samedi 28 juillet 2012

Le rire du cyclope de Bernard Werber par Natty Dupas

Courant juin, nous avons eu le plaisir d'accueillir Natty qui a souhaité faire son stage de 2nde avec nous et découvrir ainsi le si beau métier de libraire. C'est donc tout naturellement que nous lui avons proposé d'écrire quelques lignes sur le livre de son choix.... Exercice difficile qu'elle a selon nous parfaitement réussi!




Le Rire du Cyclope de Bernard Werber, Le Livre de Poche, 8.60 euros


Après son spectacle, le plus grand humoriste de France, le français préféré des français, Darius dit le « Cyclope » est retrouvé mort dans sa loge, d'un problème cardiaque.

Alors que tous les journaux s'attristent sur « le drame national », l'héroïne, une jeune journaliste du nom de Lucrèce Nemrod, s'oppose à la version officielle de la mort de son idole. Il s'agirait selon elle d'un meurtre, bien que très peu de preuves avancent cette hypothèse : un fou-rire d'un 10ème de seconde en provenance de la loge fermée ; une étrange boîte bleue portant les lettres BQT et l'inscription «Surtout ne lisez pas.» ; une vidéo surveillance montrant une personne déguisée avec un masque de clown triste donnant quelque chose au Cyclope.
Avec l'aide de son mentor Isidore Katzenberg, la journaliste scientifique remonte, au fil des suspects, les origines de l'humour et sa face cachée au travers de la vie et l’oeuvre de Darius.

Dans son dernier livre, Bernard Werber ressort son inséparable duo déjà présent dans ses livres  Le Père de nos pères  et  L’Ultime Secret  pour nous mener dans une nouvelle enquête trépidante se déroulant dans la ''suite'' de sa nouvelle Là où naissent les blagues présente dans son livre  Paradis sur mesure.

Comme tous les livres de Bernard Werber, Le rire du Cyclope est facile à lire grâce aux chapitres courts et incisifs tous pleins de suspense, et, entre-coupés de blagues choisies par les lecteurs de l'auteur. Histoire, humour et meurtres s'entremêlent agréablement dans ce livre à rebondissements, faisant de celui-ci une digne oeuvre de son auteur à succès.

Natty Dupas


Comment l'homme qui prenait tout son temps faillit le perdre pour de bon... de Nathanael Jo HUNT

Comment l'homme qui prenait tout son temps faillit bien le perdre pour de bon... de Nathanaël Jo HUNT aux éditions Bijoux de famille, 10 euros.


Simon Chevalier est un jeune professeur d'histoire parisien éprouvé par des rêves intempestifs qui le propulsent ironiquement dans l'Histoire. Ses premières expériences sont franchement pénibles car il ne sait jamais où il se trouve, ni quand, ni comment. Une révolution ? Un champ de bataille ? Une veillée d'armes ? Des instants à chaque fois décisifs dans lesquels Simon Chevalier ne sait le rôle qu'il doit jouer. Une véritable épreuve qu'il maîtrisera peu à peu notamment en compagnie de partenaires capables comme lui de remonter le temps.

D'ailleurs, Simon Chevalier dont la vie part en bout de ficelle, sans que cela ne lui ôte pour autant son intelligence plutôt vive, finit par comprendre qu'il appartient malgré lui à une association évidemment clandestine qui régule les actes fondateurs de l'Histoire et permet à celle-ci de ne pas dévier car une association concurrente s'acharne quant à elle à vouloir en changer le cours. Ainsi, Jeanne d'Arc doit bel et bien être brûlée, Henri IV assassiné, Napoléon vaincu ainsi que les confédérés etc... Simon Chevalier s'impliquera de plus en plus dans ce vaste enjeu où l'humanité semble devoir jouer sa peau.
Nathanael Jo Hunt, sans peur et sans reproche, habille son personnage d'un costume enchanteur et drôle mais aussi bien critique sur une foule de détails qui font et défont notre quotidien. Et c'est avec malice qu'il déchiffre notre monde contemporain, en auteur populaire et cultivé, moderne et bousculé par les aléas d'une vie déboussolante à l'image de celle que Simon Chevalier incarne avec panache et de réjouissants jeux de mots.

Bravo donc à cet auteur qui décoche de belles flèches au coeur d'une cible impitoyable que tant et tant d'autres ne parviennent qu'à effleurer. Une cible nommée littérature.

Nathanaël Jo Hunt viendra dédicacer son livre à la librairie SAMEDI 4 AOUT de 10h30 à 12h30 et de 15h00 à 17h30.

samedi 21 juillet 2012

L'art du jeu de Chad HARBACH par Monsieur Roudoudou

L'art du jeu de Chad HARBACH aux éditions Lattes, 22,50 euros.


