L’histoire est désormais oubliée mais elle fit sensation au Japon lorsqu’on apprit qu’une femme avait vécu dans une maison qui n’était pas la sienne - à l’insu de celui qui l’habitait.
Comment cela pouvait-il être possible ? Le romancier Eric Faye* s’était déjà penché sur la question et avait reçu pour récompense le grand prix du roman de l’Académie française.
On devine l'intérêt d'Agnès Hostache pour les objets domestiques nippons. Ces derniers émerveillent le monde occidental en générant un exotisme que certains s'évertuent à reproduire chez eux bien qu'ils n'appartiennent pas à notre culture.
Avec Nagasaki, le dessin d'un intérieur japonais est plutôt classique à l'image de celui qui l’occupe. Mais cet homme "sans qualité", un jour qu’il rentre un peu plus tôt que d’habitude, éprouve un sentiment étrange comme s'il était entré chez quelqu’un d’autre...
Cet homme célibataire et méthodique, soudainement suspicieux et saisi par un pressentiment, vérifie le contenu de son frigidaire et constate, dès le lendemain, que sa bouteille de jus d’orange a diminué de sept centimètres !
Lorsque nous serons arrivé au bout de ce qui prend la forme d'une confession, commencera celle, plus intrigante, de cette étrange personne qui une année entière a usurpé un domicile.
Le dessin d’Agnès Hostache est donc empli de détails, son point de vue rappelle les films du cinéaste Ozu. Ses cadrages d’intérieurs, par exemple, délivrent une atmosphère douillette mais, dans le même temps, propice à l’inquiétude.
Le grand sujet de Nagasaki renvoie à la solitude vécue par les habitants des grandes villes japonaises. L’exclusion si redoutée nous laisse un goût âpre mais qu'une narration sans faille emmène vers les sommets de la littérature.
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