vendredi 30 novembre 2018

Tea Time de Noël

Pour glisser doucement dans l'esprit festif de Noël,

La Librairie Générale 

 poursuit son cycle de dégustations

avec la Torréfaction d'Arcachon

Vendredi 7 Décembre

Dès 10 heures venez découvrir la boisson (chaude) offerte à toute personne effectuant un achat à la librairie.

Une invitation pensée sous le signe de l'amitié qui nous lie aux bienveillants officiants de cette institution de qualité.

Le bruit du dégel de John Burnside

Le bruit du dégel de John BURNSIDE aux éditions Métailié, 22 euros.

A l’évocation de l’éditrice Anne-Marie Métailié (qui aura trente ans d’activités en 2019), l’Amérique latine aussitôt surgit. Ce serait passer sous silence un travail de longue haleine sur de grands noms de la littérature allemande, portugaise, italienne, scandinave et écossaise. 

Keith Dixon dirige la Bibliothèque écossaise constituée de chefs-d’œuvre aussi impérissables et éclectiques tel le mythique et visionnaire Lanark d’Alasdair Gray, l’insolite et fascinant Young Adam d’Alexander Trocchi, le splendide et poignant Poinçonneur Himes de James Kelman ou encore l’intense et historique Sunset song de Lewis Grassic Gibbon.

A l’ombre de ces géants, John Burnside est un écrivain porteur d’une œuvre singulière qui débuta en France avec l’étrange et glaçante Maison muette et continua par de régulières traductions jusqu’à Scintillations, son livre jusqu’ici le plus connu. 

Le bruit du dégel qui a paru à l’automne ne vient nullement démentir le grand talent de cet auteur, il semblerait au contraire l’amplifier. 

La prose de John Burnside a la douceur de ses deux principaux personnages que sont Jean Culver et Kate Lambert. Deux femmes représentant l’état psychologique d’une Amérique provinciale pourvue d’une réflexion apaisée et néanmoins critique sur l’histoire de leur pays. 

Jean Culver est une femme âgée d’une petite ville de Virginie qui vit dans une maison très différentes de ses voisines. La végétation de son jardin y est plus dense au point que l’on croirait qu’elle vit au fond des bois. Le jour où Kate Lambert lui rend visite, Jean Culver coupe du bois.

Kate Lambert se présente comme une enquêtrice travaillant pour un cinéaste, son ami Laudrits, artiste expérimental qui l’a envoyé dans les rues de la ville pour recueillir des histoires. 

En pénétrant chez Jean Culvert, Kate Lambert ignore qu’une profonde amitié va se tisser avec cette femme qui accepte de lui confier quelques histoires en rapport avec sa vie. Elles décident de se revoir dans un café que fréquentent Jean Culver ainsi que d’autres gens à la fois discrets et singuliers. 

Commencent alors les révélations de Jean Culver à propos de sa famille et d’elle-même. Kate Lambert qui sent combien sa propre vie se trouve dans une impasse s’imprègne de ces histoires. 

Le bruit du dégel est une musique apaisante et bienveillante qui s’écoule à la sortie de l’hiver. De la glace en train de fondre.

John Burnside y fait apparaître une série de personnages, pudiques et attentionnés, à la recherche d’une cohérence au cœur d’un pays où la violence demeure toujours et malgré tout tapie quelque part.

Cyberfatale, si ça sort, on est morts de Clément OUBRERIE & CEPANOU

Cyberfatale, si ça sort, on est morts de Clément OUBRERIE & CEPANOU aux éditions Rue de Sèvres, 15 euros.

Diantre! Une bande dessinée aurait contrarié les sphères les plus hautes de la sécurité française y compris l’éminent constructeur national d’avions militaires. 
Voilà ce que nous a révélé, il y a quelques semaines, un journal satirique bien connu. 

