vendredi 28 septembre 2018

K.O d'Hector Mathis


K.O d'Hector Mathis aux éditions Buchet Chastel, 15 euros. 

 K.O est un premier roman qui frappe très fort notre âme de lecteur. L'action se passe dans une cabane au fond des bois, non loin d'un château qui la surplombe. C'est dans cette ambiance que Sitam, personnage central de ce roman, trouve refuge après une longue cavale.
Il y rencontre Archibald, vagabond déjà installé dans la cabane, réfugié, rescapé et lui aussi "détraqué". Archibald devient l'oreille tantôt attentive tantôt interrompue par une toux infernale, du périple de Sitam: ce dernier habitait Paris avec la femme qu'il aime, Capu. Tous deux ont fui la capitale suite à une série d'attaques.
K.O est le récit d'un exil vers le nord, pour fuir la guerre et ses ravages. Mais c'est surtout l'histoire d'une langue.  Celle de Sitam, écrivain en perpétuelle recherche de la bonne musique, de la meilleure phrase pour peindre un monde sur le déclin. Celle de l'auteur qui, à travers le portrait de Sitam, souligne les dérives de notre société. Lisez plutôt:

 "Les sentiments provoqués c'est dégueulasse. Ce n'est pas que je suis jamais ému, il ne faudrait pas me faire passer pour un grossier, mais c'est qu'autant de volonté à s’émouvoir ça me dépasse!La pudeur c'est la délicatesse des grands sensibles, aujourd'hui tout le monde court à l'émotion, c'est la grande bourse des sensibleries et les enchères n'en finissent plus...Les autres ils disent tout ce qui les émeut avant d'avoir fini [...] Parfois même ils se forcent, comme s'il s'agissait de course à pied. Si seulement il s'agissait de course à pied,ils n'auraient ps le temps de faire part de leurs émotions."

La force du rythme de ce roman nous met donc à l'épreuve, K.O nous pose face à ce qui peut arriver demain. Mais avant même de se projeter, il pose la question de ce qui reste. Si la guerre est à nos fenêtres, saurons-nous voir l'essentiel? Serons-nous toujours capables d' être solidaires et amoureux? 
Hector Mathis montre ici toute la vulnérabilité de l'Homme, et dresse un magnifique éloge de la littérature face aux menaces de toutes sortes.




PERDY Volume 1 de Kickliy

PERDY Volume 1 de Kickliy aux éditions Dargaud, 19,99 euros.

Voici le premier tome  consacré à une héroïne de Far West unique dans sa catégorie. Une Calamity Jane XXL nommée Perdy
Nous faisons connaissance avec elle à sa sortie du pénitencier de Yuma où elle a semble t-il laissé des souvenirs impérissables que ce soit chez ses camarades de cellule que chez les matons qui lui annoncent non sans épanchements larmoyants qu’elle va leur manquer. 


Perdy ne va pas pour autant changer de cap sitôt la liberté retrouvée. Elle se procure vivres et munitions ainsi qu’un cheval chez les premiers fermiers venus puis se rend à Petiteville où vit une dénommée Rose qui subjugue la population masculine en officiant comme fleuriste de la ville. Rose et Perdy sont à jamais liées par un fort lien de parenté mais la première ne souhaite pas la bienvenue à la seconde, elle la récuse quand bien même Perdy lui présente un avenir radieux grâce au plan qu’elle lui soumet comme au bon vieux temps quand elles braquaient des banques…







Love, Simon de Becky Albertalli aux éditions Hachette, 17 euros

Article rédigé par Joséphine Calas.
 
Résumé: C’est l’histoire de Simon, un jeune homme de 17 ans qui a un secret. Un secret que Blue a, lui aussi: tous deux sont gays. Ils commencent à s’échanger des mails, sous les pseudonymes Blue et Jacques. On voit peu à peu des sentiments se lier, mais Martin vient compliquer certaines choses lorsqu’il découvre ces mails et décide de les utiliser pour en faire du chantage. Entre l’anxiété de Simon de faire son coming-out à ses parents et ses amis et la réaction de certaines personnes au lycée s'ajoute sa quête de trouver la véritable identité de Blue. Simon est débordé par les événements.
Opinion personnelle: Cette fiction est tellement bien écrite que lorsque je la lisais, je n’entendais plus rien du monde extérieur. Ayant vu le film d’abord, j’ai eu du mal à m’imaginer ma propre version des personnages et je conseille donc de ne pas le regarder avant de lire le livre. Cependant, une fois que l’on entre dedans, on ne peut plus le lâcher. Je me suis mise facilement à la place du narrateur, on ressent beaucoup d’empathie pour lui, même si parfois il devient légèrement agaçant et que l’on ne comprenne pas certaines de ses actions (mais après tout, ce serait bizarre s’il était parfait). Je conseille vraiment de le lire si on ne veut pas lire quelque chose de compliqué mais qu’on veuille tout de même une bonne histoire.
Citation: “Je ne sais pas comment leur révéler une chose pareille et retourner à ma vie de Simon après. Parce que si Leah et Nick ne me reconnaissent pas, je ne me reconnaîtrai pas non plus.”



vendredi 21 septembre 2018

Festival Thriller à Gujan-Mestras les 29 et 30 Septembre

Dans une semaine, rendez-vous avec les auteurs du festival Thriller, au port de Larros à Gujan-Mestras. Nous aurons le plaisir de vous y retrouver! Voici le programme: https://bit.ly/2QMcGKp




Fermeture pour inventaire


Pensez à venir récupérer vos commandes en cours!

La robe blanche de Nathalie LEGER

La robe blanche de Nathalie LEGER aux éditions P.O.L., 16 euros.

La robe blanche est un récit déchirant, «qui déchire l’âme et le cœur » (page 106). La robe blanche est bien une robe de mariée avec un certain grief à son encontre entretenu tout le long par l’auteur. Certes cela n’est jamais clairement signifié mais l’idée suit son chemin  au moment où, pour le lecteur, il s’agit de comprendre  ce qu'il est en train de lire car, après tout, on ne sait où nous emmène ce livre. De Charybde en Scylla semble t-il.

Reprenons. Nathalie Léger, en 2012, à la suite du visionnage de La mariée de Joël Curtz (qui est remercié à la fin du livre) reprend par le menu la funeste destinée (que pour beaucoup nous ignorions) de l’artiste Pippa Bacca partie en auto stop de Milan jusqu’à Jérusalem où elle n’arriva jamais. Elle entreprit ce périple dans une robe de mariée censée porter tout son voyage durant un message de paix et d’amour lors de sa traversée de pays meurtris, il n’y a pas si longtemps, par la guerre. 

Ce voyage fut préparé avec soin car Pippa Bacca était une artiste, une performeuse plus précisément. Ce voyage, qu’elle prit soin de filmer était une approche authentiquement artistique. Mais la performance n’a pas aboutie - elle comportait des risques véritables qui se sont hélas avérés - et Nathalie Léger reconnait avoir ressenti l’échec de Pippa comme une impasse dans la construction du livre qu’elle préparait. Il y avait une incompréhension de l’acte de Pippa. 

Le livre semble donc ne plus pouvoir avancer mais la présence de la mère de Nathalie Léger chez qui elle s’est installée sur la côte d’azur est une piste parallèle que l’auteur suit. Dès les premières incursions de sa mère dans le récit de Nathalie Léger, la réclamation inédite de justice surgit, proférée plus tard à plusieurs reprises. Le lecteur est censé ne pas y prendre garde  tant cette requête demeure trop imprécise pour être comprise. On attend Pippa et la parole de la mère de Nathalie Léger est une échappée non retenue, pas même par la narratrice (Nathalie Léger) et donc reste lettre morte. 

