vendredi 30 avril 2021

Ne me cherche pas demain d' Adrian McKinty

Ne me cherche pas demain d' Adrian McKinty, éditons Actes Sud, 22.50euros. Traduit de l'anglais (Irlande du Nord) par Laure Manceau)

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Sur le papier, il est évident qu'une amitié entre un membre de l'IRA (Armée Républicaine Irlandaise) et un inspecteur de police pour la couronne britannique, n'est plus possible. Un fossé creusé par l'histoire de leur pays les sépare tous deux, bien qu'ils aient, dans leur jeunesse, arpenté les bars de Dublin et Belfast bras dessus bras dessous.

Le flic en question, Sean Duffy, n'est plus flic. Il fait partie de ceux qui l'ouvrent, bousculent la hiérarchie, consomment des substances illicites, jouent des coudes à la sortie des pubs. Cela lui a coûté d' être rétrogradé, puis limogé de son poste d'inspecteur principal. 

L'autre homme, c'est Dermot McCann, tout juste évadé de la prison de Maze, un des membres les plus dangereux de l'IRA, préparant très certainement une série d'attentats avec l'aide du gouvernement lybien. Nous sommes en 1983.

Lorsque les services secrets cherchent désespérément à retrouver sa trace, ils n'hésitent pas à solliciter de nouveau Sean Duffy, l'homme aux méthodes douteuses. Sean doit alors replonger dans son passé, interroger tous les membres de la famille de Dermot, ceux et celles qu'il a bien connus autrefois... 

C'est le moment ou le lecteur de Ne me cherche pas demain ne mangera plus, ne dormira plus. Une autre enquête s'ouvre, une affaire de meurtre dans un pub. Une énigme de la chambre close, à la Gaston Leroux, dans laquelle on ne sait absolument pas comment le meurtrier a pu tuer sa victime et s'échapper du pub, fermé à gros verrous de l'intérieur. 

Brillantissime, le moment ou ces deux enquêtes se rejoignent. Une tentative d'assassinat contre Margaret Thatcher demeure en toile de fond, pour faire de ce roman une excellente immersion dans le conflit nord-irlandais.


 


Un papa, une maman de Florence CESTAC

Un papa, une maman de Florence CESTAC aux éditions Dargaud, 14,50 Euros.

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Une famille formidable (la mienne) ajoute en complément Florence Cestac dont il faut signaler en passant l'imminente place au sein de la Bande Dessinée. Cet album est en quelque sorte une genèse : enfance, adolescence, jeunesse sont ici racontées sous le soleil (noir ?) paternel plus ou moins accompagné du consentement maternel. Les trente glorieuses comme le définit en préface Daniel Pennac sont régies par la loi des cinq B (nous laisserons les lecteurs en découvrir la teneur)...

Elles furent épiques ces années-là surtout du côté de ceux qui empruntèrent l'ascenseur social à grande vitesse comme monsieur Cestac originaire du bassin d'Arcachon (!) qui vint s'installer et réussir sa vie professionnelle en Normandie après avoir rencontré celle qui lui fournira sa progéniture dont une certaine Florence.

Ce portrait de famille n'y va pas de main morte, on est très vite projeté au cœur du débat avec les propos du père d'emblée rapportés lors d'un repas entre amis : "Si je me suis marié, c'est pour me faire servir !"... Jacques Cestac diplômé de l'école des Arts et Métiers a gagné le Jackpot en obtenant un poste commercial fructueux. Il pourra "flamber" à bord des dernières voitures, Buick, Ford Mustang, DS cabriolet... acheter un terrain au Cap-Ferret, construire, s'offrir un bateau et mener à la baguette sa tribu du haut de son salaire.

Bien évidemment la caricature est drôlissime y compris du côté de la femme de Jacques, Camille, soumise et corvéable tout en restant l'indéfectible alliée. Restent les enfants, témoins privilégiés des colères homériques du père, en subissant les foudres avant que ne pointe chez Florence le logique épanouissement de sa rébellion. 

Comment Florence Cestac parvient-elle à maintenir un élan de sympathie pour ce père quasi-fouettard ?

La réponse réside dans la trajectoire de cet homme issu d'une époque révolue mais dont la particularité agressive ne dévia jamais. Ses propos infamants s'éteindront sur le lieu de sa retraite dans une ville idéale : Arcachon... 



