samedi 31 mars 2018


Casting sauvage Hubert Haddad éditions Zulma


Ancienne danseuse professionnelle, Damya a été touchée au genou par une balle, un certain 13 novembre 2015, alors qu'elle buvait un verre à la terrasse d'un café.
Depuis, elle ne danse plus, mais ne s'enferme pas dans le regret. Restée dans le milieu artistique, dans le cinéma en particulier, elle est chargée de "recruter" une centaine de figurants qui joueront le rôle de déportés de retour des camps en 1945. 
En plein Paris, Damya se lance à la rencontre de personnes fragiles, en marge, affaiblies ou isolées pour leur proposer ce rôle de figurant, qui pour certains représente une chance inouïe d'être reconnus et de donner un sens à leur vie. Lors de ce "casting sauvage", Damya en réalité se cherche elle-même, et se perd dans cette quête du figurant, personnage maigre, silencieux et au visage affecté. Qui est-elle pour recruter de tels acteurs?

"Paris regorgeait d'exilés que personne n'attendait nulle part. Ils allaient innombrables, hommes et femmes pour tous invisibles, n'espérant rien que la miséricorde des rues. Certains se cachaient si bien au sein des foules que l'antique faucheuse eût pu les y cueillir en toute discrétion. D'autres au contraire les fuyaient, ne pouvant assumer la moindre attention, serait-ce d'un enfant ou d'un chien."

Avec une poésie et un style incroyable, Hubert Haddad livre un portrait de Paris à la fois magnifique et désolant. Ses personnages sont tantôt mélancoliques tantôt stimulants. Les phrases s'entrechoquent dans un style qui donne à ce roman une belle voix engagée pour le monde artistique, ses qualités et ses failles.


L'infini voyage de Sachie Hattori, éditions Le lézard noir,15



Vous serez curieux d'apprendre dans cet album le voyage que vous avez fait avant de naître. Un voyage incroyable et infini, que vous avez entrepris avec d'autres petits êtres comme vous, tout juste mobiles dans le ventre de vos mères. Un voyage sans peurs, sans colères, une épopée pure et remplie de confiance en l'avenir.
Le dessin bucolique de Sachie Hattori nous montre qu'avant même de venir au monde nous étions déjà des êtres courageux, conscients que la vie n'allait pas être facile pour tous mais que nous tenterions de l'accepter du mieux que nous pouvons.
L'infini voyage est une jolie découverte des éditions Le lézard noir, excellente maison que nous affectionnons particulièrement à La Librairie Générale. Si vous ne connaissez pas encore, c'est le moment se vous dépayser et de découvrir des parutions en BD, jeunesse et Manga, créations originales venues d'Asie, autant de coups de cœur que nous sommes fiers de soutenir.
C'est l'occasion de vous annoncer la prochaine manifestation de la librairie: les 48h de la BD! Le week-end prochain, les 6 et 7 avril, la bande dessinée sera mise à l'honneur dans nos murs, avec une sélection de Bandes Dessinées à prix réduit. Pour plus d'informations, consulter ce lien: http://www.48hbd.com/librairie/la-librairie-generale/



vendredi 23 mars 2018

Invitation à déguster une boisson chaude pour clôturer l'hiver et célébrer le printemps!







Pour les amatrices et les amateurs,



Vendredi 30 mars, La Librairie Générale clôture son cycle de dégustations avec la Torréfaction d'Arcachon.

Dès 10 heures venez découvrir la boisson (chaude) offerte à toute personne effectuant un achat à la librairie.

Une invitation pensée sous le signe de l'amitié qui nous lie aux bienveillants officiants de cette institution de qualité.










