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vendredi 26 juillet 2019

L’atelier du roman de Mario VARGAS LLOSA

L’atelier du roman de Mario VARGAS LLOSA aux éditions Gallimard, 21 euros.


Les conversations à Princeton que contient ce livre débutent par une croustillante affaire : l’attribution du prix Nobel de littérature en 2010 à Mario Vargas Llosa. 
Alors qu’il séjourne dans la célèbre université américaine de Princeton (New Jersey), on vient l’avertir que dans un quart d’heure le monde entier saura qu’il est le prix Nobel de littérature. Il lui reste donc quinze minutes pour contacter quelques proches avant que l’avalanche médiatique ne déferle sur lui.

Les semaines qui suivirent lui valurent de recevoir des centaines de lettres venues du monde entier et surtout du Pérou pour le féliciter de son prix. Mario Vargas LLosa les a toutes lues et certaines, nous raconte-t-il, sont vraiment originales et parfois très drôles.

L’atelier du roman s’engage ensuite à présenter à partir d’entretiens notamment avec Ruben Gallo, spécialiste de littérature d’Amérique Latine, l’oeuvre historique et politique de l’auteur. Conversation à la cathédrale, Qui a tué Palomino Molero, Histoire de Mayta, Lituma dans les Andes, Un poisson dans l’eau et enfin La fête au bouc sont tour à tour disséqués et constituent un enrichissant tour d’horizon sur la tradition politique en Amérique du Sud qui a supporté nombre de dictatures que Vargas LLosa s’est attaché à analyser tout au long de sa vie. 

Une parenthèse essentielle constitue sa candidature à l’élection présidentielle du Pérou en 1990 qui a abouti au livre Le poisson dans l’eau

Ces échanges assez poussés dans leur analyse et surtout par les réponses faites par l'auteur dévoilent une pensée tout-à-fait claire et lucide de ce dernier. Il y a une véritable incitation à lire ses œuvres qui sont en substance un plaidoyer pour la démocratie.

C’est Philippe Lançon, invité surprise de ce livre qui, après la longue convalescence de ses blessures reçues lors de l’attentat à Charlie Hebdo, vient, à la fin du livre, participer à un débat avec Vargas LLosa et livrer son témoignage ainsi que sa défense de la liberté d’expression. Il parlait là pour la première fois en public après l’attentat.

vendredi 19 juillet 2019

Incognita incognita de Mark Forsyth

Incognita incognita ou le plaisir de trouver ce qu'on ne cherchait pas de Mark Forsyth, éditions du Sonneur, 5.50 euros.
Tout est dit dans le sous-titre: si vous aussi vous éprouvez une joie immense lorsque vous vous surprenez à trouver quelque chose que vous ne cherchiez pas au départ, ce petit livre est fait pour vous. D'autant plus que le lieu qui par excellence vous donne des envies que vous ne soupçonniez pas, c'est bel et bien chez votre libraire !
Mark Forsyth lui-même a éprouvé ce plaisir et le transmet à son lecteur à travers ce petit manifeste en faveur de la librairie indépendante. En quelques lignes sont résumées notre raison d'exister en tant que libraire, mais surtout votre raison d'être en tant que lecteur. Repousser vos limites, aller chercher un nouveau genre de lecture, demander conseil, autant d'aventures qui vous amènent à sortir de votre zone de confort pour découvrir une perle de lecture, une pépite qui peut changer votre vie (rien que ça). 
 
Internet répond à nos désirs :  nous cherchons un type d'ouvrage, l’algorithme d'un dénommé Amazon (par exemple) se met à nos ordres et nous propose tous les livres qui peuvent ressembler et correspondre à nos goûts.
Même demande à votre libraire, il vous proposera un livre qui l'a ému, qui correspond à vos envies tout en vous amenant vers un trésor qu'il garde dans sa bibliothèque idéale. Si votre conversation continue, vous irez peut-être même vers un livre dont vous ignoriez l'existence, sur un sujet insolite, et vous repartirez avec quelques pages de pur bonheur.
Incognita incognita est de ces livres là, quarante pages d'une grande finesse pointée d'humour, pour ne jamais se reposer sur ses lauriers et mettre au cœur de vos recherches de lecture l'humain et le partage. Et pour tous ceux qui n'osent pas avouer qu'ils aiment aussi choisir un livre "à l'instinct" rien qu'avec sa couverture, la page 27 a de quoi vous soulager :

