La cache de Christophe BOLTANSKI aux éditions Stock, 20 euros
Nous sommes d'accord, il faut un peu de temps pour comprendre qui, "chez
les Boltanski", est le père, l'oncle, le grand-père voire la grand-mère de
Christophe.
L'appartement lui-même n'est pas, au premier abord, très
facile à imaginer. Pourtant, au fil des déambulations et au gré des souvenirs
de l'auteur, mouvements et paroles de la lignée Boltanski finissent par frapper
le lecteur et on est sidéré d'apprendre comment cette famille - à partir de
quoi - nous devient si sympathique bien qu'on la sente toujours un peu éloignée, étrangère et étrange à nous-même.
Christophe Boltanski est celui à qui, semble t-il, il incombe d'en
raconter l'histoire ou plutôt de mener l'enquête car beaucoup de trous se sont
insérés depuis Odessa d'où les Boltanski sont arrivés avant d'investir l'immeuble parisien de la rue de Grenelle.
Un médecin, une écrivain, un sociologue,
un plasticien, tous de premier ordre, entrent de plain-pied dans la vie de cet
appartement qui s'étire sur plus de cinquante ou soixante-dix ans peut-être,
car tout est un peu flou dans cette histoire nimbée des souvenirs intimes et le
plus souvent d'enfance de Christophe.
Seul point infailliblement ancré dans l'Histoire, la fameuse
cache où se terra Etienne Boltanski, le grand-père, sous les ordres de Marie-Elise sa femme.
Cela s'est passé en 1942, Etienne était menacé par l'un de ses
voisins d'être dénoncé en tant que juif bien qu'il se soit converti des années
auparavant au catholicisme après être ressorti vivant du carnage de la première
guerre mondiale.
Si Etienne est un peu le héros de cette saga, celui autour duquel tourne le livre dans son ensemble, Marie-Elise en est l'axe principal, le personnage le plus romanesque, celui qui se déplace dans l'appartement de la rue de Grenelle avec le lourd handicap d'une partie de son corps qui est devenu paralysé. Marie-Elise rayonne et gouverne entourée de ses enfants puis de ses petits-enfants qui forment autour d'elle cette formidable famille des Boltanski dont on voit de mieux en mieux les contours sensibles et les liens puissants qui en ont fait un clan comme il en existe partout ailleurs et c'est en cela que l'on est reconnaissant à Christophe Boltanski de nous en avoir fourni les clés, les lourds secrets et un formidable hommage qui tend vers l'émerveillement.
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