Pourquoi les oiseaux meurent de Victor POUCHET aux éditions Finitude, 16,50 euros.
Après Olivier Bourdeau l’auteur faramineux d’En atttendant Bojangles, les éditions Finitude lancent un nouvel auteur. Nous ne sommes heureusement pas dans l’univers du cinéma hollywoodien et c’est donc en toute discrétion que Victor Pouchet, normand avéré, représente en cette rentrée littéraire les désormais célèbres éditions Finitude dont la boîte aux lettres se remplit chaque jour de manuscrits prétendant succéder de la même manière à celui qui leur a apporté gloire et célébrité.
L’histoire de Victor Pouchet bénéficie d’une couverture alléchante tirée d’une planche zoologique du XIXème siècle d'Adolphe Millot, qui nous est détaillée à la fin du livre. Ces oiseaux, aussi beaux soient-ils sont, selon Victor Pouchet, menacés d’extinction. Ainsi l’auteur nous entraîne dans une fable où lui-même semble bien seul à s’émouvoir de chutes d’oiseaux récemment recensées dans les journaux. Celles-ci ne l’auraient pas autant affecté si elles ne s’étaient pas produites tout à côté du lieu de son enfance. L’adulte qu’il est devenu s’embarque alors depuis Paris à bord d’une péniche qui propose de découvrir les berges de la Seine jusqu’à son embouchure à Honfleur. C’est un moyen comme un autre d’enquêter puisqu’il se dirige effectivement vers le lieu où s’est déroulé cet étrange « suicide » de milliers d’oiseaux.
Sur la péniche, Victor Pouchet se révèle inquiet de lui-même. Solitaire sans attache, le monde lui parait gris. Les rencontres parmi les touristes embarqués comme lui se révèlent distantes tout comme celles avec le personnel de bord avant que ne se produise un soir la rencontre avec Cheval Blanc le pianiste et Clarisse la seconde du capitaine.
L’écriture de Victor Pouchet emprunte à la descente du fleuve son style parfois tourbillonnant mais en gardant une allure tranquille presque paresseuse, dérivative. Il en surgit de beaux éclats, des métaphores poétiques et subtiles comme ces souvenirs de parties de scrabble avec la grand-mère du héros. Quand les lettres manquent pour offrir un joli mot et quand les points ne sont ni double ni triple et ne comptent que pour un, toute la philosophie de l’auteur semble alors s’échapper.
Après la cathédrale de Rouen, arrive la visite du musée d’histoire naturelle. Victor Pouchet constate que son fondateur est un homonyme. Avec zèle il étudie tous les documents qui se rapportent à son histoire, notamment celle de l’échec retentissant de sa théorie de génération spontanée récusée par le jeune Louis Pasteur. Le mystère de la mort des oiseaux s’éloigne mais doit-on penser que tout peut être résolu ? Les scientifiques, les premiers, acceptent l’incompréhension qui règne sur leur recherche. Pourquoi les oiseaux meurent (en si grand nombre) s’ajoute à une liste infinie d’anomalies terriennes qu’il est impossible d’expliquer. Si Victor Pouchet n'a pas choisi de nous rassurer, il propose cependant, et avec fatalisme, de s’abandonner à l’état des choses, de lâcher prise comme on dit maintenant et d’avouer son impuissance.