Cette mère que la vieillesse aborde prend seulement une place vigoureuse au moment où La robe blanche reprend le parcours tragique de Pippa. Entre temps mère et fille s'adonnent à une suite de jugements tantôt cruels tantôt indulgents. Le trésor du livre se tient là, dans une déroute familiale issue des années soixante-dix. Une histoire de mariage.  

L’institution de Binet

L’institution* de Binet aux éditions Fluide Glacial, 14,90 euros.

Pas de Bidochon dans L’institution mais un retour à l’enfance de Christian Binet que ses parents, fervents catholiques, ont placé dans un internat tenu par des religieux. 

Binet, raconte t-il en introduction, a été profondément marqué par ces années d’éducation religieuse dans les années cinquante. On peut néanmoins retrouver dans ces souvenirs où tout est vrai, la bêtise et la méchanceté à l’oeuvre dans les Bidochons mais aussi une naïveté confondante de part et d’autre, chez les élèves et chez les enseignants. 

Le fil anecdotique de L’institution ne prête pas toujours à rire mais le trait de Binet garde toujours une férocité qui est en attente et que le lecteur surveille, prêt au pire et donc à l’éclat de rire. Si les moeurs de L’institution relèvent du monde impitoyable de l’enfance, de sa crudité, de sa monstruosité,  il y règne malgré tout une solidarité propre à une société tenue par les mêmes épreuves et les mêmes contraintes. 

Binet chronique une époque très marquée par les années de guerre, et la rigidité de surface des adultes malmenée par l’espièglerie enfantine a pour but une idée de l’éducation désuète et puérile mais d’où émane une forme de tendresse qui annule toute intention malveillante. Aujourd'hui, tout cela serait bien plus violent et plus rebelle, l’autorité serait bafouée. Chez Binet, l’enfance, aussi répugnante, à maints égards, soit-elle,  conserve une pruderie décalée qui prête à sourire et à s’émouvoir. Que sont devenus ces enfants ? Pour beaucoup des Bidochons, dirait Binet. 


* L’institution dans sa première édition date de 1981.


Brexit romance de Clémentine Beauvais

Brexit Romance de Clémentine Beauvais, éditions Sarbacane, 17euros.
Si en tant que jeune européen vous pleurez encore le Brexit, vengez-vous en lisant ce livre! Brexit Romance est une start-up fondée à Londres par Justine pour organiser des mariages entre français et anglais. Le but étant pour ces derniers d'obtenir au bout de cinq ans de vie conjugale le précieux passeport européen, et ainsi continuer de transiter dans l'union européenne.
Vaste projet, me direz-vous!
Justine est en effet une adepte du mariage arrangé, elle repère les futurs couples anglo-français, arrange leur rencontre en veillant bien à ne pas les faire tomber amoureux... Effectivement, s'il y a de l'amour, le but initial - dire "fuck" au Brexit- peut être noyé par du sentimentalisme mielleux.

C'est là que tout le génie de Clémentine Beauvais entre en jeu: elle dresse le portrait de jeunes gens anglais et français qui sont liés de près ou de loin à cette entreprise rebaptisée, pour être crédible, "Mariage pluvieux".
Marguerite, jeune chanteuse d'opéra, originaire de Grenoble, va tomber folle amoureuse d'un jeune Lord anglais qui n'a d'autre but que de l'épouser pour obtenir ce fameux passeport. Ce projet va se heurter à un personnage hilarant, le professeur de chant de Marguerite, un Français au discours laconique, à l'humour sarcastique et à l'allure austère. Ce dernier étant étrangement et subitement attiré par... Justine, la créatrice de "Mariage pluvieux".
Conclusion: tôt ou tard, les sentiments finissent par envahir nos personnages, pour faire tourner le récit en un formidable roman à suspense.

