vendredi 18 juin 2021

Mon album Platini, Génération Séville 82 de Sylvain VENAYRE

Mon album Platini, Génération Séville 82 de Sylvain VENAYRE, Christopher et Mathilda aux éditions Delcourt, 21,90 Euros.


Qui a dit que la Bande dessinée était une affaire de gosse, qui plus est quand elle parlait de foot ?
Celle-ci ou celui-ci avait parfaitement raison.

Mon album Platini est bel et bien une affaire d’enfant ou plutôt d’enfance revue par un personnage (l’auteur) devenu adulte. Et nous voici donc à nouveau plongé dans l’épique épisode du match France - RFA de 1982, du moins en grande partie. 

Michel Platini en est cette fois le héros ou le témoin convoqué pour donner sa version des faits. Mais avant cela, il y a le plus triste encore épisode du match de 1985 dit le « le drame du Heysel ». Ce soir là Platini offrit sur penalty la Coupe d’Europe des Champions à la Juventus de Turin face au Liverpool FC. Bien au-delà du score, on déplora la mort de plus de trente personnes côté italien en raison de la sauvagerie des hooligans anglais et de la vétusté des tribunes qui cédèrent sous la poussée de la foule fuyant les charges des voyous de Liverpool. Platini dira platement que celui qui n’a jamais marqué de but dans sa vie ne peut comprendre la joie éprouvée au moment de celui-ci. 

Michel Platini n’est pas le seul à être convoqué pour cette séance non pas d'un tribunal mais d’une analyse aux apparences psychanalytiques puisque Sigmund Freud en personne apparaît tel un néophyte du foot à qui on doit donner quelques explications sur les mœurs du football. 
L’auteur lui-même accompagné de son double, une réplique de lui-même en 1982 quand il avait 12 ans se charge de lui apprendre les règles du jeu vite comprises par le psychanalyste et promptement décryptées comme s'il s'agissait d'un exercice somme toute distrayant.

Cependant, qu’est-ce que le foot peut bien apporter à tous ces gens ivres de victoires qui s’entassent dans les stades ou derrière les écrans de télévisions ? Le débat s'engage à la relecture des événements du fameux match de Séville auquel viennent s’ajouter Thierry Roland ressuscité d’entre les morts ainsi que Michel Hidalgo. Le premier commenta le match pour la télévision française tandis que l’autre avait sélectionné ladite équipe de France avec Platini comme joueur star. Voilà beaucoup de monde pour parler avec passion de ce que l’on a très vite appelé « Le match du siècle ».

Contrairement aux Fantômes de Séville* qui relatait le match en essayant d'y trouver une explication finale, Mon album Platini s'intellectualise, historicise. De Platini à Hidalgo en passant par Thierry Roland  un dialogue s'instaure ponctué par l’histoire personnelle de l’auteur et celle bien plus détachée de Sigmund Freud. S’il fallait donner une raison esthétique à l’intérêt de cette Bande Dessinée, elle passerait par la beauté et la subtilité du dessin. Un sourcillement de Platini, une moue de Thierry Rolland, un regard illuminé de Freud captivent autant que la narration de Sylvain Venayre. Mais cette narration demeure malgré tout primordiale. Elle relate le drame vécu enfant par l’auteur. Un fait qui sous-tend tout l'ensemble du propos et engage une réflexion profonde sur le sens de la vie. 

Christian Venayre appuie sa thèse sur le football comme une affaire sérieuse qui ne peut être traitée que par des gens sérieux (comme lui)  à condition d'être toujours porteur de l'enfant qui demeure en eux susceptible de juger les adultes qu’ils sont devenus. Tout est là.



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