Vérification faite, Cyberfatale plonge effectivement dans l’univers, parait-il, ultra-protégé de la défense nationale. 
Le Balardgone est le (nouveau) siège du ministère de la défense où s’échinent 24h/24h dans une salle remplie d’écrans les surveillants du cyberespace qui protègent la France des cyberattaques. Sont-elles russes ? chinoises ?« barbues » ? américaines ?

Une petite nouvelle débarque un matin dans cet univers. Affublée du grade de lieutenant elle se plie au rituel du cross matinal. En petites foulées, elle entend de drôles de conversations énoncées dans un langage HTML où les acronymes déterminent ou non une appartenance au monde cyber. Signalons, si besoin, qu’un glossaire a été glissé à la fin de l’ouvrage et permet, selon ses propres motivations, un repérage au cœur de cette redoutable jungle langagière. 

Notre débutante vit cette expérience comme un rêve. Le lieu décidant de la bonne marche du monde. 
Une de ses supérieures, plus aguerrie, lui confie en aparté, le temps d’une descente en ascenseur vers les sous-sols sacrés, qu’en tant que femme promue dans un monde de machos, ne jamais sourire et, mieux, faire la gueule est une règle. De plus, il faudrait qu’elle cesse de se mettre au garde à vous à tout bout de champ.

Dans ce sanctuaire du grand secret, tout irait pour le mieux, si, pour quelques secondes, juste assez pour créer une tempête, une apparition du président de la république en slip kangourou sur les écrans du Balardgone ne sidérait nos amis de la cybercontre-attaque. Loufoque et sans aucun doute volée, l’image est une provocation venue de nulle part mais avec un pouvoir de destruction massif à l’encontre de ceux chargés de la sécurité nationale. 
Il va falloir rendre compte auprès de l’Elysée de cet affront. 

Il s’agit d’un simple amuse-bouche au vu de l’affaire bien plus sérieuse qui va s’ensuivre au large de la Méditerranée orientale où une mission aérienne se prépare depuis le porte-avion de la marine française.

Un avion décolle en direction de la Syrie mais son pilote perd soudainement le contrôle de son appareil et doit se poser en urgence sur une route déserte en Turquie au milieu d’un troupeau de brebis. Que s’est-il passé ? Comment récupérer l’appareil et son pilote ? Comment ne pas ébruiter cet incident au moment où se négocie la vente d’une cinquantaine de ce type d'avions en Inde ?
Cette fois, c’est certain, une cyberattaque a bien eu lieu. 


On peut comprendre que l’on se soit ému en haut lieu du scénario proposé par Cyberfatale. L’aspect risible de l’affaire est parfaitement entretenu. Les protagonistes tout galonnés qu’ils soient sont croqués comme de grands enfants jouant dans une cour d’école que l’on trouvera un peu spéciale mais le contenu de leurs jeux reste à l’évidence le même. 



Les riches heures de Jacominus Gainsborough

Les riches heures de Jacominus Gainsborough de Rebecca Dautremer aux éditions Sarbacane, 19.50euros.

Le dernier album et l'univers de Rebecca Dautremer nous laissent sans voix, mais nous allons quand même devoir vous parler des Riches heures de Jacominus Gainsborough. L'ambition de l'auteur était de nous parler d'un sujet aussi vaste que commun: la vie. De quoi est faite justement la vie de Jacominus, depuis le moment où ses petites oreilles de lapin ont vu le jour, jusqu'à l'instant fatidique de sa mort? Vous pensez bien qu'une vie de lapin peut être extraordinaire, surtout quand on a une grand mère extra, des amis tous aussi présents et attentionnés, des parents bienveillants malgré leurs failles. Une vie faite de joies et de peines, de concessions, de renoncements, de courage, et surtout de rêveries, de rires partagés, et d'espoir. 
Chaque page de cet album est un émerveillement, une découverte d'un univers animal aux couleurs marquées et marquantes, avec des regards tantôt vifs, tantôt graves. De quoi nous faire rêver à notre tour, et apprécier notre propre vie, qui est tout aussi extraordinaire.



vendredi 23 novembre 2018

Dédicace de Michel Boyé samedi 24 novembre de 10h à 12h


Le Grand Débat au théâtre Olympia, c'est ce week-end!