D'or et d'oreillers de Flore Vesco

D'or et d'oreillers de Flore Vesco, éditions Ecole des Loisirs, 15euros

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En 1813, à Greenhead en Angleterre, Mrs Watkins est bien décidée à marier ses trois filles. Aussi lorsqu'elle apprend qu'un Lord propriétaire du château de Blenkinsop (et d'une rente de 80000 livres) cherche une épouse, elle est prête à tous les sacrifices. A commencer par ne pas discuter les méthodes du jeune Lord: pour savoir avec quelle femme il partagera sa vie, il soumet celle-ci à un test: passer une nuit dans son château, dormir sur un lit composé de dizaines de couvertures, couettes, édredons, et voir au petit matin si le test a été réussi.

La noblesse s’agite alors, les trois sœurs Watkins revêtent les robes et les toilettes les plus parfaites. Sadima, leur femme de chambre, les accompagne dans ce mystérieux château, et fait fit de tout cet or et ce luxe. Elle constate l'absence de domestiques, et la présence d'un esprit qui les observe dans leur course ridicule.

Lord Handerson est bien différent des autres, par son sourire sarcastique et ses manières secrètes.  Pour percer les nombreux secrets qui cadenassent sa vie, il faudra affronter quelques démons, sortir des sentiers battus et, plus que tout, se laisser porter par les sens. Ces quelques étapes sont essentielles pour voir se dessiner une magnifique découverte des plaisirs adolescents, une aventure magique dans laquelle les liens familiaux peuvent être tour à tour prison et libération. 

L'héroïne de ce conte revisité n'est donc pas une princesse au petit pois, elle est une jeune femme incarnant la combativité, la sensibilité et l'engagement. Flore Vesco nous fait passer d'un genre littéraire à l'autre et berce son lecteur dans un roman "sensationnel".

A partir de 15 ans.



vendredi 23 avril 2021

Fête de La Librairie Indépendante

 

SAMEDI 24 AVRIL 2021,

venez fêter avec nous les librairies indépendantes !

Cette année est également l'occasion de célébrer le 40ème anniversaire de la Loi Lang.

Grâce à elle, le prix du livre est partout le même, quel que soit le lieu où vous l'achetez.

C'est une formidable loi qui protège nos commerces de la concurrence .

La différence que vous pourrez ainsi trouver

 c'est le conseil des libraires toujours à l'affût afin de découvrir pour vous de belles lectures !

Pour célébrer cette fête, nous avons ainsi le plaisir de vous offrir pour tout achat

le samedi 24 avril

un livre que vous pourrez choisir parmi une grande sélection que nous avons préparée !

Mousse de Klaus Modick

Mousse de Klaus Modick aux éditions Rue de l'échiquier, 16 euros.

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Parmi toutes les études menées par le botaniste allemand Lukas Ohlburg, la mousse demeure un souvenir d'enfance, un moment partagé avec son père dans leur maison de campagne où ce dernier demandait à son fils d'écarter cette mousse qui s'incrustait entre les dalles du jardin. La mousse est un élément vivant tout à fait remarquable dont le livre nous fait comprendre l'adaptabilité. Mais il ne s'agit pas d'un livre scientifique bien que Lukas Ohlburg fût une sommité dans son domaine jusqu'à sa mort survenue en 1981.

Mousse est introduit par une note de Klaus Modick (le livre est paru en Allemagne en 1983) sur la réception du manuscrit que lui a remis le frère de Lukas Ohlburg. Le récit épars des souvenirs du botaniste est donc reconstitué par Klaus Modick en une sorte de rêverie du promeneur solitaire dans une région de l'Allemagne du Nord (non loin de Brême).

Le grand sens de l'observation de Lukas Ohlburg est probant, l'homme est à la fin de sa vie mais sa perception de la nature est toujours pourvue d'une acuité que renforce sa connaissance d'un environnement dont il peut nommer chaque élément qui le constitue. 

Il existe une petite famille de mousse formant un gazon qui ne possède qu'un seul genre, Splachnum, essentiellement limitée aux zones arctiques. Mais depuis quelques jours elle ondoie autour de la maison, ce qui est étonnant, étant donné que la chaleur et la luminosité augmentent constamment. Le petit chapeau jaune ou rouge ressemble étrangement à un signal. Voici ce qu'il en est. Avec son scintillement et l'odeur indolique qu'elle dégage, ce qui exerce sur moi  un effet à la fois stimulant et anesthésiant, cette famille de mousse commence à s'installer dans ma barbe, attire des insectes qui assurent la dissémination de ses spores. C'est tout à fait exceptionnel pour des mousses. Même dans le choix de son substrat, de son lieu d'installation, cette famille fait preuve d'une particularité sage. Elle pousse exclusivement sur des matières organiques en voie de pourrissement. De toutes les mousses celles-ci est peut-être la seule à pouvoir un jour quitter son impasse évolutive pour aller vers le royaume coloré  des plantes plus grandes.