Lire un livre qui traite du base-ball qui plus est sur six cent pages, semble relever du pari perdu que l'on met un point d'honneur à honorer. Passé les nécessaires réticences, et même si l'on ne connaît absolument rien à ce sport (au pire c'est transposable avec le foot et le meilleur gardien de but de l'année) on découvre un premier roman attachant avec un jeune héros surdoué, qui n'avait en tête que d'égaler le record de son idole et, de l'autre côté, son meilleur ami, capitaine de l'équipe, besogneux, accro aux anti-inflammatoires pour supporter les séances d'entraînement qu'il s'inflige et qui le pousse à s'améliorer pour accéder à son rêve.
Histoire d'amitié entre le génie et le travailleur, jusqu'au jour ou Henry égale le record de son idole. Les meilleures universités le convoitent et il se retrouve alors face à un inconnu : lui-même. Qui est-il vraiment ? Que veux t-il faire de sa vie alors que certains lui décrivent son avenir couvert de gloire et d'argent ?

Monsieur Roudoudou

L'art du jeu de Chad HARBACH

L'art du jeu de Chad HARBACH aux éditions Lattes, 22.50 euros.



Je ne connais rien au base-ball et L’art du jeu, premier roman, n’existe que grâce à lui.
D’abord un campus sur les bords du lac Michigan dédié à la mémoire d’Herman Melville qui séjourna dans la petite ville de Westish (Wisconsin).
L’actuel directeur de l’université, Guert Affenlight, a lui-même retrouvé les traces écrites du passage de Melville et le livre qu’il publia fut un succès qui lui offrit notoriété, respectabilité et bon emploi.
D’ailleurs l’équipe de base-ball de Westish avec l’arrivée d’Affenlight, finit par être débaptisée et les « Erables » devinrent les « Harponneurs » en hommage à Moby Dick.

L’équipe n’en devint pas pour autant intrépide avant que le capitaine Mike Schwartz ne détecte le talent du jeune Henry Skrimshander. Il permit à ce dernier de s’inscrire à l’université de Westish et surtout, de ce jour, il devint le joueur le plus important de l’équipe.
La relation entre Schwartz et Skrimshander construit le roman de Chad Harbach et quand ce dernier s’en éloigne, on est heureux de la voir resurgir au détriment d’autres personnages (Owen, le compagnon de chambrée de Skrimshander, Pella, la fille d’Affenlight, Affenlight lui-même) qui génèrent à eux-seuls d’autres romans qu’un romancier non américain aurait sans doute garder pour d’autres histoires, d’autres livres.

Mike Schwarz et Henry Skrimshander sont donc intimement liés par la force d’un jeu, le base-ball. Je n’en ai pas beaucoup plus appris sur ce dernier depuis ma lecture sur la simplicité énoncée de son but ni sur la complexité de son déroulement. Le roman se garde bien d’expliquer quoi que ce soit et c’est tant mieux. En revanche l’intensité dramatique d’une partie est portée à son firmament et donne à l’arrivée un grand roman venu une fois de plus des Etats-Unis. Et si la plupart des auteurs américains ne peuvent ni ne savent écrire sans appliquer une somme de recettes apprises dans leurs ateliers d’écriture, ils offrent en retour au lecteur le bénéfice d’une histoire ineffaçable qui tient d’un seul bloc par la profondeur de ses personnages, de leur morale, de leur destinée et de leur inépuisable grandeur.

Le ravissement de l'été de Luisa ETXENIQUE

Le ravissement de l'été de Luisa ETXENIQUE aux éditions Robert Laffont, 19 euros.


Le très detestable Raùl a un besoin pressant d'argent suite à une dette contractée auprès de gens peu recommandables. La somme extravagante de huit millions qu'il doit rembourser lui donne l'idée plutôt absurde de faire chanter sa mère qui n'a pour lui et depuis longtemps que du mépris.
La persistance du souvenir de deux étés passés sur les hauteurs de San Sebastian lors de son adolescence ramène Raùl à sa fréquentation de Firmin, garcon de son âge qui,quinze auparavant, partagea avec lui de longues après-midis à courir la campagne. Raùl et Firmin se haïssaient cordialement mais Raùl, d'une origine sociale sensiblement plus élevé, admirait secrètement l'indéniable connaissance de la nature de Firmin. Ce qui ne l'empêcha pas d'en faire son souffre-douleur.
Quinze ans plus tard, une intuition puis une preuve assure Raùl qu'il réussira à soutirer les huit millions à sa mère avec l'aide, involontaire ou pas, de Firmin.
Ce roman exemplaire à maints égards est plié en trois parties où chaque protagoniste prend la parole avec une conscience exacerbée d'eux-même. L'assaut des souvenirs est habilement inséré dans une narration que Le ravissement de l'été déroule implacablement. Le dénouement dans un décor viticole qui se prête à de superbes discours révèle à la France Luisa Etxenique comme une excellente nouvelle venue d'Espagne.

samedi 14 juillet 2012

La cavale de Billy Micklehurst de Tim Willocks par Bernard Daguerre

La cavale de Billy Micklehurst de Tim Willocks, éditions Allia, 3.10 euros
Cette édition comporte le texte original et sa traduction, suivis d'une interview de l'auteur.