"S'il est une chose que j'ai apprise de mes longues heures dans les Bonnes Librairies, c'est qu'on peut juger un livre d'après sa couverture. J'ai acheté Chock de Chuck Palahniuk simplement parce que sur la couverture (à l'époque), il y avait une image de saucisse-œuf-bacon frits et que j'avais faim. J'ai acheté tous ses autres livres la semaine suivante".


vendredi 12 juillet 2019

La vie solide, la charpente comme éthique du faire d'Arthur LOCHMANN

La vie solide, la charpente comme éthique du faire d'Arthur LOCHMANN aux éditions Payot, 15,50 euros.
Il est saisissant de lire ce livre comme une réhabilitation de l'artisanat et même de comprendre le rôle déterminant qu'il tient dans notre société. 

Arthur Lochmann n'avait pas la vocation de devenir charpentier, il avait entrepris des études de droit et de philosophie. Son livre commence par son témoignage d'une vie professionnelle qui a changé de cap et qui s'est orientée vers une activité manuelle. Il dit au passage l'humilité rencontrée par un "intellectuel" envers un métier qu'il découvre avec ses rites, son exigence et aussi son imperfection.

Peu à peu, l'intelligence que réclament la rénovation ou la construction d'un toit apparaît. Le fait que la modernité n'a quasiment aucune prise sur la charpenterie accentue la permanence d'une tradition qui se transmet d'un pays l'autre, d'une région l'autre où le savoir est collectif et agit comme un anoblissement. 

Arthur Lochmann, qui a beaucoup réfléchi à toutes les découvertes que son apprentissage lui a montrées, a poussé une réflexion sur l'intelligence de la main, sur l'importance de maintenir l'homme - et non la machine - au cœur de certaines professions. La leçon est philosophique, sociale et politique.

vendredi 24 mai 2019

En Mai c’est Macé (Gérard) : 4ème (et dernier) épisode.




Le lundi 27 et le mardi 28 mai,
 La Librairie Générale d’Arcachon aura l’insigne honneur d’accueillir Gérard Macé en ses murs
 (le lundi à 17h)
puis à l’hôtel Ville d’Hiver (le mardi à 18h). 

Pour bien souligner l’événement exceptionnel de la présence les 27 et 28 mai prochains de Gérard Macé, nous allons reproduire chaque semaine (jusqu’à sa venue) des commentaires par lui-même à propos de son oeuvre, tirés du Cahier paru au Temps qu’il fait.




Cette semaine : Le goût de l'homme aux éditions Folio essais.

L'ethnographie, l'anthropologie sont des réservoirs de fables, une continuation de la mythologie dans le présent, après son interprétation dans l'Antiquité. Double exotisme, dans l'espace et dans le temps.
Le point de départ, c'est un doute à propos de Dieu d'eaux, le livre de Marcel Griaule que je n'ai suffisamment pu lire sans éprouver un grand malaise. Après m'être interrogé sur Ogotemmelli, l'informateur de Griaule, puis sur Griaule lui-même en Ethiopie (Le flambeur d'hommes ne plaide pas en sa faveur), il m'a semblé que le livre devenu fameux jusque chez les Dogons eux-mêmes, qui le récitent volontiers aux touristes, était une création mensongère, et l'illusion d'une totalité, parce que son auteur avait été pris d'une ambition littéraire qu'il n'était pas capable d'assumer. Se prenant pour Hésiode, il invente une mythologie qu'aucun Dogon n'a jamais eue en tête, au moins dans cette version. Il est vrai que nous avons fait la même chose avec la mythologie grecque, dont il ne nous vient pas suffisamment à l'esprit que c'est la notre.
Par constraste, la prudence de Dumézil expliquant patiemment des textes difficiles fait partie de son charme. Et quand il extrapole à propos d'une tradition indo-européenne, il sait qu'il prend un risque, il sait même que son invention est peut-être fallacieuse. Rien de mieux pour le suivre et lui faire confiance, d'autant que l'homme est présent dans ses textes si on a l'oreille un peu fine, et qu'un portrait se dégage peu à peu, surtout dans les notes des derniers volumes. De même, l'attention flottante de Pierre Clastres chez les Guayakis, son attente dont il sait qu'elle peut être infructueuse, lui évitent une attitude surplombante et le goût d'un savoir totalitaire.
Il est bien possible que ce triptyque forme une suite au Dernier des Egyptiens*.

* De Gérard Macé aux éditions Folio.



mardi 31 juillet 2018

Le noble art de la brouille de Matthias Debureaux

Le noble art de la brouille de Matthias Debureaux aux éditions Allary, 10 euros.

Si vous êtes dans une période de remise en question concernant vos relations amicales, ou si vous avez simplement envie d’un petit livre divertissant, Le noble art de la brouille tombe à pic !
Comment se brouiller avec ses amis sans avoir peur des représailles ? Comment enfin mettre un terme à des relations amicales sans fondement, ou qui s’essoufflent ? Matthias Debureaux fait l’inventaire de toutes les natures d'amitié qui peuvent exister entre deux personnes, et nous donne des exemples délicieux de brouilles mémorables puisées dans l’Histoire, la littérature, la musique ou encore le cinéma. Ainsi vous apprendrez à mettre un terme à une amitié à la "Gide et Louÿs", les deux écrivains qui au terme d’une promenade ont pris simplement deux chemins opposés, prenant ce désir de direction contraires comme un symbole de la fin de leur fraternité. Mais cette douce rupture ne marche pas pour tout le monde… les manières brutales existent aussi : si vous voulez amener l’art de la brouille à son paroxysme, il est conseillé de monter un groupe de rock, parfait moyen de se déchirer et d'entretenir la rancœur en lançant une carrière solo. De même, une lettre de rupture, bien ficelée et finissant par une formule à la Victor Hugo qui s’est adressé à Sainte-Beuve de cette façon :  « adieu donc mon ami. Enterrons de notre coté en silence ce qui était déjà mort en vous et ce que votre lettre tue en moi. »
Ou comme Marguerite Yourcenar à Jean Chalon « croyez en mes sentiments changés ».

Vous l’aurez compris, on se régale de ces exemples de brouilles fameuses, parfait pour nous divertir sur la plage. Truffé d’anecdotes passionnantes, ce petit livre est un excellent cadeau à faire à ses amis…qui ont le sens de l’ humour bien sûr !

vendredi 13 juillet 2018

Revue Reliefs n°7


Reliefs n°7 "Rivages", Reliefs éditions, 19 euros

Les vacances sont le bon moment de changer de lectures, de points de vue, de multiplier les expériences de styles et de supports. Si vous êtes curieux, que vous aimez la science, la découverte et surtout la littérature, plongez dans le numéro 7 de l’excellente revue Reliefs consacré au thème des rivages.
Qu’est ce qu’un rivage ? Cette petite zone géographique située entre terre et mer donne lieu à de formidables questionnements scientifiques, environnementaux, mais aussi à des rêveries et à la création artistique.
C’est cette zone nourrissant l’intellect de tant d’hommes qui est exploitée sous toutes ces formes par la revue. On apprendra ainsi toute la richesse de nos littoraux, aussi bien par leur écosystème que leurs habitats. On se laissera aller au voyage avec un extrait de Robinson Crusoé. On lira également un excellent article sur la « littoralisation de nos sociétés » par Magali Reghezza-Zitt, une page sur la montée des océans et sur les espèces en voie de disparition.
La revue Reliefs c’est aussi, en dehors de ce dossier Rivages, des interviews de grands explorateurs d'aujourd’hui qui ont arpenté la planète à la recherche d’eux-mêmes, le retour en images sur des événements historiques liés au voyage, des interviews de ceux qui font bouger les limites et les frontières terrestres et symboliques.
L’occasion parfaite pour adopter des vacances à la mer responsables et réfléchies !

vendredi 23 mars 2018

L'interprétation sociologique des rêves de Bernard Lahire, éditions La Découverte, 25

S’endormir et rêver : personne ne peut échapper au «gardien du sommeil» comme le qualifiait joliment Sigmund Freud. D’ailleurs, le rêve est souvent interprété comme un espace de liberté pour l’individu parce qu’il se déroule en dehors de toute interaction sociale, la rêveuse ou le rêveur pouvant alors laisser voguer son imagination sans contrainte… Cette interprétation du rêve est mise en question par le sociologue Bernard Lahire dans son dernier ouvrage passionnant L’interprétation sociologique des rêves. Par une analyse rigoureuse et limpide, B. Lahire revisite les théories sur les rêves (sociologiques, mais aussi psychologiques, neurobiologiques ou encore psychanalytiques) pour penser un programme scientifique des rêves.
Par son raisonnement implacable et nourri de références, B. Lahire nous montre que le rêve est finalement la continuation de notre vie éveillée par la mobilisation d’un autre langage. Aussi, le rôle du sociologue est de mettre à jour les dispositions enfouies au plus profond des individus et de tenter d’identifier les évènements qui, dans leur vie éveillée, vont déclencher leurs rêves nocturnes. Après la lecture de cet ouvrage, une chose est sûre : on ne peut plus jamais rêver comme avant…

samedi 12 décembre 2015

Nos dimanches soirs de Jérôme Garcin


Recto  

Nos dimanches soirs de Jérôme Garcin aux éditions Grasset, 19 euros.
Jérôme Garcin, enfin, pour tous les millions d'auditeurs qui attendent chaque dimanche ce moment si particulier qu'inaugure la "Fileuse" de Mendelssohn exécutée par Daniel Baremboïm avant que Jérôme Garcin, encore, ne lance d'une voix savamment joueuse,  "Le Masque... et la Plume...", Jérôme Garcin, donc, s'est enfin résolu à nous conter l'histoire de la doyenne des émissions culturelles radiophoniques à l'occasion de ses soixante années d'existence. Bravo !

Nous avons la possibilité de connaître, en premier lieu, l'attachement de Jérôme Garcin lui-même à cette émission qu'il considère, soit dit en passant, appartenir définitivement au patrimoine français. Combien sont ceux, en effet, qui, grâce au Masque et la Plume ont échappé à la morosité ambiante de ces dimanches soirs qui nous préparent si vite à la reprise de la semaine du lundi avec tout ce qui s'en suit ?
Depuis 1955, les mœurs françaises, certes, ont beaucoup évolué mais le Masque et la Plume si peu. Le principe de l'émission, souvent copié, jamais égalé, repose sur une idée simple: discuter de l'actualité du livre, du cinéma et du théâtre en présence de journalistes spécialisés sur la question et, surtout, une émission enregistrée en public !

Il y avait un pianiste, nous rappelle Garcin, au début, qui improvisait des notes au gré des discussions qui duraient deux heures puis vint un saxophoniste puis d'autres musiciens puis l'émission changea de format, on se rabattit sur une heure seulement et l'on gagna les studios de la maison de la radio, intégrant au passage et définitivement, la Fileuse de Mendelssohn jouée par Baremboïm.
On croirait que Jérôme Garcin est né là, tant de choses se sont déroulées sous ses yeux que l'on ne sait plus très bien quand il rejoignit l'équipe, en 1979 semble-t-il mais on s'y perd un peu dans les dates. Peu importe, Jérôme Garcin les connaît toutes comme les noms de ses collaborateurs puisqu'il prit en charge les rênes du Masque en 1989.

Grâce lui soit rendue d'avoir raconté avec le cœur les vies de ces gens admirables et si cruels aussi qui firent le Masque en compagnie d'auteurs de tout poil, de cinéastes et autres gens du théâtre. C'est le génie de cette émission et peut-être sa limite que d'avoir su instaurer une si grande liberté de ton où l'on s'empoigne aisément mais qui fait cependant le succès toujours recommencé des dimanches soirs de France Inter.

Le livre de Garcin croustille d'histoires secrètes, d'évènements tragiques et/ou comiques, et nul autre que lui n'était mieux placé pour l'écrire, il est le gardien du temple, l'autorité compétente, l'homme sur son cheval qui domine fièrement la plaine de ses souvenirs.

samedi 24 novembre 2012

La guérison du monde de Frédéric Lenoir.

La guérison du monde de Frédéric Lenoir aux éditions Fayard, 19,90 euros.