Cette présomption que je lui accorde négligemment tandis que les températures augmentent, n'a en fin de compte aucun sens. Mais la lueur, l'essaimage, l'odeur de bleu profond, tout ce la est un véhicule dans lequel je peux poursuivre mon voyage.
 

Les nouvelles aventures de Lapinot de Lewis Trondheim

Les nouvelles aventures de Lapinot : L’apocalypse joyeuse de Lewis TRONDHEIM aux éditions L’association, 13 Euros.

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Lapinot pour ceux qui prendraient le train en marche va bientôt fêter ses trente années d’existence. Selon nos informations Lapinot aurait débuté sa carrière avec Lapinot et les carottes de Patagonie, un titre "envoûtant" dont nous ne saurons dire quoi que ce soit. En 1992, certainement étions-nous trop jeunes pour en déguster toute la substance. Il n’empêche que trente ans plus tard Lapinot semble ne pas avoir pris une ride et demeure cet éternel jeune lapin entouré d’amis dont les aventures ne manquent toujours pas de questionner son époque quitte à reproduire comme cette fois d’inquiétants travers inspirés de la vie réelle, n’est-il pas ?


Lapinot donc, parti en voiture de location avec son ami Richard dans l’intention de se remettre de l’agression stupide dont il a été victime (et qui lui a couté bon nombre de blessures dont une mise en plâtre de son bras) a l’intention de se rendre jusque chez son autre ami Titi propriétaire d’une belle maisonnée à la campagne. Or, sur le parking de la grande surface où ils se sont arrêtés pour y préparer l’apéro, une météorite, oui absolument, une météorite d’un trait se fiche dans leur voiture et l’endommage pour toujours. Inimaginable mais pourtant vrai, Lapinot et son ami tour à tour désemparés puis réjouis se trouvent possesseurs d’un caillou venu de la planète Mars finit-on par les informer. 

Que faire d’un tel objet prenant subitement une valeur inouïe et attisant les convoitises de tous ceux qu’il vont rencontrer hormis Charles et Emma la nouvelle fiancée de celui-ci ?


Abracadantesque, il convient, cette nouvelle aventure de Lapinot est un modèle d’enchaînements fictionnels totalement disjonctés mais savoureusement dialogués. Lewis Trondheim est un orfèvre scénaristique, sa facilité déconcertante le rend surproductif tout en offrant un divertissement qui frise la jubilation. L'apocalypse joyeuse est un vrai cauchemar pour Lapinot et ses amis mais rien en comparaison de l’allusion finale qui annonce, l’air de rien, un cataclysme d’une toute autre ampleur. 

But de l’opération : Ne pas céder à la panique si un virus venait tout mettre en l’air… 

Merci Lewis.




Le Château des Papayes de Sara Pennypacker

 

Le Château des Papayes de Sara Pennypacker, éditions Gallimard Jeunesse, 16 euros, à partir de 10 ans:

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Mais pourquoi faut-il toujours passer ses vacances en centre de loisirs ? Telle est bien la question que Ware se pose alors qu'il croyait pourtant pouvoir enfin y échapper cet été. Las ! c'était sans compter sur les deux hanches cassées de sa chère grand-mère qui devait le garder.

De retour, une fois de plus, dans le terrible centre de loisirs où il est en plus prié de se faire des "Relations Sociales Enrichissantes", le grand garçon de 11 ans et demi qu'il est cherche par tout moyen une échappatoire... C'est ainsi qu'au cours d'une partie de cache-cache pour éviter la course d'endurance imposée quotidiennement, Ware découvre une vieille église, terrain de jeu idéal pour laisser libre cours à son imagination et surtout pour pouvoir être enfin seul. Du moins c'est ce qu'il croit jusqu'au moment où il découvre Jolène, elle aussi en quête de solitude et bien occupée à cultiver son jardin de papayes au pied des ruines de l'église. 

