement, le regard bien bas... Mais, surprise ! Tout le monde le considère comme un héros, et ils commencent même la danse sacrée au pied du totem...  Que s'est-il passé en son absence ? Et, surtout, quel surnom va-t-on lui donner ?

samedi 4 juin 2016

Trois jours et une vie de Pierre Lemaitre

Trois jours et une vie de Pierre Lemaitre, éditions Albin Michel, 19.80 euros

Trois jours? C'est la vie ordinaire dans une petite ville tranquille de province... Mort banale d'un chien, mort inopinée d'un enfant, et là-dessus une pluie violente transforme les rues en torrents qui ravagent tout sur leur passage: tout est en place pour que, au fil de toute une vie, la tragédie silencieuse referme son piège implacable, comme dans les meilleurs policiers auxquels l'auteur nous a déjà habitués. Il en faut si peu pour qu'un enfant devienne un assassin! Les secrets croisés et les regards des voisins posent une chape de peur sur toute parole... Avec l'analyse perspicace et les attaques satiriques d'Au revoir là-haut , Pierre Lemaître transforme ce qui n'était qu'un fait divers en destin et nous emporte avec lui.

Une course à dos de dragon

Le Dragon et la Souris, par Marco FURLOTTI, chez Nuinui, 9,90€

Rémi est une souris qui n'a qu'un rêve : participer à la course volante pour tenter de remporter la Coupe des Vallées. Mais à une seule condition : participer à cette course sur le dos d'un dragon ! Seulement voilà, il n'a pas de dragon...Et il ne reste que trois semaines avant la course...
 Mais surprise : voilà que bientôt un beau spécimen se pose sur le lac. Il va falloir l'amadouer... Heureusement ces gros animaux ont eux aussi des points faibles, et pour Gaston, le nouvel ami de Rémi, ce sont les fraises ! A grand renfort de confitures et autres gourmandises (à la fraise, toujours !), il ne reste plus qu'à le convaincre de participer à la grande compétition. D'autant plus que les jours passent, et notre souris s'inquiète...
Le jour J, verra-t-on notre duo sur la ligne de départ, aux côtés de Rod et le Héron Gogo, l'ancien vainqueur ?

Les rendez-vous de la bibliothèque d'Arcachon

logobiblio
MARDI 7 JUIN de 10h00 à 12h00
à la Bibliothèque Municipale 
Venez partager vos coups de cœur et en découvrir d'autres
au sein du Club de Lecture 
animé par Jean-Claude Duqueyroix (nom bien connu de la librairie!).
Le groupe de lecture est ouvert à tous les amoureux de la lecture, 
abonnés ou non à la bibliothèque.
Alors n'hésitez pas!

Bibliothèque Municipale, 1er étage de la Maison des Associations, 51 cours Tartas.