Redrum de Jean-Pierre Ohl aux éditions de l'Arbre vengeur, 15 euros.
C’est un homme qui s’embarque sur le navire qui fait la liaison entre le continent et l’île qu’il décrit parée de mystères, où il se rend débarrassé de toute illusion. Peu importe l’étrangeté des conditions qui l’amènent, peu importe l’homme qui l’invite sur ce lieu perdu, peu importe qu’il connaisse les autres invités qui sont comme lui des érudits du cinéma.
C’est un temps éloigné où l’homme détient un nouveau pouvoir que lui confèrent des machines. Un pouvoir qui permet d’illusionner ses semblables et, s’ils le souhaitent, de les aider à continuer de paraître au regard du monde bien après leur mort. Cela s’appelle une sauvegarde.
Ainsi notre homme s’habitue à croiser les parfaites re(p)liques de grands acteurs disparus. Cary, Humphrey, Marilyn, B.B, Gene et Ava hantent les lieux en tant que serviteurs et les invités en disposent selon leur préférence.
Notre homme est un habitué de ces rencontres de cinéphiles lui-même ayant écrit un brillant essai sur l’œuvre de Stanley Kubrick.
Ce conglomérat de doux hurluberlus frappés de cinéma attendent dans leur bungalow que le maître des lieux daigne apparaître et leur fasse révélation des incroyables expériences qu’il a conçu à l’intérieur d’un bâtiment en forme d’œuf…
Jean-Pierre Ohl détient l’indéniable talent de harponner ses lecteurs à une histoire qui se joue de la passion pour le cinéma et des codes qui l’engendrent dans une atmosphère ludique et mélancolique.
C’est par l’oracle d’une fin du monde maintenue à distance que l’île protège ses habitants et abrite des rêves prodigieux. Redrum représente une clef qui pourrait aussi s’appeler Tsimtsoum… Redrum est l’une des nombreuses références à l’art cinématographique. Son projet porte une somme d’interrogations que Jean-Pierre Ohl, en romancier, semble être le seul à énoncer.
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