vendredi 30 août 2019

Rencontre avec la Revue Le Citron


Le dernier grenadier du monde de Bakhtiar Ali, éditions Métailié, 22 euros.




Il s'agit d'une véritable quête, une épopée considérable. Et l'on peut dire cela à propos de l'histoire du livre, mais aussi au sujet de l'écriture même.
S'il est impossible de résumer Le dernier grenadier du monde, il est en revanche indispensable de parler du commencement : Mouzaffar Soubhdam a passé vingt-et-un ans en prison, et lorsqu'il en sort, il ne lui reste rien. Pas même son identité car on le fait passer pour mort désormais. En cherchant bien, il trouve cependant une raison de vivre encore : retrouver son fils qu'il n' a connu que quelques jours lors de sa naissance. Mouzaffar sait qu'en partant à la recherche de ce fils, prénommé Saryas, il reconquerra petit à petit le sens d'exister.
Cette quête le mènera à la rencontre d'hommes et de femmes qui ont cotoyé Saryas, eux-mêmes porteurs d'une histoire à tiroirs. Tous ces tiroirs sont ouverts par Mouzaffar lui-même, qui prend connaissance de la richesse de ces personnes en allant à leur rencontre. Mohammad Delchoucha, homme au grand cœur, mort d'amour. Les sœurs Spi, intrigantes et suscitant la méfiance, unies par un mystérieux pacte. Saryas, enfin, dont le rôle dans la guerre des charrettes sur les marchés de la ville fait plonger le roman dans la violence et l' injustice.
Sans oublier les trois grenades de verre, liens entre Mouzaffar et son fils, entre les époques, entre tous les hommes. Ces trois grenades comme différents chemins de vie : faites de lumières et d'ombres, à la fois fragiles et lumineuses. 
"Il faut que les vivants aient en eux la force de crier à la place de ceux qui sont morts", tels sont les mots de Bakhtiar Ali. Ses personnages sont en effet tous porteurs d'une rage et d'une force de vivre au-delà des souffrances de la guerre. Avec un roman onirique, puissant et unique, Bakhtiar Ali offre à ses lecteurs la possibilité de repousser les limites de leur imaginaire.

Le roi de la lune de Bérengère Cournut et Donatien Mary

 Le roi de la Lune de Bérengère Cournut et Donatien Mary, éditions 2024, collection 4048, 19 euros.


On n'aura pas fini de parler de la lune en cette année 2019! Et si vous voulez savoir qui y habite réellement (bien loin de tout ce qu'on peut vous raconter, basé sur la science), plongez dans l'univers drôle et fantastique de cet album! Un petit bonhomme tyrannique avec une tête énorme occupe la lune et y a bati un empire du jouet, composé de tous ceux abandonnés par les enfants sur Terre. Il rend visite alors à Anathilde pour la sommer de l'aider à réparer sa plusée. Oui oui, vous avez bien lu.
Sur la Lune, Anathilde découvre un archipel organisé par catégories de jouets, ce qui la laisse rêveuse et plus curieuse que jamais!
Elle va cependant très vite se rendre compte du plan démoniaque que cache le Roi de la Lune, et est bien décidée à ne pas laisser faire cette machine infernale.
L'écriture de Bérengère Cournut (auteure en cette rentrée de l'excellent De Pierre et d'Os aux éditions du Tripode, dont nous reparlerons très vite dans ce blog!) mêlée au génie des illustrations de Donatien Mary font de cet album, premier de la collection 4048, un O.V.N.I très identifié au rayon des coups de cœur.


Ici ou ailleurs de Guy DELISLE et Jean ECHENOZ

Ici ou ailleurs de Guy DELISLE et Jean ECHENOZ aux éditions de L’association, 19 euros.
Surprise de la rentrée BD, l’apparition de Jean Echenoz sur la couverture d’un album avec Guy Delisle comme dessinateur. Evitons tout malentendu, hormis la préface du dit Echenoz, il n’y a rien d’inédit dans les textes. Guy Delisle a pioché dans l’œuvre de l’auteur des extraits   tirés de ses romans ou autres textes. Le jeu de pistes commence depuis Le méridien de Greenwich jusqu’à Envoyée spéciale, et accouche à chaque fois d’un dessin « géographique » que Jean Echenoz a nommé avec précision dans l’un de ses romans.