L'interprétation sociologique des rêves de Bernard Lahire, éditions La Découverte, 25

S’endormir et rêver : personne ne peut échapper au «gardien du sommeil» comme le qualifiait joliment Sigmund Freud. D’ailleurs, le rêve est souvent interprété comme un espace de liberté pour l’individu parce qu’il se déroule en dehors de toute interaction sociale, la rêveuse ou le rêveur pouvant alors laisser voguer son imagination sans contrainte… Cette interprétation du rêve est mise en question par le sociologue Bernard Lahire dans son dernier ouvrage passionnant L’interprétation sociologique des rêves. Par une analyse rigoureuse et limpide, B. Lahire revisite les théories sur les rêves (sociologiques, mais aussi psychologiques, neurobiologiques ou encore psychanalytiques) pour penser un programme scientifique des rêves.
Par son raisonnement implacable et nourri de références, B. Lahire nous montre que le rêve est finalement la continuation de notre vie éveillée par la mobilisation d’un autre langage. Aussi, le rôle du sociologue est de mettre à jour les dispositions enfouies au plus profond des individus et de tenter d’identifier les évènements qui, dans leur vie éveillée, vont déclencher leurs rêves nocturnes. Après la lecture de cet ouvrage, une chose est sûre : on ne peut plus jamais rêver comme avant…
Ceux qui me restent, Damien Marie et Laurent Bonneau, éditions Grand angle, 21.90

Florent est un personnage de bande dessinée fascinant: taciturne, énigmatique et porteur d'un lourd fardeau qui l'empêche d'être heureux. Ayant perdu sa femme très jeune, il a élevé sa petit Lilie comme il a pu, ou comme il a "bien voulu", selon elle. 
Entre souvenirs heureux et drames, la vie de Florent oscille entre deux époques, celle de ses premiers pas de père veuf, et celle de ses vieux jours, enfermé dans un hôpital. On comprend très vite que la maladie s'est emparée de lui à mesure que sa fille a grandi. Aujourd'hui, Lilie est adulte et rend visite régulièrement à son père, pour entretenir un lien auquel elle croit coûte que coûte.
Son père ne la reconnait plus, appelle une petite Lilie qui pour lui est encore une enfant, et non cette jolie jeune femme qui se trouve face à lui. Ses phrases sont confuses, ses mots se font aussi flous que ses souvenirs...
Les gros plans sur les visages meurtris par la vie font de cette bande dessinée un formidable témoignage sur Alzheimer, avec comme lueur d'espoir la persévérance, le courage et le soutien des proches. On termine la lecture de ces planches très émus, avec l'envie de cueillir chaque moment de notre quotidien.



Chefs, tome 3: Stars de la cuisine, éditions Play Bac, 10.90

J'ai énormément aimé ce livre surtout que j'aimerais être cuisinière plus tard, mais nous ne sommes pas là pour parler de moi, mais du livre (surtout que je suis bavarde)...
Les personnages de ce roman sont bien dessinés !
Stars de la cuisine fait un peu allusion à Top Chef et l'écrivain a de l'imagination pour trouver l'idée de l'épreuve .
Suzette est un peu tête en l'air ... Honoré est scientifique. César, quand il peut en placer une, il le fait sans hésitation (ou presque). Asal est un stressé de service. Mandoline est magnifique et, à entendre ce que dit Suzette au début de l'histoire, elle est très forte en cuisine (comme tout les personnages du groupe)...
Je n'imaginais pas une seconde que l'ange gardien était la personne qu'elle est ...
Je trouve que c'est important de mettre les personnages de l'histoire au début du livre !
Ce que je n'ai pas aimé c'est que les personnages parlent en parallèle .
Et j'ai trouvé qu'il n'y avait pas assez de péripéties dans le roman ...
10/10
Anouk Calas, Cm2

Les uns , les autres : Martin PAGE

Les uns , les autres de Nathalie AZOULAI, Patrick BESSON, Arnaud CATHRINE, Emmanuelle DELACOMPTEE; Jean-Michel DELACOMPTEE, Jean-Paul ENTHOVEN, Yves HARTE, Cécile LADJALI, Franck MAUBERT, Céline MINARD, Eric NAULLEAU, Martin PAGE aux éditions Robert LAFFONT 17 euros.

Ce livre dont les bénéfices iront au Secours populaire français est le fruit d’une collaboration entre l’Hôtel Ville d’Hiver, La Librairie Générale et les éditions Robert Laffont. 