Il s’agit d’une série de débats animés par philippe LAPOUSTERLE, ancien rédacteur en chef de RMC, autour des thèmes de société qui agitent nos consciences: philosophie, religion, libre opinion…
Sur scène : 
Philosophes, écrivains, observateurs de notre temps s’expriment autour de leurs derniers ouvrages.
Participez à ce rendez-vous et rencontrez ceux qui font l’actualité.
Au programme :
Vendredi 23 novembre, 18h : Nina Bouraoui « Tous les hommes désirent naturellement savoir »

Vendredi 23 novembre, 19h15 : Alexandre Adler « Le temps des apocalypses »

Samedi 24 novembre, 15h30 : Laure Adler « Dictionnaire intime des femmes »

Samedi 24 novembre, 16h45 : Fabrice Lhomme « Inch’allah : l’islamisation à visage découvert »

Samedi 24 novembre, 17h45 : Raphaël Glucksmann « Les Enfants du vide. De l’impasse individualiste au réveil citoyen »

Vendredi 23 et samedi 24 novembre
Événement gratuit: Les débats se déroulent sur la scène du Théâtre Olympia. Ils seront suivis de rencontres-dédicaces à l’espace Arlequin.
En partenariat avec la Librairie Générale et la Librairie des Marquises
Tél. 05 57 52 97 97

Dédicace d' Alain Juppé samedi 1er décembre de 11h à 13h


Le coeur converti de Stefan HERTMANS

Le cœur converti de Stefan HERTMANS aux éditions Gallimard 21,50 euros.

Vigdis Adelais et David Todros étaient de jeunes amoureux à Rouen en l’an 1070. Tous deux sont issus de familles aisées. Elle était la fille d’un des hommes influents de la ville, un descendant des vikings. Il était le fils du rabbin de Narbonne et il était venu étudier auprès des grands érudits de la ville de Rouen qui abritait alors une importante communauté juive. 

Vigdis et David amorcent ainsi une histoire parvenue jusqu’à nous grâce à deux parchemins retrouvés en Égypte  près de l’ancienne et aujourd’hui disparue synagogue de la ville (qui s’appelait alors Fustat). Les découvreurs ont mis à jour un lieu où s’entassaient des textes où était écrit Yahvé (le nom de Dieu) et que les juifs s’interdisaient de détruire. Les deux parchemins qui, parmi beaucoup d’autres, sont partis à destination des plus prestigieuses universités (dont Cambridge) sont deux trésors du patrimoine juif. 

L’histoire que reprend Stefan Hertmans de David et Vigdis est donc vraie. 
 Stefan Hertmans procède à une description de ce début de millénaire hanté par d’incessantes annonces de fin du monde et du retour de Satan. L’insécurité se propage à travers les campagnes et accompagne les deux héros qui ont fui Rouen. 

Vigdis Adelais par amour a choisi d’adopter la religion de David Todros. Choix rarissime car les juifs vivaient repliés sur eux-mêmes car ils étaient la cible de nombreuses persécutions. Le père de Vigdis a d’ailleurs tôt fait de lancer des chevaliers aux trousses des fugitifs qui vont, à pied, rejoindre Narbonne où les attend la famille de David. 

Il n’est pas souhaitable de dévoiler plus loin les épreuves qui attendent Vigdis et son futur époux. Stefan Hertmans lui-même ménage le suspense et dévoile avec un grand sens romanesque les différentes séquences de son récit. Minutieux, il se rend, quelques mille ans après Vigdis et David, à Rouen, à Clermont-Ferrand, à Narbonne mais aussi à Monieux le village du Vaucluse (où il réside l’été). Il va au plus près des monuments encore présents que Vigdis a peut-être vus. Stefan Hertmans s’est très fortement attaché à son héroïne dont l'histoire lui procure des émotions qui exacerbent son imagination. 

