La saison des bijoux d'Eric HOLDER aux éditions du Seuil,
18,50 Euros.
Depuis quelques livres déjà - depuis son installation il y a
une dizaine d'années ou plus dans ce qu'il a joliment nommé "De loin, on
dirait une île" - Eric Holder publie régulièrement des romans
"médocains". Ces chroniques des gens d'ici (ou presque) dans
lesquelles l'écrivain s'est souvent mis en scène ont toujours suscité la
curiosité.
L'auteur consacré et néanmoins atypique dans le paysage - cette
fois littéraire - français a su conserver la sympathie d'un lectorat sensible à
ses personnages, notamment féminins, qu'il dépeint avec tendresse, humour
et un attachement qui continue de le distinguer des générations advenues depuis
sa propre émergence au milieu des années quatre-vingt.
Cette fois-ci encore, La
saison des bijoux s'est fait remarquer avec l'épisode jugé incongru par
quelques critiques, au sujet du personnage de Jeanne dont le passé tourmenté et
dévoyé obligea son compagnon et désormais mari, Bruno, à l'attacher dans une
cave pour la "désintoxiquer" des pulsions qu'elle avait contractées
en empruntant malgré elle le tragique chemin de la prostitution. Voilà donc ce
qui offusqua les juges du pouvoir de l'imagination mais nous
sommes là très loin du projet d'Eric Holder même si l'épisode en question est
central pour appréhender l'atmosphère régnante au cœur du roman.
Carri est une station balnéaire entre Soulac et Lacanau. Un
marché florissant s'y installe à la belle saison, appelée aussi celle des touristes.
Jeanne et Bruno y accèdent pour la première fois pour y vendre des bijoux, ils ne
connaissent personne mais ne tarderont pas à rencontrer le "tenancier"
du cru, Clergeaud, qui régente les affaires locales. "Parrain"
incontournable, Clergeaud est le "protecteur" du marché de Carri et s'assure,
de ce fait, que chacun paie bien les services de sa protection.
Ainsi est posée la problématique des
marchés de plein air tenus à maints endroits par quelques personnes du même
acabit et dont bon nombre de marchands sont bien obligés de s'accommoder.
Eric Holder s'attache à nous montrer cette part humaine
présente autour des tréteaux et des remorques, des camions et des fourgonnettes
qui le temps d'une grande matinée étalent les produits les plus variés dans le
bruit et aussi la fureur régie par l'argent.
La saison des bijoux
est une reconstitution fantastique de ce monde aux frontières de la marginalité
et de la clandestinité. La galerie de portraits aussi importante soit-elle
ménage une intrigue assez noire mais les gens heureux chez Holder sont
omniprésents et vivent pleinement leur rencontre avec l'océan, le sable et la
forêt dont l'auteur est, avec évidence, un très grand amoureux.
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