C’est aux confins d’une province éminemment chabrolienne qu’Yves Ravey a installé ce formidable roman. Dans une petite bourgade d’apparence bien anonyme, le retour de Freddy suscite une crainte immédiate de la part de sa cousine, madame Rebernak qui voit débarquer d’un œil mauvais ce « revenant ».
Effectivement, Freddy sort de prison. Il a payé sa dette mais madame Rebernak ne veut plus le voir. On a beau lui dire que Freddy désormais est libre de se rendre où il veut, elle exige, soupçonneuse, que jamais il ne s’approche de Clémence Rebernak, la fille de madame.
Pas plus la police, l’éducateur ou encore le notaire ne la convaincront que Freddy n’est pas d'autorité un récidiviste et qu'il faut lui laisser une deuxième chance.
Le notaire, justement, est un homme conciliant, un vieil ami de la famille qui allait chasser avec monsieur Rebernak. D’ailleurs, après la mort accidentelle de monsieur Rebernak, il a aidé madame à trouver un emploi mais aussi, il veille sur Clémence Rebernak qui fréquente Paul le propre fils de monsieur le notaire.
Inutile d’aller trop loin vers l’avènement dramatique qui se prépare. Cela nous est mieux servi par la narration ciselée du fils de madame Rebernak qui, toujours en retrait, ne saura pas plus contrarier les évènements.
Chaque mot semble être pesé dans un laboratoire pour en mesurer son intensité puis expédié dans cette noire chronique qui voit madame Rebernak circuler assidûment sur son cyclomoteur, incarnant par-là et avec majesté, la dignité populaire sujette à l’adversité. Monsieur le notaire, quant à lui, est le symbole épatant d’une bourgeoisie confite dans sa condescendance et sa soi-disant invulnérabilité.
Leur confrontation n’en sera que plus mémorable.
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