On connaissait de Tim Willocks ses romans noirs puissants et bien étranges. Il faudra aussi compter, désormais, avec ce récit de quelques pages.

Cette nouvelle fend la glace de notre perception commune du monde, permettant l'accès à un univers dont les seuls repères sont ceux ouverts par son guide, Billy Micklehurst. Ce que cette grande carcasse de Billy, vagabond habillé de somptueuses guenilles, fait apercevoir au jeune narrateur (le futur romancier, lequel raconte dans la postface la génèse de la narration et en fait des commentaires tels qu'on peut s'abstenir de lire les miens), c'est un antre de la folie, la sienne, en même temps qu'une visite particulière dans les strates enfouies de sa ville, Manchester.

J'ai pensé à Austerlitz, le roman de W.G. Sebald: là-bas quasiment toute la mémoire de l'Europe contemporaine, ici, dans cette histoire courte, seulement quelques pans de celle d'une ville. Et au-delà, la perception de la commune humanité des vivants et des morts, avec comme seul repère la sensibilité exacerbée de Billy. C'est elle qui fascine l'écrivain et le lecteur à sa suite, et qui lui fait percevoir (ou imaginer, c'est au lecteur de décider) la souffrance des âmes mortes, ces "fantômes", ainsi qualifiés dans le récit.

Et pour dire cette émotion, un style épique bien particulier, lourd des cahots de la misère et de la souffrance, mais loin de toute grandiloquence, et avec toute l'empathie facile à partager avec les nobles coeurs.

Bernard Daguerre

Antoine LAURAIN

Le chapeau de Mitterrand d'Antoine LAURAIN aux éditions Flammarion, 18 euros.


François Mitterrand lui-même, en 1986, s'est assis près de vous dans un restaurant huppé que vous ne pouvez vous offrir qu'une fois de temps en temps (et encore). François Mitterrand dîne quasiment avec vous, parle d'Helmut Kohl (le fameux : "Helmut me disait" juste avant de manger une huître) en s'adressant à Roland Dumas et à un inconnu (pas vous !). Au moment de partir, parce que vous êtes resté le plus tard possible pour en profiter au maximum, vous vous apercevez qu'à côté de vous le chapeau de François Mitterrand est resté après le départ du président de la République. Peu importe que vous décidiez de l'emporter ou pas, Antoine Laurain le décide pour vous. Vous êtes désormais propriétaire du chapeau du président, la preuve, ses initiales sont brodées d'or à l'intérieur.
De cette entame, mi-fantastique, mi-fantaisiste, Antoine Laurain a sublimé la vie de quatre personnages. D'abord ce témoin priviligié (que vous auriez pu être) qui récupère le chapeau, ensuite une jeune femme indécise quant à la direction que doit prendre sa vie sentimentale puis un créateur de parfum en déshérence professionnelle, enfin un bourgeois coincé par un mode de vie pétri de conventions. Tous quatre, dès lors qu'ils auront porté le chapeau de Mitterrand, auront une révélation.
L'amusement et la fantaisie sont ici subtilement menés par une très grande qualité de style, courtois et délicat. Au coeur de l'année 1986, en France, l'auteur s'emploie à un brillant exercice de mémoire collective guetté par une pointe de nostalgie mais point trop. Il n'est d'ailleurs pas question de tresser une couronne de laurier au président défunt, son chapeau a le pouvoir de modifier psychologiquement les gens comme un retournement de la pensée qui pousse à des audaces bénéfiques sans orientation politique ou presque. Le dernier personnage tombant littéralement dans la loufoquerie. Ceci dit, avec le képi du Général De Gaulle, tout eût été différent !

samedi 7 juillet 2012

Dédicaces jeunesse juillet 2012



La Librairie Générale est heureuse de vous accueillir pour une rencontre

avec Véronique Hermouet, illustratrice jeunesse,

 le mercredi 18 juillet à partir de 16h30.




Passionnée de dessin depuis toujours, Véronique Hermouet se promène toujours un carnet dans la poche. Comme elle a gardé une âme d'enfant, elle aime nous faire partager son univers à travers des illustrations tout en rondeur et en douceur. Elle nous offre à grignoter des dessins au goût de bonbons acidulés! Alors laissez parler votre gourmandise!