Ces deux solitudes vont ainsi apprendre à "cohabiter", à s'apprivoiser pour finir par tisser des liens  d'amitié forts. Voici donc un roman d'amitié à la fois simple et touchant !

Après Pax et le petit soldat qui avait notamment obtenu en 2018 le prestigieux Prix Sorcières décerné par l'Association des librairies spécialisées Jeunesse et l'Association des Bibliothécaires de France, Sara Pennypacker a, à nouveau, su trouver son public !

vendredi 16 avril 2021

The white darkness de David Gran

 The white darkness de David Gran aux éditions du Sous-sol, 

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Commençons par nommer les protagonistes du livre de David Gran, Ernest Schakleton et Henry Worsley, ils sont chacun reconnus comme des explorateurs essentiels à la connaissance du continent Antarctique. 

Les nombreuses photos qui illustrent leurs aventures ont été prises à un siècle de distance. 


Si L’odyssée de l’Endurance demeure un livre phare, le récit extrême non pas d’un échec mais d’une survie dans le froid polaire, David Gran, dans la première partie de The white darkness en restitue ses valeurs premières soit la promesse d’un capitaine en qui tout un équipage maintint sa confiance jusqu’à son retour avec des sauveteurs et la satisfaction de ce capitaine de n’avoir subi aucune perte dans un hivernage forcé dès lors que le bateau "L’endurance" fut immobilisé par les glaces.


Henry Worsley fut un des lecteurs admiratifs de L’odyssée de l’Endurance, il en retint les leçons tout au long de sa carrière militaire avant d’entreprendre à son tour sa propre odyssée  accompagné de deux acolytes dont le petit-fils d’un des hommes de Schakelton et accomplir sa première expédition « anniversaire » au pôle sud. 

Une deuxième menée cette fois en solitaire poussera Henry Worsley dans les limites possibles qu’un homme puisse endurer seul sur ce monstrueux continent.


Le propos de David Gran n’est justement pas de démontrer une quelconque folie de cette tentative. Bien au contraire, il démontre que celle-ci était sans doute la plus contrôlée qui soit. Henry Worsley n’était pas un aventurier inconscient des risques entrepris. Il savait que personne avant lui n’avait réussi à traverser l’Antarctique en solitaire et ce désir d’y parvenir était inconciliable de son attirance pour les paysages de neige et de glace qui composent cette contrée farouchement hostile à l’homme. 


David Gran rend hommage à l’explorateur et  à sa famille qui lui a permis d’aller au bout de son désir, de son besoin de ressentir et de rêver son voyage. 

En s’appuyant sur les notes ramenées par Henri Worsley, David Gran livre un récit palpitant qui témoigne avec éloquence de quel exploit il retourne lorsque l'on affronte The white darkness

Lightfall Tome 1 de Tim Probert

Lightfall tome 1 la dernière flamme de Tim Probert, éditions Gallimard Bande Dessinée, 19.90 euros:
 

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Disons-le tout de suite, ce qu'il y a de terrible avec un tome 1 c'est qu'attendre le tome 2 peut devenir une vrai torture. Donc malheureusement de ce point de vue, préparez-vous à souffrir...

Le pire étant dit, rassurez-vous, le reste n'est qu'éloge et il y aurait de quoi être intarissable en la matière tant Lightfall est une belle lecture. 

Béa est une petite fille qui vit chez son grand-père, un cochon-sorcier, un peu farfelu, ayant surtout quelques soucis de mémoire avec l'âge. Une profonde tendresse les lie tous les deux. Quand celui-ci disparaît pour partir soudainement à la recherche du Sceau du Dormeur sans Repos alors que de son propre aveu il ne sait plus où il se trouve, Béa ne peut qu'essayer de partir sur les traces de son grand-père pour le protéger. Il faut dire que parcourir la contrée d'Irpa n'est pas sans embûche... surtout quand on détient avec soi une fiole enfermant la dernière flamme de l'une des lumières construites par les Galduriens pour lutter contre les ténèbres qui se sont abattus sur le monde des siècles auparavant. Heureusement sur sa route Béa a eu la grande chance de rencontrer Cadwallader, un Galdurien justement, parti à la recherche des siens. Grâce à sa parfaite connaissance de la contrée et à son immense force, il va pouvoir la guider et déjouer quelques pièges comme ceux de ce filou de Kippen Rauken Barnabus, fin voleur qui a tout de suite perçu la valeur de la précieuse fiole de Béa....

