Il faut se dépêcher parce que malheureusement, le temps passe, le temps passe, le temps passe. Il joue en faveur des bourreaux. Quand tu vois un paysage comme ça, tu ne peux pas imaginer qu'il y a vingt ans la terre n'arrivait pas à absorber tout le sang versé. Et que tu croises tous les jours dans la rue des gens qui ont peut-être contribué à ça.
Les auteurs de cette BD se sont lancés dans une nouvelle enquête sur le génocide rwandais, en allant sur le terrain rencontrer les personnes qui ont survécu. L'idée est venue suite à la lecture de plusieurs sources journalistiques et politiques visant à clôturer l'épisode génocidaire, ou en le traitant comme une affaire classée. Frédéric Debomy a voulu ici reprendre le sujet rwandais dans toute sa complexité et ses enjeux actuels. Il rappelle notamment qu'en 2018, deux bourgmestres ont été condamnés pour crime contre l'humanité, et ce grâce au combat du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR).
La Bande-Dessinée, dont le dessin s'apparente à des croquis de voyages, reflète l'atmosphère actuelle des rues de Kigali. A la découverte de ces lieux, on peut être surpris de l'invisibilité de la marque génocidaire qui date seulement de vingt ans. La capitale s'est en effet reconstruite, comme pour oublier au plus vite. Seuls restent les témoignages des rescapés, dont le contenu peut-être aussi biaisé par la violence des massacres de 1994.
Ce sont toutes ces questions essentielles que pose cette BD, nous rappelant de ne jamais abandonner notre esprit critique face à toutes les informations que nous recevons au quotidien.
A lire également sur le sujet, l'excellent ouvrage de Stéphane Audoin-Rouzeau Une initiation, éditions du Seuil, 2016.
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