vendredi 4 juin 2021

Miracle à la combe aux Aspics d’Ante TOMIC

Miracle à la combe aux Aspics d’Ante TOMIC aux éditions Noir sur Blanc, 18 Euros.

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- C’était bon. Un risotto aux courgettes en entrée, du civet de chevreuil avec des gnocchis, puis deux parts de gâteau au chocolat en dessert, dit-il le lundi suivant après le dîner, se tapant le ventre. Et vous, qu’est-ce que vous avez mangé ?

- De la polenta à la noix de coco, répondit Domagoj mélancolique.

- Oh, c’est bon, ça aussi déclara son frère aîné.

                                 

                                  *


Le lendemain, il sortit de la maison, un cure-dent à la bouche.

- Une soupe aux cèpes, puis un steak au poivre vert. J’ai tellement mangé que je n’ai pris qu’une seule île flottante.

Et vous, qu’est-ce que vous avez eu de bon ?

- De la polenta au Ketchup, se plaignit Branimir, rembruni.

- Ah, si j’avais su, je serai venu dîner chez vous, soupira Kreso.


                                 *


- Aujourd’hui, Lovorka n’avait pas la tête à la cuisine, expliqua t-il mercredi, relevant la ceinture. Aubergines farcies, côtelettes d’agneau, pommes de terre sautées et tartes aux cerises. Qu’est-ce que vous avez mangé ?

- De la polenta au caramel.

- Bon sang, Jozo vous nourrit bien, connut Kresimir.


                                 *


- J’ignorais que la langue de boeuf aux câpres était si bonne, avoua-t-il jeudi, en sourdine. Et vous, qu’est-ce vous avez eu à dîner ?

- De la polenta aux cacahuètes.

- Bon Dieu ! S’extasia Kreso.


                                 *


- Vendredi, c’est maigre, on a dîné plus léger, dit-il tristement. Soupe aux crevettes, bar en croûte de sel, bette à l’huile d’olive et pudding. Vous avez mangé quelque chose de plus consistant ?

- De la polenta, chuchota Zvonimr, affamé.

- A quoi ? Demanda Kreso.

- A rien ! Répondit Domagoj, éclatant en sanglots.


                                 *


Chez les Aspic - on l’aura compris - il y a scission. 
D’un côté celui qui, héroïquement, est parvenu à retrouver la femme de sa vie au bout de quinze années de séparation. 
De l’autre, les irréductibles de la combe qui séquestrent deux employés de la compagnie électrique. Ceux-là comme les autres (les Aspic fils) subissent la loi du père qui, armé jusqu’aux dents, s'attaque à quiconque pénétrerait le territoire sacré des Aspic. 
C'est donc une femme qui parvient à ouvrir une faille dans ce monde absurdement protégé de l'improbable lieu qu’est cette combe des aspic où nul ne se risque. Or, les Aspic ont envisagé d’y construire leur maison. Mais dans ce roman qui emprunte à la fable sous couvert d'un roman policier, tout est possible. Ante Tomic est un moraliste qui a l'art suprême et jubilatoire de faire rire son lecteur. 

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