La Californie, l'Oregon et l'état de Washington ont fait sécession !
Vous n'êtes pas au courant ? C'est pourtant ce qui se passe dans cet
excellent roman d'anticipation d'Ernest Callenbach. Anticipation au
sens fort du terme : l'auteur, à l'instar d'un certain George Orwell
pour 1984, a écrit cette fiction en 1975. Il y a donc quarante ans. A la
lecture d'Ecotopia on ne peut qu'être admiratif de cette capacité
qu'ont les écrivains de sentir et observer les évolutions de l'humanité.
Ecotopia est une société qui a donc rompu avec le modèle
américain pour créer un monde où l'écologie dirige l'ensemble des modes
de vies de ses citoyens. Tout a été repensé pour dire adieu à la pollution
et à toute forme d'excès. Le recyclage est donc la règle absolue, la
capitale est silencieuse et on peut entendre des oiseaux dans les
quartiers les plus dynamiques. Les avions n'ont plus le droit de passer
au dessus d'Ecotopia, ils détournent cette zone suite à un décret.
C'est
William Weston qui est chargé de rédiger une somme d'articles sur ce
mode de vie jugé
« préhistorique » par les américains. Journaliste pour
le Times-Post, il est envoyé en Ecotopia pour y décrire le système
politique, économique, financier, éducatif, sociétal.
Parallèlement
à ces articles, nous lisons également son journal personnel, des notes
qu'il a rédigées et qui font état de ses a priori et de l'évolution de
sa personnalité à mesure qu'il baigne dans cette utopie. Le caractère
journalistique de ses comptes-rendus rompt totalement avec ces
impressions: le langage est plus libéré, et signale ainsi son grand
étonnement lorsque lui-même se surprend à apprécier cette rigueur
écologique. Elle permettrait en effet d'être davantage en harmonie avec
la nature et l'environnement. Il découvre un ensemble d'êtres humains
plus à l'écoute de leur corps, profitant de leur temps libre, et vivant
de manière plus épanouie. Lui-même fait l'expérience de se rapprocher
d'une écotopienne, rencontre qui marque en lui le début d'un changement
radical...
Le contenu de ses articles permet au lecteur
de disposer de tous les éléments pour juger également d'une société
comme celle-ci. Est-elle envisageable ? N'y a t-il pas quelques failles à
un modèle indépendant qui se coupe ainsi du reste du monde ?
Au
final, il se dégage de ce roman une intelligence qui fait beaucoup de
bien à qui s'interroge sur l'avenir de notre planète, au niveau
écologique bien sûr, mais aussi sur tous les aspects de nos vies
quotidiennes. Les éditions Rue de l'Echiquier se lancent dans la fiction (suivront deux autres romans sur le même sujet) pour notre plus grand plaisir, afin de nous éveiller et nous réveiller.
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