Voici un livre fait pour aider, pour encourager, afin de pousser chacun de nous dans une direction meilleure que celle qui nous a longtemps été inculquée.
Pour cela, Frédéric Lenoir a établi un plan bien précis, un vaste état des lieux de ce qui ne tourne pas rond en ce monde. Cette première et incontournable partie du livre diagnostique les plaies de notre planète, malade à bien des égards.
L'écologie est capitale, il faut absolument changer notre façon de consommer, il faut réduire notre addiction au capitalisme qui n'a jamais freiné l'obsession du gain, de l'enrichissement matériel. A cela, la terre, tôt ou tard, dira stop.
L'entêtement, qui préside encore au sommet des gouvernements, joue sur notre aspiration au bonheur et alimente la démoralisation, l'abattement qui irriguent nos pensées.
Nous ne pouvons plus atteindre les objectifs fixés par les générations précédentes.
Le livre de Frédéric Lenoir est, de ce point de vue, éloquent. Il déshabille l'homme d'aujourd'hui, la société, le monde avec une acuité renforcée par une très grande connaissance des modes de pensées occidentaux responsables de tous nos maux.
Frédéric Lenoir n'est pas pour autant un dangereux militant révolutionnaire qui veut mettre à bas notre société. De ce qu'il dénonce, il dénombre les remèdes et cite ceux qui agissent pour guérir, ceux qui sont parvenus à transformer des situations et ceux qui montrent la voie et l'attitude à tenir en cette époque de tempête.
Frédéric Lenoir s'ajoute naturellement à ces hommes et ces femmes de bonnes et grandes volontés (Edgar Morin, Hubert Reeves, Nelson Mandela, Pierre Rabhi, Muhammad Yunus, Maria Nowak...).
La liste est incomplète, peut-être même s'agrandit-elle chaque jour de nouveaux noms encore inconnus qui redonnent espoir, à l'image de ce livre qui ouvre les consciences.

Frédéric Lenoir sera, Samedi 1er Décembre, à la librairie à partir de 17h00 puis à l'Hôtel de La Ville d'Hiver pour une discussion à 18h00 (entrée libre, dans la limite des places disponibles).

Hôtel de La Ville d'Hiver, 21 avenue Victor Hugo, Arcachon.

Pourquoi les éléphants ne peuvent pas sauter par Monsieur Roudoudou

Pourquoi les éléphants ne peuvent pas sauter de New Scientist aux éditions Seuil, collection Points, 8 Euros.

La fin du monde approchant (plus que 4 semaines selon les Mayas), nous en sommes à nous poser des questions existentielles.
Ce petit livre, plus utile que n'importe quel manuel de philosophie, apporte toutes les réponses que nous nous sommes toujours posées et bien plus encore.
Ainsi vous saurez si 007 a raison de demander un Martini frappé et non remué, pourquoi les ours blanc n'ont jamais froid aux pieds ou pourquoi les chauve-souris n'ont pas le tournis à force de rester la tête en bas, ou encore comment expliquer qu'il n'y ait pas de mammifères verts pour se camoufler alors que l'herbe l'est.
Derrière ces questions anodines, des scientifiques répondent simplement.
Dans un dîner en ville, il est bon de savoir pourquoi les poissons boivent et pas les baleines.
Si vous pensez que ce genre d'ouvrages est peu utile, faites le test : lisez une question et essayez d'y apporter une réponse.
Un exemple ? Pourquoi sommes nous capables de voir des galaxies à des années lumières et incapables de montrer les pas de l'homme sur la lune depuis la terre ?
Et ça, les Mayas ne savaient pas y répondre.
Mais ils avaient une bonne raison, eux...

