samedi 18 février 2012

Jorge AMADO

Gabriela, girofle et cannelle de Jorge AMADO aux éditions Stock, 22,50 euros.


Comment ne pas ressentir une émotion particulière dans une vie de lecteur lorsqu'un ouvrage que vous avez lu il y a fort longtemps reparait devant vous dans une édition nouvelle. Cela pourrait être une "madeleine" qui vous renverrait à un lointain souvenir, à une tout autre époque, à des circonstances différentes...
Le bonheur de retrouver ce livre, neuf, dans une librairie est une flatterie qui vous fait dire que vous avez lu un livre que l'on considère désormais comme classique.
Jorge Amado, si vous allez au Brésil, est la figure incontournable des lettres brésiliennes. Il a forgé à mains nues l'âme du peuple de Salvador de Bahia, il constitue à lui seul un patrimoine littéraire inégalé. Je ne pourrai jamais complètement décrire l'impact de ses romans, ni sa popularité, ni le formidable ambassadeur qu'il fût. Jorge Amado est un maître.
Gabriela, girofle et cannelle est une sorte d'Amour au temps du choléra ou de Vieux qui lisait des romans d'amour avant l'heure. Pensez donc que Marcello Mastroianni et Sonia Braga ont interprété le bon Nacib et la belle Gabriela pour le cinéma. Cette tendre et drôle histoire d'amour est une marque de fabrique sud-américaine où les sentiments débordent et suintent par tous les pores des corps chaleureux et sensuels d'un homme et d'une femme.
Jamais personne n'a autant fait aimer le Brésil que Jorge Amado. Aujourd'hui, ce pays et ses habitants ne correspondent certainement plus au Brésil des années 50 mais pour qui voudrait encore une part de rêve et d'exotisme, lisez Jorge Amado, le dépaysement est garanti. 

jeudi 16 février 2012

PRIX SORCIERES 2012 !

Pour 2012, les sorcières vous ont concocté une potion explosive!
En exclusivité, elles ont accepté de vous livrer les ingrédients secrets pour passer une année explosive!

Voici leur sélection:

Albums tout-petits:
-Le loup ne nous mangera pas d'Emilie Gravett (Kaléidoscope)
-Un peu perdu de Chris Haughton (Thierry Magnier)
-Aujourd'hui je suis de Mies Van Hout (Minedition)
-A la rencontre de Claudine Morel (Didier Jeunesse)
-Non de Claudia Rueda (Rue du monde)

Albums:
-De quelle couleur est le vent? d'Anne Herbauts (Casterman)
-Faites la queue! de Tomoko Ohmura (L'Ecole des Loisirs)
-A-A-A-A Atchoum! de Philippe C. Stead (Kaléidoscope)
-Le Masque d'Ilya Green (Didier jeunesse)*
-Une Chanson d'ours de benjamin Chaud (Hélium)

Premières lectures:

-Lettres à plumes et à poils de Philippe Lechermeier (Thierry Magnier)
-L'enfant de Colas Gutman (L'Ecole des Loisirs)
-Waldo et la mystérieuse cousine de Catharina Valckx (L'Ecole des Loisirs)*
-Il faut le dire aux abeilles de Sylvie Neeman et Nicolette Humbert (La joie de lire)
-Le dur métier de loup (collectif) (L'Ecole des Loisirs)*

Romans juniors:

-Le Bébé tombé du train de Jo Hoeslandt (Oskar jeunesse)
-Mercedes cabossée d'Hubert ben kemoun (Thierry Magnier)
-Les invités de Charlotte Moundlic (Thierry Magnier)
-L'Envol du dragon de Jeanne-A. Debats (Syros)
-Mandela et Nelson d'Hermann Schulz (L'Ecole des Loisirs)*

Romans ados:

-La Fourmilière de jenny Valentin (L'Ecole des Loisirs)
-Le Monde dans la main de Mikaël Ollivier (Thierry Magnier)
-L'Innocent de Palerme de Silvana Gandolfi (Les Grandes personnes)
-Waterloo Necropolis de Mary Hooper Les Grandes personnes)
-Un jour de Morris Gleitzman Les Grandes personnes)

Documentaires:

-Chimères génétiques de Julie Lannes (L'Atelier du poisson soluble)
-La Fabrique à théâtre de Ghislaine Beaudout et Claire Franek (Thierry Magnier)
-Le Gingko, le plus vieil arbre du monde d'Alain Serres (Rue du monde)
-Tout sur l'automne de Charline Picard et Clémentine Sourdais (Seuil jeunesse)
-Street Art: un musée à ciel ouvert d'Ambre Viaud (Palette)

Préchauffez votre chaudron, versez-y vos ingrédients, mélangez bien le tout puis laissez mijoter, à feux doux, pendant quelques semaines, idéalement jusqu'au 5 mars. A cette date, chaque potion sera examinée par notre comité de sorcières qui désignera la recette la plus diaboliquement savoureuse!


Faisons connaissance avec nos amies les sorcières:
Le "Prix Sorcières" est decerné chaque année, depuis une vingtaine d'années, par l'association des librairies spécialisées jeunesse (plus connue sous le sigle mystérieux: ALSJ) et par l'association des bibliothécaires de France (le non moins énigmatique ABF).
Ces deux associations proposent chaque année une sélection de livres qui les a marqué afin de conseiller aux jeunes lecteurs des livres qui font réfléchir, qui émeuvent, bref qui "tire-bouchonnent "et "tourneboulent", pour utiliser leur jargon "sorcioprofessionnel"!
Elles nous offrent une belle occasion de partager un moment pétillant de magie littéraire!
A consommer sans modération!!!

*Titres actuellement disponibles à La Librairie Générale

samedi 11 février 2012

Samedi 18 Février Michel BOYE sera avec nous à partir de 15h30!

Samedi 18 Février, Michel BOYE sera à la librairie à partir de 15h30 pour vous présenter son dernier travail sur l'histoire d'Arcachon: Chronologie Arcachonnaise (1519 - 1957) publié avec le concours de la Société historique et archéologique d'Arcachon et du Pays de Buch dont il est le président.
Si dans l'avant-propos Michel Boyé précise que cette chronologie se veut "un document de travail aussi fiable que possible" tout en précisant que la perfection n'est pas de ce monde, on ne peut cependant que constater que nous avons entre les mains un trésor d'informations relevées avec une parfaite minutie aux Archives municipales d'Arcachon et de La Teste-de-Buch. Ses recherches l'ont ainsi mené à parcourir différents documents comme notamment les délibérations du conseil municipal, les arrêtés municipaux, les listes électorales, les recensements de la population ainsi que la presse ou la riche documentation rassemblée par André Rebsomen.
C'est donc dans un style sobre propre à tout historien dont l'objectif est bien sûr d'éviter toute interprétation que nous découvrons, ou redécouvrons, que l'approbation des plans de la gare actuelle d'Arcachon date du 10 janvier 1859, que la première visite de Napoléon III à Arcachon eut lieu le 10 octobre de la même année et que c'est à cette occasion que Lamarque de Plaisance dévoila la devise d'Arcachon: Heri solitudo, Hodie vicus, Cras civitas, que le 16 août 1871 il fallut mettre en fourrière une chèvre errante, que le recensement de 1876 compte 4 890 arcachonnais ou encore par exemple que c'est le 13 avril 1897 que la première automobile fit son apparition dans les rues de la ville! Toute une histoire!
Et nous ne résisterons évidemment pas à un dernier exemple relevé dans cette précieuse chronologie, gage du patrimoine de la ville:
"Décembre 1924: Après avoir déménagé du boulevard de la Plage dans les murs de l'ancien Café des Prévoyants de l'Avenir, La Librairie Générale ouvre ses portes"!

Ceci n'étant qu'un tout petit aperçu, n'hésitez donc pas à venir nous rejoindre le samedi 18 Février pour en découvrir bien plus!


Hôtel Adlon de Philipp KERR

 Hôtel Adlon de Philip KERR aux éditions du Masque, 22,50 euros.






 On retrouve avec le même intérêt Bernhard dit Bernie Gunther, cet ancien flic de la république de Weimar qui exerce désormais le difficile métier de détective sous un régime dictatorial, celui des Nazis. L’originalité de la série est qu’on peut lire un épisode sans en connaître les précédents. Ici, Gunther exerce ses talents à l’hôtel Adlon de Berlin, on est en 1934 et la clientèle américaine de ce palace s’intéresse à la préparation des jeux olympiques qui doivent avoir lieu 2 ans plus tard. Un douteux homme d’affaire, Max Reles qui se révèlera être un mafieux, et une jolie journaliste juive, Noreen Charalambides, venue enquêter sur l’application des mesures antisémites en milieu sportif, accaparent vite notre homme.

Ce roman est passionnant à plus d’un titre, par la minutieuse reconstitution de la ville et de son effrayant climat. Comme dans le Berlin Alexanderplatz de Döblin où les pauvres étaient relégués et maltraités, la cité persécute les juifs avant de les engloutir (métaphoriquement dans les fondations du stade olympique) ou de les rejeter (dans un saisissant campement de fortune en forêt). On voit aussi comment Bernie, détective, dur à cuire, sur le modèle américain, s’adapte au totalitarisme que la Gestapo et la SS imposent dans la vie de tous les jours. Certes, comme dans la jungle de béton des villes américaines au temps de la prohibition, il règne une grande violence physique, coups de poing faciles et tabassages réguliers sont également ici le lot quotidien. Les armes de Gunther (qui se proclame républicain et se pense social-démocrate), ce sont un humour ravageur qui s’exerce aux dépens de la brutalité nazie, un cynisme affiché et aussi des qualités professionnelles indéniables qui font de lui un meilleur flic que le plus compétent des policiers nazis. C’est ainsi qu’on peut survivre en milieu hostile.
La première partie du récit se clôt par une espèce d’avantage des ennemis du détective, dans le combat vital qui est le sien. Puis, comme dans plusieurs de ses enquêtes, l’odyssée de Gunther se poursuit, après l’apocalypse guerrière (mise entre parenthèse) à laquelle il a participé, par un épilogue à Cuba, 20 ans plus tard, sous la coproduction gouvernementale qui réunit mafieux américains et le dictateur Batista. L’histoire, là, ne se répète pas, elle bégaie, continuant à engluer la vie et le destin de notre héros.

Bernard Daguerre

Tout ça pour quoi de Lionel SHRIVER

Tout ça pour quoi de Lionel SHRIVER aux éditions Belfond, 23 euros.


En commençant le dernier roman de l'américaine Lionel Shriver par la fin, on résoud rapidement l'insoutenable question de ce livre : oui ou non, Glynis va-t-elle s'en sortir ?  Pour être honnête, cette fin-là n'est pas le meilleur du roman.
Néanmoins, je vous conseille les toutes dernières pages, celles qui dressent la liste des remerciements. Il conviendrait de les lire en premier avant de commencer cette édifiante histoire. De précieux témoignages, nous dit Lionel Shriver, lui ont permis d'approcher au plus près quelques vérités sur les épreuves endurées par ses plus mémorables personnages. Outre Glynis, femme surpuissante attaquée par la maladie, Flicka, la jeune adolescente, fille de Carol et Jackson, est dotée d'une force de caractère surprenante en dépit du handicap qui la condamne depuis la naissance.

Voilà, le sujet est lancé mais il faut en donner les prémices et commencer par présenter Shep, le mari de Glynis dont on sait que le compte en banque avoisine le million de dollars. Shep tient ce million de la vente juteuse de son entreprise de réparations à domicile dont il est, depuis, un simple employé. Mais Shep projette de partir à l'aube de ses cinquante ans sur l'ile paradisiaque de Pemba. Là, pense t-il, commencera   "l'outre vie". Au moment où il déclare ouvertement son départ aux membres de sa famille (Glynis et leur fils Zack), n'omettant pas de les inviter à le suivre, Glynis lui répond que cette annonce tombe vraiment au mauvais moment.
Jackson est un collègue mais aussi le meilleur ami de Shep. Sa particularité est de s'épancher à longueur de temps sur les arnaques de l'état américain et sur la duperie générale érigée en règle aux dépens des citoyens. Mais Jackson, aussi brillant soit-il dans ses diatribes, joue sur les champs de courses (de lièvres), s'est engagé dans une opération chirurgicale délicate et supporte tant bien que mal avec Carol les jours difficiles de leur fille Flicka qui est atteinte de déficience.