Pour exemple voici la rue de Rome :

«En contrebas de la rue de Rome, la micheline de Dieppe croisait un train corail pour Caen. »

Extrait de Lac (p.50)

De cette phrase, Guy Delisle a croqué une vue depuis les voies de chemin de fer d'où se détachent quelques immeubles bordés  par des tags muraux assurant la transition avec l’un des monticules doté d'une végétation hirsute et non entretenue qui enserrent les voies.

Pas plus de personnage que de train à l’entour, les dessins de Guy Delisle se tiennent respectueusement à distance de toute action ou de toute personne ayant un lien avec les romans. Comme le dit Jean Echenoz dans sa préface, Guy Delisle s’est emparé des décors de ses livres pour les faire exister à sa manière.

Entre l'unique escapade à Saint Brieuc et le final  New-Yorkais, c'est une succession de lieux parisiens qui s'imposent accompagnés des petites phrases qui remémorent l’univers de l’écrivain ou bien engagent à s’y plonger au plus vite. 


Guy Delisle, pendant ce temps, nous sert une brillante démonstration de son art urbain de l’observation.



vendredi 23 août 2019

Les prisonniers de la liberté

Les prisonniers de la liberté de Luca Di Fulvio, éditions Slatkine et Cie, 23 euros.

Sortie le 12 septembre

Après Le Gang des rêves ou encore Le Soleil des rebelles , Luca Di Fulvio revient sur le devant de la scène littéraire avec un nouveau roman saisissant, Les prisonniers de la liberté , qui sera sûrement un titre phare de la rentrée littéraire étrangère 2019.
Les prisonniers de la liberté , c’est tout simplement l’histoire de Rosetta, une jeune femme obligée de quitter sa ferme qu’elle gère seule depuis la mort de ses parents, de Raechel, une jeune fille qui assiste à la mort de son père et quitte la Russie dans l’espoir d’échapper à la misère et la pauvreté ainsi que de Rocco, un jeune homme qui fuit le passé de son père et ne souhaite plus travailler au service de la mafia. Tous entreprennent un voyage vers l’Argentine et débarquent à Buenos Aires.
Dans cette nouvelle ville, ils vont comprendre que la liberté, qui est le véritable enjeu de ce voyage, a un prix, et que la vie risque encore de ne pas les épargner. À Buenos Aires, chacun va devoir se construire une nouvelle vie. Les prisonniers de la liberté nous plonge au cœur d’un décor urbain où se mêlent bourgeoisie et prolétariat, et où la pègre a une grande emprise sur la ville.
Comme toujours, Luca Di Fulvio n’a pas épargné ses lecteurs quant au nombre de pages et pourtant, chaque page est une invitation à tourner celle d’après. Ce qui rend d’autant plus passionnante cette fresque historique, c’est l’attention accordée par l’auteur aux personnages secondaires, qui sont très bien développés et donc très attachants. Si nous ajoutons à tout cela une écriture maîtrisée et d’une grande fluidité, nous obtenons un récit époustouflant, qui ne laisse pas indifférent.
« Et alors que Palerme et la terre ferme s’éloignaient, que des dizaines de mouettes prenaient bruyamment leur envol, effrayées par l’aboiement assourdissant de la sirène qui emplissait l’air, Rocco, ses cheveux blonds ébouriffés par le vent, fut soudain traversé par une idée surprenante : s’il se trouvait sur ce navire, s’il avait une seconde chance, s’il était encore vivant, il le devait à son père, aussi paradoxal que cela puisse paraître ! »

Avant de partir

Avant de partir de Mi-Jin Jung et Ja-Seon Gu, éditions Sarbacane, 15 euros


On aurait presque envie que l'hiver arrive plus vite lorsque l'on se blottit dans un fauteuil pour lire cette parenthèse de douceur. Ici tout est calme, quelques traces de pas dans la neige nous mènent vers une maison, à l’orée d'une forêt. A y voir de plus près, ce ne sont pas des empreintes humaines d'ailleurs. Quelques petits creux réguliers portent à croire que dans cette maison rentrent uniquement des animaux. Tout d'abord un chat, exaspéré par son maître qu'il décrit comme mou, lent, moqueur. Puis entre un chien, taciturne et désespéré. Ensuite vient une petite boule de poils, hamster ou cochon d'Inde, affamé et en quête de liberté. Pour finir, un perroquet, accablé par son entourage qui le pousse à se représenter et à faire le beau en permanence. Pour les écouter et entamer une thérapie, un jeune homme très doux, ayant pour mission de les entendre et leur rendre la dignité qu'ils recherchent.
Au delà de considérer nos animaux de compagnie différemment, l'humour et la délicatesse de cette Bande Dessinée prêtent à la rêverie, à l'évasion dans un monde qui peut être aussi bien à notre porte qu'à l'autre bout de la planète. Un univers où chaque être vivant a sa place, où chaque parole a une valeur, et où chaque lieu est un passage vers un avenir meilleur.


Confiant et heureux à l'école avec la vitrine jeunesse

Confiant et heureux à l'école, des activités pour développer la confiance en soi et le plaisir d'apprendre. Conçu par Varinia Oberto et Alain Sotto, psychopédagogues, éditions Nathan, 13.90 euros.


Après les 50 ans du premier pied posé sur la lune, 3, 2, 1, paré! Décollage pour la rentrée! Notre vitrine s'est métamorphosée en véritable palette de bonnes idées pour se préparer au mieux à l'école. Voici notre programme pour être d'attaque pour la rentrée:

1/ Révisions : voilà pourquoi nous avons glissé quelques cahiers de vacances. Après tout, il reste une semaine de détente!

2/ Préparation: des albums et histoires touchantes de petits héros qui ont franchi le cap avec brio. Attention, cela ne s'est pas fait sans épreuves, sans larmes et sans obstacles. Rassurez vous, ils les ont tous surmontés!

3/ Relaxation : c'est effectivement le maître mot pour se sentir bien en classe. Apprendre à souffler, se détendre, pour favoriser la confiance en soi, mieux articuler les temps à l'école et les temps chez soi. Reconnaître quand l'on se sent moins fort et l'accepter pour progresser ensuite davantage. L'album Confiant et heureux à l'école, conçu par Varinia Oberto et Alain Sotto comprend des exercices (sur CD audio) pour accompagner le plaisir d'apprendre.

Voilà, vous êtes parés, décollage prévu le lundi 2 septembre !





vendredi 16 août 2019

Sale gosse de Mathieu Palain

Sale gosse de Mathieu Palain, éditions l'Iconoclaste, 18 euros.
Sortie le 21 août

Wilfried a huit mois lorsqu’il croise pour la première fois la route des éducateurs de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ). Face aux difficultés familiales et sociales qui mettent son devenir en péril, le couperet tombe : il sera éloigné de sa famille biologique et placé dans une famille d’accueil. La force du roman de Mathieu Palain tient en sa capacité à nous montrer les tensions générées par cette décision.
Une tension palpable chez les éducateurs de la PJJ dont on suit le quotidien, les échanges, les doutes et les désaccords concernant le cas de Wilfried ; on partage alors la difficulté d’assumer la décision d’éloigner un enfant de sa famille et le coût subjectif que cela représente pour ces professionnels qui n’ont alors d’autre choix que de se serrer les coudes pour surmonter collectivement les doutes qui les assaillent individuellement. On appréhende aussi l’importance de ces éducateurs qui, au-delà de contribuer à décider du sort de cet enfant, sont aussi chargés de le suivre et de l’accompagner au mieux dans une vie faite de ruptures, de quête d’identité et de questions sans réponses.
Une tension présente aussi chez Wilfried qui, devenu adolescent, devient un joueur de football de haut niveau renvoyé du centre de formation d’Auxerre pour avoir fracassé à coups de pied la mâchoire d’un adversaire un peu trop rugueux. On comprend vite que cette colère sourde qui l’habite est un symptôme du malaise qui le hante : coupé de son passé, son avenir paraît inextricablement contraint par la violence sociale qu’il subit depuis sa naissance et qui le conduit presque par obligation à « faire le sale gosse » pour bénéficier d’une étiquette dans ce monde où il ne trouve pas sa place.
La description touchante et sans fard de l’interaction entre ces deux tensions qui traversent le roman conduit à comprendre la dépendance mutuelle entre Wilfried et les éducateurs de la PJJ : si Wilfried dépend des éducateurs pour donner du sens à son existence, ces derniers dépendent tout autant de Wilfried pour donner du sens à leur mission et y trouver la gratitude qu’ils ont arrêté d’attendre de leur hiérarchie. Mathieu Palain, journaliste dont le père était éducateur à la PJJ, s’est appuyé sur une enquête à la PJJ d’Auxerre pour être au plus près de la réalité du terrain : si on en juge par la claque que l’on prend dès les premières pages du roman, le procédé est réussi !