Le principe que nous avions initié avec les éditions bordelaises Bijoux de Famille s’est affermi cette année avec la participation des éditions Robert Laffont. Les douze auteurs invités à séjourner en résidence à l’Hôtel Ville d’Hiver ont chacun accepté de rédiger une histoire qui mettrait en scène une personnalité artistique, certes disparue mais dont l’œuvre continue d’inspirer et invite, si besoin était, à ajuster notre culture. 

Chaque semaine, nous vous proposons un morceau choisi des douze nouvelles censé rendre hommage au talent des auteurs qui ont su admirablement répondre au jeu auquel on les conviait.


Cette semaine : Martin PAGE

Romain Gary à Mesquer


On descend à La Baule, qui est une bonne ville pour traîner avec un cadavre. Un taxi nous transporte sur une côte plus sauvage et moins pourrie par les conseillers fiscaux : Mesquer.
Je tire le cercueil sur la plage, face à l'océan sur le sable et les algues. La marée monte peu à peu. Le soleil se lève. J'ai bien fait d'emporter un manteau.
Maintenant : ouvrir le cercueil. Il n'y pas de serrure, pas de bouton. C'est clos de manière à ne pas pouvoir être aisément ouvert. Les concepteurs de cercueils ne sont pas des êtres optimistes.
Je regarde autour de moi. Une coquille d'huître morte. Ça marche. Je l'ouvre en grand. Je ne m'attendais pas à une telle odeur. Je recule d'un bon mètre et je détourne la tête. Ça sent l'orange aux clous de girofle. L'odeur est forte et émouvante.
Les vagues s'écrasent sur le sable une centaine de mètres plus bas. Un couple se promène en se tenant la main.
Je me rappelle un cours de biologie : le corps est constitué à soixante pour cent d'eau. Il y a une amitié des corps pour l'océan, c'est certain. Gary et moi ne sommes pas ici par hasard.
Je me penche sur le cercueil.
Ses yeux sont fermés. Je craignais que sa blessure soit impressionnante, mais ça va, il a été recousu.
Et maintenant qu'est-ce que je suis censé faire ? Je ne vais pas parler à un être inanimé, ça me rappelle trop les cocktails littéraires.
Une formule incantatoire. Il me faut une formule incantatoire.
Les formules magiques sont là, disponibles, personne ne les voit, elles sont légion. Les phrases de tous les jours réveillent les morts, font exploser les cœurs, déclenchent des guerres, mettent des corrompus en prison, envoient des fusées dans le ciel. La langue ravage et construit des mondes. Ce qui compte c'est l'intention, et ça tombe bien je suis chargé en intention.
Je dis : "Romain Gary, réveille-toi d'entre les morts et accepte de discuter avec moi, abracadabra !" d'abord doucement, puis de plus en plus fort. Je lève mes mains au-dessus de ma tête pour tenir le soleil entre mes doigts. Je scande ma phrase vingt et une fois, comme le veut ma religion intime et secrète.
Je m'arrête, essoufflé. Rien ne se passe. Un instant, je pense : "Et si Romain Gary et moi ne nous entendions pas ?" Nous sommes très différents. J'ai peur qu'il soit arrogant et pas très sympa. Il a été diplomate, après tout.
Je m'assois sur le sable. C'est raté. L'occasion d'avoir une discussion avec quelqu'un se solde à nouveau par un échec. Je n'arrive à rien, ni avec les vivants, ni avec les morts.
Le bruit d'un tissu, un frottement. Je redresse la tête. Des doigts apparaissent sur le rebord du cercueil, puis des cheveux, le bout d'un crâne, un visage complet. Romain Gary se lève. Je l'imite. Il regarde l'océan et se passe la main dans les cheveux.
"J'ai soif."

vendredi 16 mars 2018

L'Archipel du Chien, Philippe Claudel, éditions Stock, 19.50

 
Dans le dernier roman de Philippe Claudel tout élément est évoqué, raconté, mais jamais nommé.

