Sur la route et en cuisine avec mes héros de Rick BASS aux éditions Christian Bourgois, 22 euros.
S’agit-il d’un périple ? S’agit-il de recettes ? Un peu des deux mon colonel !
Rick Bass est un écrivain du Montana, de la nature et de la défense des animaux, qui fut remarqué dès son premier livre traduit en France Oil notes où se révélait son premier métier de géologue pétrolier.
Mais Rick Bass est d’abord un écrivain reconnaissant pour tous ceux qui l’ont aidé, influencé, inspiré et lui ont permis d’être à son tour un écrivain dont se réclament d’autres et plus jeunes auteurs que lui. C’est de ce constat et avec l’âge en prime que l’idée lui est venue de rendre visite à ses « héros », accompagné d’une ou deux étudiantes ou auteures en devenir qu’enrichiraient forcément pareilles rencontres.
La liste est longue et foisonnante d’auteurs inconnus ou méconnus. Pourtant Doug Peacock, Lorrie Moore ou encore Terry tempest Williams sont traduits en français. Amy Hempel et Barry Lopez tout autant (merci notamment aux éditions Gallmeister pour leur travail), sans compter les grands noms que sont désormais Thomas Mc Guane, Denis Johnson, Joyce Carol Oates, Peter Mathieussent, John Berger, David Sedaris et Gary Snyder. Voilà donc douze noms d’écrivains vivants (Peter Mathieussent est malheureusement décédé entre temps*) auxquels il faut ajouter le peintre Russell Chattam ainsi que le défaillant et donc introuvable Gordon Lish (l’éditeur aux ciseaux de Raymond Carver) qui eurent la visite de Rick Bass et ses amis venus leur livrer un repas de remerciement.
Rick Bass tient une sorte de journal de bord de ces voyages entrepris aux quatre coins de l’Amérique, en voiture exclusivement. L’homme revisite son pays renforcé par son histoire personnelle, son cheminement d’écrivain attentionné, sensible, redevable aux autres, parfois trop tant sa modestie affleure à chaque fois que des mérites devraient à la place lui être attribués.
Emouvantes et drôle sont également ses aventures réelles qu’il faut essayer de mener à bien dès lors que l’on débarque chez autrui en investissant sa cuisine pour y faire cuire de l’élan ou du yack, des cailles, un gâteau…
L’épisode toujours renouvelé n’est jamais lassant et l’on se croit invité soi-même à ces repas festifs et intelligents car le propos demeure littéraire ou bien s’attarde sur la nature, l’environnement, l’écologie.
Deux escapades en Europe viennent titiller la curiosité du lecteur, une en Grande Bretagne chez David Sedaris qui est à coup sûr l’épisode le plus drôle de la série et l’autre en France chez John Berger qui vit avec vue sur le Mont Blanc.
Les belles histoires que nous conte Rick Bass sont toujours nimbées d’un optimisme jamais niais quant à la nature humaine. Il y a de belles âmes en ce monde et Rick Bass le prouve.
Hélas pour lui, tout au long du récit traîne le spectre de son échec conjugal. La présence de son Elisabeth à la dernière séquence est un espoir que l’histoire se finisse bien mais il est vain.
* Denis Johnson et John Berger l'ont hélas rejoint depuis.
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