Il est difficile de parler de montagne lorsqu’on se trouve au niveau de la mer. Le vocabulaire n’est pas le même, l’altitude engendre des attitudes auxquelles l’homme qui voit des bateaux au loin à l’horizon n’a pas accès.
Jean-Marc Rochette, lui, a été du genre à lever la tête très jeune vers les cimes enneigées des Alpes. Sa vie à Grenoble l’a bien aidé. Cependant, il était de prime abord très attiré par les musées et le début d’Ailefroide le montre suspendu (par le regard) à une toile de Soutine, celle du Boeuf écorché.
Adolescent au fort caractère, Jean-Marc Rochette, orphelin de père, est devenu un véritable montagnard, un grimpeur, un alpiniste. Son ami Sempé (qui n’est pas le dessinateur) l’a accompagné lors de ses premières escalades dans le massif des Ecrins.
La montagne lui est ainsi devenue indispensable. Ses ennuis disciplinaires durant sa scolarité l’ont privé de certains mercredis (des années soixante-dix) quant il dessinait (avec talent) quelques figures plutôt osées.
La montagne donc, les sommets, les couloirs de glace, la fameuse Ailefroide qu’il se promet de gravir un jour avec Sempé sont les priorités du jeune Rochette. « Faire ses courses » comme disent les alpinistes, accumuler les ascensions, suivre les voies des glorieux aînés Bonatti, Terraz, Gaspard, Chaud, Rebuffat (dont les exploits sont retracés avec admiration) mais aussi apprendre la technique, s’équiper, rester prudent, savourer tous les moments produits par une ascension, « regarder les fleurs », jouir du panorama, de la sensation enivrante d’atteindre un sommet telles sont les motivations de Rochette et de ses camarades avec qui successivement il va affronter l’épreuve d’une montée celle de l’aiguille de Dibona, 3130 M, du Râteau, 3 809 M, de la barre des Ecrins 4 101 M, du pavé 3824 M, de la pointe Maximin 3 303 M et de l’Ailefroide, glacier long, brèche des frères chamois 3 545 M…
Jean-Marc Rochette n’élude pas non plus les risques encourus, son récit est saisissant lorsqu'il amorce les destins tragiques, y compris le sien. Son dessin « vertical » vif et précis transcende ses épopées vécues dans les hauteurs alpestres.
Retenu dans la sélection officielle du 45eme festival de Bandes Dessinées d'Angoulême (24 au 27 janvier), Ailefroide est un album fort que l'on souhaite voir récompensé.
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