Youri et Margarine, Casting de cosmonautes de Marion Montaigne

Youri et Margarine, Casting de cosmonautes de Marion Montaigne aux éditions Globulle, 9,95 euros.
Profitons encore de l’anniversaire du premier pas sur la lune pour signaler aux enfants (et à leurs parents) cet objet dessiné de Marion Montaigne désormais superstar grâce à Dans la combi de Thomas Pesquet (chez Dargaud également). 

Décidément, les étoiles lui vont bien à Marion Montaigne, surtout les  départs, la sélection, la préparation. Son sens de la simplification devrait convenir aux plus jeunes et peut-être leur donner des idées. 

Regardez plutôt les expressions de Youri l’éléphant et de sa meilleure amie Margarine la souris. Ce duo installé dans la savane où l’on fait souvent la fête et où l’on distribue à Noël des cadeaux (merci au roi lion), mène une vie plutôt heureuse jusqu'à ce fameux jour de Noël où Youri reçoit une cacahuète géante en cadeau. Coup de foudre immédiat au détriment de Margarine qui vit assez mal cette étrange idylle. Alors, quel rapport avec l’espace et sa conquête ? Marion Montaigne nous y prépare… 


Youri et Margarine dont nous attendons très vite la suite de leurs aventures ont de nombreux points communs avec Thomas Pesquet. Tout se dévoile dans la deuxième partie de ce premier épisode qui nous confirme que Marion Montaigne est une sacrée rigolote.

Une après-midi au musée de Cachetejack

Une après-midi au musée de Cachetejack, éditions L'Agrume, 15euros


Contre toute attente notre nouvelle vitrine ne fait pas l'éloge des coquillages et crustacés, mais se propose d'envoyer les enfants au musée! Quand il fait chaud dehors ou qu'il y a trop de monde dans les rues, quoi de mieux que de s'initier à l'art ?
C'est l'idée qu'a eue Enrico en emmenant son neveu au musée, lieu de toutes les curiosités: un mobile de Calder ressemble au mobile du petit frère d'Enrico, l'urinoir de Marcel Duchamp n'est pas à utiliser sur place même si l'on meurt d'envie, et les horloges de Dali, sont-elles vraiment en train de fondre?
Comment appliquer l'art au quotidien des enfants? Comment se servir de l'art pour rendre la vie plus belle, plus amusante et colorée?
La réponse est dans cet album à lire à des enfants à partir de 3 ans.






vendredi 9 août 2019

Dédicace de Fanny Joly mardi 13 août de 11h à 13h


Ordesa de Manuel VILAS

Ordesa de Manuel VILAS aux éditions du Sous-Sol, 23 euros. Sortie le 14 août

Ce livre étrange dont on ne sait s’il appartient au royaume des vivants tant la présence des morts est omniprésente, a déjà fait grand bruit en Espagne parce que beaucoup s’y sont certainement reconnus. 

Il n’est d’ailleurs pas besoin d’être à tout prix espagnol pour ressentir cette part intrinsèquement ibérique d’Ordesa. 
Quelques souvenirs lointains suffisent, une intrusion dans l’Espagne franquiste, le temps d’un week-end, revient aussitôt en mémoire à la lecture de Manuel Vilas. Mais pour l’auteur, écrire Ordesa contient suffisamment d’épreuves mémorielles pour ne pas s’attarder sur une mémoire collective dont il se sait malgré tout dépositaire.

Ordesa est composé de courts chapitres dans lesquels affleure la mémoire familiale de Manuel Vilas. Ses parents sont morts et il lui a fallu ces disparitions pour aborder les années où il a vécu à leurs côtés. Le père surtout qui assure une forme de prospérité de par son métier de représentant en tissus dans la région aragonaise autour de Huesca. 
Une voiture, toujours placée à l’ombre, une photo prise dans un bar (reproduite comme quelques autres dans le livre), à l’âge de vingt-huit ans d’où ressort une forme de rayonnement (intérieur), voilà les indices laissés par le père. 

