vendredi 25 juin 2021

Les heures furieuses de Casey Cep

Les heures furieuses de Casey Cep, éditions Sonatine, 22 euros. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Cindy Colin-Kapen.

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En Alabama, à la fin des années 70, un procès très attendu commence, celui de l'assassin de Willie Maxwell. Ce dernier, révérend noir américain d'abord accusé de cinq meurtres, est ensuite abattu de sang froid lors des funérailles de sa fille. Pour chacune de ses victimes présumées, le révérend clamait son innocence et recommençait une nouvelle vie. Son assassin met fin à cette série infernale.

Robert Burns, l'assassin en question, est défendu par un avocat au passé tumultueux, revenu de l'ombre après un engagement politique qui a viré au cauchemar. Lors du procès, une écrivaine prend des notes et commence à nourrir son prochain livre: une certaine Harper Lee, auteur du livre culte Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur

Ces trois pistes - la vie du révérend, celle de l'avocat et celle d'Harper Lee - s'emboîtent à merveille dans ce récit écrit par une toute jeune autrice. Casey Cep s'appuie sur toutes les sources possibles (notamment celles des divers procès) pour instaurer une enquête littéraire dans une affaire de mœurs. Le mystère reste entier : comment Willie Maxwell a-t-il échappé à la justice? Pourquoi Harper Lee n'a-t-elle jamais pu faire paraître un roman sur cette affaire, elle-même galvanisée par sa relation amicale -mais aussi rivale- avec Truman Capote?

Littérature et Histoire s'entremêlent dans un récit à suspens magistralement écrit pour qu'à aucun moment le lecteur ne se perde. Les Heures furieuses se lit comme un roman, basé sur une réalité qui, quarante ans après, ne cesse de passionner.

Footballeur du dimanche de Tronchet

Footballeur du dimanche de Tronchet aux éditions Delcourt, 12,50 Euros.

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A tous ceux (ou celles) que l’on a traité(e)s de footeux ou footeuse un jour, ce livre devrait fatalement vous être offert.


Tronchet pousse effectivement le bouchon très loin. Ses souvenirs dispersés de Footballeur du dimanche - dans la possible crainte de ne pas être suffisamment crédible - partent de l’enfance jusqu’à l’aube de ses soixante ans.

 

Tronchet a tout connu des joies et tristesses rencontrées sur un terrain. Et plus encore, dans les tribunes, devant la télé ou sur le bord d'un terrain à encourager son fils ou bien jouer lui-même dans tous les pays (ou presque) comme là-bas, très haut dans les Andes, quand le ballon sortait du terrain et roulait jusqu’en Amazonie…


Les amateurs de foot représentent une foule considérable qui leur a permis une intégration inédite dans notre société. Tronchet décline avec un grand sens poétique et humoristique ces figures d’intégration.

 

Si vous êtes allergiques au foot, Tronchet vous encourage à le détester plus encore car ce sport poussé à l’extrême atteint une forme philosophique ou religieuse. C’est du moins ce qu’affirme tendrement Tronchet avant de prouver tout le contraire en une case. 


Les travers des footeux - qui sont légions - sont ici mis en évidence. Tronchet se montre à ce titre d’une inspiration sans limite.


Voilà pourquoi ce livre peut très bien être offert aux opposants de ce sport énervant parce qu’il parvient à se glisser à peu près partout dans la vie y compris dans celle de ceux qui l’exècrent. 


Tronchet y met ce que d’autres ont mis avant lui - que ce soit en littérature, au cinéma ou en art d’une manière générale - l’incroyable puissance (ou nuisance) qu’est le foot et la vivacité des rêves qu’il procure quand bien même on lui octroie à peu près tous les vices que l’homme a produits sur terre. 


Tronchet à son tour s'insère dans cet inexplicable phénomène instauré et entre dans la bibliothèque qui lui est consacrée et qui ne cesse de s’enrichir.






Petit pêcheur, grand appétit

 

Petit pêcheur, grand appétit de Suzy Vergez, éditions Rue du Monde, 17 euros

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"Personne ne peut être plus heureux que celui qui jardine avec sa femme, fait la sieste avec ses enfants et pêche avec ses amis".

Pour ce petit pêcheur qui se contente de peu,  la vie va prendre une autre tournure. 

Et s'il avait le pouvoir de pêcher toujours plus de poissons? Il pourrait alors les vendre sur le marché. Et s'il en pêchait plus? Il pourrait ouvrir une conserverie. Encore plus? Il achèterait d'immenses filets. Et finalement, que restera t-il des océans?

Les éditions Rue du Monde n'en sont pas à leur première pépite. Voici une superbe fable écologique dans laquelle nous plongeons dans les dangers de l'excès et la nécessité de protéger les fonds marins.







vendredi 18 juin 2021

Rencontre avec Yan Lespoux annulée

 


Je préfère ne pas d’Alain SCHIFRES

Je préfère ne pas d’Alain SCHIFRES aux éditions Dilettante, 15 euros.

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« L’humanité vient d’un milieu défavorisé, n’oublions jamais ça. C’est par un snobisme de parvenu, avec l’esprit de revanche du boursier, qu’elle se lance dans l’atome, la conquête de l’espace, etc., négligeant du même coup d’inventer le bouchon verseur. Combien de siècle se sont-ils écoulés avant qu’elle eût l’idée toute bête de mettre des roues à ses valises ? Et combien d’années faudra-t-il encore pour qu’elles cessent de faire ce bruit insupportable ? »


Celui qui profère ces évidences un tant soit peu cruciales pour l’humanité donc, appartient à l'encore trop peu célèbre association des « évitistes ». Ce livre fort plaisant aura tout loisir de développer la théorie de « l’évitisme ». Dérivée du « Je préfère ne pas » de Bartleby qui garde d'ardents défenseurs chez quelques heureuses personnes telles qu’Alain Schifres. 

 

Cet écrivain est susceptible de réjouir aussi bien Frédéric Beigbeder : « Sous ses dehors farceurs, le petit livre rose de M.Schifres réhabilite un sport national : le mauvais esprit. En ce domaine il est un orfèvre. », que Bernard Pivot : « Alain Schifres a entrepris de nous débarrasser des clichés, des poncifs qui nous encombrent la tête. C’est bien plus que le conformisme du langage que traque ce moraliste. Ce sont nos lubies, nos snobisme, nos comportements moutonniers, nos pratiques bizarres. » ou encore Jérôme Garcin : « Schifres a des lettres. Il a aussi des humeurs. Chez lui, les premières rendent toujours détestables les secondes. »


Alors qu'attendez-vous pour lire ce brillant bréviaire ? Je ne préfère ne pas trace le monde tel qu’il va, "éparpillé façon puzzle". Un inventaire « Prévertien » coule sous ce discours d'un peu sur tout. On peut comme le suggère l'éditeur le lire dans un de ces confortables fauteuils qui habillent la couverture du livre ou bien, dans un ultime effort de conscience, dans son lit, apaisé, juste avant d’éteindre la lumière et s’en aller dans les bras de Morphée. 

Mon album Platini, Génération Séville 82 de Sylvain VENAYRE

Mon album Platini, Génération Séville 82 de Sylvain VENAYRE, Christopher et Mathilda aux éditions Delcourt, 21,90 Euros.


Qui a dit que la Bande dessinée était une affaire de gosse, qui plus est quand elle parlait de foot ?
Celle-ci ou celui-ci avait parfaitement raison.

Mon album Platini est bel et bien une affaire d’enfant ou plutôt d’enfance revue par un personnage (l’auteur) devenu adulte. Et nous voici donc à nouveau plongé dans l’épique épisode du match France - RFA de 1982, du moins en grande partie. 

Michel Platini en est cette fois le héros ou le témoin convoqué pour donner sa version des faits. Mais avant cela, il y a le plus triste encore épisode du match de 1985 dit le « le drame du Heysel ». Ce soir là Platini offrit sur penalty la Coupe d’Europe des Champions à la Juventus de Turin face au Liverpool FC. Bien au-delà du score, on déplora la mort de plus de trente personnes côté italien en raison de la sauvagerie des hooligans anglais et de la vétusté des tribunes qui cédèrent sous la poussée de la foule fuyant les charges des voyous de Liverpool. Platini dira platement que celui qui n’a jamais marqué de but dans sa vie ne peut comprendre la joie éprouvée au moment de celui-ci. 

Michel Platini n’est pas le seul à être convoqué pour cette séance non pas d'un tribunal mais d’une analyse aux apparences psychanalytiques puisque Sigmund Freud en personne apparaît tel un néophyte du foot à qui on doit donner quelques explications sur les mœurs du football. 
L’auteur lui-même accompagné de son double, une réplique de lui-même en 1982 quand il avait 12 ans se charge de lui apprendre les règles du jeu vite comprises par le psychanalyste et promptement décryptées comme s'il s'agissait d'un exercice somme toute distrayant.

Cependant, qu’est-ce que le foot peut bien apporter à tous ces gens ivres de victoires qui s’entassent dans les stades ou derrière les écrans de télévisions ? Le débat s'engage à la relecture des événements du fameux match de Séville auquel viennent s’ajouter Thierry Roland ressuscité d’entre les morts ainsi que Michel Hidalgo. Le premier commenta le match pour la télévision française tandis que l’autre avait sélectionné ladite équipe de France avec Platini comme joueur star. Voilà beaucoup de monde pour parler avec passion de ce que l’on a très vite appelé « Le match du siècle ».

Contrairement aux Fantômes de Séville* qui relatait le match en essayant d'y trouver une explication finale, Mon album Platini s'intellectualise, historicise. De Platini à Hidalgo en passant par Thierry Roland  un dialogue s'instaure ponctué par l’histoire personnelle de l’auteur et celle bien plus détachée de Sigmund Freud. S’il fallait donner une raison esthétique à l’intérêt de cette Bande Dessinée, elle passerait par la beauté et la subtilité du dessin. Un sourcillement de Platini, une moue de Thierry Rolland, un regard illuminé de Freud captivent autant que la narration de Sylvain Venayre. Mais cette narration demeure malgré tout primordiale. Elle relate le drame vécu enfant par l’auteur. Un fait qui sous-tend tout l'ensemble du propos et engage une réflexion profonde sur le sens de la vie. 

Christian Venayre appuie sa thèse sur le football comme une affaire sérieuse qui ne peut être traitée que par des gens sérieux (comme lui)  à condition d'être toujours porteur de l'enfant qui demeure en eux susceptible de juger les adultes qu’ils sont devenus. Tout est là.



Poulpe et compagnie

Poulpe et compagnie de Peter Bently et Steven Lenton, éditions Glénat Jeunesse, 13 euros

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Que diriez-vous de vivre avec un poulpe? Pas de ceux qui peuvent loger dans un aquarium ou un bassin, non. Celui qui atterrit un matin sur le toit de votre maison et n'a pas envie d'en partir. Un poulpe géant!

Tellement grand et imposant que de prime abord, tout le monde le déteste. Mais comme tous les poulpes, celui-ci est très intelligent, et sait se montrer patient pour se faire accepter. Quoi de mieux que ses tentacules pour faire une partie de foot, déloger les animaux perchés, attraper au vol les chapeaux emportés par le vent?

Par sa couleur flashy et sa taille, ce gentil poulpe est un beau symbole de la façon dont chacun perçoit la différence, l'inconnu et de façon générale, l'étranger. A lire aux enfants à partir de trois ans.



vendredi 11 juin 2021

Rencontre avec Yan Lespoux

 

L'histoire du calife sauvé par une brindille


L'histoire du Calife sauvé par une brindille de Pierre Senges, éditions Ecole des Loisirs, collection Neuf, 10 euros.

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Le calife Hamidal a tout pour être heureux mais aspire chaque jour à un peu de tranquillité loin des artifices et agitations de son palais. Et comme le commun des mortels, il a un péché mignon : vivant à côté d'un port de pêche, il raffole d'une spécialité locale, la brochette de poulpes grillés. Pour dix brochettes achetées, la onzième est gratuite.

Déguisé en vagabond, maquillé pour ne pas être reconnu, il déguste ses brochettes mais le gourmand va être rappelé à l'ordre par son estomac. Nauséeux et titubant sur le port, il se fait attaquer par trois pirates, puis sauvé de la noyade par une jeune fille au passé incroyable.

Ce n'est que le début de l'histoire que je vous raconte ici. L'histoire du calife sauvé par une brindille est un conte humoristique formidable pour les raconteurs d'histoire, ceux qui aiment les petits détails qui peuvent faire basculer le cours d'une vie. Et si, et si, et si tout s'était passé autrement? A mesure que nous remontons le fil de l'histoire de cette jeune fille qui sauve Hamidal des eaux, nous comprenons bien que l’intérêt se situe davantage dans la façon de conter que dans l'histoire elle-même. 

Les enfants à partir de huit ans le comprendrons très certainement aussi entre plusieurs éclats de rire !


Les fantômes de Séville de Tronchet - J & A.C. JOUVRAY

Les fantômes de Séville de Tronchet - J & A.C. JOUVRAY aux éditions Glénat, 22,00 Euros.


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Mardi 15 juin 2021, 21 heures à Munich, certains y penseront, d’autres pas. Toujours est-il que l’équipe de France de football affrontera celle d’Allemagne. Les Fantômes de Séville se réveilleront-ils ? Que feront Patrick Battiston, Michel Platini et Harald Schumacher ? 


Ceux qui, trop jeunes, n'ont pas vu le match de Séville de 1982 peuvent toujours en comprendre le trauma d’une génération voire d’un pays lors de cette nuit sévillane en se plongeant dans la Bande Dessinée de Tronchet durablement affecté par ce match.


Didier est le personnage éminemment sympathique de cette histoire dès lors qu’il n’est pas question de foot. Au fond de lui Didier bloque toujours sur cette demi-finale de coupe du monde où l’équipe de France buta sur son homologue allemande. Buter, le mot est sans doute faible. S’empaler plutôt, comme Patrick Battiston sur Harald Schumacher. Les images du choc entre les deux hommes à la 50 ème minute du match sont disséquées par Didier qui tente de comprendre comment l’arbitre a pu ne rien voir, pourquoi Battiston n’a pu éviter le gardien de but allemand et enfin pourquoi Battiston, un défenseur, a-t-il remplacé Bernard Genghini, un milieu offensif ?


Les allergiques aux foot vont devoir s’abstenir car le décortiquage tactico-tactique de Didier est par moment poussif. Plus inattendue demeure l’enquête de terrain menée par ce mono-maniaque qui est cependant accompagné d’un ami aussi fidèle que patient. Celui-ci, attentif aux dérives hallucinantes de Didier, décide malgré tout de l’aider. Il travaille à L’Equipe.


Les deux compères vont ainsi se rendre en Allemagne et croiser la carrure d’Harald Schumacher désormais président d’honneur du FC Cologne puis traquer jusque chez lui Charles Corver l’arbitre hollandais aujourd’hui octogénaire, accompagner Battiston dans ses démarches commerciales (il vend des jacuzzis !!!), faire le pèlerinage en Suisse chez Michel Platini devenu bonze tel Marlon Brando dans Apocalypse Now et enfin trouver une réponse possible auprès de Michel Hidalgo convalescent sur une plage de Marseille.


Bien au-delà de cette démonstration somme toute caricaturale sur la passion du foot, un autre voyage est commencé dans la tête de Didier qui est aussi un homme marié et le père d’un enfant qui joue lui aussi au foot. L’histoire s’achève un certain jour de juillet 2018 quand l’équipe de France remporte son deuxième titre de champion du monde face à la Croatie. Didier partage cet instant avec son fils. Quelque chose s’est enfin produit. Didier n’est plus l’impossible râleur dont son fils avait honte quand il hurlait ses consignes sur le bord du terrain. Gagner ou perdre n’a plus d’importance.


Mardi 15 juin, 21 heures, gageons qu’il n’y ait pas surabondance de Didier ancienne formule devant les écrans.




L'homme qui aimait les îles de D.H Lawrence

L'homme qui aimait les îles de D.H Lawrence, éditions de l'Arbre Vengeur, collection L'arbuste véhément. Traduit de l'anglais par Catherine Delavallade. 6,50 euros

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Tout commence dans un cadre idyllique, de ceux que nous recherchons pour nous épanouir dans la tranquillité et nous perdre dans l'horizon : une île paradisiaque :

Au début du printemps, les prunelliers couvraient les petits chemins et les petites clairières d'un manteau neigeux donc le blanc éclatait dans le calme celtique des plaques de rochers verts et gris, et les merles lançaient dans cette blancheur leurs premiers longs cris triomphants. Aux prunelliers et aux tapis de primevères succédaient les jacinthes bleues, formant des lacs féeriques et des voiles de bleu qui ondulaient entre les buissons et dans les clairières. Vous pouviez même surprendre de nombreux oiseaux dans leurs nids, sur cette île toute à vous. Quelle merveille, que ce monde fût si grand !

Un monde grand et rien qu'à soi. Un monde dans lequel l'espace-temps s'étire tellement que l'homme au milieu se perd. Cet insulaire, tardivement nommé "Cathcart" par D.H Lawrence, possède et aime les îles. On sait par la structure de ce petit roman qu'il y en aura trois. Ce qui laisse présager que les deux premières ne sont finalement pas à son goût. Pour quelle raison? Tout le mystère et la subtilité de ce texte font de ce personnage un être inquiet et inquiétant. Si nous avions une île, voudrions-nous nous entourer de proches, d'inconnus? Cherchons nous la tranquillité permanente ou avons-nous besoin des autres? La nature si apaisante de prime abord devient pour l'insulaire puissante voire violente. Nous retrouvons par cet aspect l'auteur de L'amant de Lady Chatterley, véritable chef d'oeuvre, dans lequel la nature exacerbe les sentiments de deux amants.

En quelques pages, l'auteur anglais dresse le portrait d'un homme prisonnier de lui-même, de plus en plus vide et insensible. Sa quête permanente d'isolement se heurte aux frontières de toute présence humaine et naturelle, questionnant ainsi à merveille la société contemporaine. Une fable à lire et relire pour découvrir à chaque fois un aspect qui nous a échappé.


vendredi 4 juin 2021

Le jardin secret

Le jardin secret de Maud Begon, d'après le livre de Frances H. Burnett, éditions Dargaud, 16.50 euros.A partir de 8 ans.

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Il en faut du courage pour affronter Mary, jeune fille espiègle au mauvais caractère. Après la mort de ses parents aux Indes, elle est hébergée en Angleterre chez son oncle. Ayant réponse à tout, se réfugiant derrière un regard sombre et insolent, Mary s'adoucit soudainement alors qu'elle effectue une promenade dans les jardins du manoir, à la vue d'un jeune rouge-gorge qui a l'air de l'apprécier. C'est bien de cela qu'elle a besoin, Mary, être aimée malgré sa carapace. Et de reprendre goût à la vie grâce à la nature. 

Les secrets du manoir seront autant de mystères à percer pour s'épanouir : pourquoi son oncle ne souhaite-t-il pas la voir? Pourquoi ne parvient-elle pas à trouver la porte d'un jardin fermé et abandonné? Il y a pourtant dans ce jardin de quoi ravir tous les amoureux des fleurs. Derrière les branches mortes, on devine des petites pousses, crocus, jacynthes, rosiers, prêts à s'ouvrir. Ils attendent patiemment qu'une jeune fille les délivre, et se délivre elle-même de ses lianes qui l'empêchent de grandir. Le premier tome de cette adaptation du roman éponyme de Frances H.Burnett est une belle réussite! 


Et retrouvez des livres sur le thème du jardin dans notre vitrine!







Miracle à la combe aux Aspics d’Ante TOMIC

Miracle à la combe aux Aspics d’Ante TOMIC aux éditions Noir sur Blanc, 18 Euros.

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- C’était bon. Un risotto aux courgettes en entrée, du civet de chevreuil avec des gnocchis, puis deux parts de gâteau au chocolat en dessert, dit-il le lundi suivant après le dîner, se tapant le ventre. Et vous, qu’est-ce que vous avez mangé ?

- De la polenta à la noix de coco, répondit Domagoj mélancolique.

- Oh, c’est bon, ça aussi déclara son frère aîné.

                                 

                                  *


Le lendemain, il sortit de la maison, un cure-dent à la bouche.

- Une soupe aux cèpes, puis un steak au poivre vert. J’ai tellement mangé que je n’ai pris qu’une seule île flottante.

Et vous, qu’est-ce que vous avez eu de bon ?

- De la polenta au Ketchup, se plaignit Branimir, rembruni.

- Ah, si j’avais su, je serai venu dîner chez vous, soupira Kreso.


                                 *


- Aujourd’hui, Lovorka n’avait pas la tête à la cuisine, expliqua t-il mercredi, relevant la ceinture. Aubergines farcies, côtelettes d’agneau, pommes de terre sautées et tartes aux cerises. Qu’est-ce que vous avez mangé ?

- De la polenta au caramel.

- Bon sang, Jozo vous nourrit bien, connut Kresimir.


                                 *


- J’ignorais que la langue de boeuf aux câpres était si bonne, avoua-t-il jeudi, en sourdine. Et vous, qu’est-ce vous avez eu à dîner ?

- De la polenta aux cacahuètes.

- Bon Dieu ! S’extasia Kreso.


                                 *


- Vendredi, c’est maigre, on a dîné plus léger, dit-il tristement. Soupe aux crevettes, bar en croûte de sel, bette à l’huile d’olive et pudding. Vous avez mangé quelque chose de plus consistant ?

- De la polenta, chuchota Zvonimr, affamé.

- A quoi ? Demanda Kreso.

- A rien ! Répondit Domagoj, éclatant en sanglots.


                                 *


Chez les Aspic - on l’aura compris - il y a scission. 
D’un côté celui qui, héroïquement, est parvenu à retrouver la femme de sa vie au bout de quinze années de séparation. 
De l’autre, les irréductibles de la combe qui séquestrent deux employés de la compagnie électrique. Ceux-là comme les autres (les Aspic fils) subissent la loi du père qui, armé jusqu’aux dents, s'attaque à quiconque pénétrerait le territoire sacré des Aspic. 
C'est donc une femme qui parvient à ouvrir une faille dans ce monde absurdement protégé de l'improbable lieu qu’est cette combe des aspic où nul ne se risque. Or, les Aspic ont envisagé d’y construire leur maison. Mais dans ce roman qui emprunte à la fable sous couvert d'un roman policier, tout est possible. Ante Tomic est un moraliste qui a l'art suprême et jubilatoire de faire rire son lecteur. 

Le talisman du loup


Le talisman du loup de Myriam Dahman et Nicolas Digard, illustré par Julia Sarda, éditions Gallimard Jeunesse, 14.90euros.

A partir de 6 ans

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"Encore une histoire de loup?" me direz-vous. Celui-ci a "une fourrure noire comme l'écorce après la pluie, des yeux dorés comme la lune. Le plus grand loup que la Terre ait jamais porté." Alors qu'il chasse comme à l’accoutumée, il entend chaque matin un chant mélodieux, triste et doux, venant d'une jeune femme habitant une cabane au milieu des bois. Ce chant est si beau qu'il fait vibrer le cœur du loup, et la contemplation de cette femme chantant pour son père sur son lit de mort est pour le loup un rituel essentiel à sa vie.

C'est pourquoi le jour où il ne l'entend plus, tout change. Il souhaite désormais retrouver cette musique si chère à son quotidien de chasseur et de bête sauvage, sous peine de mourir de tristesse et d'ennui.

Ce loup-là est donc différent, vous l'aurez compris. C'est grâce aux esprits des bois, à l'alchimie qui le relie à cette jeune femme qu'il trouvera son bonheur, au risque de mettre sa vie en péril. 

Le talisman du loup fait à la fois rêver et frissonner. L'univers y est empreint de magie, apaisant et inquiétant parfois. Les illustrations de Julia Sandra accompagnent parfaitement le texte de Myriam Dahman et Nicolas Digard, pour en faire un conte fantastique et fantasmagorique.




vendredi 28 mai 2021

Aux éternels perdants d' Andrew Szepessy

Aux éternels perdants d' Andrew Szepessy, éditions Rivages, 21.50 euros. Traduit de l'anglais par Bernard Cohen

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Incarcéré vers 1965 à Budapest, Andrew Szepessy nous livre réflexions, anecdotes, instantanés sur la vie de sa cellule. On y découvre pour la plupart des hommes arrivés là par hasard, dont les histoires sont par essence différentes mais dont la vie s'arrête soudainement de la même façon : réunis dans cette cellule, à l'instant présent, ils se lient d'une amitié sous-entendue, bien entendue. Car on entend leurs voix, à tous ces hommes, et dès les premières pages :

Nous sommes restés ainsi plus longtemps que nous n'avions le désir de le supputer, avec pour seule compagnie de rares échos venus du monde extérieur. Le temps nous broyait toujours plus inexorablement dans son poing de granit, chaque instant s'écoulant encore plus lentement que le précédent. Nos pensées se sont immobilisées comme notre corps [...] Le poil hérissé et les mains moites, j'ai levé les yeux du bois rayé de la table pour regarder à la ronde dans la cellule. Avec une spontanéité sidérante, ses traits burinés adoucis par l'émotion, le nouveau venu s'était mis à chanter de tout son cœur. Chacun savait pourquoi, non par plaisir, ni pour lui, ni pour nous, mais parce qu'un trop-plein s'était accumulé en lui et devait en sortir. Parce que le chant était son seul recours pour survivre à cette nuit.

On ne saura jamais véritablement la raison pour laquelle Andrew Szepessy a été mis en prison. Sa double nationalité hongro-britannique y est certainement pour quelque chose, nous apprenons en effet dans la postface que le KGB aurait tenté pendant sa détention de faire de lui un espion. 

De cette expérience de vie naîtra cette oeuvre originale au narrateur touchant et attachant. La plume de l'auteur hongrois relie des hommes au passé sulfureux ou sage, qui par leur origine et leurs opinions se retrouvent ensemble dans cette cellule. Réflexions philosophiques, trafics en tout genre, amitiés fortes, conseils avisés, les hommes s'entraident et s'associent spontanément. C'est cet aspect qu'Andrew Szpessy retient de ces années, en y ajoutant l'humour, moteur luttant contre le quotidien et la morosité. Si la trame de ce roman se déroule majoritairement entre quatre murs, le lecteur ne se sent jamais "confiné". Au contraire, ces anecdotes contées en disent beaucoup sur la Hongrie des années 60, et sur ce qui se passe de l'autre côté du rideau de fer.

Aux éternels perdants résonne aujourd'hui par une force qui nous invite à rester résolument légers et optimistes.


Les Scorpions du désert d’Hugo PRATT

Les Scorpions du Désert d’Hugo PRATT aux éditions Casterman, 35 Euros.

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L’œuvre du génialissime créateur de Corto Maltese est bien plus riche qu’il n’y parait et ne se réduit pas à la filiforme silhouette du marin aventurier. Cependant, à l’ouverture de cette intégrale (cinq épisodes étalés sur vingt ans (1972-1993)) l’élégance prime encore et un défilé de personnages en costume (de guerre) apparaît donnant comme une réplique magnifique au port altier de Corto Maltese. 


L’époque des Scorpions du Désert n’excède pas deux ans. De 1941 à 1942, le lieutenant Koïnsky, appartenant à un détachement d’élite de l’armée anglaise, est engagé sur le front Est-africain de la Deuxième Guerre mondiale. Cette partie du monde est tout aussi agitée que l’Europe. Les Italiens et les Anglais (avant que les Allemands ne viennent apporter leur soutien aux hommes de Mussolini) s’affrontent dans une guerre de position dans les contrées indéfinies d’Ethiopie et de Somalie. 


Koïnsky est d’origine polonaise, un dur à cuire aux objectifs mouvants. Les Scorpions du Désert rend compte des ambiguïtés de cette région du monde, de la multitude des forces présentes et parfois contradictoires, des humeurs des combattants presque tous loin de leur pays d’attache et en proie à la mélancolie et la peur de mourir. 


Rappelons qu’Hugo Pratt a vécu, jeune garçon, en Ethiopie où son père menait lui-même une carrière militaire qui s’acheva avec sa mort en captivité en 1942. Hugo Pratt avec cette Bande Dessinée évoque une part de son enfance et montre un paysage qui lui fut familier. Un décor d’aventures exceptionnel avec alliances et mésalliances qui rythment sans cesse l’histoire. 


Tous les moyens possibles sont convoqués car la guerre monopolise tout ce qui est à sa portée. Les gens bien évidemment et tout le matériel qui lui est dévolu, armes en tout genre, engins motorisés de toutes sortes, avions, bateaux, trains, camps retranchés, forts et fortins, dromadaires et surtout une collection complète d’uniformes (nous y revenons) qui esthétise le propos quand bien même les morts s’accumulent et le destin des survivants tombe en désuétude. 


Quelques valeurs subsistent malgré tout, l’honneur militaire, la patrie et la volonté de s’enrichir.

Après Corto Maltese qui officiait au début du XXème siècle, les aventures de Koïnsky ont beaucoup perdu du romantisme enchanteur de son prédécesseur mais ont gagné une narration plus orchestrée. L’espace-temps plus restreint des Scorpions du Désert donne au récit une valeur historique éblouissante sans occulter la complexité de ce qui se tramait alors. L’âme humaine y déborde du pire vers le meilleur.





La montagne qui m'a sauvée de Lauren Wolk

 

La montagne qui m'a sauvée de Lauren Wolk, éditions l'Ecole des Loisirs, collection Médium+ (à partir de 11 ans), 18 euros:

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Au lendemain de la Grande Dépression, la famille d'Ellie n'a d'autre choix que de quitter la ville pour s'installer dans la montagne. Le choc est rude pour ces citadins qui menaient jusque là une vie paisible. Dans la rudesse d'une nature sauvage, ils vont devoir construire leur maison de bois et apprendre chaque jour à utiliser chaque ressource qu'ils peuvent trouver pour se nourrir.

Contrairement à sa mère et à sa sœur, Ellie, jeune fille intrépide de 11 ans, s'accommode de cette situation et découvre peu à peu en elle un amour pour cette forêt qu'elle respecte profondément. C'est d'ailleurs en elle qu'elle puisera sa force lorsque son père tombera dans le coma suite à un accident. Et c'est encore elle qui la mènera à rencontrer la vieille femme du haut de la montagne que tous appellent la harpie ou la sorcière, et dont les pouvoirs pourraient peut-être l'aider à réveiller son père.

Dans ce roman dense et riche, où Lauren Wolk rend parfaitement la puissance des liens familiaux, Ellie évolue, grandit, s'ouvre à ce qui l'entoure et apprend à regarder avec son cœur devenant ainsi une jeune fille qui s'affirme et se construit un nouveau destin.

vendredi 21 mai 2021

Où vont les vents sauvages de Nick HUNT

Où vont les vents sauvages de Nick HUNT aux éditions Hoëbecke, 20 Euros.

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Il est des régions du monde où le vent est une personne avec laquelle la population doit cohabiter. Ce sont des vents sauvages, terribles par moment, contre lesquels on ne peut rien faire. Nick Hunt se remémore quelque part dans les pages de son livre sa fascination pour les orages et les tempêtes, un souvenir d’enfant qui a fini par faire de lui un voyageur un peu spécial à la recherche des vents fameux, réputés pour surgir à l’improviste puis disparaître pour un temps indéterminé.


Avec un budget qui ne lui permettait que de parcourir une partie de l’Europe, il s’est risqué sur les pentes anglaises où souffle l’impétueux Helm puis s’est perdu sur la côte dalmate à la recherche de la Bora, a glissé dans les Alpes suisses pour rencontrer le Foehn et fini dans la foulée par descendre la vallée du Rhône poussé par le Mistral.


Quelle formidable leçon de géographie nous administre ce jeune auteur, observateur hors-pair des lieux qu’il traverse en marchant. Il n’est pas seul à s’intéresser de si près aux vents, outre les habitants avec qui il échange les points de vue sur ce qui est souvent perçu comme une calamité, il y a également les scientifiques qui analysent ces phénomènes que rien n’arrête, force indomptable que l’on a souvent attribuée aux dieux. 


Nick Hunt a aussi une connaissance savante des mythes et n’ignore rien des croyances populaires. 

Rédigé comme un journal de bord, Où vont les vents sauvages a la faculté d’entrer peu à peu dans les pensées intimes de celui qui mène une expérience solitaire mais ouverte sur son prochain. C’est le propre du voyageur qui passe d’une nuit chez l’habitant à une autre à la belle étoile quand il lui est impossible de monter sa tente. 


Les voyageurs ont presque toujours écrit, Nick Hunt rejoint une cohorte d’écrivains ayant éprouvé la nature, son contact radical. Les vents lui ont offert ce prétexte et un parcours original terminé dans la steppe de la Crau, grande plaine méconnue de France.

La petite dernière de Susie Morgenstern et Johann G.Louis

 

La petite dernière de Susie Morgenstern et Johann G.Louis, éditions Dargaud, 17euros

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Etre la dernière d'une fratrie est un statut un peu particulier. Surtout lorsqu'on appartient à une famille juive dont la fratrie est uniquement composée de sœurs.  Et particulièrement lorsqu'on s'appelle Susie Morgenstern, née en 1945 dans le New Jersey, à Newark.

Lorsque nous la rejoignons, elle a 8 ans, écrit déjà, pose déjà "trop" de questions. Le grenier est son lieu favori, inondé de livres. Dernièrement, elle lit un journal, celui d'Anne Frank. Aussi, sa famille accueille des cousins venus de Pologne, qui auraient apparemment vécu l'"enfer". Elle, qui vient de perdre son grand-père, n'attend pas d'être grande pour comprendre la portée de l'écriture. Elle décide de ne pas s'arrêter aux concours d'orthographe de l'école et de rédiger une véritable histoire de sa famille.

Adaptation du roman de Susie Morgenstern écrit en 2015, cette Bande-Dessinée est une bouffée d'air frais. On y découvre une enfance heureuse, des parents bienveillants et deux sœurs excentriques et divinement drôles. Les couleurs, feutrées, joyeuses et douces, apportent une vivacité au texte, faisant de l'enfance cette parenthèse enchantée dans laquelle surgissent des questionnements fondamentaux, ici piliers de la création littéraire et artistique.




La sorcière dans les airs de Julia Donaldson et Axel Scheffler

La sorcière dans les airs de Julia Donaldson et Axel Scheffler, éditions Gallimard Jeunesse collection L'heure des histoires, 5.50euros

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Un incontournable de la littérature jeunesse vient de rejoindre la collection souple de poche "L'heure des histoires", il s'agit de La sorcière dans les airs par les créateurs de l'excellent Gruffalo. Nous embarquons ici à bord d'un balai de sorcière, qui doit faire ses preuves en terme de solidité, surtout quand les vents et pluies s'en mêlent. Chaque animal ayant accompli une bonne action se fraye une place sur ce balai qui, comme on peut s'y attendre, commence à trembler et casser... 

Composée en rimes et pouvant aisément se chanter, voici une histoire de sorcière au grand cœur, qui pourra compter sur ses amis alors qu'elle se met dans une situation des plus périlleuses. Et pour commencer à vous entraîner à la lire à voix haute (aux enfants de 3 à 8 ans), commençons par le début :


La sorcière était rousse, elle avait une longue tresse,

Un chapeau noir très haut et un chat plein d'adresse.

Le chat ronronnait fort, la sorcière souriait,

Tandis que dans les airs s'élevait leur balai.

Mais la sorcière gémit et le chat grommela

Quand sous le vent furieux le chapeau s'envola.


vendredi 14 mai 2021

L’eau rouge de Jurica PAVICIC

L’eau rouge de Jurica PAVICIC aux éditions Agullo, 22 Euros.

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Croatie, 1989, dans un petit village de pêcheurs, Silva n’est toujours pas revenue de la soirée de la veille. Ses parents ne s’inquiètent pas outre mesure, ni son frère. Ils connaissent le côté fantasque, imprévisible de cette jeune fille de 17 ans indépendante. Il faudra quelques heures encore avant que l’attente ne tourne à l’interrogation après que le déjeuner du dimanche eut été enfin entamé en l’absence de Silva.


C’est par cette absence au début ordinaire puis préoccupante et enfin incompréhensible que Jurica Pavicic installe ses personnages. L’intimité de chacun se dévoile, s’y ajoutent celles du fiancé de Silva et du garçon avec qui elle a dansé une partie de la nuit, sur qui les soupçons vont fatalement s’abattre à l’heure où la police sera enfin prévenue de la disparition de l’adolescente. 


La pelote romanesque ne cesse dès lors de se dévider, L’eau rouge prend une ampleur inattendue car le temps s’étire dans la vie de tous ceux qui ont le désir de revoir Silva, de savoir où elle est, de comprendre ce qui a bien pu se passer. Le temps passe donc, jours, semaines, mois et puis les années. Les changements historiques opèrent et le cadre s’élargit. Le petit port croate voit s’éloigner certains pour qui l’espoir du retour de Silva s' amenuise, d’autres s’arc-boutent mais sont aussi emportés par le flot de la vie. Jurica Pavicic trouve en eux une destinée qui colle à l’évolution de leur pays. La Croatie de 1989 n’est plus, son indépendance après la guerre lui vaut de nouveaux tourments venus de l’Ouest, du capitalisme entré pernicieusement dans ses terres jusqu’au petit port devenu la proie d’un projet touristique à grande échelle. Mais toujours demeure la question de la disparition de Silva. 


Trente ans plus tard, la vérité surgit et les personnages affectés par cette histoire sont à peu près tous encore là. C’est à eux que nous sommes attachés et à eux que nous nous identifions comme à des amis que nous avons vu vieillir.

La folle histoire de la mondialisation

La folle histoire de la mondialisation d'Enzo, Isabelle Bensidoun et Sébastien Jean, éditions Les Arènes BD, 24.90euros

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Enzo, journaliste et dessinateur pour "Alternatives Economiques", s'est associé à deux économistes membres du CEPII (centre de recherche et expertise sur l'économie mondiale), Isabelle Bensidoun et Sébastien Jean, pour réfléchir à une façon claire et précise de parler du concept de mondialisation.

Voilà donc une Bande-Déssinée qui tombe à point nommé. Grâce à une mise en scène imagée de la conversation qu'ils ont eue tous les trois pour vulgariser au mieux ce concept, nous sommes plongés dans une notion qui concerne de façon permanente notre quotidien. D'où viennent les produits que nous consommons? Les entreprises sont-elles toutes mondialisées? La mondialisation favorise-t-elle la croissance économique? En nous resituant dans l'histoire, nous apprenons les étapes qui ont mené au monde tel qu'il est aujourd'hui, avec ses richesses et ses failles, pour nous interroger finalement sur l'avenir de la mondialisation. 

Quoi de mieux en pleine crise sanitaire, et à un an des élections présidentielles, que de faire le point sur les dérives de ce système et les diverses solutions que nous pouvons y apporter? Le dessin d'Enzo adoucit parfaitement l'abondance des chiffres et statistiques. Tour à tour le lecteur s'immerge dans ces notions économiques, en escaladant une montagne, en faisant le grand huit, ou en montant à bord d'un bateau, le tout pour rendre encore plus indispensable notre questionnement sur l'économie mondiale.





La collection "Mouche" et "Moucheron"

La collection "Mouche" et "Moucheron" de l'Ecole des Loisirs

Cette semaine nous profitons d'une opération Mouche et Moucheron présente au rayon jeunesse pour vous parler de ces deux collections qui font notre plaisir de libraire avant de faire celui des jeunes lecteurs. 

 


La collection "Mouche" existe depuis longtemps déjà et compte parmi elle des auteurs tels Susie Morgenstern, Genevieve Brisac, Thomas Lavachery, Irina Korschunow, ou plus récemment Colas Gutman et Marc Boutavant avec leur fameux Chien pourri, et Le chat assassin d'Anne Fine.

La collection "Moucheron", née il y a un peu plus d'un an, s'adresse aux plus jeunes, pour leurs premiers pas en lecture. On y trouve -entre autres- des héros très attachants tels Manu et Nono crées par Catharina Valckx, ou Oscar et Carosse imaginés par Ludovic Lecomte et Irène Bonacina. Ces couples de copains mettent à l'épreuve leur amitié par leurs différences et leur envie de faire des bêtises puis de se rattraper. Ce sont des héros peu ordinaires dont les aventures nous font voyager et rire.