 




Et vous serez heureux d'apprendre que, comme chaque été, 
 notre amie la souris détective,

Géronimo Stilton, viendra nous rendre visite

le mercredi 25 juillet, à l'heure du goûter (17h), alors à vos fromages!!!


Tom SHARPE par monsieur Roudoudou

Wilt t.5 : comment enseigner l'histoire à un ado dégénéré en repoussant les assauts d'une nymphomane alcoolique de Tom Sharpe, éditions Belfond, 19.00 euros.


En plein été, certain(e)s prennent leur courage à deux mains et décident de lire Guerre et Paix ou tout Marcel Proust, voire Kierkegaard et Drieu la Rochelle pour les plus suicidaires. Et puis il y a celles et ceux pour qui l'été rime avec détente, farniente et "lendemain de rosé" quand les neurones ne sont pas mobilisables sur le champ.
A ce moment là, plus fort que Rambo qui s'était arrêté après quatre épisodes, Tom Sharpe revient avec son Wilt pour la cinquième fois, sous-titré de façon sybilline, Comment enseigner l'histoire à un ado dégénéré en repoussant les assauts d'une nymphomane alcoolique.
Cette fois-ci, sa tyrannique épouse n'a rien trouvé de mieux afin de payer l'école privée et hors de prix de ses quatre filles que de forcer son mari à donner des cours pendant ses vacances à un jeune beau-fils de Lord, plus attiré par les armes à feu que les études, dans l'espoir fou de le faire entrer à Cambridge. Comme d'habitude, rien ne se passera comme prévu. Les quadruplettes qui détestent leur école autant que leur mère, trouveront le moyen de pirater son ordinateur en trouvant, en choeur et du premier coup, son mot de passe : FRUSTREE. Elles s'attaqueront à leur directrice en laissant traîner un préservatif usagé sur son lit conjugal en attendant le retour de son mari pour un effet dévastateur. Quant au beau-fils du Lord, il sèmera la zizanie au point que la police devra intervenir en mettant évidemment en cause H.Wilt, devenu selon elle un Casanova, trop heureuse de le coincer enfin (depuis Wilt 1) pour une histoire de cercueil rempli d'une bûche.
Bien sûr, comme toujours, la police sera ridiculisée* puisqu'elle devra finalement expliquer l'inexpliquable et sauver Wilt.
Moins réussi que le précédent, on passe néanmoins un bon moment pour décoincer ses zygomatiques et c'est après tout ce que l'on demande toujours à ce P.G. Wodehouse sous acides.

* Pour celles et ceux qui se demandent pourquoi la police est toujours ridiculisée dans ces aventures, Tom Sharpe a fui le régime de l'apartheid et en a dénoncé son fonctionnement, ses aberrations.

Signé Roudoudou

Anne WEBER

Vallée des merveilles d’Anne WEBER aux éditions du Seuil, 18.80 euros.


« Entrez dans le rêve… »  nous chantait Gérard Manset dans les lointaines années quatre-vingts.
Aujourd’hui, au temps où le roman-roi ne donne plus vraiment accès au Merveilleux, réjouissons-nous du pari extraordinaire relevé par Anne Weber, romancière allemande ayant la particularité de traduire la version française de ses propres livres.
La vue du phare qui illustre la couverture du roman oriente parfaitement l’histoire dans une atmosphère maritime dans laquelle évolue un certain Milan, homme solitaire et démuni d’une petite ville bretonne. L’inattendu se produit quand une inconnue dépose à la volée et en pleine rue un baiser sur ses lèvres, puis s’en va. Cette belle séquence, soulève un coin du voile poétique d’Anne Weber. Ce baiser si soudain, surgi de nulle part, offre une chance inestimable de retrouver un sens à la vie de Milan.
Vallée des merveilles produit immanquablement un enchantement en rapport sans doute avec l’esprit de  Brocéliande qui rôde alentour. Un sort heureux aurait été jeté sur Milan, lui faisant quitter sa ville pour Paris montrée sous un angle magique. Milan retrouve la mystérieuse femme que l’on aura depuis appris à connaître sous le nom de Lynx. Ainsi se prolonge le conte d’Anne Weber où Lynx et Milan revisitent le mythe d’Orphée. Dès lors, l’envoûtement du lecteur doit s’accomplir car Milan cède à un univers imaginaire et la narration se mesure aux symboles de la rédemption. Cette dérive onirique est pourvue d’une maîtrise stylistique admirable de la part d’un auteur qui, vous l’aurez compris, endosse le beau rôle de la fée…