
vendredi 29 mars 2019
48H de la Bande-Déssinée 5 et 6 avril 2019
La Librairie Générale est partenaire des 48h de la BD, et vous proposera un choix d'albums au prix de 2 euros. Tout le programme est ici!
Ce que savait la nuit d’Arnaldur INDRIDASON
Que s’est-il passé pour que le corps d’un homme soit retrouvé par un groupe de touristes près de trente ans après sa disparition ? La fonte des glaces mon cher Watson !
C’est ainsi que débute le nouveau roman (noir) d’Arnaldur Indridason, auteur islandais, sans doute le plus lu dans le monde.
Ce que savait la nuit est une histoire difficile à transposer ailleurs qu’en Islande tellement tant de choses participent à l’histoire de ce pays, sa spécificité, le caractère de ses habitants et les conditions dans lesquelles vivent ces derniers.
Konrad est un ancien flic désormais à la retraite. Le corps retrouvé sur le glacier le renvoie a une enquête irrésolue qu’il avait lui-même menée, il y a donc trente ans de cela. Cette disparition avait envoyé en prison un homme que, certes, tout accusait mais qui continua de nier son crime jusqu’à son dernier souffle. D’ailleurs Konrad, venu écouter ses dernières paroles, est ressorti de l’entretien toujours aussi incertain quant à la culpabilité du mourant.
Alors débutent les méandres d'une nouvelle enquête, trente ans, répétons-le, après les faits. Konrad en collaboration plus ou moins suivie avec ses anciens collègues, interroge les personnes impliquées dans cette histoire alors que lui-même est en proie à des souvenirs impliquant sa vie personnelle.
C’est à pas comptés que l’on progresse au cœur des réminiscences de chacun. Le passé que recompose sous nos yeux Konrad nous enrichit sur la compréhension de ce pays violemment secoué par la crise économique de 2008.
Arnaldur Indridason est un incomparable sondeur d’âmes.
Son savoir-faire se déploie telle une mécanique précise, peu visible à l'image des glaciers dont nous déplorons nous aussi l’inéluctable fonte.
Paris 2119 de ZEP et BERTAIL
Nous voilà donc précipités un siècle en avant. La première image de Paris 2119 nous présente une tour Eiffel enserrée par une forme géométrique transparente comme de la glace. Il pleut incessamment sur la capitale comme un hommage au Blade Runner de Ridley Scott.
Voici le jeune Tristan Keys qui s’apprête à emprunter le Métropolitain, vestige de civilisation emprunté par les nostalgiques car l’apparition de la téléportation a radicalement transformé notre façon de voyager.
Bien sûr des drones constellent le ciel gris et pourtant beau, strié donc par une pluie vigoureuse. Tristan Keys est également très beau et celle qu’il s’en va rejoindre, Kloé, est aussi d' une beauté éclatante dont nous avons tôt fait de découvrir la perfection de son corps. Ils sont les protagonistes romantiques d’une histoire très sombre quant au destin de l’humanité.
Comment vivre l’amour dans une société hyper sécurisée, manipulatrice et qui entretient le secret sur les dégâts provoqués par le "Transcore", technologie dupliquante qui renvoie encore à Blade Runner soit à Philip K. Dick lui-même, grand visionnaire paranoïaque et inégalé.
Zep poursuit après son opus écologique The end, une vision engagée sur les méfaits à venir de nos comportements contemporains. Cette fois ce sont les conséquences de nos voyages intempestifs dans le monde qui sont mis à l’index. Mais n’est-il pas vrai que nous voyageons trop ?
Nous vous conseillons la lecture de cette Bande-Dessinée dans sa version de luxe, dessinée à l’aquarelle.
Nous vous conseillons la lecture de cette Bande-Dessinée dans sa version de luxe, dessinée à l’aquarelle.
Du haut de mon cerisier de Paola Peretti
Du haut de mon cerisier de Paola Peretti aux éditions Gallimard Jeunesse. Traduit de l'italien par Diane Ménard, 12.50euros
Mafalda a deux héros: Cosimo, personnage principal du Baron perché d'Italo Calvino, et son chat, prénommé Ottimo Turcaret, dont le nom est également inspiré de ce roman.
Cosimo, tout d'abord, est son modèle. Il joue à grimper dans les arbres et y rester pour mieux apprécier la vie vue sous cet angle. Il est, pour la jeune fille de 10 ans, un emblème de liberté et symbolise l'émancipation des enfants vis à vis des adultes.
Quant à Ottimo Turcaret, il est bien plus qu'un simple animal de compagnie, il est son repère, l'accompagne sur le chemin de l'école et la console dès qu'elle est triste.
Le baron perché est le roman préféré de son père, qu'il lui a lu tant de fois lorsqu'elle était plus petite.
Il n'est donc pas étonnant que Mafalda grandisse avec l'idée de se réfugier dans le grand cerisier à côté de l'école, particulièrement lorsqu'elle apprend que le brouillard qu'elle a devant les yeux se propage de jours en jours, et qu'il est prévu qu'elle perde petit à petit la vue...
