"Les Inuit sont les descendants d'un peuple de chasseurs nomades se déployant dans l'Arctique depuis un millier d'années. Jusqu'à très récemment, ils n'avaient d'autres ressources que les animaux qu'ils chassaient, les pierres laissées libres par la terre gelée, les plantes et les baies poussant au soleil de minuit".
Dans cette note liminaire au roman, nous nous imprégnons de l'atmosphère toute particulière qui va accompagner sa lecture. Sur une terre tantôt hostile tantôt apaisante, nous voyons évoluer le personnage d'Uqsularik, jeune femme forcée à vivre sans ses proches après qu'une faille dans la glace ait mis sa famille hors de portée pour toujours.
Uqsularik, n'ayant plus que son courage, une peau d'ours et la petite dent d'ours que son père a juste eu le temps de lui lancer, part seule dans cet espace infini afin de subvenir à ses besoins: chasse, survie, faim, dangers sont les maîtres mots de cette épopée.
C'est à partir de ce constat que le roman prend tout son sens. Ce qui nous paraît à nous surhumain, impensable, est présenté aux yeux d' Uqsularik comme tout à fait normal. Tout au moins, les événements qui vont faire de cette vie une suite d'aventures, de douleurs, de réconforts, sont pris par le personnage comme autant d'étapes nécessaires à sa survie.
Bérengère Cournut, grâce à des phrases simples et percutantes, nous fait glisser dans la peau de la jeune femme et de celle de tous les Inuits. Ainsi, si le lecteur cherche au départ de l'émotion, il comprendra vite qu'il n'y a pas de place pour cela lorsque l'on est chasseur de phoques, membre d'une tribu, chassé puis accepté, guidé par les esprits, les chants traditionnels, les animaux et les morts.
Le travail remarquable de l'auteur nous fait découvrir cette univers dans un style proche du documentaire, avec le plaisir de suivre un destin de femme touché, malmené, embelli et révélé par la maternité.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire