vendredi 29 novembre 2019

La séléction Beaux-livres de Noël des libraires (1)

Le sabre japonais , signe du divin, de Natsuo Hattori et Tomohiro Nakamori, éditions Nuinui, 34 euros


Renommé dans le monde entier pour la qualité de sa lame, le sabre japonais est la plus fascinante de toutes les armes. Son aptitude à ne jamais ployer ni casser tient du miracle quand on pense que plus le métal sera affilé, plus il aura tendance à se briser. Mais telle est la nature du katana ! Les forgerons de tout temps ont réalisé ces lames d'une perfection hors pair en conservant, améliorant et transmettant les techniques, chacun apportant sa touche personnelle sans pour autant introduire de modification substantielle dans la forme et le processus de fabrication. Pour ces artisans le katana est bien plus qu'une arme, qu'ils vénèrent en invoquant sur lui la protection du Ciel.



Les sorcières de Céline du Chéné, éditions Michel Lafon et France Culture, 25 euros.





 La sorcière fascine autant qu'elle effraie. Grâce à ce travail remarquable tiré de l'émission Mauvais Genre sur France Culture,  elle devient un modèle d'engagement politique, social et culturel.







Tourbillon de Yann Brys, éditions Chêne, 39 euros







"Meilleur ouvrier de France depuis 2011, Yann Brys nous livre les secrets de ses "Tourbillons" et partage son savoir-faire". 






Le Gainsbook: en studio avec Serge Gainsbourg de Sébastien Merlet, ouvrage collectif, éditions
Seghers, 42 euros


"Les secrets de fabrication de ses chansons enfin dévoilés, grâce aux témoignages de ceux qui l'ont accompagné dans l'élaboration de chacun de ses albums. Une odyssée musicale qui réserve de nombreux scoops, illustrée de plus de 400 photos rares et inédites. Gainsbourg comme vous ne l'avez jamais vu, lu (et entendu). Un ouvrage unique pour explorer une œuvre musicale culte".







La Parade de Noël d'Emmanuelle Houdart, éditions Thierry Magnier, 19.50 euros




Pour patienter jusqu'à Noël, un calendrier de l'avent qui se déplie comme un éventail pour nous faire découvrir chaque jour des personnages et créatures aussi magiques que fantasques. Un spectacle magnifique qui stimule l'imaginaire des enfants à partir de 4 ans.

Black sea de Caroline Eden

Black sea, un voyage culinaire entre Orient et Occident de Caroline Eden, éditions Hachette cuisine, 35 euros
Black Sea est un ouvrage inclassable. Son auteur, Caroline Eden, puise son inspiration aussi bien dans l'Histoire, la cuisine et le carnet de voyage. Au gré de ses escapades, l'auteur a développé une fascination pour la mer noire, théâtre historique d'échanges commerciaux, de migrations et extensions d'empires.
La mer noire borde autant de pays que de cultures différentes: Roumanie, Bulgarie, Moldavie, Ukraine, Russie, Géorgie, et Turquie.
L'auteur décrit à la fois ce qui fait la particularité d'une ville à travers son expérience personnelle, mais elle s'appuie également sur des anecdotes historiques, et citations littéraires pour montrer le pouvoir quasi spirituel de la présence de la mer noire sur ses habitants.
Et si description des mœurs et coutumes il y a, l'évocation des pratiques culinaires de chacun devient effectivement essentielle.
Un voyage hors du commun commence, dont les us ne sont pas si éloignés des nôtres: à Odessa, on apprendra qu'Alexandre Pouchkine consommait régulièrement des huîtres au restaurant. Cette ville était également admirée pour ses glaces et sa douceur de vivre par Anton Tchékhov, ou encore Mark Twain.
Istanbul, reliée à la mer noire par le Bosphore, est aussi décrite comme une ville aussi riche culturellement que culinairement. La coutume de trouver du poisson de saison perdure sur les rives du fleuve, et l'auteur nous met l'eau à la bouche avec quelques recettes comme "Maquereau salé aux agrumes" ou "La soupe du poisson du banquier" (si vous souhaitez connaître l'anecdote autour de ce banquier, rendez-vous page 144!).
La grande originalité de cet ouvrage qui, vous l'aurez compris, repose sur les liens tissés entre les disciplines, puise sa force dans la simplicité des recettes de cuisine proposées par Caroline Eden. Se basant sur la vie quotidienne, les aliments ne sont pas rares mais l'assortiment d'épices et de saveurs invitent au dépaysement, jusqu'à faire venir les parfums de la mer noire jusqu'à chez soi.


