« était une fille irrésistible » termine une phrase entamée page 182. Cette attaque franche et directe, immédiatement contrée, « Je ne la décrirai pas», a l'effet d'une douche froide adoucie aussitôt, « ou très peu », qui pourrait bien rendre dingue un lecteur attentif car Jean Rolin ne souhaitant pas se dérober donne de vraies raisons à son impossibilité à décrire : « le sentiment de trahir quelque chose ».
Aussi, s'en remet-il à l'intelligence et à la sensibilité de son lecteur, « il faudra par conséquent que le lecteur me croie sur parole et qu'il prête à Wendy, selon sa fantaisie, les traits que doit revêtir à ses yeux une fille irrésistible ». Beau travail, qui plus est, parfaitement conclu par une bienveillante reprise de contrôle de la narration, « sachant toutefois qu'elle a les cheveux châtains… ».
C'est par le biais d'un espion risible que Jean Rolin arpente les quartiers de Los Angeles, sans voiture, avec pour mission d'éviter un très éventuel enlèvement de la chanteuse Britney Spears.
Cette mission est régulièrement détournée de son but puisqu'il s'avère impossible d'approcher Britney Spears (même si l'on est connecté sur tous les sites people de la planète qui suivent en direct l'activité des stars), et que, ma foi, une « vague ressemblance avec Britney Spears » pourrait suffire à satisfaire un « désir, si impérieux qu'il fût », touchant et bien pratique.
Le degré d'intimité de cette relation au romantisme lucide, « Wendy elle-même était une pute, bien entendu… », s'effectue au coeur d'une Amérique de clichés qui constitue, au final, un regard très inédit, à hauteur d'homme (comme on dit), fidèle et précis au sujet d'une destination plus ou moins galvaudée.
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