Brexit Romance s'adresse aux grands ados (à offrir d'urgence à tous les adeptes de la langue et l'esprit anglo-saxons), et aux adultes bien sûr,(fans de Jane Austen, ce roman est fait pour vous!), sa lecture offre un éclat de rire à chaque page, nous plonge dans un Londres foisonnant et dans une excellente parodie des outils numériques qui nous entourent. Un coup de cœur so british!



vendredi 14 septembre 2018

Festival Thriller Gujan-Mestras


Retrouvez-nous pour un week-end Thriller sous le signe de la peur
les 29 et 30 Septembre
au port de Larros de Gujan-Mestras

De nombreuses rencontres seront organisées avec vos auteurs polar préférés
et vous pourrez également les retrouver sur notre stand pour échanger plus longuement avec eux et faire dédicacer les livres que vous pourrez acheter sur place !

AVEC SYLVIE ALLOUCHE, JACQUES BABLON, PASCAL DESSAINT, 
JEANNE FAIVRE D'ARCIER, CHRISTOPHE GAVAT, SIMONE GÉLIN,
CHRISTOPHE GUILLAUMOT , ALEX LALOUE, HERVÉ LE CORRE, 
LAURENT LOISON, CLOÉ MEHDI, JEAN-FRANCOIS PAILLARD,  B.A. PARIS,
 CAROLINE PÉROT, PIERRE-MICHEL PRANVILLE, GUY RECHENMANN, FRÉDÉRIC SOUNAC, MARIE TALVAT, DANIELLE THIÉRY, 
FRANCISCO JOSÉ VIEGAS, GILLES VINCENT, JEAN WEBER 

Pour plus d'informations, le programme est ici !

Le paradoxe d'Anderson de Pascal Manoukian

Le paradoxe d'Anderson de Pascal Manoukian aux éditions du Seuil, 19 euros.

Ceux qui connaissent Pascal Manoukian aiment son talent pour restituer sous forme de romans et  d'essais journalistiques, les conflits sociaux et les guerres du monde entier. Ses ouvrages sont poignants, et tendent à nous identifier à des hommes et des femmes à l'autre bout de la planète. C'est pourtant en France qu'il a puisé son inspiration dans ce dernier roman.
Aline et Christophe vivent dans l'Oise, ils forment un couple heureux et harmonieux, qui a donné deux enfants, Mathis et Léa. C'est l'année du bac pour Léa, série Économique et Social, ce qui constitue la plus cruelle des ironies: c'est justement quand leur fille est plongée dans ses cours sur le chômage et la pauvreté, que Christophe et Aline vont, tour à tour, perdre leur emploi à l'usine. Aline travaille dans une usine de textile (Wooly), et Christophe dans une manufacture de bouteilles.

La perte de leur emploi signe le début du surendettement, de la visite récurrente des huissiers, de la recherche impitoyable d'un nouveau travail. Signe t-elle pour autant la fin de cette vie familiale idyllique? Les deux parents devront lutter pour ne pas se laisser enfermer dans la morosité, quitte à devoir inventer les histoires les plus burlesques pour ne pas laisser leurs enfants "avoir honte de leurs parents". C'est donc de manière détournée qu'ils font face à cette épreuve qu'est celle de compter chaque pièce, chaque trajet en voiture, de se voir soi-même différent, changé par ce nouveau statut de chômeur. 
Pascal Manoukian restitue alors magistralement la perte d'une partie de soi lorsque l'on perd son travail. Il pose aussi la question de ce qui reste, qui peut nous faire surmonter toutes les épreuves pourvu que l'on se concentre sur l'essentiel.

Dans une écriture soignée, il décrit par ailleurs un monde ouvrier secoué par la crise, et s'attache à décrypter les pratiques culturelles et sociales de ce milieu, pour faire de ce livre  un témoignage éclairant sur la société française. Quant au paradoxe d' Anderson, savez-vous de quoi il s'agit? Pour le savoir, plongez-vous dans un cours d'économie, ou encore mieux, dans ce beau roman, véritable coup de cœur de cette rentrée.


L'odyssée d'Hakim de Fabien Toulmé

L'odyssée d'Hakim de Fabien Toulmé Tome 1: De la Syrie à la Turquie, éditions Delcourt, 24.95 eurros.

