dimanche 20 décembre 2020

ZOF 1945 de Jean-Christophe BERTHAIN

ZOF 1945 de Jean-Christophe BERTHAIN aux éditions du Cherche-Midi, 18 Euros.

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A partir de 1945 et la chute d’Hitler, la France fit partie des forces militaires qui occupèrent l’Allemagne vaincue. Une forme de réplique, pour les français, de l’occupation subie quatre années avant que la tendance ne s’inverse. 

Les Etats-Unis, l’URSS et la Grande-Bretagne étaient les trois autres puissances à s’être partagées  le pays. Une carte du partage effectué inaugure ZOF 1945, curieux roman d’une curieuse époque. 

La France gaullienne s’était donc invitée à la table des vainqueurs et avait pris ses quartiers dans un territoire proche de ses frontières : la Sarre et le Palatinat. Baden-Baden en était  la capitale administrative.

C’est en ce lieu que l’auteur dépêche un certain Valenton, personnage débusqué à Londres où il s’était rallié au Général De Gaulle et qui après un bref passage parisien est missionné dans une contrée où les débris encore brûlants de la Deuxième Guerre mondiale empuantissent l’atmosphère. 

Valenton fort de son expérience militaire observe les événements, l’arme toujours prête à servir car beaucoup sont ceux qui continuent malgré l’armistice à régler leurs comptes avec les Allemands. 

ZOF 1945 a cette vivacité étonnante que lui impulse Jean-Christophe Berthain, qui réussit le  pari de faire revivre la turbulence du moment où chaque jour est propice à une aventure toujours plus confondante que la précédente. 

Chaque figure rencontrée par Valenton incarne une problématique qu’il faut essayer de comprendre à défaut d’en partager l’opinion ou l’action. 

Baden-Baden est bien un moment d’Histoire où les cartes sont encore brouillées, l’esprit vengeur du nouvel occupant difficilement maîtrisable, la chasse aux nazis tout aussi complexe car comment discerner l’Allemand victime de l’Allemand bourreau ? 

La réussite de ZOF 1945 tient à la flamboyance de ses dialogues parfois choquants, quelques fois drôles mais toujours crédibles. Jean-Christophe Berthain s’est assurément beaucoup documenté sur les excès et les atrocités commises à leur tour par des Français envers leur ennemi. L’auteur a le tact de ne pas en faire une démonstration trop lourde mais il ne cache rien pour autant, quitte à dresser un saisissant portrait d’hommes et de femmes que la guerre n’a pas laissés indemnes. 

Ces personnages « historiques » sont encore en prise avec la guerre, il faudra beaucoup de temps pour les apaiser, peut-être n’y parviendront-ils jamais, peut-être sont-ils incapables de revenir à une vie normale et peut-être enfin n’est-ce pas au final ce qu’ils souhaitent. Ces militaires ou autres hommes d’armes prêts à donner encore un « coup de main » apparaissent d’abord comme des aventuriers, des hommes à la recherche de sensations. L’ombre du Général De Gaulle plane sans cesse sur ZOF 1945, son apparition vers la fin du livre  lui octroie le statut d’homme politique qu’il est en passe de devenir. Valenton quant à lui, se distingue de tous ces baroudeurs lorsque l’on apprend la réalité de son histoire familiale, on quitte dès lors le décorum de Baden-Baden pour la monstrueuse révélation des camps de concentration. ZOF 1945 ne s’en approche qu’à pas comptés car le livre aurait sinon pris un tout autre visage.

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