Formica de FABCARO aux éditons 6 pieds sous terre, 13 euros.
Formica et Fabcaro ont des sonorités assez proches et convergent vers des significations similaires, une sorte de préfabrication tout comme l’est en grande partie cette histoire sous titrée : Tragédie en trois actes.
Fabcaro avait joué déjà avec le repas de famille dans son dernier roman Le discours. Le voici récidiviste et peut-être plus radical encore dans cette forme dessinée où beaucoup ne seront pas préparés à entendre les dialogues qui en émergent. Ce repas de famille qui tient de fil conducteur à Formica sert à l’auteur de défoulement sur les attitudes de l’homme occidental (et de la femme bien sûr). Ainsi sont-ils huit (au départ), les parents, leurs deux enfants accompagnés de leur conjoint qui ont amené aussi leurs propres enfants qui filent aussitôt jouer à l’étage pendant que les adultes s’installent à table. Cette phase de normalité cesse sitôt que tout le monde est en place et qu’advient le sujet de la conversation. Que vont-ils se dire ? Si les enfants jouent à un jeu des sept familles complétement perverti, les adultes attendent le sujet qui occupera le repas.
L’installation scénaristique de Fabcaro prend très vite une férocité qui à tout moment est susceptible de faire de gros dégâts voire des victimes.
Que cherche Fabcaro en exhibant le lieu intime d’un repas familial ? Quels dérèglements contribue t-il à exacerber dans notre société ? Doit-on vraiment en rire ? Nous sommes proches d’une atmosphère "beckettienne" où des hommes et des femmes attendent plus ou moins Gofdot et conscients que l’absurde régit le monde.
Cette plaisanterie douteuse atteint par endroit un degré extrême de fascination mêlée de dégout et de crainte. Fabcaro fut-il déjà aussi ambitieux ? Cette Bande-Dessinée n’entre absolument pas dans le politiquement correct, elle déclenche des réflexions qui parfois semblent toucher extrêmement juste et d’autres fois gagne une certaine facilité ou une gratuité qui renvoie à un humour qui date, celui des années soixante-dix lorsque Gotlib est ses comparses de Fluide Glacial dérangeaient à tout va par bulles interposées.
Fabcaro s’essaie à son tour au dérangement des neurones par le rire cruel, souhaitons lui bonne chance !
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