A l’évocation de l’éditrice Anne-Marie Métailié (qui aura trente ans d’activités en 2019), l’Amérique latine aussitôt surgit. Ce serait passer sous silence un travail de longue haleine sur de grands noms de la littérature allemande, portugaise, italienne, scandinave et écossaise.
Keith Dixon dirige la Bibliothèque écossaise constituée de chefs-d’œuvre aussi impérissables et éclectiques tel le mythique et visionnaire Lanark d’Alasdair Gray, l’insolite et fascinant Young Adam d’Alexander Trocchi, le splendide et poignant Poinçonneur Himes de James Kelman ou encore l’intense et historique Sunset song de Lewis Grassic Gibbon.
A l’ombre de ces géants, John Burnside est un écrivain porteur d’une œuvre singulière qui débuta en France avec l’étrange et glaçante Maison muette et continua par de régulières traductions jusqu’à Scintillations, son livre jusqu’ici le plus connu.
Le bruit du dégel qui a paru à l’automne ne vient nullement démentir le grand talent de cet auteur, il semblerait au contraire l’amplifier.
La prose de John Burnside a la douceur de ses deux principaux personnages que sont Jean Culver et Kate Lambert. Deux femmes représentant l’état psychologique d’une Amérique provinciale pourvue d’une réflexion apaisée et néanmoins critique sur l’histoire de leur pays.
Jean Culver est une femme âgée d’une petite ville de Virginie qui vit dans une maison très différentes de ses voisines. La végétation de son jardin y est plus dense au point que l’on croirait qu’elle vit au fond des bois. Le jour où Kate Lambert lui rend visite, Jean Culver coupe du bois.
Kate Lambert se présente comme une enquêtrice travaillant pour un cinéaste, son ami Laudrits, artiste expérimental qui l’a envoyé dans les rues de la ville pour recueillir des histoires.
En pénétrant chez Jean Culvert, Kate Lambert ignore qu’une profonde amitié va se tisser avec cette femme qui accepte de lui confier quelques histoires en rapport avec sa vie. Elles décident de se revoir dans un café que fréquentent Jean Culver ainsi que d’autres gens à la fois discrets et singuliers.
Commencent alors les révélations de Jean Culver à propos de sa famille et d’elle-même. Kate Lambert qui sent combien sa propre vie se trouve dans une impasse s’imprègne de ces histoires.
Le bruit du dégel est une musique apaisante et bienveillante qui s’écoule à la sortie de l’hiver. De la glace en train de fondre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire