samedi 27 juin 2020

Pacifique de Stéphanie HOCHET

Pacifique de Stéphanie HOCHET aux éditions Rivages, 16 euros:



Imaginons une île. Dans le Pacifique. Envoyons-y un homme, jeune, malléable, prêt à épouser ou - mieux - ayant déjà épousé une cause, celle du pays qui l'a vu naître.
Faisons-lui rencontrer une peuplade dont il ignorait l'existence et qui remettrait un peu d'ordre dans sa tête bien encombrée de certitudes que son pays d'origine lui a inculquées.
En somme, est-il possible, quand les circonstances s'y prêtent, de se transformer soi-même radicalement, de se sentir meilleur en dépit de tout ce que l'on avait pu jusque-là affirmer et d'être prêt pour cela à y sacrifier sa vie ?
Si ce livre ne s'étend pas plus qu'il ne faut sur ce thème profondément philosophique, il en assure la part romanesque ou, plus intrinsèquement, le conte moral qui nous est soufflé tout au creux de l'oreille.
Stéphanie Hochet, dont on sait l'amitié notoire qu'elle entretient avec Amélie Nothomb, compose d'aussi belles histoires que son éminente consœur et cela commence à se savoir.

Le château des étoiles tome 5

Le château des étoiles tome 5: de Mars à Paris, d'Alex Alice, éditions Rue de Sèvres, 14 euros ( à partir de 13 ans):


"Ils ne savaient pas que c'était impossible
 alors ils l'ont fait"

Souvenez-vous: 1871, le moteur éthérique ayant été inventé, Français, Anglais et Prussiens se lancent dans une lutte sans merci pour conquérir le ciel et explorer les planètes pour étendre leur puissance. Séraphin, lui, avec l'aide de ses amis, recherche son père, éminent scientifique prisonnier des Prussiens.

Arrivés sur Mars lors du dernier tome, nos intrépides explorateurs découvrent la planète et sa formidable réserve d'éthérite, carburant indispensable à l'aéronef leur permettant de naviguer dans l'espace et, principalement ici, revenir sur Terre.
Malheureusement la conquête de ce nouveau monde faisant rage, ils ont amené dans leur sillon les Prussiens qui souhaitent asservir les Martiaux, peuple extraterrestre mené par une princesse décidée à combattre.
Séraphin et ses amis vont alors tout faire pour éviter que ce combat n'ait lieu...

Débutée en 2014, la série du Château des étoiles fait figure d'incontournable dans l'univers de la BD pour adolescents. Mêlant Histoire et fantastique, c'est un beau récit d'aventures écrit et dessiné par Alex Alice qui nous porte ici dans un univers entre Guerre des étoiles et Jules Verne.


Hôtel Castellana de Ruta Sepetys

 Hôtel Castellana, Ruta Sepetys, Gallimard Jeunesse, 19 euros ( à partir de 14 ans)


Daniel, un jeune américain, brillant étudiant, se rêve photographe.
Quand il accompagne ses parents en Espagne, il tombe sous le charme de la douceur de vivre et du tempérament épicé de la jolie Ana, qui travaille à son service.
Mais très vite, il va découvrir, derrière ce trompe l’œil idyllique, un pays meurtri, opprimé, muré dans ses secrets.
Derrière son objectif, Daniel va raconter l'histoire de la jeunesse madrilène qui tente de résister au régime franquiste, quitte à en payer le prix fort.

Des personnages éblouissants de courage et d'abnégation, pris dans le tumulte de l'Histoire.
Un texte bouleversant et essentiel, qui nous marque longtemps après avoir lu la dernière page.

samedi 20 juin 2020

La commode aux tiroirs de couleurs d'Olivia Ruiz

La commode aux tiroirs de couleurs d'Olivia Ruiz, éditions Lattès, 19.90 euros:




"La langue c'est un refuge, une maison mais c'est aussi un passeport, lorsqu'on la maîtrise, le problème de l'acceptation ne se pose plus".

Ces propos qu'Olivia Ruiz a tenus lors de son récent passage à La Grande Librairie pourraient être autant pris pour la chanteuse également auteure, compositrice et réalisatrice, que pour le personnage de sa grand-mère qu'elle fait vivre dans ce premier roman né de nombreux secrets.

Il n'est pas besoin de bien la connaître pour sentir que Rita a beaucoup de son Abuela et que c'est de son histoire dont il est ici question. D'une écriture simple et sans artifice, Olivia Ruiz dépeint le portait d'une femme qui s'est construite seule, avec force et courage. Fuyant une Espagne franquiste vers une France particulièrement dure avec ces réfugiés étrangers, elle ne cessera de suivre son instinct de femme.

C'est ici une histoire de famille, de transmission, d'un lien fort qui unit une grand-mère à sa petite fille. Chaque tiroir contient un morceau de vie, et si les malheurs ont été nombreux et ont frappé fort, ils ont été autant d'obstacles franchis avec intensité et ont rendu merveilleux et poétiques les petits riens de la vie.

TOAJÊNE de Bozzetto & Panaccione

TOAJÊNE de Bozzetto & Panaccione aux éditions Delcourt, 19,99 euros.


Oui, accordons-nous sur le grain de folie décelable chez Bruno Bozzetto et Gregory Panaccione. Ils sont de probables héritiers de maître Gotlib dont nous aimerions au passage avoir quelques nouvelles depuis l'au-delà.
Bref, imaginons une jungle, pas forcément celle de Tarzan mais un ersatz, peuplée d'individus microscopiques dotés d'un seul œil...
Un être plutôt intelligent, peut-être parce qu'il est lui doté d'une paire d'yeux et qu'il s'avère être un as incontesté des tables de multiplication, se meut parmi ses congénères dans la quête du sens de l'existence et de toutes ces choses qui vont avec.
Comment découvrira-t-il le film de 1932 Tarzan, l'homme singe avec Johnny Weissmuller et surtout Maureen O'Sullivan ? Mystère. Mais le choc sera effroyable...
L'amour, encore l'amour, en est le vecteur ultime.
Peu importe que celui que l'on identifiera comme Moatarzan soit l'incongru héros d'une quête de l'inaccessible Toajêne (qu'il retrouvera malgré tout et amoureusement à la dernière page), ce délirant exercice est d'abord une bd ultra-rigolote !
Nos solides concepteurs de Toajêne ont réussi à retourner en leur faveur un monde morose et avide, puni par un mal inconnu et insoluble. Moatarzan va sauver le monde !


Les Top Trois de Théo de Wendy Meddous et Daniel Egneus

Les Top Trois de Théo, Wendy Meddour et Daniel Egneus, Little Urban, 14 euros (à partir de 4 ans):



Théo adore discuter des choses qu'il aime. Il aimerait beaucoup partager ses passions et ses jeux avec son papy, mais ce dernier n'est pas très communicatif. A moins que... Quand il est question de top trois, papy devient intarissable. Commence alors une folle après-midi de courses de vélo, de tartines rillettes et chocolat et de poussières d'étoiles.
Un album drôle et touchant sur l'amour, la perte et le partage.

vendredi 12 juin 2020

Avant que j'oublie

 
                                              Avant que j'oublie d' Anne Pauly, éditions Verdier, 14 euros

Le prix du Livre Inter vient d'être décerné au livre d'Anne Pauly dont nous avions déjà mis à l'honneur dans nos coups de coeur et que nous avons donc plaisir à vous représenter ici, au cas où ce texte vous aurez échappé !



Il y a deux raisons qui nous poussent à ouvrir un livre dont le sujet peut paraître difficile, osé, voire pour certains, insurmontable.
La première, c'est que nous avons vécu, de près ou de loin, le même événement que le personnage principal, et nous voulons avoir son interprétation, le regard de l'auteur comme une sorte de miroir de notre vie.
La seconde, et c'est sur celle-là que nous nous rejoindrons tous, c'est parce que nous croyons au pouvoir infini de la littérature de nous emmener sur des terrains glissants dont l'issue est salvatrice.

Anne Pauly, dans un texte court de 130 pages, parvient à nous inclure dans son deuil sans nous y enfermer. Elle décrit avec simplicité le jour d'après la mort de son père, puis les suivants. Pour comprendre ses émotions, nous replongeons dans la vie de cette maison en région parisienne, à Carrières-sous-Poissy, où son père a accumulé un nombre incommensurable d'objets du quotidien, bibelots, cadres, listes, etc.
Au lendemain de sa mort, Anne gère l'urgence, "ce qu'il faut faire", les appels, les actes de décès, la préparation de la cérémonie. Puis vient le temps du questionnement: qui est ce père qui peut aussi bien paraître violent que fervent lecteur de spiritualité zen? A travers les livres de sa bibliothèque, Anne retrace son histoire et son ascension sociale, lui qui était issu d'un monde ouvrier et parvenu à gravir des échelons pour trouver le confort d'un travail en informatique.
Elle retrace en même temps son histoire à elle tout en portant un regard juste et respectueux sur ses parents, désirant avant tout comprendre ce qui reste de lui. C'est en creusant qu'elle trouvera une réponse correspondant à ses attentes, grâce à une amie d'enfance de son père dont le point de vue va la bouleverser, de même qu'elle nous touchera nous, à mesure que l'on découvre le contenu d'une lettre qu'elle lui envoie.
Que reste t-il des personnes qui partent? Le plus fondamental, c'est la trace qu'ils laissent en nous. On peut, comme le titre de ce roman l'indique, oublier les détails, les objets, mais jamais ce que ces personnes ont fait de nous. Avant que j'oublie est un témoignage puissant, libérateur et paradoxalement teinté d'une belle légèreté, sur le pouvoir des mots après le départ de ceux qui les ont prononcés.

Dans la forêt de Hokkaido

Dans la forêt de Hokkaido
 d'Eric Pessan, éditions Ecole des Loisirs, collection Médium Plus, à partir de 12 ans, 13 euros:


D'une écriture à la fois percutante et poétique, ce roman pour adolescents nous plonge dès les premières lignes dans un univers haletant entre rêve et réalisme. Un univers qui rappelle que pendant que nous vivons notre propre vie, d'autres vies se jouent et s'animent, et qu'au-delà de notre individualisme, nous sommes d'abord un tout, des êtres humains qui vivons certes à un rythme différent et avec des cultures différentes mais en tout cas dans un même monde.

Chaque nuit Julie fait un rêve étrange où elle se sent dans le corps et l'esprit d'un petit garçon abandonné et perdu à l'autre bout du monde, au Japon. Inutile de dire qu'elle ne connaît ni ce petit garçon ni même le Japon.
Pourquoi alors un tel rêve qui la hante et qui lui paraît si réel qu'elle n'aura de cesse de comprendre quel lien les unit, et de vouloir l'aider même si sa santé à elle est alors mise en péril ? Car oui, elle en est persuadée, ils sont connectés et chaque nuit, elle est lui et le "je" devient alors "nous".
Quand elle apprend finalement qu'un drame est actuellement en train de se produire au Japon et que toutes les autorités sont à la recherche d'un enfant, elle sait que seuls ses rêves peuvent être la clef du mystère.



INLAND de Téa OBRETH

INLAND de Téa OBRETH aux éditions Calmann-Levy, 21,90 euros.


Un épisode curieux s'est déroulé aux Etats-Unis dans le courant du dix-neuvième siècle : l'introduction d'un troupeau de chameaux pour le compte de l'armée américaine, le Camel troup !
Une incongruité dont s'est emparée l'auteure de ce livre avec brio.
Il lui a fallu d'abord imaginer une famille de bons américains, enfin des américains dotés d'une conscience...

Nora en est, bien malgré elle, la figure centrale dans l'attente du retour de son mari Emett parti comme à son habitude chercher un peu d'argent vers l'Ouest ou vers le Nord - Nora ne sait jamais trop où il se trouve ni quand il reviendra.
Elle a à sa charge leurs trois enfants (ou plutôt quatre, le roman nous l'apprendra): des garçons, dont deux un brin turbulents et un troisième, le plus jeune, celui qu'il faut surveiller de près car il a des visions (c'est lui qui le premier parlera de la "bête" : le chameau).
Mais Nora a tellement d'autres problèmes à résoudre dont le principal est de se procurer de l'eau.
Inland se situe dans les terres les plus arides de l'Amérique, l'Arizona, aux confins du désert de Sonora.

C'est en toute logique que seront expédiés les fameux chameaux du Camel troup dont l'épopée est contée par un certain Musafir, aventurier aux vies multiples, qui est le deuxième protagoniste d'Inland. Son récit s'oppose à celui de Nora, il en est le versant fantastique car beaucoup de choses incroyables se produisent dans cette histoire.

Quand Nora s'appuie sur sa famille pour lutter contre les événements contraires, Musafir ne peut compter que sur son fidèle Burke, l'animal africain qu'il chevauche depuis un temps que l'on pense immémorial. Lorsque Nora éprouve son immobilité dans la ferme qu'elle dirige en l'absence de son mari, Musafir vagabonde, arpente en tous sens les contrées du Sud des Etats-Unis.
Téa Obreth avec un indéniable talent nous procure des sensations fortes avec des personnages mémorables. Un roman aux allures de western qui aurait une femme pour héros...

samedi 6 juin 2020

Dans la gueule de l’ours de James A. McLaughlin

Dans la gueule de l’ours de James A. McLaughlin aux éditions Rue de l’échiquier


Il faut remonter au mois de février lors d’une soirée organisée à Bordeaux dans un restaurant des Chartrons. Le fondateur des éditions Rue de l’échiquier est présent entouré d' autres éditeurs. Ils sont venus présenter leur production récente, ils sont jeunes, enthousiastes, généreux. Les libraires venus à leur rencontre sont repartis chargés de quelques uns de leurs livres. Parmi ceux-là, un premier roman américain : Dans la gueule de l’ours.

Une citation de Jim Harrison ouvre le roman :
« La beauté du serpent à sonnette, c’est sa menace. »
  
En effet, le personnage principal du livre évoque la crainte, le plus souvent infondée, de l’homme pour cet animal. Les animaux tiennent d’ailleurs une place prépondérante dans cette histoire, ils en sont les acteurs indispensables. Des oiseaux, des mammifères, l’ours bien sûr dont la présence dans le parc de Turk mountain est protégée. Turk mountain est un espace naturel en Virginie, une forêt primaire y est préservée grâce à une lointaine acquisition du domaine par une famille richissime. Le dénommé Rice y a été recruté comme gardien car il y a beaucoup à protéger et à surveiller. Les hommes ne sont pas tolérés, le projet du parc est de laisser la nature à elle-même et pour cela le parc a été entouré d’une gigantesque clôture qui en interdit l’accès. Turk mountain fait office de laboratoire où l’on observe sans intervenir d’une manière scientifique. Rice n’est donc pas qu’un simple gardien, il procède à des relevés réguliers de l’évolution de la faune et de la flore dont il est le seul responsable.
Dans la gueule de l’ours est une ode merveilleuse à la nature qui tend la main à Walden ou la vie dans les bois de Thoreau.
Mais il faut bien revenir à l’homme dont Rice est un représentant malgré lui. Bien souvent l'homme doit braver les interdits. Une clôture est faite pour être franchie car de l’autre côté il y a de la rareté et donc de l’argent. Dans la gueule de l’ours prend alors sans prévenir des allures de polar, le personnage de Rice s’épaissit, il fut autre chose qu’un Robinson noyé dans la nature, son passé refait surface et s’apprête même à le rattraper. Du moins, Rice s’attend chaque jour à le voir revenir, c’est la raison pour laquelle il est à Turk mountain : pour se cacher.
Mais Turk mountain vaut également une belle cascade d’ennuis. Une fois la clôture franchie, les intrus braconnent. L’ours précisément.
Dans la gueule de l’ours s’inscrit dans la grande tradition des romans américains qui n’oublient aucun détail ou plutôt qui puisent dans les détails la profondeur romanesque. Rice n’aura de cesse d’observer, il est un élément étranger à la nature (mais il s’attellera à se fondre au plus près en elle) et à la Virginie dont il n’est pas natif (il vient d’Arizona). Ses incursions dans les villes alentours lui valent un rejet immédiat car il est d’une part le gardien de Turk mountain, celui qui empêche d’entrée dans une réserve que beaucoup pensent leur appartenir et quelqu'un qui n’adhère pas au mode de vie local qui est, soit dit en passant, quelque peu arriéré. On chasse, on boit et l’on devient vite violent.
Une succession de personnages vont alimenter la chronique de Turk mountain, une chronique de plus en plus dangereuse, complexe, aux enjeux multiples que le talent de l’auteur assemble crescendo pour un final savamment construit qui ménage un suspense captivant.
Les éditions Rue de l’échiquier n’ont pas publié ce livre tout à fait par hasard. Si l’on regarde leur production, on comprend que son intérêt pour l’écologie n’est pas mineur. Dans la gueule de l’ours est une brève mais pas unique apparition dans la fiction.
Les plus observateurs d’entre vous auront remarqué que nous avions beaucoup aimé Moi, Mikko et Anniki de Tiitu Takalo, une bande dessinée chroniquée et publiée sur le blog le 14 février 2020…

Le Pourquoi-Quand-Comment de Franck MAUBERT

Qu’est-ce que le Pourquoi-quand-comment ?
Il s’agit pour l’auteur - à qui nous posons aimablement cette triple question - d’énoncer les conditions d’écriture de son dernier livre.


Le Pourquoi-Quand-Comment de Franck MAUBERT :
Ce voyage était comme un appel lointain. J’avais un ami, mon plus vieil ami, Pierre: 40 ans de partage quotidien, de lectures, de visites d’exposition, d’errances dans Paris, de de visites à des libraires de livres anciens, et d’après-midi passées en salle des ventes à Drouot. Et de déjeuners (au moins trois fois par semaine) et de longs coups de fils. Mon ami Pierre Le-Tan, dessinateur et auteur de plusieurs ouvrages que j’ai publiés lorsque la maison d’édition Aubier me le permettait dans les années 1980, était pour moi un frère. Il était atteint d’un cancer depuis deux ans et se savait condamné à brève échéance malgré un traitement et un suivi à Gustave Roussy. J’ai voulu rompre nos rendez-vous quotidiens et casser notre « routine amicale » pour prévoir son absence. Je venais de lire le très beau récit de Pier Paolo Pasolini « La longue route de sable » (Arléa) et j’ai pensé faire la même chose, à ma manière. J’ai choisi la côte ouest et nord de la France, depuis la frontière belge jusqu’à Hendaye. Ce serait mon Adriatique. La comparaison s’arrête là. Ainsi j'envisageai le deuil de Pierre. Au cours de ce périple que j’ai effectué en voiture, seul évidemment, de janvier à juin 2019, par segments de côtes, en hiver et au printemps, j’ai descendu les rivages au hasard, au petit bonheur des rencontres, avec les lieux, avec l’Histoire, la géographie et avec des inconnus. J’y mêle aussi des souvenirs de certains rivages où je m’étais déjà rendu jadis. Des impressions, une grande solitude et un face à face avec la mer, l’océan, les gifles de vent, de sable et de pluie. Je prenais des notes sur des carnets et rédigeais une toute première mouture de chaque chapitre à chacun de mes retours. Entre deux « excursions, je repassais voir mon ami Pierre à Paris, lui racontais ce que j’avais vu sans jamais lui avoir avoué que je voulais échapper à nos rendez-vous, à nos habitudes. Il m’appelait aussi sur mon portable, curieux de savoir ce que je découvrais. Ainsi il voyageait avec moi. Au fur et à mesure des semaines, son état se dégradait, et un jour, il ne pouvait plus me répondre…

 Le bruit de la mer de Franck MAUBERT aux éditions Flammarion
"J’avoue ne pas savoir ce que je recherche. Sans doute le bruit de la mer dans l’oreille d’un ours. » H.Taine, Voyage dans les pyrénées."
A quoi tiennent les voyages ? Franck Maubert, harnaché pour seul bagage de sa culture et d’une curiosité sans borne pour son prochain est parti déambuler le long des côtes françaises à la poursuite du paysage et de ceux que l’on y rencontre, souvent atypiques, à moins que Franck les ait volontairement choisis. Sa pêche à pied s’autorise des plongées dans le passé car il n’y a pas de voyage sans (vieilles) histoires et ce livre en regorge.