Du fond des coquillages... de Charles DANEY* aux éditions Vents Salés, 18,50 euros.
Présenter Charles Daney lorsque l'on s'adresse à des arcachonnais est une tâche difficile voire insurmontable. Le présenter à des "estrangeys", terme affectionné avec l'ambiguïté de circonstance par les autochtones eux-mêmes selon Charles Daney, n'est pas chose aisée non plus tant le personnage a de multiples facettes.
Or voici que surgit de sa main un roman qui après maintes publications régionales sur Arcachon nous installe dans une maison de retraite bien évidemment arcachonnaise. Qui allons-nous rencontrer ? D'abord son nouveau pensionnaire dénommé Paul, propulsé dans un univers très particulier que ce dernier compare à un aquarium où l'on vit reclus certes mais avec une multitude de petites affaires propres aux gens d'un certain âge.
Paul est "visité" régulièrement par le narrateur du roman qui retranscrit les humeurs de ce retraité, ancien géographe qui dans l'urgence de son arrivée dans cette maison de retraite ne s'est muni que d'un seul livre, les Essais de Montaigne.
Très vite, Paul relatera à son visiteur les histoires d'Adèle qui réunit chaque jour autour d'elle une assemblée d'auditrices friandes de ses aventures de parisienne iconoclaste. Fiction ou réalité ? Paul saura avec la complicité de Marguerite, autre pensionnaire de la maison Sainte Appolline dont nous connaîtrons également l'émouvant parcours, le fin mot de l'histoire...
L'intrigue n'étant pas à proprement dit le ressort principal du roman, Charles Daney propose une lecture inattendue des événements de 68 dont on ne sait trop s'il s'en indigne ou se félicite. Plus tranchées sont les années de guerre et d'occupation sur le sol arcachonnais et de l'isolement de ses habitants.
Arcachon justement transparait peu à peu avec une certaine acidité quant à son histoire, ses transformations et sa population. Quelques citations de Montaigne sont là pour donner crédit à la philosophie de Paul, cet intellectuel égaré dans un milieu qu'il décortique avec les images d'une faune maritime.
Charles Daney s'est-il glissé quelque part ? En revanche, on le découvrira ou on le reconnaîtra à sa faculté de dresser de beaux portraits féminins. Adèle et Marguerite formant une seule et même femme "idéale".
* Charles Daney est le secrétaire perpétuel de l'Académie du Bassin d'Arcachon dont les membres seront majoritairement présents lors du Salon du livre du Moulleau intitulé "L'écrit, le livre et ses métiers" du 15 et 16 avril 2012.
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