Cette fois, le ton est donné. Les événements vont défiler, certains d'entre eux anthologiques. Glynis, Shep, Jackson et Carol sont le quatuor de base de cette descente vertigineuse de la middle class new yorkaise. Les coups pleuvent mais les tempéraments sont forts. Les meilleurs romanciers américains sont aujourd'hui les experts d'une société qui les dévorent de l'intérieur. Lionel Schriver en fait évidemment partie. Avec Tout ça pour quoi, elle abat une carte maîtresse qui s'en prend avec véhémence au système de santé de son pays.

samedi 4 février 2012

Un président à élire, cinq livres à lire.

De l'avis général, l'élection présidentielle de 2012 s'annonce comme la plus importante depuis trente ans, cruciale et dramatique, exigeante, de la dernière chance, capitale... Une somme d'adjectifs qui laisse entrevoir un climat dévastateur. Pendant ce temps-là, les libraires reçoivent une quantité de livres que chacun peut lire selon ses convictions, mais certains s'interessent prioritairement au débat et parfois les certitudes s'évanouissent. De nombreux critères pèsent lors de l'élection du Président de la République. Preuve à l'appui, voici cinq livres qui alimentent le débat.


Qui choisir d'André BERCOFF aux éditions First, 12,50 euros.






Journaliste bien connu des services politiques, André Bercoff recommande de choisir son président comme un produit de grande consommation. La boîte de conserve warholienne en atteste. Prenez-donc votre caddie et entrez dans la grande surface présidentielle. "Têtes de gondoles", "Parts de marché garantie", "Produits ciblés" et "Produits de substitutions" sont les quatre répartitions où vous trouverez tous les candidats. A l'intérieur, plusieurs tests sont déclinés afin d'aider le consommateur. Ce concept est, certes, irrévérencieux mais sérieux.


La présidentielle en 25 débats  aux éditions de L'express, 15 euros.
Plus sobre, ces 25 débats sont organisés par thèmes et convoquent d'éminents spécialistes d'orientations diverses. Ainsi sont confrontés à des questions bien précises, Nicolas Baverez et Alain Minc, Thomas Piketty et Olivier Carré, Patrick Artus et Jasques Despla, Olivier Ferrand et Mathieu  Lainé...       La France peut-elle renouer avec la prospérité ? Qui devra payer plus d'impôts demain? Est-ce possible de redonner du pouvoir d'achat aux français ? Les français sont-ils trop assistés ? Ces questions et bien d'autres, après avoir été débattues, sont recomposées sous la forme de propositions récapitulées par chacun des intervenants. Si aucun homme politique (hormis Nicolas Sarkozy) n'est cité, c'est dans leurs discours que l'on retrouvera forcément des réponses à ces questions.


Droite contre Gauche aux éditions Fayard, 19 euros.   
Plus explicite encore Droite contre gauche est un livre économique, patronné par le Cercle des économistes qui héberge majoritairement des professeurs d'université. Il ressemble au précédent sur bien des points (ce qui est normal puisque chacun inventorie les problèmes à résoudre). Difficile aussi de connaître la ligne politique de ces ouvrages. Remarquons tout de même la présence d'Olivier Pastré, de Patrick Artus et de Claude Le Pen qui apparaissent sur les deux livres. Est-ce suffisant pour créer une piste ?    
  