30 jours au Groenland de Fleur Daugey et Stéphane Kiehl

30 jours au Groenland de Fleur Daugey et Stéphane Kiehl, éditions Actes sud BD, 18 euros

Ils sont sept à bord du bateau Le Manguier: quatre artistes, un chercheur, le capitaine et son second. Le Manguier est pris dans les glaces de la banquise groenlandaise afin de permettre à ses occupants d'étudier et de puiser leur inspiration dans cet environnement si particulier.
Fleur Daugey, écrivaine, journaliste et éthologue, nous fait ici découvrir le peuple inuit, dont les coutumes et traditions perdurent en dépit de la mondialisation. Durant trente jours, l'auteur expérimente le froid, l'alimentation, l'apprentissage de l'Histoire du Groenland et ses légendes, ses animaux et sa végétation. 
Grâce aux illustrations minutieuses de Stéphane Kiehl, le carnet de voyage de l'auteur devient une véritable chasse au trésor dans cet univers à la fois dur et fragile. 
A lire à tous les âges pour un dépaysement total!





La légendaire histoire du colibri qui sauva l'Amazonie

La légendaire histoire du colibri qui sauva l'Amazonie de Gwendoline Raisson, illustré par Vincent Pianina, collection "Mouche" chez l'Ecole des Loisirs, 7.50 euros



Avec un tel titre, nous pourrions évidemment considérer que tout est dit. Et bien non justement ! Il est bien nécessaire d'en dire un peu plus de façon à être certains que vous ne passiez pas à côté de ce court roman qui aurait bien sa place dans la bibliothèque idéale des 6/8 ans.

Il s'agit en effet d'un conte amérindien et donc, comme dans tout conte, il en ressort une sagesse, une philosophie de vie qui devrait être un véritable exemple à suivre.
Certains, comme Pierre Rabhi, s'en sont déjà emparés mais que nous soyons convaincus ou non par le mouvement qu'il a inspiré, l'essentiel à retenir est la morale selon laquelle rien n'est vain, chaque goutte d'eau compte. Si chacun fait sa part, quelque soit le temps que cela prenne et quelque soit l'obstacle à surmonter, les choses peuvent changer, et ce même en devant faire face à l'incrédulité:

"Qu'ils soient petits ou grands, beaux ou moches, rapides ou lents, pas très malins ou fort intelligents, chacun fait à sa façon. Certains se mettent à creuser, d'autres à sauter, à voler, ramper, gratter ... Chacun fait sa part !
Cela dure plusieurs jours et plusieurs nuits. Sans s'arrêter, les animaux d'Amazonie font comme le colibri. Ils travaillent, ils luttent, ils transpirent.
Et les petites gouttes d'eau, multipliées par des milliers, deviennent des averses."

vendredi 22 novembre 2019

Reprise des activités de plein air de Jean-Claude LALUMIERE

Reprise des activités de plein air de Jean-Claude LALUMIERE aux éditions du Rocher, 17 euros.

L’heure de la maturité est venue chez Jean-Claude Lalumière. En choisissant un personnage de 85 ans parmi les trois protagonistes de cette Reprise des activités de plein air (beau titre dont on comprendra la pertinence en découvrant la fin), l’auteur que l’on a classé (un peu vite) dans un genre humoristique en dédaignant la fine analyse de ses personnages dits de province, s’est lancé un défi. 

Du plus âgé donc (Philippe) au plus jeune (Mickael 22 ans) en passant par Christophe (47 ans), ce sont trois modes narratifs qui se développent dans ce roman d’hommes où les femmes demeurent les grandes absentes et, de fait, les plus désirées ou les plus regrettées. 

