Une joie féroce de Sorj Chalandon, éditions Grasset, 20.90 euros.
Il y a toujours une attente particulière à l'ouverture d'un nouveau roman de Sorj Chalandon. La question qui vient n'est pas "Ce roman est-il mieux que le précédent?", mais "Quel partie de moi l'auteur va t-il cette fois réveiller, révolter, titiller, émouvoir?"
Samedi 21 juillet 2018, quatre femmes s'apprêtent à braquer une bijouterie place Vendôme à Paris. Improbables dans leurs déguisements, elles-mêmes sont certes prêtes à passer à l'acte, mais ont aussi conscience de l'aspect désespéré de la mission. Désespéré non pas parce qu'elle sera un échec, mais parce qu'elle est exécutée par quatre femmes que le désespoir fait vivre.
Si ces quatre femmes ne se ressemblent absolument pas en apparence, elles sont à jamais sœurs dans l'épreuve qu'elles sont en train de mener pour lutter contre leur maladie. Elles ont également toutes les quatre un rapport particulier à la maternité, au deuil.
Jeanne, Brigitte, Assia et Mélody ont appris à se connaître dans la douleur et ont transformé ces fatalités en révoltes. Le partage de la vie quotidienne dans un appartement les a mises à nu face à leur mal, et leur a permis de mutualiser leurs forces pour aller au bout de leur combat.
Et si aller au bout était de braquer cette bijouterie, le lecteur saura trouver ce qui est de l'ordre de l'identification de ce qui est de l'ordre de la force romanesque de l'auteur. Comme toujours Sorj Chalandon nous amène vers l'impensable grâce à des personnages qui auraient pu être nous. Et une fois de plus, comme Georges (Le quatrième mur), Antoine (Mon traître et Retour à Killybegs), Michel (Le jour d'avant), Jeanne nous transporte entièrement dans les tumultes de sa vie. Certains qualifieront celle-ci de profondément triste, d'autres y verront une lumière et une rage qui rend la lecture de Sorj Chalandon toujours aussi jubilatoire.
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