Nous ne vous en dirons pas plus, à vous de venir découvrir ce vrai bijou de poésie !







7 lettres de Olivia Harvard


7 lettres de Olivia Harvard, éditions Le Livre de Poche Jeunesse, 6.90 euros, à partir de 14 ans:

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Combien il peut être difficile de perdre son meilleur ami. Surtout quand on découvre son corps et qu'au fil du temps on s'aperçoit que ce meilleur ami, on ne le connaissait pas si bien que cela finalement.

C'est ce que vit Elliot Parker, jeune homme de 18 ans poussé malgré lui à mener l'enquête sur le meurtre de Colton Crest, ou peut-être devrions-nous plutôt dire Daniel Heckerman, ce garçon qui, également malgré lui, menait une double vie. Car lui aussi menait une enquête mais à la différence d'Elliot, il était doué en la matière et en avait acquis les codes. Il s'était ainsi forgé une nouvelle identité pour approcher au mieux un ennemi qui avait bouleversé son enfance.

Elliot tombe donc de haut en découvrant peu à peu qui était Colton mais ce qui le bouleverse sans aucun doute le plus c'est que son tueur joue avec lui en lui proposant un jeu de piste. Un jeu diabolique qui doit le conduire de lettre en lettre qui chacune révèle un indice pour le démasquer. 

Eliott se sent terriblement seul dans cette poursuite effrénée et dangereuse. Mais il va s'apercevoir peu à peu que le tueur, étant beaucoup plus redoutable qu'il ne le craint déjà, ne joue finalement pas seulement avec lui....

Ce roman dense et découvert sur Wattpad, réseau social désormais bien connu des "jeunes lecteurs connectés et dans le vent" saura prendre à coup sûr ceux qui ont déjà dévoré 13 reasons why de Jay Asher, best-seller à l'origine de la série sur Netflix (plateforme télévisuelle elle aussi bien connue des "jeunes connectés et dans le vent" !).


vendredi 9 avril 2021

De sable et de neige de Chantal Thomas

De sable et de neige de Chantal Thomas aux éditions du Mercure de France collection Traits et portraits, 19 euros.

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Simultanément ou presque deux auteurs aux parcours plus proches qu’on ne le suppose se sont attardés via la collection Traits et portraits sur leur enfance respective et, géographiquement, distante de quelques kilomètres. Une distance agréable qui relie Bordeaux à Arcachon.

 

Chantal Thomas et Philippe Sollers se sont effectivement adonnés à l'exercice proposé par la collection et c’est vers Chantal Thomas que nous nous sommes tournés instinctivement mus par notre curiosité naturelle pour toute parution associée à Arcachon. 

 

Chantal Thomas, nous le savons bien, a passé son enfance sur les rivages arcachonnais déjà contés dans son livre bien nommé Souvenirs de la marée basse où l’écrivaine suivait les pas ou plutôt les brassées de sa mère, infatigable nageuse qui délaissait sa famille pour des bains quotidiens aux abords des chantiers navals encore actifs dans les années cinquante à Arcachon. 

 

Cette fois, le rôle du père apparaît, le résistant lyonnais subissant la volonté de sa femme de vivre au bord de l’eau. Il y avait chez lui une solitude qui l’entraînait sur son rafiot qu'il pilotait jusqu’aux passes où le poisson s’avérait présent. La jeune Chantal l’accompagnait dans le silence du clapotis, des heures durant, canne à pêche lancée dans le bassin pour le plaisir d’être avec son père qui préférait pour sa part la montagne avant la mer. 

 

C’est pourquoi l’hiver 56 où la neige tomba dru, à Arcachon comme ailleurs, reste le moment absolu du livre de Chantal Thomas, celui qui révèle son père et elle-même à la pratique du sport d’hiver. 

Les photos qui se sont glissées dans le livre sont frappantes par la netteté de tout ce qui fait la lumière atlantique et plus précisément celle du bassin d’Arcachon. 

 

La dérive mémorielle de Chantal Thomas entraîne cette dernière jusqu’au Japon dont elle admire la poésie et la peinture.

De sable et de neige montre à quel point l’image transmet à l’écrit une puissance invocatoire qui, sans elle, aurait été rendue tout autre.


Thérapie de groupe 1. L'étoile qui danse et 2. Ce qui se conçoit bien de Manu LARCENET


Thérapie de groupe 1. L'étoile qui danse et 2. Ce qui se conçoit bien de Manu LARCENET aux éditions Dargaud, 15 Euros chaque exemplaire.