Le coeur converti est un grand voyage éblouissant vers un temps éloigné que l’on sent prodigieusement vivant.  

Le port des marins perdus de Teresa Radice et Stefano Turconi

Le port des marins perdus de Teresa Radice et Stefano Turconi aux éditions Glénat, 22 euros.Traduit de l'italien par Frédéric Brémaud.

Les lecteurs avertis reconnaitront les deux auteurs de cette Bande-Dessinée qui ont déjà fait l'objet d'un coup de cœur sur ce blog, pour Un amour minuscule. Dans ce dernier, nous suivions l'histoire d'un amour mis à l'épreuve par les guerres et les fantômes du passé.
Dans Le port des marins perdus, nous retrouvons cet densité de lecture au service d'une autre époque, celle des guerres napoléoniennes vues par le côté anglais, dans le domaine maritime. 

Alors qu' Abel, jeune homme aux traits lisses et innocents, se réveille sur une plage en ayant perdu la mémoire, il se remet très vite au travail en tant que mousse à bord du navire L'Explorer, au service du capitaine Roberts qui l'a pris sous son aile. Il se révèle au fil des jours très efficace malgré son jeune âge, doté de bons instincts de marin, solidaire avec ses compagnons, capable de jouer du violon comme personne, et même de faire tomber la pluie! Se posent alors les questions inévitables: qui était-il avant de perdre la mémoire?
Alors qu'il commence cette longue quête de soi sur la mer, il devra se confronter à la terre pour l'élucider. C'est à Plymouth que les marins posent le pied pour aller à la rencontre du monde, se ravitailler et profiter des plaisirs de la chair. C'est aussi pour Abel le moment de faire la rencontre de quatre femmes qui changeront sa vie à jamais: trois sont les filles d'un certain Abel Reynold Stevenson, la quatrième tient une sorte de maison close, et révèlera à Abel la clé du mystère lié à son existence.

La puissance du Port des marins perdus tient à cette richesse des relations humaines, qu'elles soient amicales, amoureuses, maternelles. L'accent du dessin est mis sur ces regards, ces non-dits, cette rage qui anime les personnages au moment où se scelle leur destin. Pour accompagner cette lecture, de nombreuses références à de la poésie et des chants plongent le lecteur dans une ambiance simplement géniale, faisant de cette Bande-Dessinée un ovni que les auteurs eux-mêmes appellent, à juste titre, "opéra graphique".


Aspergus et moi de Didier Levy et Pierre Vaquez

Aspergus et moi de Didier Levy et Pierre Vaquez aux éditions Sarbacane, 17.50 euros.

Le "moi" du titre est une souris qui travaille dans le cabinet d'artiste du grand peintre Franz Aspergus. Ils sont nombreux à apporter leur aide à la réalisation de ses peintures: assistants peinture, assistants couleurs, huiles, pinceaux, encadreurs, etc. Mais Aspergus est un chien taciturne qui crée sans passion, las de son succès:

"Moi, vois-tu, j'aimerais ne plus savoir peindre. Pour peindre à nouveau comme un enfant, tu comprends ça?"

Retrouver l'envie d'oser et renouveler sa création est alors la nouvelle mission du petit héros qui propose à Franz Aspergus de drôles de façons pour être ranimé par le plaisir de peindre. A mesure de ces épreuves, une amitié se crée entre les deux, tandis que les œuvres d'Aspergus prennent une tonalité inattendue...

Les enfants à partir de 6/7 ans adoreront découvrir cette histoire sur la perception de l'art, tout en observant la technique qui est utilisée pour les dessins: Pierre Vasquez procède en effet à un travail de gravure remarquable appelé "manière noire" qui fait surgir sur du noir une belle lumière sur les personnages. 
Aspergus et moi a obtenu cette année le prix Landerneau jeunesse, qui récompense cette jolie création!







mardi 20 novembre 2018

Visions japonaises de Jean-Paul Alaux

Visions japonaises de Jean-Paul Alaux du Bassin d'Arcachon au Pacifique de Chrsitel Haffner Lance, éditions La Librairie Générale 38 euros:


Au début du XXe siècle, le Bordelais Jean-Paul Alaux crée l'une des œuvres les plus originales exécutées  autour du Bassin d'Arcachon. Sous l'influence du japonisme, qui a complètement bouleversé les canons esthétiques occidentaux, il compose un album rassemblant douze estampes d'une exquise délicatesse et d'une belle harmonie chromatique. Ses Visions japonaises érigent le Bassin en véritable paradis, coloré et lumineux, intact et poétique. Lui-même reconnaît avoir été "hanté" par les estampes d'Hokusai et Hiroshige. En résonance avec l'âme du Japon, son interprétation "exotique" et intemporelle nous invite à partager son enthousiasme inconditionnel: "Arcachon résume tous les pays du monde!".
Quelques années plus tard, ayant cédé à la tentation de parcourir les îles polynésiennes, il conçoit un second album de douze estmapes japonisantes, toutes reproduites ici pour la première fois. Ses rêves d'un ailleurs lointain pénétré de calme et de volupté sont soutenus par l'exaltation de la couleur et de l'ambiance tropicale. Authentique humaniste, Jean-Paul Alaux exprime ses émotions à travers ses visions, fruits de l'observation et de l'imagination, qui ne prétendent délivrer d'autre message que la célébration de la nature, "loin des bruits de notre monde tourmenté"...
Ce livre abondamment illustré déroule une parenthèse de quiétude entre Atlantique et Pacifique.

samedi 17 novembre 2018

Le Grand Débat 2018


Il s’agit d’une série de débat animés par philippe LAPOUSTERELE, ancien rédacteur en chef de RMC, autour des thèmes de société qui agitent nos consciences: philosophie, religion, libre opinion…
Sur scène : 
Philosophes, écrivains, observateurs de notre temps s’expriment autour de leurs derniers ouvrages.
Participez à ce rendez-vous et rencontrez ceux qui font l’actualité.
Au programme :
Vendredi 23 novembre, 18h : Nina Bouraoui « Tous les hommes désirent naturellement savoir »

Vendredi 23 novembre, 19h15 : Alexandre Adler « Le temps des apocalypses »

Samedi 24 novembre, 15h30 : Laure Adler « Dictionnaire intime des femmes »

Samedi 24 novembre, 16h45 : Fabrice Lhomme « Inch’allah : l’islamisation à visage découvert »

Samedi 24 novembre, 17h45 : Raphaël Glucksmann « Les Enfants du vide. De l’impasse individualiste au réveil citoyen »

Vendredi 23 et samedi 24 novembre
Evenement gratuitLes débats se déroulent sur la scène du Théâtre Olympia. Ils seront suivis de rencontres-dédicaces à l’espace Arlequin.
En partenariat avec la Librairie Générale et la Librairie des Marquises
Tél. 05 57 52 97 97

vendredi 16 novembre 2018

Les cigognes sont immortelles d'Alain Mabanckou

Les cigognes sont immortelles d'Alain Mabanckou aux éditions du Seuil, 19.50 euros.

Il serait superficiel de dire que l'on lit un livre juste parce que nous aimons sa couverture. Sauf que lorsque cette couverture s'avère être une photographie de Raymond Depardon, et que l'auteur s'appelle Alain Mabanckou, cela fait deux bonnes raisons de se plonger dans ce roman. 

Plonger comme ce jeune homme dans l'Histoire de la république du Congo, et particulièrement ces trois journées des 18, 19 et 20 mars 1977. Ce jeune homme sur la couverture ce pourrait être Michel, adolescent doux et rêveur qui partage le quotidien de la ville de Pointe-Noire avec ses parents Pauline et Roger. Héros de l'histoire, il mène une vie rythmée par le collège et les virées à la boutique de Mâ Moubobi pour récupérer les provisions de la famille. 