                     Etes-vous de droite ou de gauche de Laurent CALD aux éditions Max Milo, 18 euros.
Cette fois-ci, il s'agit de connaître clairement sa position politique et cela n'est pas toujours simple. Le Politest, lancé par l'auteur sur Internet, a été visité par deux millions de personnes soucieuses de mieux se définir sur le curseur droite/gauche. Le livre reprend en partie les questions posées sur le site. Vous saurez donc mieux où ira votre prochain bulletin de vote à la fin du test, qui peut paraître de prime abord assez complexe à l'image de la politique actuelle, mais qui comporte des questions aussi simples que le fait de se rendre à son bureau de vote.



Parlez-vous le politique ? de Pascale Wattier & Olivier Picard aux éditions Chifflet & cie, 14,95 euros.
Petites phrases, petites phrases... Elles laissent beaucoup de traces. Les politiques sont d'abord des orateurs. Aujourd'hui il faut penser de plus en plus sérieusement au vocabulaire employé par ces personnes. 1 000 citations toutes tendances confondues sont finement décryptées, un mode d'emploi souvent drôle pour émerger dans le maelström de l'actualité. Le sommaire de ce livre vaut à lui seul un programme : La platitude, un savoir-faire; Comment ne pas se mouiller, le vrai-faux compliment; Pourquoi faire simple quand on peut tout complexifier etc. 






  





                                                                         

Jean-Claude BARTOLL

Mossad, opération spéciales :T1, La taupe de l'Elysée

T.2, L'otage de Damas 

de Jean-Claude BARTOLL et Pierpaolo ROVERO
aux éditions Jungle, 11.95 euros (chaque tome).


Si vous rencontrez un jour Jean-Claude Bartoll en promenade au bord du Bassin d'Arcachon (voici le lien de son blog personnel afin de mieux l'identifier http://bartoll.blogspot.com/), primo ne vous fiez-pas à son sourire, deusio ne tirez pas immédiatement, il est peut-être du bon côté...

Jean-Claude Bartoll est un scénariste pour l'essentiel de Bandes Dessinées. Les univers qu'il pénètre sont truffés de personnages que nous avons peu de chance de rencontrer. Ils sont au sommet de l'Etat ou bien en service télécommandé pour une organisation terroriste ou secrète. Toujours est-il que si "chez ces gens-là" (J. Brel) on ne s'embarrasse pas de supprimer un ennemi, il n'empêche que, vivants malgré tout dans un monde paralèlle, ces hommes et ces femmes si particuliers peuvent être pris dans des affaires de coeur ou de famille, ce qui ne va évidemment pas simplifier leur existence.

Mossad (puisque l'actualité de Jean-Claude Bartoll concerne la sortie de son deuxième tome), combine plusieurs évènements concomittants de Paris au désert syrien. Des agents israeliens jouent, en ces lieux, au chat et à la souris avec les autorités locales. Jean-Claude Bartoll en profite pour décrypter certains enjeux politico-militaires où la tension est extrême. Elle rythme le fil narratif de l'histoire qu'il serait vain de résumer car cela équivaudrait à vous parler, sans exagération, des aventures d'Indiana Jones! Les dessins de l'illustrateur Rovero assignent en plus à chaque personnage une détermination en parfaite adéquation avec le monde des services secrets.

Jean-Claude Bartoll donc, qui peut surgir à tout moment dans les rues d'Arcachon, est un auteur très actif. On tremble d'effroi à l'idée qu'il poursuit actuellement une série intitulée 9/11 (tome 4 annoncé en avril 2012). Merci Jean-Claude de nous rassurer sur le monde comme il va !

La ligne de courtoisie de Nicolas FARGUES

La ligne de courtoisie de Nicolas FARGUES aux éditions P.O.L. 15.00 euros.