"Au départ, au départ" comme dit la chanson*, il y avait le projet de créer une série sobrement intitulée Jean-Jacques et Bruno ou L'aventure au bureau. C'eût été "l'idée du siècle", celle après quoi tout créateur qui se respecte - de Bandes Dessinées de surcroît - court indéfiniment. 

Mais il faut se méfier des idées géniales qui rétrécissent après la première nuit et qui démoralisent les créateurs les plus exigeants. Manu Larcenet a le pouvoir de s'embraser dès qu'une idée surgit de son imagination explosive. Alors pourquoi ne pas en faire la démonstration et en faire un livre ? 

Les affres de la création sont donc une fois encore** mises à l'honneur et nous succombons de rire au devant de cette avalanche de gags qui ne durent guère plus d'un jour. 

(Il faut avoir du chaos en soi pour enfanter) une étoile qui danse concédait Manu Larcenet en 2020 avant de poursuivre en 2021 en assénant Ce qui se conçoit bien (s'énonce clairement) formule que Nicolas Boileau soudainement revenu parmi nous professe doctement lors d'un homérique débat télévisé avec ce renfrogné de Friedrich Nietszche survenu lui aussi de nulle part.. 

Manu Larcenet a le talent magnifique d'explorer toutes les pistes possibles dans tous les styles possibles. Les hommages sont innombrables dont une extraordinaire référence à Jean Giraud. Précipitez-vous sur l'épisode Le gang des glorieux prédécesseurs. C'est aussi une réflexion inédite sur l'art de la Bande Dessinée ou plus simplement du dessin ou encore de l'art dans son ensemble jusqu'à Dieu tant qu'on y est. Larcenet convoque toutes les figures qui ont hanté sa progression artistique ce qui peut l'amener, avec une sincérité confondante, à nous faire l'aveu de ses réguliers séjours en clinique psychiatrique.

La confession cachée de Manu Larcenet n'est pas jouée, elle annonce les risques que procure la création. Tout n'est pas enviable mais la leçon du rire en demeure fort heureusement la thérapie finale.

*Alex Beaupin (2011)

** Blog du 5 février 2021 Oleg de FredErik PEETERS




Vasco le cochon footballeur de Edward van de Vendel

Vasco le cochon footballeur de Edward van de Vendel, illustré par Alain  éditions Versant sud, traduit du néerlandais par Emmanuèle Sandron, 13.50 euros.

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Quelle idée d'offrir un cochon à un jeune enfant pour son anniversaire... C'est pourtant un des plus beaux cadeaux que l'on pouvait offrir à Matteo. Quand celui-ci s'accompagne d'un ballon de football, on peut parler alors du plus beau jour de sa vie. 

Comment faire participer son cochon - fraîchement baptisé Vasco - à son sport favori? C'est là que les ennuis commencent. Vasco veut bien faire, pour être le meilleur cochon possible. Matteo tente par tous les moyens de lui apprendre les règles techniques et tactiques du foot. Le résultat est pitoyable : Vasco préfère se rouler dans la boue, et Matteo souffle de désespoir. 

Un miracle se produira tout de même, et Vasco fera la une du petit journal "Le matin"grâce à une lucarne splendide marquée du groin.

Réalisées à partir de photographies réelles, les illustrations de cet album évoquent la nostalgie de l'époque des premières vignettes Panini et des petits soldats. Retour sur les légendes du ballon rond, tout en appréciant le récit d'une belle histoire d'amitié, le tout pour bien patienter jusqu'à l'Euro 2021!

vendredi 2 avril 2021

La famille Martin

 

La famille Martin de David Foenkinos, éditions Gallimard, 19.50 euros:

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Entre fiction et réalité, la barrière est souvent fine en littérature et David Foenkinos en joue ici ouvertement, naturellement et sans artifice.

C'est l'histoire d'un auteur qui, bien qu'ayant obtenu le prix Renaudot pour un précédent roman et ayant donc déjà noué avec une certaine reconnaissance, se heurte définitivement à la page blanche. Aucune once d'inspiration ne lui vient. Alors pourquoi ne pas raconter l'histoire d'une vie et ne pas faire un roman vrai ? Car après tout, tout le monde le sait, la vraie vie est parfois aussi riche, si ce n'est plus, que celle de personnages inventés.

