De nos jours à Paris, un homme détient un scénario écrit de sa main qu’il se promet de présenter à un cinéaste américain. Pour cela il bénéficie du soutien d’un producteur français qui lui communique le numéro de téléphone de celui qu’il pense être le seul à pouvoir réaliser le film grandiose que l’homme prétend avoir écrit.
Cette trame prend une tournure très réelle à l’évocation de Michael Cimino dans le rôle du réalisateur convoité (et même rencontré) par ce scénariste ressemblant lui-même de très près à Yannick Haenel. Plus tard, Isabelle Huppert apparaît dans un restaurant et s’assoit à la table de notre écrivain. Ces effets renforcent ainsi une part artistique qui se tend vers les extrêmes et dont le personnage Haenel est habité. Son inspiration et, de ce fait, son travail situent celui-ci très en marge de notre société. Est-ce un état psychologique somme toute épisodique ou faut-il voir la condition de l’artiste aujourd’hui ? Haenel ne s’y attarde pas, plus important pour lui est la description hallucinée d’une dérive financière et matérielle ainsi que la retranscription des rencontres qu’elle engendre.
Tiens ferme ta couronne est aussi la croyance en des convictions, aussi fragiles soient-elles, qu'il s’agit de ne jamais abandonner. Mais, être submergé de dettes et jouer avec sa vie afin de mener à bien un projet (qui se déplace au fil du livre) d’une certaine façon ouvre un abime qui bien sûr illumine l'artiste et sert à l’intrigue du roman en tenant son lecteur en haleine sauf que la résurrection espérée ne procure que peu d'empathie tant les événements semblent vouer le personnage vers une issue fatale.
Tiens ferme ta couronne demeure cependant un livre qui, au delà des risques pris par son auteur, touche à des questions existentielles qui auront séduit les membres du Jury Médicis lui accordant son prix 2017.
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