La maison des autres de Silvio d'ARZO aux éditions Verdier.
Voici un livre discret qui appartient à ce que les libraires aiment voir indéfiniment trôner sur leur table en tant que "coups de cœur".
Silvio d'Arzo est une comète des lettres italiennes, il est mort à 32 ans en 1952, un bel hommage lui est rendu en préface par un certain Attilo Bertolucci, un poète reconnu en Italie, père de Bernardo, le cinéaste.
Avec le soin des grands observateurs, le narrateur de La maison des autres décrit la chiche vie des habitants d'un village italien enfoui dans une contrée perdue des Appenins. Il y occupe la position privilégiée du prêtre au service des villageois qui ne lui font pourtant guère signe mais dont il se sent néanmoins responsable au regard de Dieu.
La fine ironie de son récit ne repose sur rien ou presque, l'intérêt qu'il éprouve pour une vieille femme plus vieille que les autres vieilles du village s'aiguise car il sent qu'elle viendra un jour lui parler. Il l'observe pour ne pas dire qu'il espionne la vie qu'elle mène chaque jour imperturbablement à l'écart du village, au bord de la rivière, à laver le linge avec une chèvre pour seule compagne. Puis un jour cette vieille femme se décide et s'adresse à lui au sujet d'une question tout en circonvolutions.
"Est-ce vrai ou non que vous aussi... je veux dire : l'Eglise... vous admettez que deux personnes qui se sont mariées puissent également se séparer, et chacune être libre ensuite d'épouser qui elle veut ?".
La réponse, autant le dire, tombe tout à côté du sujet et le prêtre perd l'occasion de connaître enfin cette vieille femme qui lui échappe désespérément. Il faudra qu'un certain temps s'écoule pour que le prêtre s'entretienne à nouveau avec elle et comprenne enfin ce que ce message pouvait bien vouloir dire.
Toute la force de ce court roman est détenu par une personne insignifiante, la plus perdue des êtres mais qui détient une interrogation voire une supplique qui aujourd'hui encore paraît essentielle et fait encore et encore débat. C'est pourquoi La maison des autres est considéré par beaucoup comme un chef-d'oeuvre qu'il est nécessaire de faire découvrir. C'est le moins qu'on puisse faire non ?
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