L’action se déroule dans les confins (c’est peu dire) de la plus grande des îles charentaises, Oléron. Côté nord, non loin du phare de Chassiron, les trois embusqués s’attachent à créer un restaurant qui mettrait en valeur les recettes retrouvées d’une certaine Mémé Rillettes, parente de Christophe le chroniqueur du roman. 
Christophe relate également quelques épisodes de sa vie avec Valérie (qui l’a quitté), de sa vie sans Valérie maintenant qu’il est en résidence (définitive ?) dans une maison de famille qu’il conservait pour ses vacances. 

Quant à Mickaël, il s’entretient par mail avec Tina, sa supposée fiancée qui vit de l’autre côté de l’océan dans une autre île, plus improbable encore, Saint Pierre et Miquelon. Il consigne amoureusement les événements qui contribuent à le lier aux deux autres lascars plus âgés que lui. 

Enfin, Philippe est un diariste dont nous apprenons le récent veuvage. Sa femme Elisabeth est effectivement morte à l’âge de 82 ans et c’est à elle qu’il adresse le récit des tribulations de ses deux autres compères. 

Chez ces trois-là, Jean-Claude Lalumière a mis bon nombre d’humeurs ronchonnes mâtinées de mœurs "oléronesques". Le tout est servi avec un sens parfait de l’autodérision qui fait de cet auteur, répétons-le, un écrivain à part dans le paysage littéraire français, et qu’il est  temps de saluer à l’aune de son talent qui est immense.






2132 mètres - XIII Tome 26 de I.JIGOUNOV et Y.SENTE

2132 mètres - XIII Tome 26 de I.JIGOUNOV et Y.SENTE aux éditions Dargaud, 12 euros.

De quelle mission l’agent Mac Lane doit-il s’acquitter pour gagner la confiance de ce groupe ultra puissant implanté aux Etats-Unis et rompu aux nuisances les plus sophistiquées ?

Le programme numéro 26 de la série XIII (initiée en 1984 et dont le deuxième cycle a débuté en 2011) vous délivrera de cette équation à plusieures inconnues à la dernière page.

Grosse manipulation en perspective pour les lecteurs friands de saga où s’enchevêtrent des conflits au plus haut sommet des hiérarchies gouvernantes. Erotisation appuyée des protagonistes qui oeuvrent à l’insu de tous (on appelle ça des espions). Extrême complexité scénaristique mais néanmoins compréhensible si l’on veille aux décrochages géographiques imposés par les dessins (Boston, Washington et quelques autres lieux secrets). 

Oui, 2132 mètres est un suspense mâtiné de dialogues qui n’hésitent pas à décocher quelques salves humoristiques qui font de cet opus un divertissement plaisant. 


Et pour répondre à la question embarrassante qui demande s’il faut avoir lu les vingt-cinq autres épisodes pour bien suivre ce qu’il se passe dans le vingt-sixième, la réponse est évidemment oui. Plus sérieusement, les auteurs se sont arrangés pour que cela ne soit pas non plus impossible de faire sans.



Quelqu'un m'attend derrière la neige de Timothee de Fombelle et Thomas Campi

Quelqu'un m'attend derrière la neige de Timothee de Fombelle, illustré par Thomas Campi

Tout commence avec une hirondelle à contre-courant. Une force la pousse à venir en décembre dans le nord de la France, alors que les premiers flocons de neige tombent. C'est la nuit de Noël. 
Au même moment, Freddy d'Angelo, livreur de glaces, file vers l'Angleterre dans son camion jaune. Malgré son tempérament taciturne, il écoute Frank Sinatra en cette nuit qu'il passera seul à travailler. Qui plus est, cela fait quatre-vingt-dix-neuf jours qu'il n'a pas discuté avec quelqu'un. 
Au bout de cette nuit, il y a une rencontre qui va radicalement changer la vie de Freddy. Celle de cette petite hirondelle également, prénommée Gloria pour une raison que nous vous laissons découvrir.
Au bout de cette lecture, il y a un petit frisson, celui procuré par une belle leçon de vie, elle-même apportée par la finesse de Timothée de Fombelle et la douceur du dessin de Thomas Campi. Tout cela est une question de partage et d'entraide, dont la valeur est, grâce à ces auteurs, très communicative.

A lire à partir de 7/8 ans.


vendredi 15 novembre 2019

Cent millions d'années et un jour de Jean-Baptiste Andrea

Cent millions d'années et un jour de Jean-Baptiste Andrea, éditions l'Iconoclaste, 18 euros.


Il a suffi d'attendre le froid polaire pour vous parler de ce roman, première pépite que nous avons lue de la rentrée littéraire de septembre.

Une pépite car l'on s'y sent bien malgré le froid, l'endurance et la douleur. Le lecteur y est en effet à sa place, spectateur frissonnant de cette ascension.
Nous sommes en 1954 et l'ascension est celle de Stan, professeur à l'université et spécialiste en paléontologie. Passionné de fossiles, le récit édifiant d'une fillette à propos d'un squelette de dragon niché dans les montagnes tourne pour lui à l'obsession. Un dragon? Très peu probable. Un dinosaure alors? Son enquête va le mener à diriger une expédition dans les Alpes, accompagné d'un guide italien nommé Gio, son assistant à la fac Umberto, et un ami de ce dernier, Peter.
Les quatre hommes ne sont pas seuls, ils affrontent, en même temps que les dangers de la montagne, leurs échecs passés, leur capacité de survie, et leurs démons.
Tandis que Gio raisonne selon la Trinité "Monter, survivre, redescendre", Stan ne s'en tient qu'aux deux premières actions. Monter, en promettant que cela ne sera pas long. Survivre à des conditions extrêmes, et survivre à lui-même. Redescendre n'a pas d'importance pour lui, pourvu qu'il prouve au monde entier que se cache ici, pas loin d'eux, ce fameux fossile, mystère absolu et prétexte idéal à la reconnaissance qu'il n'a jamais eue enfant.

A mesure que nous allons suivre la destinée de ces quatre hommes, se dessinent en même temps un excellent roman d'introspection et un récit d'aventure. Jean-Baptise Andréa mêle les deux temps à merveille, en poussant au sommet ce qu'il avait déjà entrepris dans son précédent roman, Ma reine.



Lettres d'amour de 0 à 10 de Susie Morgenstern et Thomas Baas

Lettres d'amour de 0 à 10 de Susie Morgenstern et Thomas Baas, éditions Rue de Sèvres, 14 euros


Si vous n'avez pas déjà lu le roman jeunesse de Susie Morgenstern Lettres d'amour de 0 à 10, ou si vous souhaitez y ajouter encore plus de poésie, le dessin de Thomas Baas y contribue très largement. Ernest a dix ans, il est sage. De ces enfants que l'on félicite en tant qu'adultes d'être aussi travailleurs à l'école, à l'écoute, toujours prêts à rendre service. Ce que l'on peut oublier, c'est qu'être sage "comme une image" peut être le signe d'un ennui profond. 
Ernest n'a pas conscience de s'ennuyer jusqu'à ce qu'une tornade appelée Victoire fasse irruption dans sa vie bien rangée d'écolier. Le premier jour de son arrivée, elle s'assoie à côté de lui en classe, et pour elle c'est le coup de foudre, elle ne le lâchera plus. Elle le suit jusqu'à chez lui, découvre cette vie silencieuse auprès de sa grand-mère et sa gouvernante, l'absence de parents qu'il ne sait pas expliquer. 
Victoire, quant à elle, fait partie d'une famille de quatorze frères et sœurs. Le bruit, l'agitation, elle connaît! Et elle compte bien mettre un peu de bazar dans la vie de celui qu'elle appelle son "futur époux".

Grâce à Victoire, Ernest apprendra qu'il n'a qu'une vie et qu'il faut la vivre à fond, dans la générosité et le partage. Il ne manquait qu'une illustration très fidèle à l'esprit touchant d'optimisme apporté par le texte de S.Morgenstern!





Midi Pile de Rebecca Dautremer

Midi Pile de Rebecas Dautremer, éditions Sarbacane, 49.50 euros.