Il y a aussi Estella qui travaille à l'école, et Filippo, un garçon d'apparence taciturne qui s'avère être un amoureux de la vie et doté d'un don pour la musique.
Mafalda apprendra dans ce livre à s'abandonner à eux, leur faire confiance, pour goûter à la vie comme elle n'y avait jamais goûté auparavant. Mieux apprécier ses couleurs, ses parfums...
La prouesse de l'auteur est d'avoir transmis au lecteur un beau mélange d'émotions, sans tomber dans le pathétique. Du haut de mon cerisier est un roman juste, puissant, qui s'adresse aux amoureux de la nature et fera vibrer nos cordes sensibles.
A partir de 10 ans.
A partir de 10 ans.
vendredi 22 mars 2019
Rencontre avec Bernard Fauconnier
Romancier, essayiste, critique littéraire au Magazine Littéraire,
Bernard Fauconnier vous emmènera sur les pas des plus grands personnages
qui ont marqué notre temps !
La tranchée de Calonne de Michel Bernard
La tranchée de Calonne de Michel Bernard aux éditions La petite vermillon, 7.30euros.
Le premier roman de Michel Bernard, dont l'excellent Deux remords de
Claude Monet (éditions La Petite Vermillon) compte désormais parmi les incontournables, fait office
d'introduction à l'ensemble de son œuvre ainsi qu'à ses domaines de
prédilection. La tranchée de Calonne prend sa source dans le pays
barrois, où l'auteur est né. C'est aussi dans la Meuse qu'une partie de
l'histoire de France s'est ancrée, à commencer par celle de Jeanne
d'Arc, dont l'auteur dressera l'excellent portrait dans Le bon cœur (Éditions La Table Ronde, prix de la ville d'Arcachon 2018 et prix Roman 2018 France TV). C'est
aussi un lieu de recueillement pour le général de Gaulle. La
contemplation des plateaux et collines barroises lui sert de refuge et
de réflexion dans les moments de tensions politiques lorsqu'il est au
pouvoir.
Entre Jeanne d'Arc et De Gaulle, une période de gouffre, de combats et
de deuil : les tranchées de Verdun laissent des traces et participent à
ce paysage désolé que nous décrit Michel Bernard.
Tout en étant le dessin mélancolique de l'enfance de l'auteur, la Meuse sert de décor au récit national ici conté:
"L'histoire de France est périodiquement touchée de moments de grâce qui
rachètent ses longues médiocrités, et que le secret qui lie la nation
tient dans quelques minutes miraculeuses, minutes sacrées, minutes de
parfaite émotion, minutes de joie pure, totale, ensemble. Il y eut les
tribus gauloises assemblées sous le commandement d'un seul chef à
Gergovie, le sacre de Charles II sous la bannière de Jeanne à Reims, la
fête de la Fédération au Champ de Mars, le miracle de la Marne, la
descente des Champs-Élysées par le général de Gaulle après la libération
de Paris. La nation française comme les autres recherche l'unité, et
moins que les autres semble dotée par la Nature et l'Histoire des moyens
pour l'atteindre. Les divisions, les influences diverses qui
l'affectent confèrent à ses moments d'union, par contraste, une
intensité extraordinaire."
Le pays barrois, ses étendues, plateaux et forêts sont les témoins de la
mémoire que Michel Bernard restitue ici à merveille. Après avoir été le
lieu d'inspiration pour l'écriture des mémoires du cardinal de Retz, des
romans de Maurice Genevoix, Maurice Barres, Alain-Fournier, cette terre
est maintenant sublimée par la plume de l'auteur.
Un anglais dans mon arbre d'Olivia Burton et Mahi Grand
Un anglais dans mon arbre d'Olivia Burton et Mahi Grand aux éditions Denoël Graphic, 23euros
A la mort de son père, Olivia apprend qu'elle est l'arrière-petite-fille de l'explorateur Sir Richard Francis Burton. Célèbre pour sa vie aussi riche qu'improbable, Burton a été militaire, diplomate, espion, érudit, traducteur des Mille et Une Nuits et du Kamasutra, polyglotte (pas moins de 40 langues)...
Cette personnalité hors norme intrigue et flatte Olivia, qui décide alors de percer le mystère autour de cet ancêtre dont elle ignorait l'existence jusqu'ici. À travers la lecture de ses mémoires, elle plonge dans l'enfance de vagabond de cet homme qui grandit au début de XIXème siècle en Angleterre. Contemporain de Livingstone, Baker, Speke et Grant, il fait partie de ces chercheurs avides de découvertes, à la recherche de la source du Nil.
Olivia oublie son travail et son quotidien pour remplir son rôle de descendante de celui qui a notamment bravé l'interdit en pénétrant à La Mecque déguisé en musulman.
En partant à la recherche de ses racines à travers le monde , Olivia ira même jusqu'à accomplir ce que son ancêtre n'a pu faire.
Viendra alors une question fondamentale : Olivia doit-elle son caractère et ses sentiments profonds à son arrière-grand-père ?
Une formidable Bande Dessinée d'aventure à la fois historique et personnelle.
Hôtel Heartwood
Hôtel Heartwood Tome 1 de Kallie George, illustré par Stéphanie Graegin, éditions Casterman, 12.90 euros
Réserver ce livre
La tempête faisant rage et l'eau montant inexorablement dans sa petite tanière, Mona se voit obligée de partir chercher refuge dans un abri plus sûr. Mais quand on est une petite souris sans famille, il n'est pas simple de lutter contre les éléments qui se déchaînent. Sauf parfois quand le destin s'en mêle: un cœur gravé sur un arbre comme celui qui figure sur sa valisette en coque de noix ne peut être que bon signe et attiser sa curiosité. C'est donc fébrile que notre courageuse Mona pousse la porte d'un endroit merveilleux où il sent bon le gland grillé et le crumble au fromage: l'hôtel Heartwood - dont la devise rassurante est: "Nous croyons à la sécurité et au respect, pas à la force des crocs et des griffes".
A partir de cet instant, Mona ne le sait pas encore mais sa vie va totalement changer. Chargée par le maître des lieux de gagner son gîte et son couvert en travaillant comme servante aux côtés de la piquante Tilly, notre petite souris va découvrir un univers incroyable et faire peu à peu sa place au sein d'une famille finalement plus chaleureuse qu'elle aurait pu l' imaginer !
Sous ses faux airs de Downton Abbey, ce roman captivera à coup sûr les plus jeunes à partir de 9 ans! Et ils auront aussi plaisir à suivre d'autres aventures de Mona à travers les 3 autres tomes qui couvrent ainsi la vie de l'hôtel à travers les saisons.
vendredi 15 mars 2019
Taqawan d'Eric Plamondon
Taqawan d'Eric Plamondon aux éditions Le Livre de Poche, 7.40euros.
Réservez ce livre
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Le 11 juin 1981, Océane a quinze ans lorsque des émeutes éclatent dans son village appartenant à la réserve indienne de la province du Québec. Cette réserve est aussi sous la tutelle du gouvernement canadien, ce qui est à l'origine de nombreux débats et discordes politiques.
L'intervention des forces de l'ordre ce 11 juin est là pour endurcir les règles de chasse et pêche sur le territoire par les Amérindiens. Cependant, le lecteur est averti dès le départ: "Un Indien ne s'agenouille devant personne". Les autochtones entendent bien continuer d'exercer leur liberté de se nourrir de la nature qui les entoure, car ils ont toujours été là.
Leur respect profond pour les éléments naturels, animaux et végétaux, est au cœur de ce petit roman remarquable. A travers des anecdotes historiques, des légendes et le récit des traditions amérindiennes, Eric Plamondon promène son lecteur vers un éveil politique et social.
Océane, personnage central, est quant à elle victime de violences policières et trouvera refuge chez un homme aussi attachant qu'énigmatique, Yves Leclerc, agent de la faune.
Impossible et inutile de définir le genre de Taqawan, tant il est plaisant de se laisser guider par ce mélange de récit d'aventures, polar, pamphlet écologique et essai historique.
Et si l'on apprend l'incroyable épopée que fait le saumon pour remonter les rivières, le lecteur fait lui aussi un saut dans le passé pour remonter à la source des hommes.
Nestor Burma, corrida aux Champs-Elysées de Nicolas BARRAL
Nestor Burma, corrida aux Champs-Elysées de Nicolas BARRAL d’après Léo MALET aux éditions Casterman, 18 euros.
Voilà un hommage appuyé à une tradition bien établie du polar français. Les univers de Michel Audiard et Jean-Patrick Manchette se rencontrent avec peut-être celui de Jean-Pierre Melville ou Henri Verneuil. Le cinéma est donc à sa place chez Nicolas Barral, on ne quitte pas d'une semelle le décor et les personnages qui alimentent l’imaginaire du monde cinématographique.
Nestor Burma est là bien sûr, ses traits s’acquittent d'un graphisme emprunté à Jacques Tardi (idée originale et réussie). Le détective imaginé par Léo Malet nous embarque dans un polar bien français (décalque parfait de l’américain) en nous offrant au passage une balade ensoleillée au cœur d’un Paris estampillé années 50/60.
Au sortir d’une séance de cinéma et alors qu’on se rend au domicile de l ’actrice vedette que l’on veut féliciter pour son come-back réussi, Nestor Burma et un de ses amis journalistes découvrent celle-ci étendue morte sur son lit.
Dès lors, la machinerie policière s’enclenche et l’enquête roule sur les routes mal pavées du cinéma.
Si le scénario paraît par moments retors, on se pique malgré tout de l’intrigue aux forts rebondissements parsemés de nombreux cadavres. Mais le plus palpitant demeure, si l’on peut dire, cette restitution de l’époque avec une mention particulière réservée aux dialogues. L’influence de Manchette est ici prégnante, de subtils jeux de mots apparaissent avec quelques clins d’œil appuyés pour certaines "gueules" de l’époque (Michel Constantin, Robert Alban, Lino Ventura (?) (et sûrement quelques autres…). Ceci renforce le respect et l’amour de Nicolas Barral pour le genre, lui qui en ne cherchant point à s’en affranchir le magnifie pour en faire un objet purement artistique où, il est vrai, le plaisir visuel est garanti.
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