Ceux qui partent de Jeanne Benameur, éditions Actes Sud, 21 euros. Sortie le 21 août
Chaque rentrée littéraire est un voyage dans lequel chaque lecteur
espère découvrir de nouvelles pépites à ajouter dans sa bibliothèque.
C'est dans cet esprit de voyage que s'inscrit
Ceux qui partent de Jeanne Benameur. Si ses personnages ne sont
pas à la quête de nouveautés littéraires, ils le sont d'une terre
nouvelle, une terre où il est possible d'oublier le passé, une terre où
tout peut recommencer et surtout, une terre
qui donne l'espoir d'un avenir meilleur.
Le récit se déroule sur une journée, en 1910, à Ellis Island, ultime
étape avant de vivre le rêve américain. Parmi la foule d'immigrants,
c'est aux destins de quatre personnages que nous nous intéressons :
Donato et sa fille Emilia, Gabor et Esther. Chacun
a sa raison d'avoir entrepris ce voyage et chacun possède son fardeau
malgré ce désir commun de devenir citoyen américain. Si Donato s'est
laissé convaincre par sa fille de partir, Esther espère habiller les
Américaines avec ses talents de créatrice de mode
tandis que Gabor, jeune homme appartenant à une communauté, rêve de
s'en échapper. Pour autant, Jeanne Benameur a décidé d'introduire un
autre personnage qui magnifie l'ensemble : le photographe Andrew
Jónsson. Ce dernier pourrait représenter le lecteur de
par sa curiosité envers les destins des différents immigrants. Il
incarne une pensée nouvelle pour l'époque et apporte un nouveau regard.
C'est cela qui rend le tout percutant car aujourd'hui encore, la
question demeure. En effet, la question migratoire étant
au cœur de notre politique actuelle, il semble ici essentiel de comprendre le sacrifice que peut représenter le fait de quitter son
pays, sa culture et sa famille. C'est exactement cela que nous fait
ressentir
Ceux qui partent avec des personnages aux origines – et donc à
la langue – différentes. À travers une écriture poétique où il y a peu
de dialogues, les langues de chacun sont mises en avant. La langue, ici,
n'est pas une barrière : il n'y a seulement
pas besoin de paroles quand chacun partage le même espoir via ce voyage.
« Ils prennent la pose, père et fille, sur le pont du grand
paquebot qui vient d’accoster. Tout autour d’eux, une agitation fébrile.
On rassemble sacs, ballots, valises. Toutes les vies empaquetées dans
si peu.
Eux deux restent immobiles, face au photographe. Comme si rien de tout cela ne les concernait. »
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