Et rien d'autre de James SALTER aux éditions de l'Olivier, 22 euros.
Voici, pour cette année encore, le coup parfait: il est réalisé par les éditions de l'Olivier qui parviennent à damer le pion à tous leurs concurrents...
Lorsque ce n'est pas Franzen, Eugenides, Ford ou quelqu'un d'autre de la réserve exceptionnelle d'auteurs américains de l'écurie d'Olivier Cohen, voilà le doyen de la maison que peu ont lu (il n'a rien publié depuis une trentaine d'années) et qui s'impose sans discussion possible dès le mois d'août comme l'événement de la rentrée littéraire.
Et rien d'autre, "All that is" en anglais, expose l'itinéraire de Philip Bowman (que l'on peut très bien entendre en franglais comme "bel homme") qui apparaît à bord d'un navire de guerre dans le Pacifique, avec l'attitude indécise de la plupart des jeunes gens de son âge. Il s'épaissira peu à peu jusqu'à incarner l'archétype du séducteur intellectuel new-yorkais. Philip Bowman aura été auparavant marqué par un mariage raté qui lui servira tout au long de sa vie comme un repère, un phare signalant les écueils que sa relation avec les femmes pourrait rencontrer. En effet, ces dernières défileront dans sa vie avec de nombreux points d'extases au regard des quelques désagréments passagers que notre héros aura rencontrés.
Enid, Christine, Anet, Ann succombent tour à tour dans les bras de cet homme lancé dans une carrière confortable d'éditeur.
James Salter procède dans son écriture par des instantanés comparables aux épiphanies que James Joyce avait définies avant lui. Ainsi la vie de Philip Bowman s'apparente à un kaléidoscope, un palais des souvenirs où les pays, les villes, les hôtels, les maisons s'emboîtent et forment une histoire américaine ouverte sur le monde, une histoire new-yorkaise...
Tout n'est pas égal dans cet enfilage d'instants gracieux, la patte de James Salter produit un effet glissant, synthétique et virtuose, on le perçoit très bien quand il décrit l'histoire récente de l'Amérique. La guerre du Pacifique, du Vietnam, l'assassinat de Kennedy sont abordés sommairement mais avec conviction. Le milieu littéraire garde quant à lui tout son mystère, James Salter en propose quelques portraits mais il ne cherche pas à le réduire à des recettes, ni à des anecdotes. Le métier d'éditeur semble se dissoudre dans les voyages et les rencontres et sert de carte de visite à Bowman, cet homme délicieusement placide, nostalgique du seul moment où il se sentit un homme d'action, ses années de guerre...
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