samedi 10 mars 2012

Voter a-t-il encore un sens? par Olivier de Marc

Voter a-t-il encore un sens? de Christophe Lamoure, ed. Milan, 3.95 euros

Professeur de philosophie à Anglet, Christophe Lamoure a déjà publié plusieurs ouvrages aux éditions Milan. Citons Lettres à un jeune philosophe et Petite philosophie du marcheur. Profitant de la période pré-électorale bien désespérante dans laquelle nous nous trouvons, il nous livre un essai très bref et incisif sur le paysage politique actuel.
Sans esprit de polémique, mais dans un style assez décapant, l’auteur stigmatise notre époque. Selon lui, l’inconséquence de nos politiques, la confiscation du débat au nom d’un réalisme discutable place le citoyen dans un désenchantement dangereux. La ronde des « experts médiatiques » diffusant une idéologie dominante qu’on a pu appeler le politiquement correct renforce selon Christophe Lamoure ce sentiment d’impuissance face au réel. Sur un certain nombre de sujet, la mondialisation par exemple, il serait impossible de penser autrement que le discours officiel sous peine de passer pour un «hurluberlu».
L’omniprésence de la communication dont on peut admirer les effets en cette période de campagne électorale ne fait que renforcer l’état de torpeur des citoyens, moins dupes que nos dirigeants le supposent. Plus préoccupante est l’absence de foi en l’avenir symptôme d’une époque à « l’horizon sans relief ».
On se souvient du succès hallucinant de Stéphane Hessel avec son opuscule Indignez-vous! Homme respectable et sympathique mais dont la vacuité du propos était assez désarmante. Mystère de la société du spectacle, le traité de Christophe Lamoure n’a pour l’instant reçu qu’un accueil très silencieux.
Petit précis de circonstance ce bref cri a l’avantage d’essayer de sortir le citoyen du divertissement lénifiant pour exercer une « vigilance démocratique ». Pousser le lecteur à se poser des questions, n’est-ce pas un des rôles majeurs de la philosophie ?
A noter pour ceux que cela intéresse que Christophe Lamoure édite un blog sur la campagne électorale en partenariat avec le journal Sud-Ouest.

Olivier de Marc

samedi 18 février 2012

Nicolas GRIMALDI par Olivier De Marc

L'effervescence du vide de Nicolas GRIMALDI aux éditions Grasset, 16 euros.


Nicolas Grimaldi, grand professeur d’université ayant terminé sa carrière à la Sorbonne, a produit dans l’ombre, à l’abri des médias si habiles à nous fabriquer de fausses gloires, une remarquable oeuvre philosophique.

Au soir de sa vie, il se livre dans son dernier ouvrage à une sorte d’autobiographie intellectuelle très touchante en revenant sur un évènement vécu par lui au premier plan : Mai 68. L’occasion pour Nicolas Grimaldi d’analyser ce qu’il estime être un séisme culturel et un véritable changement de civilisation. Alternant épisodes vécus et réflexion brillante l’auteur nous confesse , depuis lors, avoir vécu dans un monde qui n’était plus le sien, faisant de lui un être contemporain de rien ni de personne. Ses idées , ses repères sur la culture et la philosophie se trouvant déboulonnés .

Ce nouveau monde avide de chavirer la tradition, de renier tout héritage et dont les prémisses sont à chercher du côté de Marcel Duchamp puis du dadaïsme aura mis le culte du présent et de la nouveauté en première ligne. Alors qu’auparavant un artiste tel un artisan manifestait son originalité en s’écartant de la tradition qui l’avait formé, désormais l’originalité la plus débridée et la nouveauté seront les nouveaux repères. Tant et si bien que tout le monde pourra sérieusement se croire artiste.

L’analyse très fine étayée d’éléments autobiographiques fait de L’effervescence du vide un livre très singulier d’une belle et grave lucidité. Le drame de 68 aura été d’oublier la célèbre formule de Bernard de Chartres, philosophe du XII° siècle : « Nous sommes des nains juchés sur des épaules de géants », tant il est vrai qu’on ne peut s’opposer et dépasser la tradition qu’en l’ayant assimilée.

L’essai de Nicolas Grimaldi , sorte de joli requiem, a l’originalité de produire une pensée stimulante à partir d’éléments vécus douloureusement. D’un drame intime il parvient à tirer une leçon de sagesse. Evoquant sa vie d’aujourd’hui, installé à Saint Jean de Luz, il écrit : « Là, enfermé dans une cellule, suffisamment entouré de livres pour n’y manquer pas plus d’amis que de conversation, je pourrais enfin me livrer à ce que ma vie professionnelle m’avait fait ajourner depuis quarante ans. A cela je donnais un nom : c’était la philosophie. »

A noter la réédition en format poche du précédant livre de Nicolas Grimaldi Les métamorphoses de l’amour, superbes variations sur l’art d’aimer.

Olivier de Marc