La vision du fils, admirative, sécurisée par des souvenirs heureux des années soixante-dix dans un village modeste mais où la famille Vilas était respectée et peut-être admirée, est mise en opposition avec la vie du Manuel Vilas contemporain, cinquantenaire divorcé avec deux fils dont il sent l’immense désert d’incompréhension qui le sépare d’eux. 
Cette confrontation entre deux époques, celle de l’enfance et l’âge adulte aboutit à chaque phrase à une quête existentielle. 
Qu’a donc bien pu vivre l’enfant Manuel avec ses parents ? Quelle chose s’est produite que Manuel Vilas n’a pas vue ? C’est ainsi qu’Ordesa atteint sa grandeur en refaisant l’itinéraire d’un enfant accompagné de ses parents. Nous découvrons alors un récit tantôt désespéré, tantôt drôlatique où chacun peut retrouver une part de soi. 


Ordesa allie l’universel au local pour paraphraser Miguel Torga habitant lui aussi de la péninsule mais du côté lusitophone. Cette péninsule coupée net par le massif pyrénéen est une énigme pour qui vient de l’extérieur. Ordesa est une région des Pyrénées espagnoles où le père de Manuel Vilas aimait se rendre. On accède par là au Monte perdido derrière quoi se trouve la France, objet de fantasme.

Ali Aarrass de Manu Scordia

Ali Aarrass de Manu Scordia, éditions Vide Cocagne, 17 euros


Ali Aarrass fait partie de ces injustices insoutenables qui agitent le monde contemporain. L'auteur de cette Bande Dessinée, Manu Scordia, a su trouver les mots et livre une analyse aussi précise qu'émouvante sur le destin de cet homme:
"La première question qui vient à toute personne qui prend connaissance de l'affaire Ali Aarrass est immanquablement "pourquoi lui?"Pourquoi cet homme ordinaire, sans histoire, s'est-il ainsi retrouvé suspecté d'appartenir à un réseau terroriste? Quels sont les éléments, même faux, même dérisoires ou totalement arbitraires, qui font que le nom d'Ali Aarrass est arrivé aux oreilles de la justice marocaine? [...]Cette question reste sans réponse."

Le travail de dessinateur fourni par Manu Scorda s'inscrit dans la grande lutte commencée dès 2008 et qui dure encore, soutenue par la femme d' Ali, Houria, et sa sœur Farida.
Ce grand élan de solidarité se heurte aux absurdités de la justice, aux accusations hasardeuses et à l'impossibilité de faire libérer Ali. 
"Une immense violation des droits humains et des libertés fondamentales" (Alexis Dezswaef, président d'honneur des la Ligue des Droits de l'Homme.



Les royales baby-sitters, Tome 1: les bébés ça pue!, éditions Le livre de poche, 5.90 euros
"Cet été, offrez-vous les vacances intergalactiques de votre vie  ! Attention ! Réservé à ceux qui ont le cœur bien accroché."
Cela tombe bien, Anna et Holly ont envie de passer des vacances géniales. Mais en regardant de plus près cette annonce, elles déchantent en voyant le tarif : 500 livres par personne ! Seule solution pour récolter tout cet argent et se payer des souvenirs inoubliables , trouver un travail.

Voilà pourquoi elles n'hésitent pas une seconde à se porter volontaires pour garder les six enfants du roi et de la reine de leur pays, la Britonnie. Au programme, changements de couches, et surtout répondre à l'invasion de l’infâme "Oroméoroméo", bien décider à transformer tous les habitants de la Britonnie en boulettes de viande.

Un premier tome d' aventures palpitantes à lire à partir de 8 ans.

vendredi 2 août 2019

Dédicace de Bertrand Dumeste


Dédicace de Jean-Pierre Castelain






Rentrée littéraire 2019 : Jeanne Benameur, Ceux qui partent

Ceux qui partent de Jeanne Benameur, éditions Actes Sud, 21 euros. Sortie le 21 août

