vendredi 13 juillet 2018

Prochaines dédicaces à ne pas manquer !

Mardi 17 Juillet de 11h00 à 13h00

GILBERT GALLERNE
lauréat du Prix du Quai des Orfèvres 2010
viendra pour son dernier polar paru cette année
"Quand le commissaire Lionel Jonzac se rend sur une scène de crime dans les catacombes, on ne peut pas dire qu'il soit dans les meilleures conditions. L'interpellation du Serbe a été un véritable fiasco... La victime, une jeune fille qui git à ses pieds, est salement mutilée. Quand en plus il reconnaît sa nièce, Jonzac n'a qu'un avant-goût de l'enfer qui l'attend..."

Vendredi 20 Juillet de 11h00 à 13h00 

FRANÇOIS FERBOS 
ancien policier d'investigation


"Un roman dont l’histoire se déroule sur le bassin d’Arcachon et où le commissaire Laffargue, en vacances, se retrouve malgré lui à résoudre des enquêtes de morts suspectes, entre deux parties de pêche… Un premier opus de la collection SO noir dont le ton, volontairement humoristique, donne également à voir certains enjeux des développements actuels et passés du Bassin d’Arcachon."

Revue Reliefs n°7


Reliefs n°7 "Rivages", Reliefs éditions, 19 euros

Les vacances sont le bon moment de changer de lectures, de points de vue, de multiplier les expériences de styles et de supports. Si vous êtes curieux, que vous aimez la science, la découverte et surtout la littérature, plongez dans le numéro 7 de l’excellente revue Reliefs consacré au thème des rivages.
Qu’est ce qu’un rivage ? Cette petite zone géographique située entre terre et mer donne lieu à de formidables questionnements scientifiques, environnementaux, mais aussi à des rêveries et à la création artistique.
C’est cette zone nourrissant l’intellect de tant d’hommes qui est exploitée sous toutes ces formes par la revue. On apprendra ainsi toute la richesse de nos littoraux, aussi bien par leur écosystème que leurs habitats. On se laissera aller au voyage avec un extrait de Robinson Crusoé. On lira également un excellent article sur la « littoralisation de nos sociétés » par Magali Reghezza-Zitt, une page sur la montée des océans et sur les espèces en voie de disparition.
La revue Reliefs c’est aussi, en dehors de ce dossier Rivages, des interviews de grands explorateurs d'aujourd’hui qui ont arpenté la planète à la recherche d’eux-mêmes, le retour en images sur des événements historiques liés au voyage, des interviews de ceux qui font bouger les limites et les frontières terrestres et symboliques.
L’occasion parfaite pour adopter des vacances à la mer responsables et réfléchies !

Raymond de Raymond POULIDOR, Jeff LEGRAND et Christophe GIRARD

Raymond de Raymond POULIDOR, Jeff LEGRAND et Christophe GIRARD aux éditions Mareuil, 19,90.

Nous, libraires, n’ignorons pas que les éditions Mareuil vouent un culte à Raymond Poulidor. 
Cette fois, la maison limousine s’est lancée dans un roman graphique de la vie de Raymond Poulidor. Mais, pour ceux qui souhaiteraient revivre, une énième fois, le coude à coude avec Jacques Anqueti au sommet du Puy-de-Dôme, il faut prévenir que l’histoire s’arrête aux débuts professionnels du coureur. 

L’originalité du projet tient donc à cette focalisation sur le petit Raymond. Celui tombé d’un arbre en cueillant des cerises à son tout jeune âge et qu’il fallu veiller, protéger et même prier afin qu’il survive. Mais le petit Raymond avait de la ressource et nous faisons plus ample connaissance avec sa force de caractère, son endurance, ses ambitions et son sens pointu des affaires.

Le vélo n’est d’ailleurs venu qu’en deuxième choix derrière celui de boxeur. Le drame de la disparition de Marcel Cerdan mettra fin à la carrière du petit Raymond qui n’aura de cesse de vouloir échapper à son destin fermier. Les premières courses se feront dans l’ombre de ses frères, surtout Henri, meilleur sprinter de la famille. Mais derrière cette irrésistible ascension de Raymond le cycliste se dessine une histoire provinciale, une histoire creusoise minée par la deuxième guerre mondiale et le massacre d’Oradour-sur-Glane. Les discours du Général de Gaulle et l’hébergement de maquisards ont marqué la mémoire de Raymond Poulidor. 

Bien conseillé par son frère, aidé par son premier vendeur de bicyclette, recruté par un ancien vainqueur du tour, Antonin Magne, Raymond commence à gagner des courses…

Mais ce dernier protecteur lui cachera, en vertu de ses talents de radiesthésiste, qu’il aura chaque année un mois néfaste à sa carrière, celui de juillet…  

Et..... BUT !


A deux jours de la finale de la coupe du monde 2018, nous ne résistons pas à vous proposer nos choix de libraires pour les plus jeunes, qui mettent à l’honneur le ballon rond. Il est en effet difficile de réaliser que dimanche soir, la compétition sera bel et bien terminée. Les ouvrages suivants aideront à faire durer le plaisir, et notamment à aborder le football avec humour et réflexion !

Foot-Mouton de Pablo Albo, éditions Didier Jeunesse, 13.10 euros

71 moutons, soit 2 équipes de 35 prêtes à en découdre sur le terrain ! Mais la partie n'est pas prête de commencer...








L'orange folle de foot de Yves Pinguilly, Sarang Seck, Florence Koening, éditions Tom Poche, 5.50 euros

Aujourd'hui, c'est jour de match à Conakry. Dans son village, Bangaly aimerait pouvoir regarder le match mais il n'y a pas de télévision à Balandou, et il n'y a pas de ballon non plus ! C'est alors que l'incroyable se produit : une orange, une belle orange toute ronde, roule jusqu'aux pieds de Bangaly ! Le voilà son ballon ! Bangaly va pouvoir improviser un match mémorable à travers la savane !



Rêve de foot de Paul Bakolo Ngoi, éditions Gallimard Jeunesse, 5 euros

Dans les rues de Kinshasa, la vie n'est pas facile. Obligé de voler pour manger, Bilia est emprisonné. Mais lors d'un match entre les jeunes détenus et les enfants du quartier, un journaliste remarque ce garçon au talent exceptionnel. Il lui propose de quitter l'Afrique pour tenter de faire carrière en Europe. C'est la chance de sa vie ! Une fabuleuse aventure humaine, ou quand le rêve devient réalité...




En pleine lucarne de Philippe Delerm, Folio junior, 6.40 euros

Une histoire forte et accessible sur le sport, la solidarité, la tolérance. Philippe Delerm, avec une finesse extrême, nous fait partager le quotidien et les interrogations des collégiens.








Qui sont les footballeurs?, de Philippe Jérôme et Elodie Perrotin,  éditions Ricochet, 12 euros

Le football est un sport d'équipe où chaque talent individuel peut s'épanouir. Un sport qui en quelques décennies a raflé les coeurs de millions de supporters, partout dans le monde ! Difficile même pour celui qui ne regarde pas le football de passer au travers du phénomène ! Né au milieu du XIX siècle en Angleterre, il se répand très vite dans le milieu ouvrier, puis s'exporte dans le monde grâce au commerce maritime... partout où les navires britanniques transitent, le football se répand ! Aujourd'hui, quand on parle football, on évoque quasi-systématiquement les salaires exorbitants, chaque année on assiste au transfert du siècle... Mais qu'en est-il exactement pour les joueurs ? Quelles sont leurs conditions de travail ? Sont-ils aussi libres que l'on pourrait le croire ? Une chose est sûre, tout au long de son histoire, le football a été marqué pour des joueurs d'exception : Bobby Charlton, Diego Maradona, le roi Pelé, Michel Platini, Zinedine Zidane, Ruud Gullit... Ils ont su trouver leur place sur et hors du terrain ! Comment ont-ils révolutionné le football ? Quelles innovations sur le terrain ? Comment ont-ils utilisé leur image pour servir leur engagement politique ?














vendredi 6 juillet 2018

Prochaines dédicaces à ne pas manquer !

SAMEDI 7 JUILLET de 11h00 à 13h00
MICHEL BOYE
Histoire d'Arcachon
éditions La Geste, 29.90 euros
"Lors des Journées du Patrimoine de septembre 2017, Arcachon a célébré ses 160 ans. C’est donc une histoire brève, depuis l’arrivée d’un ermite dalmate à nos jours, au regard du passé multiséculaire des autres communes du Pays de Buch, que le présent ouvrage s’attache à évoquer. Une histoire riche aussi par la beauté d’un site forestier que la mode des bains de mer et le chemin de fer ont métamorphosé en quelques décennies, par son patrimoine architectural, par ses acteurs et ses visiteurs, qualifi és naguère d’« étrangers de distinction ». Des recherches et des publications récentes nourrissent une connaissance renouvelée et approfondie des origines de la commune, créée par décret impérial le 2 mai 1857, et de son implication dans le développement économique du Bassin d’Arcachon, avec la naissance de l’ostréiculture et de la pêche industrielle. Ce livre retrace la lente urbanisation, le « divorce » avec la commune mère de La Teste-de-Buch, les querelles intestines qui débouchèrent sur la création du canton arcachonnais (aujourd’hui effacé), le statut régulièrement affi rmé d’une station balnéaire « capitale » administrative du Bassin. Si les heures sombres ne sont pas gommées, sont surtout soulignés le prestige et le rayonnement culturel d’Arcachon, du Second Empire à aujourd’hui, d’Arcachon « ville de santé », avec la Ville d’hiver à Arcachon du XXIe siècle, ville touristique s’il en est. Collectionneurs privés, photographes d’hier et d’aujourd’hui, archives et services de documentation municipaux ont contribué à rassembler une iconographie aussi riche que possible, pour illustrer chaque chapitre de cette Histoire d’Arcachon."
MERCREDI 11 JUILLET de 11h00 à 13h00
BERTRAND DUMESTE 
Meurtres sur le Bassin,
éditions La Geste, 13.90 euros
"Deux cabanes partent en fumée sur le port ostréicole de La Teste-de-Buch. Un cadavre calciné est découvert dans les décombres. Sans doute s'agit-il de l'ostréiculteur qui en possédait la concession : un homme autant respecté que redouté sur le port. La victime idéale d'un règlement de comptes ? Pour Pio Wojceikowski, lieutenant du SRPJ de Bordeaux et ancienne gloire du rugby testerin, l'affaire ne paraît pas si simple. Entre témoins trop intrusifs, ostréiculteurs peu bavards, industriels peu soucieux de l'environnement, notables intouchables et personnages surgis d'un passé que l'on voudrait oublier, le policier (re)découvrira que le Bassin d'Arcachon est un microcosme qui obéit à ses propres règles."

L’enfance future de Judith Brouste

L’enfance future de Judith Brouste aux éditions Gallimard, 15 euros.

L’enfance future peut être lu comme une somme de récits raccordés entre eux par une présence, celle d’une jeune fille, réceptive aux discours tenus prioritairement par son père.

Nous sommes dans les années cinquante, dans le village de Saint-Médard-en-Jalles entre vignes et forêts qui encerclent la maison familiale. Le père est médecin marié à une femme discrète et sans doute impuissante contre la force masculine et toute militaire de son mari. Justement, à l’autre bout du monde, en Indochine, les troupes françaises luttent contre les forces de libération et d’indépendance du Viet Minh.

L’évocation de ce conflit qui aboutira à la débâcle de Dien Bien Phû est rapportée par un ami de la famille, un visiteur du soir avec qui le père a connu les joies de la libération de 1945. C’est auprès du futur maréchal de Lattre de Tassigny qu’ils ont reconquis, depuis la Provence, la liberté de la France. 
Mais l’Indochine est une autre histoire, de liberté aussi, où de Lattre de Tassigny mène ses derniers combats.

L’enfance future peut aussi être lu comme une tranche d’histoire colportée de jour en jour par l’ami de la famille que notre jeune narratrice entend chaque soir sans bien en comprendre les enjeux politiques et militaires. 
Cependant cette jeune fille est en proie aux colères de son père qui la maltraite dès lors que son comportement à l’école le déçoit. Plus encore, nous avons accès au journal de ce père complexe qui note sans relâche la progression de la maladie d’ordre psychologique de sa fille.   


L’enfance future nous attache à ce double moment intime et historique, à des faits confus qui trament des souvenirs qui ne se délivreront qu'à la mort du père. 
Judith Brouste qui utilise son histoire personnelle, accomplit un travail de deuil et de mémoire qui intrigue de bout en bout grâce à la précision avec laquelle elle restitue l’atmosphère d’une époque peu souvent évoquée. 

Courtes distances de Joff WINTERHART

Courtes distances de Joff WINTERHART aux éditions ça et là, 24 euros.

Sam vient d’être embauché par Keith au motif que ce dernier a des vues sur la mère de Sam. Sam est un post-adolescent léthargique que Keith s’imagine former "professionnellement" sur le chemin de la réussite, telle que lui-même la conçoit, évidemment.  
Sur la carte professionnelle de Keith on peut lire ceci : K.L.N. LTD Ventes & services spécialisés, Approvisionnement de parcs économiques & de réseaux de logistiques. Le programme est vaste…

Sam reçoit donc chaque jour un petit bout du long apprentissage que lui fournit Keith. Cela ressemble à un mélange de messages essentiels sur la vie en général empreint d’auto-satisfaction qui, hélas, s’effrite à vue d’œil. Keith a tout simplement besoin d’une oreille attentive et Sam, en l’occurrence, est parfait pour ce job d’écouteur mutique. 

Il faudra un peu de temps à Sam pour comprendre le désarroi de Keith, son immense solitude et le sentiment qu’il ne sert plus à grand chose dans ce patelin anglais qu’il arpente depuis trop longtemps. Les amis de Keith, du moins ceux que Keith prend pour tels, lui cachent sans mal que son boulot, tout comme sa vie, tourne à vide. 

Mais Sam s’intéresse à Keith et à cette vie racontée en technicolor où toutes les zones grises sont gommées. Sam n’est pas plus dupe de cette vie provinciale anglaise, peuplée de gens identiques à Keith sauf que Keith, lui, au moins, continue de croire à ses rêves. Pourtant l’âge de les réaliser est passé depuis longtemps mais la faculté de Keith de rejeter tout ce qui pourrait dénoncer la médiocrité de sa vie le distingue et le rend, d’une certaine façon, héroïque.


Courtes distances est un travail singulier sur les mensonges faits à soi-même vus par un jeune garçon qui ne prend pas sa lucidité pour une qualité supérieure. Une forme de compassion s’est d’ailleurs immanquablement installée entre Sam et Keith. Elle prendra une résonance cruciale lorsque Keith décidera d’atteindre son objectif ultime : séduire la mère de Sam.     



Ma vie selon moi de Sylvaine Jaoui

Ma vie selon moi 
Ecrit par : Sylvaine Jaoui
Illustration de couverture : Colonel Moutarde 

Bonjour, je m'appelle Justine et j'habite la maison bleue ! Je profite de mes derniers jours de vacances ... En urgence j'invite le club des CIK, c'est-à-dire mon cousin Nicolas , ma meilleure amie Léa , Jim et Ingrid, celle qui est sortie avec beaucoup de garçons. La raison de cette réunion est que la  famille du rez-de-chaussée est partie dans le Nord ! A la place un garçon qui vit tout seul va y habiter ... Quel beau gosse ! Mais bien sûr Ingrid essaye de mettre la main dessus . La guerre est déclarée !!!
Anouk Calas  
Note : 20/20  

samedi 30 juin 2018

Herzl, une histoire européenne de Camille de TOLEDO et Alexander PAVLENKO

Herzl, une histoire européenne de Camille de TOLEDO et Alexander PAVLENKO aux éditions Denoël Graphic, 25,90 euros.

Herzl débute par le récit d’un garçon nommé Ilia Brodsky.  
Vers la fin du XIXe siècle s’est produit une radicalisation de la Russie envers le peuple juif après l’assassinat du tsar Alexandre II. On nomma cela des pogroms. Ilia fut une victime de cet exil forcé qu’il vécut en compagnie de sa sœur Olga. Le voyage commença depuis une ville qui appartenait au vaste territoire qui allait de la mer Baltique jusqu'à Odessa et que l’on appelait la « zone de résidence ». Olga et Ilia, orphelins, ont parcouru par le train une distance qui les mena via la Hongrie jusqu'à Vienne. C’est là que se produisit la furtive rencontre avec la famille Herzl. Ce croisement inopiné des deux personnages principaux du livre est sans conséquence, il restera malgré tout un curseur capital dans la vie d’Ilia. 

Theodor Herzl et Ilia sont séparés par deux ou trois générations. Le premier pour qui nous commençons à nous intéresser, nous éloigne d’Ilia Brodsky dont le destin court cette fois jusqu'à Londres. Herzl, lui, est un viennois issu d’une famille aisée qui va soudainement compatir au sort de tous les juifs chassés de la Russie. Pour lui, il manque une terre, un état, une nation au peuple juif. Son idée sera peu à peu partagée par des intellectuels comme son ami et futur porte parole Max Nordau. L’idée d’un état juif progressera après l’affaire Dreyfus. Elle gagnera du terrain auprès de différentes associations qui se créeront dans le but de parvenir à cet état juif auquel il faut trouver une terre. Theodor Herzl obtiendra des soutiens venus d’Occident comme celui d’Edmond de Rotschild. Mais l’espoir le plus fort sera justement en l’Europe de l’Est là où les pogroms s’intensifient. 

Ilia qui ne rencontrera plus jamais Herzl va cependant s’éprendre de sa pensée et de sa vie. Il aura l’opportunité de questionner son plus proche ami Max Nordau. Ilia comprendra alors l’importance de la vie familiale de Theodor Herzl et du rôle joué par sa soeur défunte, Pauline. Ce point de comparaison avec son propre isolement depuis le départ d’Olga pour l’Amérique est un ressort essentiel au processus d’identification engagé par Ilia.
Le choix de la Palestine comme terre d’accueil pour les juifs sera à maints égards problématique et pourtant évident. Le sionisme est né. 

Cette approche intellectuelle d’un mouvement majeur et pourtant peu connu de l’Histoire est porté par une ambition et une rigueur sans faille. Le choix d’en avoir fait un roman graphique n’affaiblit en rien le projet. Bien au contraire, il enrichit le propos, lui confère une authenticité et un esthétisme qui allège un propos, au demeurant austère, à partir d’une pensée complexe et non dépourvue d’éléments contraires. Herzl aura lutté sa vie durant au mépris de sa santé, de sa femme et aussi de ses enfants pour atteindre un objectif qui ne se réalisera pas de son vivant. 


Ilia, de la même manière, plonge dans un océan de perplexité. L’identité juive, le mythe du juif errant, est ainsi exploitée par le chemin sans but et parsemé de questions qu'Ilia entreprend son parapluie ouvert dans les rues de Londres. L’image finale d’un exil sans fin.





vendredi 29 juin 2018

Après Gerda de Pierre-François Moreau

Après Gerda de Pierre-François MOREAU aux éditions du Sonneur, 16 euros.

Pierre-François Moreau reprend ici, dans l’un des moments les plus tragiques de sa vie, l'état psychologique d'une figure majeure de la photographie. 

Robert Capa, puisqu’il s’agit de lui, vient de perdre la femme de sa vie : Gerda Taro. Celle-ci est morte au cours d’un reportage sur le front de la guerre d’Espagne. Un bombardement des forces franquistes ayant mis le désordre dans des manœuvres de chars républicains, l‘un deux a percuté le camion sur lequel Gerda se tenait debout sur un marche-pied. 

A la suite de ce drame Robert Capa embarque pour New-York mais son âme continue d’errer sur les lieux de la guerre d’Espagne qu’il photographiait pour un magazine français. 
Robert Capa revient notamment sur une séance de photos avec des soldats républicains où l’un deux, confesse t-il, joua la mort. Cette photo, donc, mise en scène, consacra le photographe et devint, à la une des journaux, le symbole de cette guerre. 

Mais parmi les souvenirs qui affluent en masse dans le cerveau du jeune hongrois (il n’a pas vingt-cinq ans), beaucoup, sinon tous, sont reliés à Gerda, cette allemande d’origine juive et bourgeoise, plus âgée que lui de quelques années, qui orienta et encouragea la carrière de celui qu’elle aima par intermittence. Elle aussi fut photographe de guerre - la seule femme photographe à s’être rendue en Espagne - et fut une influence absolue pour Robert Capa. 

Pierre-François Moreau procède par aller-retour dans le jeu de mémoire de Capa. Le style est propre au baroudeur touché en son cœur. Plus rien ne compte vraiment, les êtres qui l’entourent ont une présence qui ne le touche plus. Seuls les clichés de Gerda importent et sa présence à New-York est une chance de publier un livre où le nom des deux amants seraient, pour la postérité, réunis. 

Nous accédons alors à l’univers de la presse new-yorkaise. Les premiers numéros de Life sont parus. L’ère du sensationnalisme est en marche, photos à l’appui. 
Plane aussi la figure d’Ernest Hemingway non loin de celle de John Dos Passos. C’est une génération qui passe, des témoins de première main dont Hemingway demeure aujourd’hui encore le héraut. Mais son quart d’heure effectué, à proprement dit, sur le front ne lui aura pas suffit à lui dicter Pour qui sonne le glas. Les photos de Robert Capa auront, en revanche, largement contribué à combler son manque d’information. La confidence venant, à ce moment-là du livre, d’Hemingway lui-même.

Après Gerda est la tentative réussie de ressusciter une ambiance et un état d’esprit qui se dégage derrière l’hommage bien réel à une femme exceptionnelle.

De New-York à Madrid, de Madrid à Paris, Pierre-François Moreau utilise la mémoire désœuvrée de Robert Capa pour restituer quelques moments clés d’un conflit précurseur et perdu notamment par le désengagement de nations amies (la France et l’Angleterre).