vendredi 11 juin 2021

L'homme qui aimait les îles de D.H Lawrence

L'homme qui aimait les îles de D.H Lawrence, éditions de l'Arbre Vengeur, collection L'arbuste véhément. Traduit de l'anglais par Catherine Delavallade. 6,50 euros

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Tout commence dans un cadre idyllique, de ceux que nous recherchons pour nous épanouir dans la tranquillité et nous perdre dans l'horizon : une île paradisiaque :

Au début du printemps, les prunelliers couvraient les petits chemins et les petites clairières d'un manteau neigeux donc le blanc éclatait dans le calme celtique des plaques de rochers verts et gris, et les merles lançaient dans cette blancheur leurs premiers longs cris triomphants. Aux prunelliers et aux tapis de primevères succédaient les jacinthes bleues, formant des lacs féeriques et des voiles de bleu qui ondulaient entre les buissons et dans les clairières. Vous pouviez même surprendre de nombreux oiseaux dans leurs nids, sur cette île toute à vous. Quelle merveille, que ce monde fût si grand !

Un monde grand et rien qu'à soi. Un monde dans lequel l'espace-temps s'étire tellement que l'homme au milieu se perd. Cet insulaire, tardivement nommé "Cathcart" par D.H Lawrence, possède et aime les îles. On sait par la structure de ce petit roman qu'il y en aura trois. Ce qui laisse présager que les deux premières ne sont finalement pas à son goût. Pour quelle raison? Tout le mystère et la subtilité de ce texte font de ce personnage un être inquiet et inquiétant. Si nous avions une île, voudrions-nous nous entourer de proches, d'inconnus? Cherchons nous la tranquillité permanente ou avons-nous besoin des autres? La nature si apaisante de prime abord devient pour l'insulaire puissante voire violente. Nous retrouvons par cet aspect l'auteur de L'amant de Lady Chatterley, véritable chef d'oeuvre, dans lequel la nature exacerbe les sentiments de deux amants.

En quelques pages, l'auteur anglais dresse le portrait d'un homme prisonnier de lui-même, de plus en plus vide et insensible. Sa quête permanente d'isolement se heurte aux frontières de toute présence humaine et naturelle, questionnant ainsi à merveille la société contemporaine. Une fable à lire et relire pour découvrir à chaque fois un aspect qui nous a échappé.


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