Chaque rentrée littéraire est un voyage dans lequel chaque lecteur espère découvrir de nouvelles pépites à ajouter dans sa bibliothèque. C'est dans cet esprit de voyage que s'inscrit Ceux qui partent de Jeanne Benameur. Si ses personnages ne sont pas à la quête de nouveautés littéraires, ils le sont d'une terre nouvelle, une terre où il est possible d'oublier le passé, une terre où tout peut recommencer et surtout, une terre qui donne l'espoir d'un avenir meilleur.
Le récit se déroule sur une journée, en 1910, à Ellis Island, ultime étape avant de vivre le rêve américain. Parmi la foule d'immigrants, c'est aux destins de quatre personnages que nous nous intéressons : Donato et sa fille Emilia, Gabor et Esther. Chacun a sa raison d'avoir entrepris ce voyage et chacun possède son fardeau malgré ce désir commun de devenir citoyen américain. Si Donato s'est laissé convaincre par sa fille de partir, Esther espère habiller les Américaines avec ses talents de créatrice de mode tandis que Gabor, jeune homme appartenant à une communauté, rêve de s'en échapper. Pour autant, Jeanne Benameur a décidé d'introduire un autre personnage qui magnifie l'ensemble : le photographe Andrew Jónsson. Ce dernier pourrait représenter le lecteur de par sa curiosité envers les destins des différents immigrants. Il incarne une pensée nouvelle pour l'époque et apporte un nouveau regard. C'est cela qui rend le tout percutant car aujourd'hui encore, la question demeure. En effet, la question migratoire étant au cœur de notre politique actuelle, il semble ici essentiel de comprendre le sacrifice que peut représenter le fait de quitter son pays, sa culture et sa famille. C'est exactement cela que nous fait ressentir Ceux qui partent avec des personnages aux origines – et donc à la langue – différentes. À travers une écriture poétique où il y a peu de dialogues, les langues de chacun sont mises en avant. La langue, ici, n'est pas une barrière : il n'y a seulement pas besoin de paroles quand chacun partage le même espoir via ce voyage.
« Ils prennent la pose, père et fille, sur le pont du grand paquebot qui vient d’accoster. Tout autour d’eux, une agitation fébrile. On rassemble sacs, ballots, valises. Toutes les vies empaquetées dans si peu.
Eux deux restent immobiles, face au photographe. Comme si rien de tout cela ne les concernait. »


Orwell de Pierre CHRISTIN et Sébastien VERDIER

Orwell de Pierre CHRISTIN et Sébastien VERDIER aux éditions Dargaud, 19,99 euros.

Dans la série désormais longue des grands personnages biographiés en Bandes Dessinées manquait (entre autres) Georges Orwell, authentique auteur classique grâce à son roman prophétique 1984.

La chose est désormais faite et la mission bien remplie par le duo Christin et Verdier qui ont su traiter la vie d’Eric Blair alias Georges Orwell avec une grande dextérité dans le dessin et une forte empathie dans le scénario. 

Il faut reconnaître que la vie de cet iconoclaste britannique (mais n’est-ce point ce qui distingue l'anglo-saxon ?) comporte un incontestable sens du romanesque. Ses voyages, son engagement, son physique et bien sûr son œuvre sont une succession d’admirables tours de force qu’il eut été indigne de ne pas exploiter de la plus positive des manières.

Voilà donc pour le profane une incontournable introduction admirablement dessinée et merveilleusement contée, répétons-le. 

Pour les autres, déjà avertis de l’immensité de l’homme et de son œuvre, ils se réjouiront de suivre traits à traits, les épisodes les plus marquants d’un caractère bien trempé, peu ordinaire et très éloigné des clichés que nous servent certains écrivains de salons qui hantent la littérature d’aujourd’hui. 


Entre-ici Georges Orwell !



Le château de sable de Einat Tsarfati

 Le château de sable de Einat Tsarfati aux éditions Cambourakis, traduit de l'hébreu par Rosie Pinhas-Delpuech, 14 euros






 Si vous vous êtes promenés sur la plage d'Arcachon ces jours-ci, vous n'avez pas manqué ces magnifiques châteaux de sable soigneusement élaborés par un sculpteur:




Et si vous continuez votre balade jusqu'à La Librairie Générale, le château de sable d'Einat Tsarfat continuera de vous faire rêver! L'héroïne de cet album stimule notre imaginaire en construisant un château qui aura le privilège d'abriter les plus grands de ce monde. Rois, reines, princesses et princes s'y réfugieront pour vivre une vie hors du commun.
Ils ne se doutent pas, bien évidemment, de l'aspect éphémère de ce genre d'habitation...