Vendredi 18, à 14h30, le chef d'état Marien Ngouabi est assassiné dans sa résidence. Les drapeaux en berne, le changement radical dans les mesures de sécurité et la réaction de ses parents bouleversent la vie du pays et le quotidien de Michel. Comment appliquer les cours d'instruction civique qu'il a reçus au collège, comment se sentir en deuil de manière collective alors qu'il baigne dans l'âge de tous les changements intérieurs et intimes? Qui sont ces deux "messieurs bizarres" qui viennent jusqu'à chez eux pour ajouter un sentiment qu'il ne doit pas connaître: la peur? A mesure que nous suivons l'évolution de ce jeune homme attachant, nous en apprendrons sur les origines et conséquences de l'assassinat du chef de l'état, aussi bien dans la vie de tous les jours, dans la façon dont s'en emparent (ou pas) les radios, les hommes au pouvoir et les instances extérieures, faisant de cet événement du 18 mars une pierre posée sur toutes celles qui forment déjà la construction et la reconstruction de ce pays, indépendant seulement depuis 1960.
Ce sont toutes ces variables qu'Alain Mabanckou parvient à unir dans ces quelques pages qui sont à la fois un vrai plaisir de lecture et une formidable façon de s'instruire.



Vous pouvez me lire ce livre? de Erie Sonoda

Vous pouvez me lire ce livre? de Erie Sonoda, traduit du japonais par Fédoua Lamodière aux éditions Nobi nobi, 12.50 euros:

Emeraude, petite écureuil, adore le temps du coucher. C'est un moment d'évasion, de plaisir et de partage autour d'une histoire qu'on lui lit. Ce soir, elle écoute Grenat le lapin lui raconter La couleur préférée de la princesse. Mais Grenat est appelé en urgence et laisse Emeraude seule, ainsi que l'histoire en suspens...

Et tant qu'elle n'entendra pas la suite, elle le sait, le marchand de sable ne passera jamais et ses paupières ne se fermeront pas! La brebis, les trois cochons, Monsieur l'Ours, le chien policier, tout le monde apportera alors sa contribution et racontera à Emeraude, ainsi qu'à nous, la suite de ce joli conte. 

Les petits coins de lumière délicatement choisis par l'illustratrice donnent à ce bel album une ambiance toute particulière, très proche de celle que connaissent les jeunes enfants juste avant de s'endormir.



Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur

Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur roman graphique de Harper Lee, adapté et illustré par Fred Fordham, traduit par Isabelle Stoïanov, traduction révisée et adaptée par Isabelle Hausser, éditions Grasset
20 euros:

Il y a des livres qui marquent l'histoire de la littérature et celui-ci en fait partie. On ne présente plus Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, ce livre qui est désormais devenu le symbole de la dénonciation de l'Amérique ségrégationniste, ce livre qui obtint en 1961 le très prestigieux prix Pulitzer alors que ce n'est "que" un premier roman.

Fred Fordham en fait aujourd'hui un roman graphique et le moins que l'on puisse dire c'est que ce pari plutôt audacieux est une très belle réussite. Sans aucunement trahir le texte d'origine d'Harper Lee, l'illustrateur réussit un tour de force en faisant redécouvrir ce grand classique sous un nouveau jour. Les dessins, la mise en couleur ne viennent qu'apporter plus de force à cette histoire déjà marquante par elle-même. 

Un très bel ouvrage qui ne décevra pas les inconditionnels de ce livre désormais essentiel et qui permettra en même temps à ceux qui ne l'ont pas encore lu de le découvrir avec la toute la modernité qu'il recèle !



vendredi 9 novembre 2018

Le diable dans la peau de Paul Howarth

Le diable dans la peau de Paul Howarth aux éditions Denoël. Traduit de l'anglais (Australie) par Héloïse Esquié, 22.90 euros.

Voici un premier roman qui frappe fort dans le domaine du polar. Dans la lignée du fils de Philipp Meyer, Le diable dans la peau met en scène une famille de vachers dans le désert australien en 1885, période de colonisation. La ségrégation domine les modes de vie des membres de la famille McBride, qui ont fait appel à Arthur et Joseph de la tribu des Kurrongs, pour les aider à travailler sur leur territoire. 