C'est donc décidé, notre auteur s'en tiendra à cela: il écrira le roman de la première personne croisée en bas de son immeuble. Naît ainsi l'histoire de Madeleine Tricot (cela ne s'invente pas), vieille dame à la vie heureusement bien remplie pour celui en panne d'imagination. Et avec elle l'histoire de René, le mari, de Stéphanie, de Valérie, les filles, et surtout de toute une famille pour qui ce projet de roman devient une formidable et touchante bouée de sauvetage. Madeleine présente en effet un début d'Alzheimer et ses souvenirs s'étiolent peu à peu. Commence ainsi un voyage où les personnages vont vivre leur vie de héros de chair et de papier et où les rencontres peuvent être bouleversantes ou tout simplement faire davantage apprécier les instants vécus.

Gianna d'Arianna Melone

Gianna d'Arianna Melone, éditions Albin Michel, 19 euros

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Gianna est de celles qui ne passent pas inaperçues. Le regard fuyant mais l'air sûr d'elle, cette jeune femme suscite autant de jalousie que de fascination. Dans l'Italie des années 70, vivre sa féminité et sa sexualité en toute liberté bouscule les idées des uns et des autres, et Gianna est bien décidée cependant à revendiquer ses droits au plus fort des années de plomb.

Ce combat ne s'arrête pas à elle, mais à tous. Elle milite pour le droit des femmes à l'avortement, pour l'égalité des sexes, et la liberté de manifester. Gianna s'engage et se revendique, tout en s'interrogeant sur sa condition de femme. Est-elle débridée, dévergondée, ou simplement libre? Le lecteur de cette petite pépite se posera aussi cette question, grâce à un dessin au plus près de ces bouleversements. La technique d'Arianna Melone, qui allie crayons de couleur et aquarelles, souligne à merveille l'impact des tensions politiques et sociales sur chaque individu.

Jean-Claude Mourlevat lauréat du prix Astrid Lindgren 2021

Jean-Claude Mourlevat a été récompensé cette semaine par le prestigieux prix littéraire Astrid Lindgren, l'occasion pour nous de remettre à l'honneur cet auteur majeur de la littérature jeunesse.

Les romans d'aventure de Jean-Claude Mourlevat abordent de nombreux thèmes essentiels au jeune public, et ce dans un humour fin et un suspense remarquable. Bravo à lui!






Photo Melania AVANZATO/Opale via Leemage

Jefferson, éditions Folio junior, 6.80 euros:

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Un beau matin, Jefferson va se faire couper la houppette chez son coiffeur attitré: Défini'tif. Très élégant, toujours propre et en costume, il ne se doute pas que ce matin là va changer à jamais sa petite vie bien rangée de hérisson.

En arrivant devant Défini'tif, au lieu de découvrir son coiffeur personnel- un blaireau apparemment sans histoires- souriant et prêt à prendre soin de lui, il le voit gisant sur le sol, une paire de ciseaux plantée dans le corps!
Jefferson, en tout bon hérisson qui se respecte, se jette sur le blaireau pour enlever cette arme du crime... sans se douter que ce geste lui vaudra d'être accusé de meurtre.

Comment prouver son innocence? En cherchant lui-même le(s) coupable(s) bien sûr! Mais pour cela, il lui faudra l'aide dévouée de son meilleur ami Gaspard le cochon, ainsi que le soutien inattendu d'autres animaux loyaux et serviables.
Autant vous prévenir d'emblée: le dernier roman de Jean-Claude Mourlevat, auteur incontournable en littérature jeunesse, est une lecture jubilatoire et rafraîchissante. On aurait même du mal à le conseiller uniquement aux plus jeunes tant il peut également faire sourire les adultes. Derrière les aventures et les péripéties de Jefferson, se devine un véritable engagement pour la littérature, le voyage, la défense des animaux, en dénonçant notamment leur maltraitance en abattoir, sujet cruellement d'actualité.

Avant tout, on rit, et on adore se lancer à la recherche des coupables, tout en faisant de ce hérisson notre nouvel animal de compagnie. Mais attention, les hérissons sont timides et sauvages, et Jefferson devra user de ses piquants pour affronter le monde hostile des humains.
Jefferson se lit à partir de 9 ans, et surtout sans limite d'âge maximum.
 
Voici les autres livres de Jean-Claude Mourlevat à dévorer sans modération.