Le lieu tout d'abord: "Une île quelconque. Ni grande ni belle. Guère éloignée du pays dont elle dépend mais qui en est oubliée, et proche d'un autre continent que celui auquel elle appartient, mais qu'elle ignore". On peut imaginer que, dans un tel endroit, tout peut arriver. Ou rien du tout, voilà bien le sujet de ce livre: quand arrive le pire, un matin, on fait en sorte de le rendre à néant, lorsque trois corps s'échouent sur une plage de l'île, les protagonistes – jamais nommés- s'empressent en effet de les enfouir sous terre.
Mais voilà, sur cette île, la terre n'est pas comme ailleurs: un volcan endormi gronde de temps à autre, le sol est fait de lave qui assèche le paysage, rend les saisons hostiles.
Revenons à ces personnes: le maire, la Vieille (l'ancienne institutrice de l'île), l'Instituteur (le nouveau), Amérique (l'homme à tout faire), le Spadon (pêcheur d'espadons), et le docteur. Tous sont, ce matin là, témoins gênés de ces trois corps noirs, qui viennent d'on ne sait où, mais dont on sait pertinemment l'origine ou du moins le motif de leur fuite, de leur épopée, et de leur mort.

La vie de ces témoins bascule ce matin là. Bouleversé, l'instituteur fera tout pour rendre justice à ces trois cadavres. Les autres, au contraire, rentrent à la perfection dans leur rôle, celui qui les définit et qui les incite à ne pas sortir du moule, ne pas faire de remous pour ne pas perturber la routine et les traditions de l'île, et donc à la protéger des regards, de l'étranger et de l'inconnu.

Le lecteur est donc balancé entre réalité -nous faisons très vite le lien avec la crise des migrants- et fiction romanesque écrite de main de maître. Nous retrouvons un suspense digne des meilleurs romans noirs, une mise en scène qui pourrait s'apparenter à du théâtre, et nous mettons un pied dans nos vies quotidiennes. Tous ces éléments font de ce roman un grand moment de lecture, qui reste en nous précieusement.
Le monde de Zhou Zhou de Golo Zhao et Bayue Chang'an, éditions Casterman, 17



Article de blog écrit par Anouk Calas


"Cette série de BD est super ! L'histoire est émouvante et ZhouZhou est amusante ...
J'ai trouvé que c'était quand même triste et que c'était un peu dur à comprendre surtout quand l'auteur mélange rêve et réalité.
La maman de ZhouZhou est très belle mais elle ne s'occupe pas assez de sa fille et les cousines de ZhouZhou ne sont pas très gentilles avec elle .
Je n'ai pas aimé le moment où le garçon l'insulte violemment.
ZhouZhou a la vie rude mais elle s'en sort toujours très bien .
La fin est superbe avec le coucher du soleil !
Les dessins sont magnifiques . Je conseille ce livre à ceux qui ont plus de 9 ans ."
Note : 9 /10 
Anouk
Foot-Mouton, Pablo Albo et Guridi, éditions Didier Jeunesse, 13,10


Vous le savez, la coupe du monde de football a lieu en juin. La bande de moutons du livre Foot-mouton, de Pablo Albo et Guridi, n'a pas attendu jusque là pour faire du ballon rond une véritable fête!
Ils sont nombreux: exactement soixante et onze moutons.  Que faire quand il y autant de laine sur patte dans quelques dizaines de mètre carré? Deux équipes de trente-cinq moutons footeux, et un arbitre pour aiguiller tout ça!
On ne vous dira pas comment l'idée leur est venue.Si vous avez l'habitude de compter les moutons avant de vous endormir, imaginez-les désormais avec un ballon aux pattes, prêts à aller marquer le but de leur vie!
Bien sûr, rien ne se passe comme prévu. Le ballon coincé dans un arbre amène les moutons à se creuser les méninges pour l'en sortir (qui a dit que les moutons étaient bêtes?). Et tous les moyens sont bons pour arriver à s'amuser. Jusqu'à ce que...l'ennemi de toujours perturbe leurs tentatives de rompre l'ennui par le sport.

Les moutons, maudits, vont-ils arriver à contourner leur triste sort?
La lecture de cet album est un éclat de rire à partager avec nos tout petits!