Trois jours chez ma tante d’Yves RAVEY aux éditions de Minuit, 15 euros.
Le nouveau roman d’Yves Ravey, à bien y regarder, porte un titre un tant soit peu ridicule sinon risible. Trois jours chez ma tante. Et combien chez l’oncle ? la grand-mère ? la cousine ?
Souvent les relations familiales ont compté chez Ravey. Voyez Un notaire peu ordinaire, Sans état d’âme, La fille de mon meilleur ami sans remonter non plus au Drap.
Trois jours chez ma tante implique une annonce boulevardière où l’amant sortirait immanquablement de l’armoire pour se faufiler vers le balcon. Avec ce livre, nous y sommes presque.
Présentation : Marcello Martini, nom choisi avec soin par l’auteur, va occuper le devant de la scène. Il arrive du Liberia, pays longtemps dirigé, et ce n’est pas anodin, par l’un des plus sanguinaires dictateurs africains.
Très vite nous comprenons que les affaires libériennes de Marcello ne vont pas bien. Son retour en France (pour trois jours) est provoqué par sa tante, Vicky Novak, qui l’a convoqué depuis sa résidence pour personnes âgées dont elle est une bienfaitrice reconnue. L’annonce qu’elle va faire à Marcello ne va rien arranger. En effet, le voici déshérité. Unique héritier, il recevait jusqu'ici chaque mois une somme suffisante pour mener à bien ses activités africaines. Cette privation d’héritage mais aussi de revenus mensuels est un vrai coup dur.
Cela faisait vingt ans que Marcello n’était pas revenu. Parti dans des conditions délicates voire urgentes, Marcello révèle quelques traits de son caractère et notamment la bassesse stupéfiante dont il fait usage pour parvenir à ses fins. Jusqu’où ira t-il ? Vicky Novak en dépit d’une tendresse quasi maternelle pour son rejeton de neveu voit assez clair dans son jeu. Lydia, son ex-femme, également. Il faut aller au bout de ce vaudeville pour saisir l'extravagance et le grotesque qui sont ici en marche.
Yves Ravey continue d’aller vers des personnages corruptibles à bas prix. L’empathie impossible pour ces Marcello Martini et consorts est comme un défi pour l’auteur qui touche sans doute à une problématique sociale. En effet, qui sont ces les voleurs, tueurs ou autres dignitaires de la crapulerie à la petite semaine ? Ravey louche sérieusement vers le polar.