Les limites de leurs terres sont, dès le début de l'intrigue, dépassées un jour caniculaire par les deux frères adolescents Tommy et Billy McBride qui, sur leurs chevaux, sont censés chercher de la nourriture en cette période infinie de sécheresse. C'est lors de cette chasse qu'ils assistent à l’exécution de deux personnes noires, fusillées par Sullivan, un homme détesté par leur père. 
Cette anecdote va déterminer toute la suite du roman: à la fois terrifiés et fascinés par Sullivan, les deux frères, héros du roman, devront se reposer sur lui pour trouver les coupables du drame qui va par la suite frapper leur famille... 
Tommy, le plus jeune, sensible et réfléchi, doit alors se poser les bonnes questions pour respecter ce lien familial sacré tout en faisant éclater la justice, Sa justice. Cette quête l'amènera à s'ouvrir à l'étranger et trouver, dans ce bush australien impitoyable, sa propre identité. 
Un roman noir magistral qui nous replonge dans une période passionnante de l'Histoire.






Cache-toi Arsène! de Roman Badel

Cache-toi Arsène! de Roman Badel aux éditions Sarbacane, 14.90 euros.

Arsène est un rat mélomane qui adore écouter son maître Jean jouer du piano. Mais dès que la sonnette de l'appartement retentit, vite! Il faut se cacher! Jean ne souhaite pas que le monde sache l'identité de son animal de compagnie. Jusqu'à ce jour où Arsène lance un défi à Jean: participer tous les deux à un concours. A quatre mains/pattes, ils jouent la Mazurka de Chopin devant un jury qui ne voit que du feu au déguisement de caniche dont s'est paré Arsène... La suite, vous la saurez en découvrant cet album plein de malice et de douceur, qui aborde le thème de la différence mais aussi les petits bonheurs de partage du quotidien.
A partir de 3 ans.




Un bébé à livrer de Benjamin Renner

Un bébé à livrer de Benjamin Renner aux éditions Delcourt, collection Shampooing, 24.95euros.

Il était une fois une cigogne qui a mal à la patte et qui ne peut pas remplir sa fonction première: aller livrer un bébé humain à sa famille vivant à Avignon. Elle confie alors cette tâche à un canard et un lapin qui passent par hasard sous son arbre. 
Elle ne se doute pas qu'elle a donné un petit être si important à deux énergumènes qui ne réfléchissent pas beaucoup ou du moins, d'une manière bien particulière... C'est le début d'une grande aventure, à laquelle va se joindre malgré lui un cochon au grand cœur. Tous les trois vont vivre des sensations trop fortes pour leurs espèces, à commencer par changer une couche! Leur périple les amènera à sauver le nourrisson, rebaptisé Peggy, des griffes d'un boucher ou encore d'une horde de joueurs de foot. Comment s'en sortent-ils à chaque fois? Voilà bien tout le comique du dessin de Benjamin Renner qui déjà nous avait fait beaucoup rire avec l'excellent Grand méchant renard.
Les rebondissements en cascade des trois compères nous font passer un excellent moment!



vendredi 2 novembre 2018

Dédicace de Christel Haffner Lance samedi 3 novembre


Dédicace d' Ana Sanchez-Ortiz le 10 novembre


La sexualité bordelaise comme ma poche de Jean-Yves CENDREY

La sexualité bordelaise comme ma poche de Jean-Yves CENDREY aux éditions de L'Arbre Vengeur, 15 euros.


Une question : quel personnage est le plus représentatif de la sexualité bordelaise ? Vous aurez tôt fait de le découvrir dans ce virulent ouvrage dès lors que vous aurez au préalable approuvé que ce dernier « est réservé à un public majeur et averti », « qu’il est vivement déconseillé aux personnes fragiles et impressionnables » ainsi que d’autres avertissements nécessairement signifiés dès les premières pages. Vous apprendrez aussi que ce texte nous fait entendre une femme d’a peu près quarante ans et qui certainement détient des documents de première main sur le personnage dont vous êtes désormais en mesure de connaître l’identité : Pierre Molinier.