Il est vrai que si l'on veut parler de la question des migrants, les chiffres énoncés de manière intempestive dans nos médias nous accablent, tout en nous éloignant du problème. C'est ce que décrit très bien Fabien Toulmé au début de cette formidable bande dessinée. Il nous faut désormais, pour nous sentir plus "concernés", lire des témoignages de ces rescapés qui ont décidé de fuir leur pays en guerre. Le cas de la Syrie fait l'objet de nombre d'articles, romans, essais, films. La Bande-Déssinée est également un outil très parlant et parfait pour aborder le sujet.

L'auteur a lui-même ressenti le besoin de comprendre, il est allé à la rencontre d'Hakim qui habite désormais à Marseille mais qui a fui la Syrie en janvier 2013. Son histoire est aussi incroyable que réelle et palpable. Passionné des plantes et doté d'un sens profond de la famille, Hakim monte en Syrie une entreprise de pépinière avec son cousin. L'argent qu'il gagne fait vivre sa famille : son père, qui lui a donné cette passion pour les plantes, sa mère et son frère. Ce même frère qui, au printemps 2011 se sent pousser des ailes lorsqu'il entend les premiers cris de la révolte anti-régime, au pied de son immeuble.

Le récit est en réalité un entretien mené par l'auteur lui-même qui a souhaité aller à la rencontre d'un homme déraciné qui se reconstruit en France. Hakim est un personnage doux, rieur, à la fois simple et riche de ses nombreuses vies: en Syrie tout d'abord, puis au Liban, et en Turquie. Autant d 'épreuves que d'aventures, toutes illustrées avec le meilleur respect possible, au plus près des bruits de rue, des coutumes, des souffrances d'Hakim, de celles de son cercle familial.

L'odyssée d'Hakim fait donc partie de ces bandes-dessinées qui laissent un souvenir indélébile, elle est un témoignage incontournable pour comprendre ce qui se passe tous les jours en Syrie, et ne jamais laisser notre solidarité s'éteindre ou se faire endormir.




Quelle horreur! de Claire Lebourg

Quelle horreur! de Claire Lebourg aux éditions Ecole des loisirs, 12.70euros
Que faire lorsqu'il vous reste trois jours pour préparer l'exposition de vos plus belles œuvres, et que vous manquez de modèles? Demandez à vos amis! Mais attention, à vos risques et périls: il est possible qu'ils se vexent en voyant le résultat de vos peintures et collages.

C'est la malheureuse aventure qui arrive à Paty, petite artiste papillon. Elle demande à ses trois copains, Isa l'araignée, Pierre le ver, et Mona la crevette, de poser pour elle. Horreur, stupéfaction, les tableaux de Paty ne leurs plaisent pas du tout du tout, ils leur inspirent même du dégoût! L'heure du vernissage approche, comment le public va réagir? Paty a perdu toute confiance en son talent...
 Mais, contre toute attente, l'exposition révèlera certains traits de caractère de ses amis, ce qui n'est pas sans ravir toute l'assemblée.
Vous l'aurez compris, cet album, joliment illustré et aux textes très amusants, est une introduction à l'art et à sa subjectivité. Un parfait moyen pour apprendre à nos tout petits comment lire un tableau, et à les inviter à s'exprimer face à une œuvre d'art.

A partir de 2 ans.


vendredi 7 septembre 2018

Désintégration d’Emmanuelle RICHARD

Désintégration d’Emmanuelle RICHARD aux éditions de L’Olivier, 16,50 euros.

Un processus autobiographique se consume dans Désintégration et ouvre des portes dans différents espaces-temps qui sont pour certains de l’ordre du décrochage social. 

Emmanuelle Richard, représentante de la classe moyenne des années 2000, est confrontée à l’opulence d’une autre classe, du même âge mais mieux lotie, à qui les portes universitaires et/ou artistiques seraient plus ouvertes. 
Annie Ernaux et Didier Eribon sont cités dans le livre comme des références essentielles de l’auteur. 