Nicolas Fargues est apparu dans le paysage du roman français avec la faculté  déconcertante d'évoquer des voyages possédés par l'ennui et la lassitude. Le tour du propriétaire avait donné le ton en s'en prenant aux jeunes occidentaux qui problématisaient   leur existence dorée sur des plages indonésiennes de sable fin. Rade Terminus et  One Man Show continuèrent de rapporter des nouvelles de la planète via Madagascar, le Canada et les Etats-Unis. Nicolas Fargues écrit avec style les errances contemporaines de l'écrivain voyageur, et pour cela, il doit beaucoup à Nicolas Bouvier.
Dans La ligne de courtoisie, la décision est prise de partir à Pondichéry. Cela ne constitue en rien une aventure mais plutôt une stratégie de repli car ce roman peut se résumer par la scrupuleuse description d'un homme déchu. Chacune des situations relatées, que ce soit avec sa petite amie, son fils ou son éditeur - car nous avons affaire à un ancien auteur de best-sellers -, est une mésaventure supplémentaire pour un homme pourtant pétri de bonnes intentions. Nicolas Fargues sauvera-t-il son homme sur les bords de l'océan indien ?
Si l'écriture demande un certain effort par la précision extrême du vocabulaire utilisé que l'on peut juger précieux, les portraits sonnent justes et le désarroi ambiant prête à sourire. Nicolas Fargues va juste assez loin pour ne pas expédier son personnage définitivement du côté de Tom Sharpe. Le charme français sans aucun doute.

TVBA nous suit et nous sommes contents !

Pour mieux connaître nos intervenants polars, rendez-vous sur le compte-rendu de la télévision du bassin d'Arcachon : http://www.tvba.fr/cultureevenements/une-rencontre-polars.html

Hervé Le Corre & Olivier Pene reviendront en mars. Comptez-sur nous pour vous le rappeler !

samedi 28 janvier 2012

L'éclaircie de Philippe SOLLERS

L'éclaircie de Philippe SOLLERS aux éditions Gallimard, 17,90 euros.


Philippe Sollers est un écrivain bordelais, il est toujours bon de le rappeler. Et d'ailleurs Sollers lui-même se charge de nous dire la fierté de ses années bordelaises, de la beauté de Bordeaux, quitte à convoquer Stendhal qui hissa la ville très haut dans son appréciation des villes françaises. Sollers donc aborde L'éclaircie par un vif retour sur lui-même, sur son enfance à l'ombre d'un cèdre régnant dans le parc de sa maison talençaise. Dans ce parc, la soeur de Philippe Sollers, dénommée Anne, jouait avec lui. Une soeur plus grande dont la vie se révèle peu à peu dans les souvenirs de son frère mais aussi dans l'amour qu'il lui portait, un amour quasi charnel. Cela, Sollers l'écrit désormais car sa soeur est morte. En une page pudique et sombre il écrit ce départ qui va lancer son livre car le noyau central qu'est l'évocation d'Anne, soeur et amante manquée, est placé entre deux lignes qui sont directrices. L'une s'appellent Manet, l'autre Picasso. Lignes droites et parallèles mais non continues. Les deux génies picturaux vont être travaillés par Philippe Sollers dans la prépondérance de l'univers féminin qui les constitue. Des muses, des maîtresses et des soeurs...
Enfin, cette architecture imaginaire est traversée, "transversée", par une ligne ferme et maintenue contenant Casanova, marotte absolue de l'écrivain, Lucy, femme de mystères et Sollers lui-même, l'heureux homme de la rue du Bac qui dans un studio de circonstance attend régulièrement les quelques heures d'amour et de conversation  passées avec Lucy.
Le décor et les personnages bien fixés, le théâtre sollersien s'anime. Il peut-être déroutant par la rapidité d'éxécution des scènes mais demeure précis, sûr et déterminé. L'écriture de Philippe Sollers est, depuis longtemps, une forme mouvante, adaptée et adaptable au flux contemporain. Ainsi peut-on en apprendre beaucoup sur le microcosme parisien que Sollers, souterrainement, visite en observateur privilégié. Le roman, lui, est ailleurs puisqu'il s'agit d'un roman. Manet et Picasso en sont les protagonistes. L'art en est le sujet et l'amour, la quête ultime. A l'arrière, devant, partout, Sollers tire les ficelles: il ordonne, distribue, administre, couve ses personnages tel un Gepetto fasciné par sa marionnette. Ainsi nous avons droit à une représentation qui, bien mieux qu'un spectacle, nous instruit de ce que le maître des lieux veux bien nous apprendre.