Certes, l’homme n’est pas connu du grand public, sa vie et son oeuvre se sont nichés dans une embarrassante appréciation artistique dont Pierre Molinier semble être le seul responsable. Sa trajectoire entamée en 1900 et conclue d’un coup de revolver en 1976 demeure cependant exceptionnelle sinon unique. En se plongeant dans ce récit à la fois cocasse, totalement débridé, et doté d’un humour carnassier, vous vous enrichirez d’une connaissance inouïe de son sujet et constaterez dans le même temps que la ville de Bordeaux en est l’attraction prodigieusement comique. Si les aléas souvent déroutants de la vie de Pierre Molinier ne vous procurent qu’un menu plaisir, rendez-vous directement à la page 62 où débute une charge infernale contre la ville dit-on préférée des français sinon des parisiens. Plus encore et parce que nous écrivons ces lignes quelque part entre Arcachon et Bordeaux, voyez ce que la page 71 raconte d’Arcachon et testez par vous-même l’humour de ce livre et le vôtre par la même occasion…  

Les secrets et enchantements de la maison de poupée de la reine d'Angleterre

Les secrets et enchantements de la maison de poupée de la reine d'Angleterre de Vita Sackville-West, illustrations de Kate Baylay, Grasset jeunesse, 18.90 euros.

Voici un livre qui a une histoire toute particulière: le texte a été commandé en 1924 (petite anecdote: c'est également la date de la naissance de votre chère Librairie Générale) par la reine d'Angleterre pour compléter la bibliothèque de sa maison de poupée.
Vita Sackville-West a donc rédigé cette histoire dans laquelle un esprit mystérieux vivrait dans la maison de poupée de la reine... Cet esprit est en réalité une femme qui a côtoyé, lors de ses nombreux voyages, les plus grands de ce monde (Jack et le haricot magique, Cendrillon en personne, le rossignol de l'empereur etc). Arrivée dans la maison de la reine, elle se passionne pour toutes les pièces de la maison, elle-même très curieuse et cultivée.

L'aventure de ce texte (qui existe encore en miniature dans la bibliothèque de Windsor!) et la qualité de l'illustration émerveilleront à coup sûr les adultes et les enfants à partir de 5 ans.



Animabilis de Thierry Murat

Animabilis de Thierry Murat aux éditions Futuropolis, 23 euros. 

En 1872, en plein hiver, Victor de Nelville est envoyé dans le Yorkshire en qualité de journaliste pour relater des légendes celtiques et racontars ésotériques qui nourrissent la vie des anglais du comté, et qui intriguent outre-manche. Très rapidement, l'air glacial et l'accueil des villageois le poussent à reconsidérer sa place:

"Le journaliste recherche la vérité et tente laborieusement de l'écrire. Le poète écrit sa vérité pour dire au monde d'essayer de trouver lui-même la sienne."

C'est donc en poète que Victor de Nelville expérimente cette parenthèse mystérieuse de sa vie: les corps sans vie d'un mouton puis d'un berger sont retrouvés dans la neige, entretenant ainsi la légende de créatures annonciatrices de mort qui menaceraient la région. Son rôle va être alors de s'imprégner de ces fantômes, jusqu'à être lui-même happé par un sentiment paradoxal: celui, malgré tout, d'être chez soi. Une nuit, aspiré par une force mystérieuse, il découvre une maison dans laquelle il trouve une chaleur inattendue, un amour qui donnera à sa vie un véritable sens. 
Dans ce monde hostile, Victor de Nelville ne devra compter que sur l'écriture pour s'en sortir...

Ce roman graphique ne laisse aucune place au hasard. L'ambiance mortelle se marie parfaitement à la personnalité attachante du personnage qui, au fil des saisons, recherchera en permanence le souvenir de cet amour. Une vraie découverte!