Au commencement du livre, Emmanuelle Richard revoit le jour de ses dix-huit ans, en dehors d’une fête dont elle s’est volontairement éloignée. Dans la nuit, une rencontre inédite se présente à elle avec dans le rôle du jeune homme, une icône masculine sortie droit d’un film américain qui incarnerait le cowboy idéal. 
Cette scène éloquente annonce l’inexorable éloignement d’Emmanuelle Richard des jeunes gens qui, non loin, fêtent plusieurs anniversaires dont le sien.

C’est donc une histoire de jeunesse qui irrigue Désintégration. Des souvenirs d’un milieu parisien étudiant, riche et artiste, qui va lapider le mental de la jeune femme inscrite à un Master de littérature. Sa vie en colocation est une constante mise à l’épreuve de ses rapports (de classe) avec autrui. Emmanuelle Richard, parce qu’elle doit trouver son argent dans une multitude de petits boulots, ressent à vif l’écart qui la sépare des fils de.. qui n’ont qu’à sonner chez leurs parents en cas de pépin financier. Pourtant, vient s’insérer dans ce parcours infernal qui participe à l’espoir jamais tout-à-fait enfoui d’une rencontre amoureuse, un moment tendre et beau avec un homme parvenu à une renommée médiatique importante et qui apparaît comme l’éclaircie attendue. 


Ce livre, sous tension, est le portrait très touchant d’une jeune femme à la conquête d’elle-même. Dans sa rage et dans son désespoir, une voix se fait entendre dépositaire d’une langue qui se construit dans une adversité sociale que l’on sent visionnaire et dont on a, hélas, tout à craindre. 

Hiver indien de Stéphanie RUBINI et Charlotte BOUSQUET

Hiver indien de Stéphanie RUBINI et Charlotte BOUSQUET aux éditions Marabulles, 15,95 euros.

Elle arrive de New-York pour les fêtes de Noël qu’elle va passer en famille. Nadia est une violoncelliste célèbre dont plusieurs disques ont couronné sa carrière. La voici pour le réveillon qui arrive enfin. Il faut dire qu’elle se fait rare à Paris et sa venue est un événement fortement attendu surtout par sa nièce, Manon, qui souffre de ne point parvenir à  exprimer sa sensibilité artistique notamment au piano. Irène, tout en douceur, va s’occuper durant son séjour de cette nièce confrontée au tract de jouer en public et cela malgré la grande fatigue qui s’empare d’elle depuis son arrivée. Mieux que la transmission d’un savoir Nadia va inculquer à Manon la confiance en soi.

Une superbe ode à la musique poétiquement illustrée par deux auteures qui retranscrivent avec justesse les frustrations adolescentes. 


Mon ami

Mon ami d'Astrid Desbordes et Pauline Martin, éditions Albin Michel Jeunesse, 9.90 euros


Après Mon amour, Ce que papa m'a dit et bien d'autres albums qui ont marqué les esprits, Astrid Desbordes et Pauline Martin font elles aussi leur rentrée littéraire avec une nouvelle histoire autour du jeune Archibald.

Aujourd'hui il y a un nouveau à l'école et le problème avec lui ce n'est pas qu'il est nouveau, c'est qu'il est différent. 
Au lieu de jouer avec les autres dans la cour à des jeux auxquels tout enfant ne saurait résister, Sam, lui préfère regarder le ciel. Et dans ce ciel ce ne sont pas des nuages qu'il voit mais des dragons de Chine. Jouer à la toupie: ce n'est pas seulement une toupie qui tourne, c'est un cyclone qui grandit. Avec Sam rien n'est pareil et c'est bien déroutant pour notre jeune Archibald. Mais voilà, lorsqu'un jour Sam manque à l'appel, la journée devient bien triste et terne.  Après tout ne serait-ce pas la différence qui fait la force? 

Un bel album pour les 3/5 ans sur la tolérance et l'amitié à mettre dans toutes les petites mains en ces premiers jours d'école où les enfants découvrent encore tout un univers de différences!