Cognac Blues de David Patsouris, éditions du Rouergue, 18.50 euros
Le coup est porté d'emblée, sans préliminaire. Il s'appelle Charly et son contrat est bouclé. Notons que Charly est un tueur, un vrai, sans état d'âme. La mort qu'il vient d'octroyer ne lui procure aucun sentiment. Nous en sommes d'autant plus averti par la voix de Charly qui ne ne nous quittera plus de tout le roman.
C'est par lui que nous apprenons qui est mort et pourquoi. Nous savons aussi qui a décidé de cette mort survenue dans les vignes à Cognac. L'homme de main qu'est Charly vient d'exécuter un syndicaliste, lui aussi, un pur, un vrai. C'est d'ailleurs pour ça qu'on lui a mis un contrat dessus au plus fort d'une grêve bien dure qui a bloqué le centre-ville de Cognac pendant plusieurs jours.
Mais Charly ça ne l'interesse pas vraiment ces conflits entre l'Etat et propriétaires du Cognac. Son refuge est à Royan, dans un appartement où il s'enferme la plupart du temps sauf s'il va à la plage où il surfe sur les vagues de l'océan. Le soir il va aussi boire des verres et regarde les filles qui dansent. Celle qui va tout faire basculer s'appelle Gail...
Cognac Blues est une plongée directe vers la passion amoureuse qui atteint quelqu'un de mutique. Le défi que David Patsouris relève avec brio est de donner la parole à un taiseux, de lui faire prendre conscience de son enfermement ainsi que de la difficulté à communiquer ou à exprimer ses sentiments. De là vient ce déferlement de phrases courtes que Charly retient en lui-même. Comme un barrage retient la rivière, les mots s'accumulent, se bousculent, se disputent et renvoient Charly à sa condition de non-être, de non-existant. Et la fissure viendra, les craquelures prendront le dessus sur le vaste ouvrage patiemment construit par Charly. Mais Cognac Blues reste un polar, ce qui signifie que les évènements, tôt ou tard, se précipitent.
La morale de l'histoire si l'on devait en tirer une, nous vendrait l'assertion qu'il n'est pas aisé de changer ni de refaire sa vie lorsqu'on a un trop lourd tribut à payer.
David Patsouris précisera tout ça au café Le Troquet
Jeudi 11 avril à 18 heures
et nous l'accueillerons en dédicace à la librairie
Samedi 27 avril à 16 heures
dans le cadre d'"Un livre , une rose" manifestation qui a pour objectif, depuis quinze ans, de défendre la spécificité des libraires indépendants et d’en améliorer la visibilité.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire