Les jungles rouges de Jean-Noël ORENGO aux éditions Grasset, 19 euros.
Prasith, voilà le nom clé de ce roman, contrepoint idéal de ceux - historiques ou artistiques - que Jean-Noël Orengo assemblent avec une profondeur de vue stupéfiante.
Prasith est le sésame qui condense l’histoire du Cambodge de 1923 (date à laquelle Clara et André Malraux sont confondus pour le vol et le recel d’antiquités sacrées) et le 17 avril 1975 (jour de la chute de Phnom-Penh qui tombe alors aux mains des Khmers rouges).
Clara et André Malraux sont bel et bien le point de départ des Jungles rouges et Clara Malraux en est le beau personnage qui subit la redoutable emprise que son mari André a sur elle.
Il faut attendre les années cinquante, à Paris, pour découvrir le lien qui les unit à Prasith. La personnalité de ce jeune étudiant prend forme au cœur de la communauté cambodgienne qui observe de loin une guerre d’indépendance dont elle sait que son pays sortira vainqueur.
Prasith est, à ce moment-là, accompagné d’un certain Saloth sâr qu’il vaut mieux, pour ceux qui l’ignorent, cacher le pseudonyme prit de retour au pays.
La fresque peut se déployer totalement lorsque le roman touche aux années soixante-dix mais ne se termine pas pour autant.
La figure de Marguerite Duras surgit de sa retraite normande quand, devenue prix Goncourt avec L’Amant en 1984, elle s’est transformée en grande personnalité française que Jean-Noël Orengo saisit avec justesse.
Qu’est devenue la jeune fille du Barrage contre le pacifique ?
L’ombre de Prasith que l’on a perdue près de l’ambassade de France en 1975, continue de planer sur le roman et ce jusqu’aux pages finales qui se déplacent cette fois vers la capitale thaïlandaise Bangkok.
L’imagination a-elle suffit pour créer un tel personnage et en faire une totale réussite ? Voilà le secret que l’on souhaite bien gardé à Jean-Noël Orengo qui offre un superbe roman à cette rentrée littéraire 2019.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire