vendredi 19 février 2021

Ceux qui n’avaient pas trouvé leur place

Ceux qui n’avaient pas trouvé leur place d’Olivier MONY aux éditions Grasset, 15,50 Euros.

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Olivier Mony a dû se montrer patient pour voir paraître son premier roman dans une maison d’édition parisienne. Habitué à l’urgence des articles de Sud Ouest Dimanche de la rubrique littéraire,  il avait compté sur le mois d’avril 2020 pour - à son tour - épier les comptes rendus effectués sur son compte par ses confrères. 


Las, la partie fut remise à plus tard, à janvier 2021, pour enfin voir son livre sur les tables des librairies. 

En a-t-il souffert ? L’homme n’en dira rien à l'image des figures secrètes que contient Ceux qui n’avaient pas trouvé leur place. 


Ce roman donc, tardif pour des raisons multiples, ménage une place à Olivier Mony parmi les hommes de lettres. Beaucoup savaient déjà qu'il en avait la fibre et d’autres, aujourd'hui, peuvent en découvrir la musique particulière que depuis longtemps Olivier Mony a instaurée au travers de ses articles de presse. 

Bordeaux occupe bien sûr une belle place dans ce livre mais la ville est replongée dans un temps d’avant, d’avant son renouveau, d'avant son nouveau tramway, d'avant ses façades reblanchies et d'avant son inscription au patrimoine mondial de l’Unesco.


La nostalgie douce de ce temps imprègne aussitôt le roman sitôt franchie l’exergue tirée de l’œuvre d’Henri Michaux À distance :

"Ici les morts débarqués d'autres planètes viennent résider, ceux qui ailleurs n'avaient pas trouvé leur place. Ils viennent silencieux, loin des exigeants, des éternels exigeants, se tapir pour remourir encore, pour remourir doucement."


Bordeaux donc, dans les années soixante couve un personnage, Serge, intrigant, fantasque, désinvolte, embrassant la vie comme nul autre. Son itinéraire, ses frasques, ses excès, sont repris par l’un de ceux qui l’a le mieux connu, ami de jeunesse devenu son avocat qui ne put empêcher malgré tout Serge de connaître la prison. 

Il n’y a pas de grand dévoilement à la vie de Serge si ce n’est la constance d’un secret non élucidé. 


Cet esprit des années soixante et soixante-dix permettait les outrances que Serge portait en lui. A commencer par son goût des voitures de sport et l’espoir déçu de ne pas avoir été un pilote professionnel. Tel fut le destin manqué de Serge. Tout le reste fut vécu avec négligence - femmes, amis et enfant - ce dernier étant resté à quai, demeurant un rendez-vous (de plus) manqué auquel Olivier Mony ne se résout pas à indiquer combien il lui fut difficile de ne pas l’avoir connu. 


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