Lame de fond de Linda Le aux éditions Christian Bourgois, 17 euros.
Linda Lê, à sa façon, hante la littérature française depuis une vingtaine d'années, surgissant çà et là au gré de quelques rentrées littéraires et indéniablement liée à son éditeur historique Christian Bourgois.
Ainsi Lame de fond n'entâche en rien cette carrière discrète mais opiniâtre où l'oeuvre se trame de livre en livre jusqu'au jour où l'on distinguera l'ensemble pour sa cohérence et la belle qualité de son écriture.
Lame de fond entreprend de parcourir la vie d'un homme, dont on sait d'emblée que celle-ci vient de prendre fin malencontreusement sur un boulevard parisien, renversé par une voiture conduite par sa propre femme. Cet homme s'appelait Van. Il nous informe lui-même de sa mort et des personnes venues assister à son enterrement. A part ça, Van semble aller bien, il se sent un peu seul et se désole d'avoir perdu contact avec les trois femmes de sa vie, sa femme, bien qu'elle lui ait plus ou moins volontairement ôté la vie, sa fille et sa maîtresse qui vont tour à tour enrichir le récit en livrant chacune leur version de la vie de Van. Ce sont trois fortes personnalités qui par le biais de leur journal intime, de confessions ou de séances psychanalytiques évoquent l'importance et le rôle de Van dans leur vie.
L'intérêt de ce roman procède de la variation stylistique, du point de vue des intervenants, de leur complexité, de leur déracinement. Van, bien sûr focalise toutes les problématiques. Correcteur aigri de maisons d'éditions dont il déplore les jeux faciles et séducteurs auprès d'auteurs jugés sans talent, homme cultivé au-delà de ce que la société produit et donc isolé et nostalgique, il attire néanmoins la curiosité de ceux qui l'approchent par ses attitudes revêches et parfois incompréhensibles.
Femme, fille, maîtresse parviendront à décrypter ses secrets tout en lui laissant le dernier mot qui se révèlera émouvant et surtout réconfortant.
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