Comme un bonheur n'arrive jamais seul, Rebecca Dautremer nous fait le plaisir de nous offrir cette année un spectacle visuel suite à la publication l'année dernière des Riches heures de Jacominus Gainsborough, qui portait déjà son lot d'émotions.
Un spectacle sous forme de livre bien sûr! Midi Pile s'apparente en effet à un petit théâtre magique en papier découpé, qui nous invite à rejoindre, à Midi Pile, quelqu'un là bas, bien caché, que nous allons découvrir à mesure que nous tournons les pages de ce magnifique album.
Mais au fait, que se passe t-il à midi pile? Toujours est-il qu'il faut avancer, céder aux tentations gourmandes du marché, aux demandes des uns et des autres, aux envies de jouer avec les amis. Vite vite, dépêchons-nous, quelqu'un nous attend. Vous avez deviné de qui il s'agit? 

Une découverte hors normes qui pousse toujours plus loin le pouvoir de l'imaginaire largement développé par Rebecca Dautremer. A offrir aux enfants et aux grands à partir de 8 ans.

 



vendredi 8 novembre 2019

Amazonia de Patrick DEVILLE

Amazonia de Patrick DEVILLE aux éditions du Seuil 19 euros.


Embarquer avec Patrick Deville nécessite une bonne bibliothèque ou plutôt accepter d’accueillir avec soi tout un lot d’histoires sorties de livres et de films que l’auteur égrène au fil des chapitres. 

Amazonia ne dépareille pas des livres précédents dont on remarquera qu’ils forment un tout nommé Projet Abracadabra. Amazonia est le septième de la série et retourne sur le continent dit nouveau et déjà visité avec Pura Vida (voyage au Nicaragua) et Viva (voyage au Mexique). 

Cette fois plusieurs pays sont au programme à commencer par le Brésil, pays d’accueil immédiat lorsque l’on pense à l’Amazonie. Cette forêt aujourd’hui et depuis toujours est au cœur d’un enjeu vital pour la préservation de la planète. 

Patrick Deville, en embarquant sur les voies navigables du fleuve Amazone de son embouchure jusqu’aux abords de la cordillère des Andes (qu’il franchira pour atteindre le Pacifique), détaille à sa façon un voyage au long cours partant du présent vers le passé dont l’Amazonie et les pays qui la composent sont riches d’évènements plus énormes les uns que les autres. 

S’ajoute à ce récit un carnet de voyage inédit pour l’auteur car il intègre la présence de Pierre Deville, son fils qui s’avère plus solitaire et plus aventureux que son géniteur. Par cette prise en compte majeure Patrick Deville se présente comme un père parvenu à la fin d’une aventure que son fils semble prêt à relayer. 

L’érudition de l’auteur continue quand bien même de nous éblouir. En convoquant Blaise Cendrars, Henri Michaux, Claude Levi Strauss ou, plus loin dans l’histoire, Aguirre et Fitzcarrald (que ressuscitèrent Klaus Kinski et Werner Herzog lors de deux films homériques), Humbold, Darwin et une collection d’auteurs brésiliens, péruviens, colombiens qui hantent les lieux de cette région du monde, nous sommes portés par une somme de faits souvent ignorés et plus édifiants les uns que les autres. 

Patrick Deville et son fils ont effectué leur voyage en 2018. Nul doute que l’auteur ignorait à quel point ce livre sortirait au moment où tous les médias du monde se concentreraient sur les incendies du mois d’août 2019. Si Amazonia ne résout rien, il attise malgré tout l’intérêt pour ce foyer (le dernier ?) sauvage et naturel de la planète. 

Astérix: la fille de Vercingétorix

La fille de Vercingétorix de Jean-Yves ROSSI et Didier CONRAD aux éditions Albert René, 9,99 euros.


Une nouvelle aventure d’Astérix suscite et suscitera toujours un émoi particulier chez les Français (toutes générations confondues). 
Il en va de cette institution nationale où chacun peut reconnaître un patrimoine incontestable de l’esprit français. 

Justement, nos « nouveaux auteurs », conscients de poursuivre une œuvre majeure, sont allés fouiller la mémoire collective et puiser leur nouvelle aventure dans le panthéon de l’histoire de France pour en retirer : une héritière de Vercingétorix. 

Soit une belle montée d’Adrénaline pour les auteurs (pour jouer un peu sur leur terrain).


Existe-t-il une recette qui garantirait un bon Astérix ? 
Sans aucun doute.
Règle numéro un, conserver les personnages et leur environnement géographico-historique. 
Règle numéro deux, incorporer un nouveau personnage perturbateur. 
Règle numéro trois, trouver une mission pour Astérix et Obélix. 
Règle numéro quatre, faire rire du mieux possible avec des suffixes en ix ou en us (ne pas être avare en genre de mots de toutes sortes, en anachronismes et bien sûr incorporer toutes sortes d'idées qui perpétuent la supériorité gauloise sur le reste du monde (romain). 

Voilà les fondamentaux qu'ont consciencieusement rassemblés Jean-Yves Rossi et Didier Conrad. 

Alors, prêt à embarquer dans cet univers parallèle créé il y a soixante ans cette année ? 
Si ce n'est pas encore fait, vous seriez bien les seuls à ne pas jouer le jeu.

Imagine un jardin

Imagine un jardin de Hélène Druvert, éditions Gautier Languereau, 19.95 euros, à partir de 3 ans



Attention, livre-objet merveilleux (et fragile) en vue ! Si votre première mission sera bien de tenir éloignées les petites mains "déchireuses" de papier, nous sommes sûrs que vous relèverez ce défi haut la main tant il vous sera facile de captiver les petits yeux ébahis par tant de beauté.

Un jour où il est pris d'ennui, le jeune Tom flâne dans le jardin de la maison quand son attention est captée par un joli papillon. Tout doucement il s'en approche pour l'observer, mais celui-ci s'envole de branches en fleurs, amenant Tom à le suivre dans un jardin qui devient peu à peu jungle dans l'imaginaire du jeune garçon.

Au fil des pages, Hélène Druvert réussit la prouesse de faire véritablement entrer les lecteurs dans ce magnifique album en papiers découpés.
Il est encore tôt (quoique) mais voilà en tout cas une idée de cadeaux à retenir pour Noël !
(et conseil de libraires: si ce livre vous plaît, n'attendez pas car les livres en papiers découpés sont très peu réimprimés par les éditeurs tant la technique de la découpe est difficile à reproduire)



vendredi 1 novembre 2019

Sur la route et en cuisine avec mes héros de Rick BASS

 Sur la route et en cuisine avec mes héros de Rick BASS aux éditions Christian Bourgois, 22 euros.
S’agit-il d’un périple ? S’agit-il de recettes ? Un peu des deux mon colonel !

Rick Bass est un écrivain du Montana, de la nature et de la défense des animaux, qui fut remarqué dès son premier livre traduit en France Oil notes où se révélait son premier métier de géologue pétrolier.

Mais Rick Bass est d’abord un écrivain reconnaissant pour tous ceux qui l’ont aidé, influencé, inspiré et lui ont permis d’être à son tour un écrivain dont se réclament d’autres et plus jeunes auteurs que lui. C’est de ce constat et avec l’âge en prime que l’idée lui est venue de rendre visite à ses « héros », accompagné d’une ou deux étudiantes ou auteures en devenir qu’enrichiraient forcément pareilles rencontres.

La liste est longue et foisonnante d’auteurs inconnus ou méconnus. Pourtant Doug Peacock, Lorrie Moore ou encore Terry tempest Williams sont traduits en français. Amy Hempel et Barry Lopez tout autant (merci notamment aux éditions Gallmeister pour leur travail), sans compter les grands noms que sont désormais Thomas Mc Guane, Denis Johnson, Joyce Carol Oates, Peter Mathieussent, John Berger, David Sedaris et Gary Snyder. Voilà donc douze noms d’écrivains vivants (Peter Mathieussent est malheureusement décédé entre temps*) auxquels il faut ajouter le peintre Russell Chattam ainsi que le défaillant et donc introuvable Gordon Lish (l’éditeur aux ciseaux de Raymond Carver) qui eurent la visite de Rick Bass et ses amis venus leur livrer un repas de remerciement.

Rick Bass tient une sorte de journal de bord de ces voyages entrepris aux quatre coins de l’Amérique, en voiture exclusivement. L’homme revisite son pays renforcé par son histoire personnelle, son cheminement d’écrivain attentionné, sensible, redevable aux autres, parfois trop tant sa modestie affleure à chaque fois que des mérites devraient à la place lui être attribués. 

Emouvantes et drôle sont également ses aventures réelles qu’il faut essayer de mener à bien dès lors que l’on débarque chez autrui en investissant sa cuisine pour y faire cuire de l’élan ou du yack, des cailles, un gâteau… 

L’épisode toujours renouvelé n’est jamais lassant et l’on se croit invité soi-même à ces repas festifs et intelligents car le propos demeure littéraire ou bien s’attarde sur la nature, l’environnement, l’écologie.

Deux escapades en Europe viennent titiller la curiosité du lecteur, une en Grande Bretagne chez David Sedaris qui est à coup sûr l’épisode le plus drôle de la série et l’autre en France chez John Berger qui vit avec vue sur le Mont Blanc. 

Les belles histoires que nous conte Rick Bass sont toujours nimbées d’un optimisme jamais niais quant à la nature humaine. Il y a de belles âmes en ce monde et Rick Bass le prouve. 


Hélas pour lui, tout au long du récit traîne le spectre de son échec conjugal. La présence de son Elisabeth à la dernière séquence est un espoir que l’histoire se finisse bien mais il est vain.

* Denis Johnson et John Berger l'ont hélas rejoint depuis.

Dédale 1 de Charles BURNS

Dédale 1 de Charles BURNS aux éditions Cornélius, 22,50 euros.


Prévenons le lecteur, Dédale est le début d’une série qui laisse en suspens.
Chronique adolescente américaine, Dédale récite les tourments de jeunes gens à la fois bizarres, interrogatifs et suspicieux quant au monde qui les entoure. 

Charles Burns était déjà responsable du malaise suscité par une production fameuse et publiée il y a quelques années (1), inspiré par l’oeuvre d’Hergé et son album L’île noire

Cette fois le cinéma de genre occupe une place centrale. Il s'agit d'un film de terreur et d’anticipation des années cinquante intitulé Invasion of the Body snatchers (2) qui est un classique dans lequel des extra-terrestres s’emparent de l’âme et du corps des êtres humains pendant leur sommeil. 

Brian, héros de Dédale, est un fervent admirateur de ce film mais aussi un cinéaste débutant qui a réalisé un court-métrage avec son meilleur ami.  La projection de leur film lors d’une soirée a initié la rencontre avec une jeune fille, Laurie. 

Auparavant celle-ci a surpris Brian seul et à l’écart de tous, concentré dans son effort de coucher sur le papier une étrange créature émanant de son cerveau très encombré d'images du même type. L’obsession de Brian - plutôt beau garçon mais artiste d’une originalité déconcertante - attire inexorablement la jeune fille que ses dessins troublent à défaut de séduire. Brian, par son comportement vis-à-vis d’elle n'a pas fini de la surprendre.


Si une froideur certaine se détache des dessins de Charles Burns, un envoûtement certes peu spectaculaire néanmoins agit. Ce dernier préconise une lecture aussi passive qu'attentive de la lancinante immersion - quelque peu dérangeante - dans l’imaginaire de Brian. Dédale réclame âprement  une suite afin de mieux cerner son propos ainsi que la forte demande d’élucidation qu'elle suscite.

(1)Toxic (3 tomes également chez Cornélius).
(2) Film de Don Siegel (1956).


Japon en 100 mots

Japon en 100 mots de Ornella Civardi, Gavin Blair et les illustrations de Ayano Otani, éditions Nuinui, 24.90 euros:


Grâce à ce documentaire, vos jeunes et grands ados sauront tout sur le Japon, ce pays qui les attire tant à leurs âges.
Nourris très tôt, il faut le reconnaître, aux dessins animés et aux mangas, tout ce qui touche à ce lointain pays ne leur est pas complètement inconnu. Mais justement pourquoi ne pas en profiter pour aller plus loin ? 
Si des termes comme kimono, sushi ou encore ninja n'ont plus beaucoup de secrets pour eux  (quoique), c'est l'occasion ici de les amener vers le haiku, de les initier à l'univers de l'ikebana, à l'art du netsuke et de bien d'autres notions  qui font du Japon un pays si particulier dans ses traditions et sa modernité.