Christine Angot est, aujourd'hui plus que jamais, dépositaire d'un genre (mal?) nommé autofiction. Si on attribue la paternité du genre à Serge Dubrovsky (voir son livre Le monstre), Christine Angot a rendu celui-ci familier et l'a peut-être banalisé tout en parvenant à hisser tout nouveau roman de sa plume vers un événement énervant voire exaspérant mais toujours doté d'un impressionnant engagement pour la littérature. D'ailleurs, ses détracteurs les plus acharnés ont, pour la plupart et pour cette raison, déposé les armes.
Christine Angot, de ce fait, rejoint Michel Houellebecq dans la sphère des écrivains devenus intouchables et que rien ne peut plus atteindre. Elle est devenue une sorte de marque déposée, un gage de qualité aimé (ou détesté).
Un amour impossible reprend par le menu l'histoire d'amour de ses parents qui a surgi dans les années cinquante à la manière d'une romance inédite et en avance sur son temps. Les deux tourtereaux ne se marieront jamais à la demande de Pierre, l'amant qui acceptera néanmoins un enfant de Rachel, sa maîtresse. Cet enfant naît à Châteauroux alors que Pierre continue de mener une vie à distance qu'il décrit par lettres comme très occupée et même préoccupée.
L'enfant, c'est Christine, évidemment, petite fille vulnérable, emplie d'amour, que sa mère éduque joyeusement, surpassant les attentes, les craintes et les pleurs que lui inflige Pierre à force de revirements, d'échappées et de lettres cruelles.
Cette histoire, qui par instants prend les accents d'un film de Claude Lelouch, en raison peut-être de la fraîcheur de ses dialogues, nous transporte dans une France provinciale et dans un rapport au temps qui passe entre mère et fille.
Ce travail-là est une réussite. Aux sentiments « fusionnels » de l'enfance succèdent les déchirements de l'adolescence puis le stade inquiétant de l'indifférence qui naît à l'âge adulte.
Toute la douleur et la rancœur qui circulent alors se justifient à l'annonce du mal fait à Christine par son père. La courte phrase qui en fait la révélation avait été développée en son entier dans Une semaine de vacances. Cette phrase contamine d'un seul coup toutes les pages qui vont suivre. Le père réapparaît dans l'histoire comme un fantôme maléfique tandis que la mère affronte les coups moraux assénés par sa fille.
Si un apaisement s'installe à la fin du livre, c'est au terme d'un affrontement psychologique éprouvant, encore et toujours renforcé par les dialogues entre Christine Angot et sa mère. Des dialogues que l'on pouvait trouver très simples au début et qui deviennent impitoyables à la fin. Du Angot.
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