Ecrivain, cinéaste mais aussi très impliquée dans le milieu rock Virginie Despentes ne manque pas de cordes à son arc. On se souvient de son entrée tonitruante dans le monde littéraire avec son livre Baise moi ! Réputation sulfureuse, grande gueule, provocatrice Virginie Despentes a aussi du talent comme le prouve Apocalypse Bébé réédité ces jours-ci en livre de poche et prix Renaudot 2010.
Depuis son premier livre elle dépeint des êtres marginaux, pas dans la norme, ne rentrant pas trop dans les cases. C’est encore vrai ici. Lucie travaille pour une agence de surveillance privée. Chargée par une famille aisée de suivre Valentine une adolescente de quinze ans paumée, elle perd sa trace. A partir de là, les choses s’accélèrent. Lucie va s’allier à La Hyenne, détective privée et lesbienne décomplexée pour retrouver Valentine.
Présenté comme un road book Apocalypse Bébé est un roman noir qui frappe fort et juste n’épargnant personne. Par la même, l’auteur nous offre une photographie de la société assez décapante. Les personnages sont d’une densité remarquable et la fin du livre apocalyptique. Valentine a la rage : « Elle ne voit autour d’elle aucun adulte qui ait une direction. Un reste de dignité. Compromissions, à tour de bras, ils se démènent pour justifier tout ça. Ils disent que c’est un choix. Tout ce qu’il faut bouffer de merde, ils l’avalent sans rechigner. Ils ne savent qu’obéir, à n’importe quel ordre. Survivre, à n’importe quel prix. Elle va mettre un coup de frein là-dedans. Le monde qu’ils ont construit, elle va y mettre un peu d’ordre ».
Le style nerveux est celui d’un véritable écrivain. N’en déplaise aux pudibonds, Virginie Despentes fait bien partie des auteurs qui comptent. Dans sa famille on retrouve Michel Houellebecq, Bret Easton Ellis ou bien Philippe Djian. Des auteurs qui ont choisi de nous parler des marges de notre époque sans concession. Vous l’aurez compris, on est loin de la Comtesse de Ségur…
A noter que Virginie Despentes porte son précédant roman Bye- Bye Blondie à lécran : Sortie le 21 Mars. Une des héroïnes est incarnée par Béatrice Dalle. Ces deux-là doivent bien s’entendre.
Olivier de Marc
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